dience , les mêmes animaux le faluent: avec leur
trompe ,s agenouillent & le complimentent à leur
façon : on les ramène enfuite dans leur palais , là
on les parfume , on les place fous un dais foutenu
par huit officiers pour les garantir de l’ardeur du
loleil j & s’ils veulent fe promener , trois trompettes
les précèdent 5 ces animaux entendent leurs
accords 3r & règlent leurs pas fur le fon dès
inftrumens.
Un éléphant confomme beaucoup , & il eft très-
couteux a nourrir. Il y en avoit un à la ménagerie
de Verfaillesqui etoit un des plus petits de l ’ef-
pèce j cependant fa nourriture , fans y comprendre
ce qui lui étoit donné par ceux qui le vifitoient,
confiftoit tous les jours en 80 livres de pain Ifeff
pintes de vin , & deux féaux de potage 3 ou il entroit
encore 4 à y livres de pain 5 on lui donnoit
aufli de deux jours l’un deux féaux de riz cuit dans
l’eau , & une gerbe de bled pour s ’amufer, dont
il mangeoit les grains , & faifoit enfuite dts poignées
de paille pour chaffer les mouches.
Ckajfe royale des éléphans.
a Quand les rois de l’ Inde vont à la chaffe de
l’éléphant, ils y emploient une pompe vraiment
orientale : on ne diroit pas qu’ils vont s’amufer ,
mais qu’ils vont combattre l’ ennemi de la patrie.
On choifit au milieu d’une forêt un efpace qu’on
environne d’une forte paliffade $ les plus gros ambres
du bois fervent de pieux principaux contré
lefquels on attache les traverfes de charpente'qui
foutiennent les autres pieux : cette paliffade eft
faite à claire-voie , enforte qu’ un homme peut y
pafler aifément j on y laiffe une autre grande ouverture
par laquelle Y éléphant peut entrer, & cette
baie eft furmontée d’une trape fufpendue.
Pour attirer l’animal dans cette enceinte, on
conduit une femelle eri chaleur &'apprivoifée
dans la fo r ê t , & lorfqu’ on s’imagine être à portée
de la faire entendre , fon gouverneur l'oblige à
faire le cri d’amour : le mâle fauvage y répond &
fe met en marche pour la joindre : on la fait marcher
elle-même, en lui faifant de te ms en tems
té péter l’appel ; elle arrive la première à l ’enceinte
où le mâle la fuivant à la pifte-, eutre par la
même porte , & fe trouve enfermé fans prévoir
encore le piège qu’on lui tend.
Cependant le prince qui préfide à cette chafle
envoie trente ou quarante mille hommes qui environnent
l’enceinte ; ils fe poftent de quatre en
quatre à vingt pieds de d-ftance les uns des autres ,
& à chaque campement on fait un feu qui s’élève
de terre au moins de trois pieds : il fe fait auffi
une autre enceinte d‘éléphans de guerre , diftans
les uns des autres de çent ou cent cinquante pas 5
& on les place plus ferrés dans les endroits où les
éléphans fauvages pourroient fortir : on met même
du canon dans les endroits qu’ils pourroient forcer :
tous ces préparatifs font néceffaires pour la sûreté
des chafleurs.
