•Si
26 M A L A D I E s D E L A P E A U.
almnsphérique. J'ai été dcs-lors contraint de recourir aux travaux des Médecins étrangers, et d'ajouter les faits
multipliés dont ils ont Ijiou voulu me faire part, au petit nombre do faits que j'avois vus moi-même. Je suis
donc plus redevable à leur expérience qu'à la mienne. J'ai choisi, du reste, parmi mes correspondans, ceux
dont la véracité est la plus authentique, et je n'avancerai rien qui n'ait eu des témoins irréfragables.
LXXVIII. J'ai suppléé d'ailleurs à l'éloignemcnt des lieux, en faisant transporter à Paris, plusieurs têtes
d'individus qui avoicnt succombé à la Pliquc, et j'ai pu les étudier à loisir. C'est ainsi que les Naturalistes
s'arrogent des productions étrangères pour leur instruction, et rassemblent souvent, dans leurs cabinets,
des richesses qui appartiennent aux pays les plus lointains et les plus variés. Pourquoi le PatUologiste ne
marcheroit-il pas sur leurs traces? Je remarque seulement que de tels échantillons ne sauroient olTrir des
tableaux complets : ils sont commc ces dépouilles curieuses, mais inertes, que nous rapportent tant de savans
voyageurs , et qui ne nous apprennent rien sur les moeurs et sur la manière de vivre des animaux. Mais
je remarque aussi qu'un pareil inconvénient n'aura point lieu dans cette circonstance, puisque des praticiens
longuement exercés à l'observation, m'ont fourni des renseignemens certains sur les symptômes divers qui
peuvent caractériser la marche des Pliqucs, et ont tenu, pour moi, un registre fidèle de tous leurs effets sur
le théâtre même des causes qui les produisent.
LXXIX. Afin de classer d'une manière convenable les phénomènes des dilTérentes Pliques, les auteurs ont
designé, par des noms particuliers, leurs caractères physiques principaux, et ont établi, pour cet objet, des
distinctions superflues, que je me borne à rappeler. C'est ainsi, par exemple, qu'ils qualifient du titre de vraie
Plique, celle qui tient à une altération générale de l'économie animale, ou qui semble être le résultat de la
métastase critique d'un principe de maladie ; et ils appellent/aiisse Plique, celle qui est produite par un excès
de malpropreté, qui n'est point accompagnée de symptômes généraux , et qui n'existe probablement que dans
les cheveux. Ils ont eu pareillement recours aux expressions vagues de héiùgiie et de maligne, quand ils ont
voulu retracer la plus ou moins grande intensité des symptômes qui signalent une affection si étrange. Ils
donnent le nom de Plique simple, à celle qui n'attaque qu'une partie chevelue du corps; et do Plique eomposée,
à celle qui atteint toutes les parties chevelues, même les ongles des mains et des pieds. Les Pathologistes
connoissent encore la Plique larvée ou cachée. Cette dénomination lui vient de ce qu'on ne peut l'appercevoir
lorsque la tète est poudrée, et de ce que les cheveux conservent leur forme et leur situation ordinaires, quoiqu'on
ne puisse les démêler. Enfin, ils font mention de la Plique isolée, dans laquelle la matière trichomatiquc
pénètre à la vérité la substance des cheveux, mais ne s'arrête qu'à leur portion intermédiaire. Ou ne la
voit point se manifester à leurs racines ou à leurs pointes.
LXXX. Attachons-nous aux distinctions réelles et importantes, qui constituent des caractères spécifiques
et tranchans. Tous les caractères extérieurs des Pliques se rapportent donc à trois formes principales. Dans
la première, les cheveux s'agglutinent, en se divisant par mèciies séparées; dans la seconde, ils s'alongent
en queue, en prenant un accroissement excessif; dans la troisième enfin, ils s'agglomèrent par touffes, par
masses ou par pelotons. Ces trois formes primitives m'ont déterminé à n'établir que trois espèces de Phque, tj^ii
se modifient néanmoins, et comprennent sous elles quelques variétés. Au surplus, j'ai fait figurer et graver ces
différcns aspects avec un soin particulier, qui tient au vif désir que j'avois d'éclairer les phénomènes obscurs
d'une maladie si peu connue, et si peu étudiée par les geus de l'art.