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phis grnncic valeur, et qui doivent nécessaireinent échoTici-conlrc rcxpiricncc authentique des phis habiles observateurs;
car MM. liajon, Valentin et tant d'îuitres, ont certainement bien étabh les différences qui existent entre
le Pian et la vérole, et persoinie n'ignore qu'ils ont obtenu un plein succès de l'administration du mercure.
J)LV. Nous avons déjà accordé au muriate sur-oxigéné de mercure une sorte de prééminence sur les autres
préparations mereui-ielles, pour la euration des Pians. On le l'ail dissoudre h la dose de douze ou quatorze grains
dans deux livres d'eau distillée ; on l'administre ensuite •|)ar cuillerées, dans une décoction d'orge ou auti-e boissoii
TMutilagincuse, comme dans les maladies syphilitiques ; il est des chirurgiens des Colonies qui donnent ce sel dans
l'eau-de-vie de sueie ou taiin ; d'autres l'assoeieiiL à la salsepareille, au gayae, et à tous lus sudoriiiques.
DLYI. Connue on voit très-souvent des enfaus qui sont encore à la mamelle, être tourmentés par tous les
aecideus de l'éruption pianique, ainsi que cela arrive dans la maladie vénérienne, on les guéri t sans aucun inconvénient
poiu- les constitutions (bibles et débiles, eu faisant prendre le mercure aux nourrices. Cette métliode est
merveilleusement salutaire ; beaucoup de faits constatent son efficacité.
J)LY1I. Le Pian fungoide ou maladie d'Amboine se traite par des procédés entièrement analogues ceux que
l'on suit pour guérir le Pian ordinau-e ou Piau ruboïde ; Bontius en l'ail lui-même la remarque ; si la maladie est
récente, la cure est assez rapide ; si elle est ancienne, elle offre un plus grand nombre d'obstacles. Les bois
sudoriiiques sont invoqués et Iréquemment associés aux plantes antiscorbuliques ; quelquefois on a cru dcvohrecourir
aux purgatifs violens. Enfin, le mercure , le turbilh minéral, l'antimoine, trouvent sur-tout leur place
dans ce traitement qui réclame une extrême sagacité de la part du praticien.
A R T I C L E IX.
Dii traitement externe employé pour la giienson des Piajis.
D L V I I I . L'emploi des frictions dans le traitement des Pians a été avantageux. IMais tous les médecins s'accordent
sur ritnportance qu'il y a de préparer l'onguent mercuriel avec une graisse pvu-c et fraîchc. Lorsc^ue cet onguent
est trop vieux, on a remarqué qn'il irritoit la peau : n'administrez qne des frictions très-légères, afin d'éviter
tout mouvement perturbateur qui pourroit seconder les ravages du mercure dans l'intérieur de la bouche.
T)LIX. Les frictions mercurielles sont particulièrement utiles pour combattre les doulem-sostéocopes, lesquelles
se réveillent durant les intempéries de l'atmosphère. Uajon cile l'exemple d'une jeune ÎSiégi-essc qui pouvoit b. peine
se mouvoir par la véhémence de ses souffrances. Ses douleurs s'appaisolent avec une promptitude surprenante, toutes
les fois que le remède clirigeoit son action sur les glandes salivaires ; si l'on discontinuoit le Irailcment, les douleurs
ne tardoicDt pas à renaître. Elle subit pendant deux mois des frictions légèrement gi'aduées et ménagées. 11
importe donc de ne pas les cesser trop vite ; car le mal rcnaîtroit en quclc]ue sorte de ses pi'opres germes.
T)LX. Les soins de propi'cté influent particuHèi'ement sur la guérison des Pians. Aussi les Colons expérimentés
sont-ils attentifs à faire baigner assidûment les Isègi-es malades. Ce sont particulièrement les bams composés avec
In décoction des plantes émollientes qui conviennent en pareil cas. C'est sur-tout à l'aide de ces bains, qu'oii
amollit la plante des pieds, et que l'on coupe ensuite avecl'instrument tranchant la peau devenue caUeuse. On
se sert aussi quelquefois d'un caustique, tel que le sublimé corrosif ou une forte dissolution de potasse.
DLXT. Nous avons parlé des guignes et autres excroissances qui succèdent d'ordinaire au Pian. On les attaque
au-si par des caustiques; les chirurgiens npplicjuent tous leurs soins à détruire l'ulcère principal, désigné comme
noTis l'avons déjà dit, sous le nom de Mere-nail's ou Miuna-Pians. On sait que cet ulcère est bordé de chairs
fongueuse^, qu'il est avantageux de réprimer ; souvent même à cet accident, vient se joindre la carie de l'os, qu'il
imi)orte de combattre par des procédés chirurgicaux. On a pratiqué avec succès l'amputation. Le topique le
plus usité, est le précipité ronge combiné avec l'alun calciné, (|nc l'on incorj)ore dans l'onguent basilicum. Dans
le \oyage anglais de Stedman, on lit que les iilc.''res de la plante des pieds, sont communément bi-ûlés avec lui fer
incandescent, que souvent on les incise, et qu'on les arrose ensuite avec du jus de citron.
DLXIT. .Te me borne à cette exposition siinjile des moyens employés jusqu'à ce jour, pour opérer la guérison
des Pians. J'aurois voulu sans doute pouvoir oITrir des vues ])lus élendnes sur un snjet aussi intércssani ; mais
n'ayant eu occasion d'observer qtie deux fois cetle cruelle iniinnité, j'ai dû d'abord in'assujettir aux méthodes
curatives qu'on avoit déjà expérimentées. Si elles n'ont pas en lout le succès desii'é, c'est sans doute parce que
l e cii'l de la France ne se prête qu'imparfaitement aux crises des maladies propres à d'autres pays.
