On devra à ces foins réunis, tout l'avantage
qu’on peut tirer d’une garenne , fi l'on y joint
une attention continuelle à écarter & à détruire
toutes les bêtes carnaflières qui font ennemies des
lapins. Lçs murs peuvent garantir de:s renards , des
blaireaux , des putois , & même des chats } mais
il laut des précautions journalières pour fe défendre
des fouines, que les murs n'arrêtent pas,
des belettes , auxquelles le plus petit trou donne
paffage , & c . Il eu donc inutile d'avoir une garenne
, fi l'on n'en confie pas le foin à un ga-
rennier très intelligent & tres-exercé.
Garenne artificielle.
Le lapin eft un animal qui produit beaucoup ,
& qui par conféquent eft d’ un excellent produit i
fa chaue eft auflî fort agréable & fort amufante.
Comme cet animal eft extrêmement fenfible au
fro id , au chaud & à la pluie , il s'établit toujours
dans les endroits montueux 8c fablonneux, où il
trouve des abris favorables. Il ne peut point réuflîr
dans les plaines j mais fi cependant on eft curieux
d’ en avoir , on peut former des garennes artificielles,
où trouvant une retraite agréable, ils
multiplieront très-bien : on en a vu au milieu des
p’aines de la Brie où les lapins réufiifibient à merveille.
Voici la manière de conftruire ces garennes
artificielles. On choilït un petit bois , au milieu
duquel ©n fait un amas de terre en rond, dü
diamètre au moins de foixante pieds ; le mieux eft
d’apporter la terre la plus fableufe qu’il eft poflible,
de la difpofer en élévation de huit pieds vers le'
milieu du rond , en ménageant la pente vers toute
la circonférence ; îl faut battre cette terre à me-
fure qu’on l’apporte : on bâtit enfui te autour de ce
rond un petir mur à chaux 8c à fable, pour, empêcher
que les terres ne s’éboulent.
G A R R E , terme de vénerie dont fe fert le piqueur
quand il entend partir le cerf de la repofée ,
pour avertir les ehaffeurs que cet animal eft lancé.
GARRIERE ; terme d'oifeleur qui défigne une
petite rigole pratiquée à l’effet de cacher lereffort
d’ un filet appellé guide.
G ARSOTE . C ’eft le nom que l’on donne dans
quelques cantons de la France, à un oifeau aquatique
du genre des canards , 8c qui eft plus connu
feus le nom de cercelle. Voye^ C anard.
G A VO U E . Oifeau connu en Provence fous
les noms de chic-gavotte 8c chic-moufiache , à caufe i
des bandes noires qu’il a autour du bec. La par- i
tie inférieure de fon corps eft cendrée ; il a la tête i
8c le dos > la queue 8c les ailes variées de roux 8c
de hoir. C et oifeau a quatre pouces huit lignes
de long j il fe nourrit de graines, fon chant eft
fort agréable.
à G AZE LLE . Joli quadrupède à pied fourchu ;
d une taille fine & très-léger à la courfe, qu’on
trouve communément en Afrique & dans les Indes
orientales.
Buffon a reconnu treize variétés bien dif-
tin&es dans cette efpèce d’animaux } & il faftoit
toute la fagacité de ce philofophe pour fuivre
dans cette multitude de routes le vrai fentier de
la nature.
La gabelle refîemble beaucoup au chevreuil par
la forme du corps 8c par la légèreté des mouve-
mens \ mais la différente nature de fes cornes fuffit
pour perfuader que ce quadrupède n’eft pas un
chevreuil dégénéré: les cornes du chevreuil font
folides., tombent & fe renouvellent tous les ans j
celles de la gabelle font creufes & permanentes j
l’animal qui nous occupe femble intermédiaire
entre la chèvre & le chevreuil : les feuls caractères
qui lui foient propres , font les anneaux
tranfverfaux avec les ftries longitudinales de fes
cornes, les broffes de poils de fes jambes de devant
& les trois raies blanchâtres qui s'étendent
en long fur la face interne de fes oreilles.
La gabelle commune fe trouve en S y r ie , en
Méfopotamie, & dans les autres provinces du
Le vant, auffi-bien qu'en Barbarie & dans toutes
les parties feptentrionales de l’Afrique. Unnati>
talifte anglois, en parlant des gabelles du pays
d'Alep , diftingue ht ga^ille plaine de celle de
montagne : la fécondé eft mieux faite & plus légère
à la courfe que la première.
Les gabelles vivent en fociété 8c ruminent. En
général ces animaux ont les yeux noirs , grands ,
très-vifs, & en même-tems fi tendres, que les
orientaux , pour louer les yeux d'une femme , les
comparent a ceux de la gazelle. Les jambes antérieures
de cet animal font moins longues que
celles de derrière j ce qui lui donne , comme au
liè v r e , plus de facilité pour courir en montant
u'en defeendant. La plupart font fauves fur le
o s , blanches fous le v entre, avec une bande
brune qui fépare ces deux couleurs au bas des
flancs j leur queue eft plus ou moins grande , &
toujours garnie de poils affez longs 8c noirâtres.
Les gabelles courent fi vSte & fi long tems,
que les meilleurs chiens courahs ne peuvent les
forcer fans le fecours d’un faucon : en hiver elles
font fort maigres > cependant leur chair eft de
très-bon goût j en été elles font chargées d’une
graiffe qu’on peut comparer à la venaifon du daim :
en general, les gabelles fauvages plailent plus au
goût que les gabelles domeftiques.