Quand Yéléphant eft entré dans l’enceinte en
fuivant la femelle qui l’attire , quelques foldats
paroiffent & le harcellent avec de longues perches
armées de pointes : fon ardeur alors s ’évanouit
& fe change en fureur ; il pourfuit fes ennemis
avec vivacité., mais ordinairement ils
échappent derrière les pieux de la paliffade que
lui-même ne peut franchir 5 le plus hardi des
chafleurs le voyant animé fe fait alors pourfuivre
& l’attire à la porte où on a ménagé une trape :
le chaffeur s’élance hors du p iè g e , mais le co-
loflfe qui le fuit s’y trouve renfermé ; l ’animal
irrité pouffe des cris horribles & fait des efforts
extraordinaires pour fe dégager 5 les Indiens de
leur côté redoublent d’aélivité : les uns tâchent
de l’adoucir , en lui jettant de l’eau fur la têteI
en le frottant avec des feuilles & en lui verfant
de l’huile fur les oreilles : les autres lui jettent
des cordes à noeuds coulans & lui mettent des
entraves aux pieds : quand fa fureur eft un peu
rallentie , on fait approcher un éléphant privé ,
de ceux qui ont coutume d’inftruire les nouveaux
venus : un officier monté fur lui le fait avancer
ou reculer à fon gré , pour montrer à Y éléphant
fauvage qu’il n’a plus de péril à redouter : tous
deux fortent de la porte en même-tems, & quand
ils ont marché quelque tems , on lie le nouveau
captif avec deux autres : on en choifit un troi-
fième pour le tirer avec une corde dans la route
qu’on veut lui faire tenir , & un quatrième qui
le fu it , le fait avancer à grands coups de trompe
jufques dans une efpèêe de remife, où ôn l’ attache
à un pilier qui tourne comme un cabeftan
de navire , & on l’y laiffe jufqu’au lendemain
afin de laiffer diffiper entièrement fes accès de
fureur.
Jufques là , on ne peut qu’admirer l’adreffe &
le courage des Indiens 5 mais laTuperftition vient
bientôt à l’appui de l’induftrie : on fait entrer
un Bramine, q u i, monté fur un éléphant facré ,
& revêtu de fes habits facerdotaux, vient pom-
peufement l’arrofer d’une eau myftérieufe qui a
la vertu d’apprivoifer les animaux les plus fan-
vages. Grâce aux chaînes vigoureufes qui captivent
Y éléphant 3 le prêtre & fes adorateurs terminent
impunément leurs cérémonies, & le ta-
lifman n’eft jamais en faute.
Méthodes diverfes pour la ckajfe de l'éléphant.
Comme les particuliers , à l’exemple des rois,
vont dans l’Inde à la chafle de Y éléphant 3 on a
beaucoup Amplifié les pièges qu’on lui tend,.
Dans le royaume de Patane, on fe contente de
conduire dans les bois un fort Jléphant privé 5
quand le fauvage l’apperçoit, il vient lutter
contre lui : les deux athlètes croifent leurs trompes
& cherchent à fe renverfer : mais pendant
que la trompe de Y éléphant fauvage fe trouve
embarraffée , on lui lie les. jambes de devant
& il devient efclave.
Ailleurs on fe contente de tendre des chauffe-
trapes fur leurs paffages 5 par ce moyen ils tombent
dans des foffés , d’où il eft poffible enfuite
de les retirer quand on s’en eft rendu maître.
Les habitans de Ceylan font des foffes profondes
qu’ ils couvrent de planches mal jointes,
& enfuite de paille & de verdure : les éléphans
qui font fur çette route tombent dans ce piège,
on ne fe preffe point de les en t ir e r , pour les
empêcher de mourir de faim , on leur fait porter
à manger par des efclaves : peu-à-peu l’ animal
s’accoutume à la vue de fes maîtres , s’appri-
voife & fort d’un efclavage^pénible pour tomber
dans un autre qui l’eft moins.
Les negres n’ont pas l’induftrie des Orientaux 5
ils ne favent point apprivoifer Y éléphant ; ils ne
favent que le tuer : ils le font'tomber dans des
foffes profondes recouvertes de branchages, &
le tuent à coups de flèches. Quelquefois ils
s’affemblent au nombre de vingt - cinq ou de
trente , & luttent contre ce coloffe formidable j
le plus hardi fe gliffe auprès de lui 8c lui donne
un coup de zagaye j il fe cache enfuite , & les
autres lui portent de nouveaux coups dans les endroits
les plus tenY\b\es‘>Yéléphant ne fait fur qui exercer
fa vengeance & périt enfin fous leurs coups.
