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46 MA L A D I E S D E L A P E A U .
soufre semble êire combiné dans les cheveux avec l'iiydrogène ; tlu moins csL-il vrai qu'il agit sur les oxides
mélalliqucs, à la manière de Pliydrogcue suHuré.
CXL. J'ai déjà eu l'occasion d'observer, dans l'arllcie précédent, que les cheveux avoicnt blanchi parfois
d'une manicn'c aussi prompte qu'inattendue, par l'elTet d'un vif chagrin ou d'une grande frayeur. Peut-on se
rendre compte de ce pliénomène, d'après la théorie cJiimique qui vient d'être éLablie? M. Vauqueliu l'explique,
ce me semble, très-ingénieusement, lorsqu'il suppose que, dans ces momens de commotion universelle, où
les fonctions du corps vivant sont toul-à-coup troublées, il se développe dans réconomie animale un agent qui,
passant dans les cheveux, décompose leur matière colorante. Il soupçonne que cet agent pourroil bien être d'une
nature acidej car les cheveux noirs, trempés pendant quelque temps dans des menstrues, sur-tout dans l'acide
muriatique oxigéné, blanchissent très-sensiblement. La production spontanée d'un acide dans l'économie animale,
ne doit pas paroitre impossible à réaliser, quand les physiologistes observent qu'un mouvement extraordinaire
de fureur dans quelques animaux, suiHt pour imprimer une qualité vénéneuse à leurs humeurs. Pour ce qui
est de la blancheur qui survient aux cheveux graduellemenl et avec l'âge, ne peut-on pas dire que les matières
quiservoient à leur coloration, cessent alors d'être secrétées par les organes accoutumés?
CXLI. Ainsi donc, les essais de M. Vauquelin prouvent que les cheveux contiennent deux substances principales
j savoir, celle qui en forme le corps, et celle qui les colore. Qu'on ne pense pas que la dernière de ces
substances soit homogène ! Dans les cheveux noirs, c'est du fer sulfure et une huile bitumineuse, ainsi que
paroît le prouver la substance qui se sépare pendant leur dissolution dans la potassej dans les cheveux rouges,
c'est une huile de la même couleur ; et dans les cheveux blancs, c'est la privation de ces substances. Les huiles
grasses et diversement colorées qui existent dans les cheveux, donnent à ces organes la souplesse, l'élasticité,
la propriété de ne point se dessécher, et de se conserver long-temps sans altération. Ce sont ces mêmes huiles
qui les rendent susceptibles de se consumer avec tant de promptitude, et de jeter une flamme si vive quand on
les approche des corps en ignition.
CXLII. Jusqu'à présent, il n'a été question que de la matière colorante des cheveux; passons maintenant
à ce qui constitue essentiellement le corps de ces organes. Cette substance est de nature animale. Ce n'est point
de la gélatine, puisqu'elle n'est pas soluble dans l'eau, comme ce principe, &c. Ce n'est pas non plus à l'albumine
qu'on peut rapporter la formation des cheveux; car la solution de celle-ci est coagulée par la chaleur,
les acides et l'infusion de noix de galle, tandis que l'autre ne l'est dans aucun de ces cas. L'albumine paroît
d'ailleurs beaucoup plus susceptible de décomposition. M. Vauquelin pense donc que la matière dont la substance
des cheveux se rapproche le plus (si toutefois ce n'est pas aljsolument la même), est celle que les chimistes
modernes ont désignée sous le nom de mucus ou de mucilage animal. Ce mucus est séparé dans les narines,
dans la bouche, dans la trachée-artère, le canal alimentaire, la vessie, et en général dans toutes les cavités
du corps. On sait qu'il donne à l'eau beaucoup de viscosité, et qu'il lui communique la faculté de mousser
par l'agitation et l'ébullition. Dans l'irritation produite par le corysa, elle se file comme la substance de la
soie, ou comme celle dont les araignées font leur toile, conserve de la transparence et de la flexibilité après
la dessication ; et si elle contenoit un peu d'huile, elle ressembleroit entièrement à la substance des cheveux.
L'épiderme, les ongles, la corne, la laine, et les poils en général, sont aussi formés du même mucus animal,
et recèlent également dans leur composition une certaine quantité d'huile qui leur donne l'élasticité et la souplesse
qui leur sont propres.
CXLIII. On a soumis aux mêmes expériences l'humeur de la Plique, et on a remarqué qu'elle contenoit
à-peu-près les mêmes principes que les cheveux sains, mais en moindre quantité. Ainsi, il y a moins de soufre,
moins de phosphate de chaux, à peine quelques indices de carbonate de chaux, très-peu de fer, point de
sulfate de chaux, ni d'huile; mais ce qu'il y a de plus remarquable, c'est qu'elle se dissout très-facilement
dans l'eau, même à froid, au lieu que la matière des cheveux ordinaires ne se dissout qu'à une haute température.
Il paroît donc que l'humeur de la Plique est la substance des cheveux privés d'huile, et qui est
surabondante à la formation des cheveux. Les échantillons de Plique que j'ai fournis à M. Vauquelin pour
cette analyse, n'étoient pas très-frais ; ils m'avoient été envoyés de Varsovie à Paris par M. de Lafontaine.
L'humeur qui enduisoit et agglutinoit les cheveux, étoit devenue solide par son dessèchement.
A R T I C L E VI TK
Considérations sur les Méthodes employées pour la guérison des Pliques,
CXLIV. J Al déjà eu l'occasion de faire observer que la Plique disparoît souvent d'elle-même, et par la seule
puissance des forces vitales. J'ai cité un cas où des toufl'es villeuaes d'une grandeur énorme, se détachèrent
spontanément du cuir chevelu, entraînant dans leur chute des fragmens d'cpiderme. Un semblable phénomène
se remarque journellement dans la Pologne; et lorsqu'une Plique s'est ainsi isolée, l'homme superstitieux qui
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la portoit, va l'enterrer soigneusement dans le cimetière. Dans une pareille circonstance, quand la guérison
s'opère naturellement, le médecin n'a rien à entreprendre. Ses secours deviennent superflus.