Oa
Cj A Z
On voit au Sénégal & fur la Gambra , des troupeaux
nombreux de gabelles ; cet animal dans ces
contrées eft plus joli que par-tout ailleurs j il n'a
que la grandeur d’un lapin , fes jambes ne font pas
plus groffes qu’un tuyau de pipe , 8c fa légèreté
eft fi grande, qu'il parolt voler plutôt que de
marcher ; les nègres les appellent les petits rois des
cerfs. La chair de cette efpèce de gabelle eft un
mets délicat pour les nègres : on ne fauroit tranf-
porter ce quadrupède en Europe 5 car ordinairement
il meurt aufti-tôt qu'il a paffé la ligne : on
en a cependant vu deux à Paris il y a quelques
années.
Des diverfes efpeces de gazelles.
Outre la gabelle commune dont nous venons
de parler, M. Buffon, en diftingue onze autres j
qu’on fera connoître plus particulièrement chacune
dans fon article.
L ’Aku : ce nom eft perfan i les turcs nomment
cette efpèce de gabelle t^eiran.
VAlga^el : ce nom que les arabes ont donné à
la gabelle d'Egypte ? défigne auflî le pygargus des
hébreux, que Moife met au rang des animaux
purs.
L'Antilope : c’eft le nom que les anglois ont
donné à la gabelle de Barbarie & de Mauritanie :
cet animal eft de la taille de nos plus grands^ chevreuils.
Les anciens africains connoiffoient \antilope
fous le nom à’Addax | 8c Pline en parle fous
celui de firepficerosf
VAntilope des Indes, n'eft peut-être qu'une
variété de celui d’Afrique.
La Corine eft la gabelle du Sénégal qui tient un
peu du chamois.
Le Kevel fe trouve auflî au Sénégal, & fa grandeur
eft celle de nos petits chevreuils.
Le Koba du Sénégal y eft nommée par les français
, grande vache brune.
Le Kob diffère du koba par la taille, 8c on
nomme cet animal petite vache brune.
La Lidmie eft une grande gabelle dont les cornes
©ut fou vent deux pieds de long, 8c qui fe trouve
aux royaumes de Tunis & d’Alger.
Le Nanguer des africains eft probablement le
daim des anciens: onl'apprivôife facilement.
Le pafan , qui a beaucoup de rapport avec
l ’algazel, eft la fameufe gabelle qui donne le
bézoard.
Chasses.
Outre ces diverfes efpèces de gabelles, on
confond encore {avec ce genre de quadrupèdes
dix fortes de chèvres, trois ou quatre bubales ?
autant de chevrotins 8c de mazames : ce quL
augmente encore laconfufionde çette partie d'hif-
toire naturelle.
Chajfe de la gabelle avec le léopard.
Cette chafîe fe fait en Egypte ; ces animaux
y marchent par troupes : quand on en a découvert
une, on tâche de la faire appercevoir à un léo-
pardqu'on tient enchaîné fur une petite charrette ;
cet animal rufé ne s’élance pas d’ abord fur elle ,
mais il fait des détours & s’approche en fe courbant
pour les furprendre j 8c comme il peut
faire cinq à fix bonds avec une rapidité incroyable,
dès qu'il fe fent à p o r té e , il fe jette fur elles
8c les étrangle : on vient enfuite doucement auprès
de lu i , on le flatte 8c on lui jette des mor-r
ceaux de chair, 8c en l ’amufant ainfi on lui met
un bandeau flir les y eu x , on l’enchaîne 8c on
le replace fur la charrette. Cette chafle eft très-
dangereufe } car quelquefois l’animal affamé brife
fes chaînes , 8c au défaut de gabelle, étrangle fes
conducteurs.
Chajfe de la gazelle fauvage avec la gazelle
apprivoifée.
On met aux cornes d'une gabelle apprivoifée
un piège de cornes ÿ c'eft ordinairement un male
qu’on choifit pour cette efpèce de chafle, 8c quand
on trouve une troupe de gabelles fauvages, onle
laifle en liberté : cet animal va les joindre, il joue
avec elles , leurs cornes s'embarraffent > 1 animal
fauvage fe fentant arrêté tache de fe délier 8c
tombe avec l'animal domëftique. Le chaffeur adroit
s'avance alors ,& emmène les deux rivaux enchai-
nés enfemble.
L'animal qui donne le muf« a été regarde par
plufieurs naturaliftes comme une efpèce de gazelle
j cependant il a des caractères qui lui font
particuliers. C et animal a le poil rude & long , lp
mufeau pointu, &desdéfenfes a peu-près comme
le cochon ; mais ce qui lé diftingue eflentielle-
ment, c'eft une efpèce_ de petite bourfe placée
près du nombril, 8c qui contient la fubftance ap-
pellée mufer Cette bourfe a près de trois pouces
de lo n g , 8c deux de largeur , 8c s'élève au-
deflus du ventre-d’environ un pouce : elle eft
garnie de poils extérieurement, & intérieurement
d’une pellicule qui renferme le mufe ; chaqu®
veflie pefe depuis deux jufqu a quatre gros.
G E A I , f- m. Cet oifeau eft du genre des piés ;
mais plus petit; il eft fort connu dans tous les
pays. Il a le finciput couvert de plumes variéûs
de blanc 8c de noir au milieu : ces plitmes foȍ