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M A L A D I E S U E L A P E A Ü. 167
LES ICTHYOSES.
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COiNSIDÉRATIGiNS GÉNÉRALES SUR LES ICTHYOSES.
D L X I I I . Je dicris sous le nom d'icihjoses des maladies dans lesquelles, la surface de rapparci l tégumentaire
est recouverte d'écaillés sèches et blanches, qui paroissent superposées les unes sur le bord des autres, eomnic
les écailles des poissons. Ces singulières altérations de l 'épiderme que nous avons oliservées en assez grand nombre
4 rhû]>ital Saint-Louis, existoient presque toutes depuis la naissance des individus qui en étoient atteints. La
couleur ordinaire des écailles est d'un ¡jlanc cendré ou d'un blanc nacré ; dans quelques cas , elle est d'un brnn
tirant sin- le noir; par-fois sur-tout chezles Asiatiques, les écailles sont entourées d'une aréole violacée ou rougeátre.
D L X I V . Souvent l'épiderme a l'aspect luisant des écailles, sans en avoir la dureté et la rénitcncc. Celte
membrane se flétrit, se ride et se revêt d'une couleur qui a beaucoup de rapport avec celle des serpens ou des
lézards. Une pareille affection est très-commune chez les vieillards, particulièrement chez ceux qui ont été sci-ophulciLx
dans leur enfance. On voit aisément qu'ïUe est du même genre que la précédente.
ULXV. Les Icthyoses sont endémiques dans quelques climats ; les voyageurs assurent qu'à l'ile de Taï t i , on
rencontre une sorte de dcgénération de l'épiderme, qui se rappor t e absolmnent à celle dont nous nous occuponi.
Souvent tout le corps est recouvert d'écaillés qui se détachent i une certaine époque de l'année; mais souvent
aussi, on n'en observe que sur quelques parties de la peau. La maladie est hideuse, lorsqu'elle a fait beaucoup
de progrès.
D L X V I . Les pays voisins de la m e r , particulièrement ceux qui sont traversés par des rivières très-poissonneuses,
présentent sur-tout un pareil phénomène. Le genre de nourri ture pourroil-il inlluer sur le développemejit
de cette affreuse et dégoiilante infirmité? On assure que lorsque les Missionnaires chrétiens mus par leur zèle
apostolique, vinrent s'établir dans le Paragay, ils furent f rappés d'étonnement, à la vue de certains individus sujcls
à une éruplion cutanée des plus bizarres. Tout leur corps étolt recouvert d'écaillés, qui par leur forme cl leur
couleur avoient une ressemblance manifeste avec celles qui forment l'enveloppe exlérieui e des poissons. D'ailletu s
u n accident aussi extraordinaire ne cansoit aucun trouble dans l'exercice de leurs fonctions physiques cl morales ;
ils avoient l'air de n'être tourmentés par ancune douleur ni par aucune démangeaison ; ils n'ctoicnt pas même un
objet de dégolît pour ceux qui les fréquentoient habituellement.
D L X V I I . Dans la suite, on a domié plus d'extension à la dénomination A'Tclkjoses, en l'appliquant à
dilïerentes dégénérations de l'épiderme qui ont causé beaucoup de surprise aux obsen'ateurs. Tout le monde
connoît l'histoire d'Édouard Lambert, qui a paru dans Londres à deux époques différentes de sa vie, pour
exposer aux regards des curieux le phénomène de l'altération la plus singulière qui puisse captiver l'attention des
hommes. Ses tégumensétoient couverts d'émincnees dures et écailleuses, d'un brun foncé ou d'un noir roussâtre,
roides et douées d'une telle élasticité, qu'on ne pouvoit piomener avec vitesse la main sin- ses membres sans
produire un bruit très-sensible. Deux descendans de cet individu sont venus, il y a quelques années, à Paris et
ont été pour nous un objet d'étude et d'observation.
D L X V I I I . Qu'on s'imagine toutes les hypothèses émises et publiées, lorsqu'on a vu ces êù-es singuliers se
promener et se donner en spectacle à toutx; l'Europe ! Les Physiologistes ont mis leur esprit à la torture pour
expliquer ce nouveau genre de dégradation. On s'est d'abord figuré que res individus appartenoient à quelque
variété de l'espèce humaine; les ignorans étoient tentés de les prendre pour des phoques ou des lamenlins .sortis
du goufre des mers. Cependant , ce phémonène s'explique aisément par les simples notions que l'on possède de
nos jom-s sur la nature de l'épiderme. Il n'est pas plus étonnant de voir cette membrane mince et ténue acquérir
plus de consistance par l'état maladif, et dégénérer en substance écaillcuse, que de la voir se convertir naturellement
en ongles au bout de nos doigts, en cornes ou en sabots chez les quadrupèdes, en ergots chez les
volatiles, etc.
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D L X I X . Ces excroissances morbifiques et cuticulaires se présentent sous des formes très-variées. Souvent ce
sont des eminences tlissémiuécs ça et là , à la surface du corps , et qui ressemblent tantôt à des cornes de bélier,
tantôt à des grilles d'épervier. Lors([u"ou procède fi leur incision ou qu'elles tombent spontanément, elles ne
lardent pas it se régénérer. Ou observe que ces excroissances sont quelquefois très-abondantes aux environs des