CXLV. Aussi est-il certain que, depuis fort long-temps, les habitans de la Pologne éprouvent une répugnance
extrême à faire guérir la Plique. Ils sont accoutumés à l'eiivisager comme un bienfait du ciel. On est
véritablement surpris de les voir conserver religieusement une dégéncration aussi hideuse que repoussante. La
plupart ne voient d'autre cause de ce fléau, que des influences sydérales qu'il est nécessaire de respecter. Mais
une croyance populaire repose quelquefois sur des vérités importantes. L'opinion vulgaire dont il s'agit, a dû
résulter primitivement des symptômes graves et pernicieux qui ont succédé dans quelques circonstances ù la
suppression soudaine de la Plique. Les hommes n'ont pu voir l'apoplexie, le catarrc aigu, les spasmes, les convulsions,
les douleurs articulaires, les maladies organiques de tout genre, &c. devenir la suite funeste de la rétrocession
du trichoma, sans frémi r d'avance des moyens cura tifs qu'on vouloit opposer ù cette étonnante maladie.
CXLVI. Cependant, que faut-i l faire quand la Plique étend ses ravages, et quand les ressources de la nature
sont impuissantes pour les arrêter? Les soins de l'art sont alors indispensablement nécessaires. Le premier devoir
est, sans contredit, d'examiner alors quelle est l'époque de sa marche à laquelle cette affection est parvenue, et
d'étudier ensuite les différentes complications dont elle est susceptible. On adapte le plan de guérison à ces divers
cas. En second lieu, les médecins qui sont appelés à procéder au traitement de la Plique, doivent l'envisager
comme le résultat d'une crise nécessaire, qui doit s'effectuer par les cheveux, les poils et les ongles. C'est une
maladie errante dans l'économie animale, qui prend mille physionomies, mille formes. Malheur à ceux qui voudroient
intercepter son abord vers ses couloirs ordinaires 1 Ils doivent, au contraire, le favoriser et l'entretenir.
A R T I C L E IX.
Du Traitement interne employé pour la guérison des Plique s.
CXLVII. LA. méthode qu'il convient de suivre dans le traitement interne de la Plique, doit être absolument
analogue à celle qui dirige la guérison des autres maladies du corps humain. Il faut observer avec attention
la marche régulière de la nature. Puisque cette affection produit, d'après l'observation, un mouvement salutaire,
il est manifeste que la première indication doit tendre à porter son dépôt critique vers la tête. En conséquence,
après avoir éliminé, par des émétiques appropriés au tempérament physique des individus, les
saburres gastriques qui surchargent les voies digestives, on excite doucement la diaphorèse par des boissons où
l'on fait entrer labardane, la fumeterre, le sassafras, legaïac, et autres substances végétales qui paroissent agir
d'une manière spéciale sur les propriétés vitales des exhalans. On a très-anciennement recommandé le lycopodium.
Mais les essais de M. de Lafontaine ne prouvent pas que cette plante jouisse d'une grande vertu. Le soufredoré
d'antimoine possède, parmi les minéraux, une réputation plus méritée, et tous les sages praticiens attestent
que, dans le traitement de la Plique, il est presqu'aussi utile que le mercure dans la maladie vénérienne.
CXLVIII. Dès qu'une fois la matière trichomatiqiie a pris la route des cheveux, ce qui se reconnoît aisément
à l'aspect onctueux que prennent ces organes, à l'Immeur visqueuse qui vient inonder la tête du malade, on
continue l'usage des légers sudorifiques, et on y joint l'emploi de quelques infusions ou décoctions délayantes
et rafraîchissantes. On met alors en usage des plantes, telles que l'oseille, la poirée, la chicorée-sauvage, la
laitue, le pissenlit, &c. Il faut donner des limonades, des boissons d'orge et de miel. Le médecin éclairé sait, du
reste, ce qu'il doit employer en pareil cas, et je n'ai besoin de lui indiquer ici ni des remèdes, ni des recettes.
CXI.IX- J'avertis seulement qu'il faut suivre avec une attention éclairée les mouvemens de la fièvre dont le
malade est tourmenté, la modérer si elle est trop énergique, l'accroître si elle est trop foible. Quelquefois le
dépôt critique s'opère avec violence, et de manière à épuiser entièrement le système des forces. Chez les personnes
accablées par l'âge, le chagrin, ou par d'autres causes énervantes, la crise ne peut s'effectuer par les
seuls efforts de la nature. Alors, sans doute, les médicamens toniques sont d'une nécessité urgente. Do ce nombre
doivent être le quinquina, la gentiane, les eaux ferrugineuses, toutes les substances amères, &c. Piien n'égale
alors les avantages des bouillons de viande, des gelées et autres mets restaurans. Souvent la Plique est compliquée
par la maladie vénérienne. Il importe d'obéir à ces indications nouvelles. Dans ce dernier cas, les mercuriaux
doivent être habilement combinés avec les médicamens vulgairement usités contre le trichoma.
A R T I C L E X.
Du Traitement externe employé pour la guérison des Pliques.
CL. LES remèdes externes paroissent jouer un grand rôle dans le traitement de la Plique. C'est ainsi
que, pour faciliter son éruption, les praticiens ont fréquemment recours à des fomentations douces et emollientes
qui appaisent Pirritation du cuir chevelu. D'autres fois, il est important de produire un effet contraire.