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6o M A L A D I E S DE LA PEAU.
Au surplus, l'érxiptioa qui se inauifcsla sur le corps de Fauvulcl, fut la suite d'une pcripnpumonie grave,
laquelle se Lcrmina, dit-on, par des ruroncles d'un volume extraordinaire. Bientôt des boutons nombreux,
environnes d'une arcóle euHainniée, parurent par groupes sur toute la périphérie du système dermoide. La
tòte de ces boutons présentoit d'abord une pellicule mince et légère, et leur réunion donnoit lieu ensuite à la
l'ormalion de plusieurs écailles d'une étendue si considérable, que je les enlevoïs par lambeaux avec mes
doigts, pour les montrer aux élèves qui suivoient mes leçons cliniques. La peau, dépouillée de sa cuticule,
étoit tendue, gonflée, luisante, et d'un rouge pi'ononcé comme le carmin. Le malade y ressentoit un lel
sentiment de cuisson , qu'il se croyoit dans un brasier ardent. Toutefois, à force de bains, les symptômes
s'adoucirent. Deux ans après, nouvelle attaque plus terrible encore que ta première. Il fut reçu de nouveau
à l'hôpital Saint-Louis, et il y demeura, pendant plus de six mois, en proie aux plus vives démangeaisons.
Lorsqu'il avoit passé toute une journée à se gratter, sa peau sanglante et dénuée d'épiderme le rendoit
semblable à un animal écorché. Il suintoit de tout son corps une humeur ichoreuse dont l'odeur forte se
rapprochoit beaucoup de celle du bois vermoulu. Un prurit brûlant se renouveloit sans cesse, et son
désespoir étoit si violent, qu'il se livroit à desmouvemens de fureur que rien ne pouvoit appaiser. L'heure de la
nuit, que d'autres attendent avec tant d'impatience , devenoit une liexire fatale pour lui, puisqu'elle étoit celle
de son supplice. Privé de somineil, le pauvre Fauvelet tomba dans l'amaigrissement et le marasme. Croirat
on qu'il a essuyé près <Ic neuf rechutes ou récidives, et qu'il n'a été guéri qu'après plusieurs années d'un
traitement assidu ]
T/visième Observation. — J<? pourrois citer plusieurs exemples de la Darlre squammeusc orbiculaire
{Herpes squaniìuosus orbicularis). Je me borne à citer le cas qui suit: Un garçon âgé d'environ seize ans,
d'une physionomie très-agréable, ressentoit un léger prurit sur le jnilieu de ses deux joues. La peau y étoit
rouge et fort enflammée ; bientôt il s'y développa deux plaques écailleuscs d'une forme orbiculaire. {ployez
la Planche XIV. ) Ces plaques avoient été précédées par de très-petits boutons, qui fournissoient un suintement
presqu'impei'ceptible. Ce qu'il y avoit de très-remarquable, c'est que ces écailles mettoient huit jours
à se manifester^ au bout de ce temps, elles tomboient, et se renouveloient encore avec les mêmes phénomènes
et les mêmes circonstances. Cette Dartre augmentoit d'intensité, lorsque l'air atmosphérique étoit
plus vif et plus froid que de coutume. Elle s'appaisoit durant les chaleurs excessives de l'été.
Quatrième Observation. — La Darlre squammeuse lichénoïde {Herpes scjuainmosus licheyioïcles) s'est
déclarée avec beaucoup de force chez le noimné Cardonne, tailleur de pierre. Cet homme éprouvoit des
démangeaisons analogues à celles (jue suscitent les autres variétés de Dartre que j'ai précédemment établies.
Mais les écailles, au lieu d'être humides et transparentes , étoient sèches, dures, coriaces , épaisses et dune
très-forte consistance. Elles étoient spécialement situées sur les phalanges des pieds et des mains , occupoient
aussi toute la surface du corps, en sorte que cet homme maigre et desséché par la vieillesse, vu dans son
état de nudité, ressembloit à un arbre antique dont Tecorce seroit recouverte de mousses et de lichens, ce
qui lui donnoit l'alLitude la plus hideuse et la plus pittoresque.
Cinquième Observation. Rien de plus intéressant pour la curiosité des Pathologistes, que la forme qu'affecte
la Dartre squammeuse centrifuge. ( Voyez la PlancJie X V , fig. 2. ) j'en citerai ici deux exemples, i^remier
fait. Une jeune dame vit se manifester dans le creux de ses mains plusie-urs petits boulons qui s'élargissoient
en cercle, et qui olTroient dans leur milieu un point blanc. Ce point blanc, qui n'étoit autre chose que l'épiderme
dessscché, croissoit de jour eu jour, à mesure que la desquammalion s'opéroit. et alloit en s'écaillant
du centre à la circonférence. Ces zones étoient rougeàtres ; elles étoient toujours un peu élevées au-dessus du
niveau de la peau, ^t très-dures au contact. Sur les bords de ces cercles, on rcmarquoit une petite membrane
blanche qui n'étoit autre chose qu'un reste de la cuticule. Au-delà de cette membranule existoit nu
contour rouge qui annonçoit que l'épiderme alloit se soulever et se dessécher. Quand cette membrane étoit
tombée, elle ne tardoit point à se régénérer. Rien n'égaloit les démangeaisons que ressenloil la malade, sur-tout
lorsque la main étoit exposée à la chaleur, ou qu'on la lavoil avec de l'eau tiède. Alors l'éruption devenoit
plus foncée en couleur, et prenoit un aspect presque violacé. Quand la malade se grattoit, il s'ensuivoit un
gonflement dans l'intérieur de la main, et une chaleur brûlante. La malade jouissoit d'ailleurs d'une bonne
santé, et étoit enceinte. Deuxième fait. Nous avons observe la Dartre squammeuse centrifuge, à l'hôpiiai
Saint-Louis, sur Jeanne-Marie Richard, âgée de vingt-quatre ans. Il y avoit dans la paume d'une de ses
mains sept points d'altération de l'épiderme, qui avoient été pi'odjiits par l'action du savonnage. Cette Dartre
étoit à la main gauche, sur laquelle Marie Richard, qui étoit blanchisseuse, frottoit le linge, comme sur une
pierre à laver. Cette Darlre occasionnoit des cuissons, sur-tout quand la femme fermoit et ouvroit la main.
CLXXXIL Est-il une maladie plus horrible et plus désespérante que colle (|ue je viens de décrire !
Cependant elle n'est malheureusement que trop répandue de nos jours j cl lc.s nioyens de l'art ne sont que
trop souvent sans pouvoir contre un fléau si funeste pour l'espèce humaine.
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