Voilà fans doute la chaffe la plus dangereufe
qu’on faffe dans les deux continents ; & qui font
les perfonnes qui y réuffiffent ? des nègres.
C ’eft l’ intérêt fans doute qui anime fi fort les
Africains à la chaffe de Y éléphant ,* ils font des
boucliers de fa peau', mangent fa chair avec une
forte de volupté, & font fur-tout un grand commerce
de l’ivoire de fes défenfes, qui fert aux
Européens à faire les plus jolis ouvrages en
fculpture & en marqueterie,
EMAILLURES. ( Vénerie ) Se dit des taches
rouffes qu’on voit fur les pennes de l’oi-
feau de proie.
EMBLER. C ’eft quand aux allures d’une bête ,
les pieds de derrière furpaffent ceux de devant
de quatre doigs.
ÉMÉRILLON , f. m. C ’eft le plus petit de
tous les oifeaux de proie , à l’ exception de la
p ie -g r iê ch e , n’étant que de la groffeur d’une
groffe grive. On le dreffe pour le vol des
alouettes, des cailles, 8c même des perdrix,
qu’ il tranfporte ( dit M. de Buffon ) , quoique
beaucoup plus pefantes que lui. Il tient de plus
près que tout autre oifeau. à l’efpèce du faucon ,
dont il a le plumage , la forme 8c l’attitude ,
& en même-tems le courage & la docilité. Dans
l ’état de lib e r té , il ne prend que les petits oifeaux
, 8c tout au plus les grives.
ÉhfEU. Les fauconniers nomment ainfî l’excrément
que rendent les oifeaux de proie : ils
difent, ce faucon fe porte parfaitement, car il
rend bien fon émeu.
EMGALO. Efpèce de fanglier de la baffe
Ethiopie , qui a dans la gueuled eux énormes
défenfes : les Portugais prétendent que la rapure
de fes dents eft un excellent fébrifuge : un
voyageur ajoute même que quand l’animal fe
fent malade , il râpe fes dents contre une pierre
& lèche cette ii-nure pour fe guérir : quoi qu’en
difent les Portugais , Yemgalo eft très-peu connu ;
ainfi fa propriété d’être fébrifuge eft du moins
très-fufpe&e.
ÉMOUCHE T. Oifeau de proie qu’on nomme
plus ordinairement tiercelet y c’eft le mâle de
l’épervier : voyez ce dernier mot.
EMPAKASSE ou IMPANGUEZZE. Efpèce
de vache fauvage des pays de Congo & d’Angola
, q u i, par la figure & le caractère, a beaucoup
de rapport avec le buffle : cet animal a les
cornes & les oreilles d’une longueur exceflive :
les nègres employent les cornes dans leurs parures
, & ont même l’induftrie d’en faire des
inftrumens de mufique. Le mâle & la femelle .
ne fe quittent jamais : leur chair eft nourrif-
fante, & les habitans du pays la mangent vo lontiers.
La chaffe de Yempaka/fe fe fait de la même
façon que celle du buffle : elle eft cependant
plus difficile à caufe de l’extrême légéreté de
cet animal, & plus dangereufe à caufe de fa
force : quand ce quadrupède fe fent blefle , il
fait volte -fa ce, attaque à fon tour le chaffeur ,
& le tue quand il peut le renverfer.
EMPALANG A. C ’eft un quadrupède commun
dans le pays de Bènguela en Afrique. Son corps
tient de la mule , & fa tête du boeu f fauvage j
fes cornes font larges & tortueufes. Or jupe
de l’âge de cet animal p'ar le nombre des en-
trelaçures des cornes. Les Africains font fervir
1*empalanga au labourage 8c à d’ autres ferviçes
de fatigue. Sa chair eft bonne à manger \ 8c
fa peau fait un bon cuir.