
dans les bois , dans les champs , dans les prés 3
& même dans les jardins. 11 eft remarquable par
Ja groffeur de fa tête , & par fa queue courte
■ Sc tronquée 3 recouverte de poils. La longueur
de ce petit animal depuis le bout du nez jufqu' à
1 origine de la queue , eft tout au plus de trois
pouces.
Le Campagnol fe pratique des trous en terre
qui font divifés en deux loges , où ils habitent
plufïeurs enfemble 8c font leur petit ménage,
lis ont dans leur logis des provisions de grains3
de noifettes , de glands 8c de blé. Ils font de
fubtils glaneurs 3 8c fui vent les moiftonneurs pour
recueillir les grains tombés & les épis oubliés.
Us vont aufli dans les terres nouvellement fe-
mees 5 où ils détruifent d’avance la récolte fui-
-vante. Ces animaux font en fi grand nombre
dans certaines années , qu'ils portent la défola-
dans les campagnes. Maisles Campagnols font
chaffes & détruits en grande partie par les Mu-
lots j par les Renards 3 par les Chats fauvages,
p a r le s Martes & les Belettes ; ils fe font même
la guerre & fe mangent entr'eux- dans les temps
de difette.
CANARD, f. m. Oifeau aquatique' dont il y :
a deux efpèces bien diftinétes. Savoir 3 l'une
t e Canards fauvages-, l'autre des Canards do- |
meftiques.
Du. Canard fauvage.
Le Canard fauvage,eft un oifeau de paflage
qui arrive dans nos contrées en très- grand nombre j
vers le commencement dé l'hiver des pays
feptentrionaux 3 ainfi que beaucoup d'autres
oifeaux aquatiques j & la raifon pour laquelle
ces oifeaux quittent alors ces régions'., c'ell que
les rivières & lacs étant .gelés , ils ne peuvent
pbis y jouir du genre dé. vie quileur eft propre,
étant faits pour vivre dans les eaux. Us n'attendent
pas pour cela que'les eaux foient gelées ;
ils favent prévoir les approches du froid qui
opère cette congélation, tk s'acheminent d e vance
vers les pays moins froids. C e font les Canards & les Oies qui forment le p.’us grand
nombre de ces oifeaux émigrans. Linné , étant
en Laponie , en 1 7 5 2 § a vu le fleuve C ilix entièrement
couvert de Canards nuit Séjour, pendant
une femaine j au point de ne pouvoir -fê
perfuader qu'il en exiftât .une fi grande quantité.
Ces Canards fuivoient le fleuve jufqu'à fon
embouchure dans la mer, & enfuite continuoient
leur routé vers le midi. Qu’on fe figure qu'il
s’en voit autant fur tous les fleuves de cé pays,
& qu’on juge de-là combien d'émigrans dé la
feule Laponie ; car il en eft J e même de plu-
fieurs contrées feptentrionales. Quoique les Canards
fauvages foient de .palfage, il en telle cependant
beaucoup fur nos étangs 3 pendant toute
I année 3 8c qui font leur ponte.
La Cane fauvage établit ordinairement fon nid
au bord de l'eau 3 fur quelque touffe de joncs
un peu élevée , mais quelquefois aufli dans
une bruyère ou taillis , à une aiTez grande difo
tance de l ’eau , & même ( à ce qu'on prétend )
fur les arbres , dans quelque nid abandonné de
Pie ou.de Corneille. La ponte fe fait en mars
ou avril j l'intubation eft de 30 jou rs, 8c les
petits eclofent en mai pour l'ordinaire. L ’ac-
crôiffement de leurs ailes eft très-lent, & ils
ont acquis plus de la moitié de leur croififance,
avant detre en.état de s’effayer à voler , ce qui
n arrive qu'au bout de trois mois , c'eft-à-dire,
vers le commencement d'aout. Tant que leur
vol n'eft pas encore affez ferme pour quitter
1 étang ou le marais qui les a vu naître , on les
appelle Hallebrans.
Le Canard fauvage ne diffère ptefque p oint,
par fon plumage, du Canard privé 5 niais on
le reconnoît aifément par fon volume qui eft
un peu moindre , par le cou qu'il a plus grêle , B
par la patte qui eft plus menue, les ongles
plus noirs , 8c fur-tout par la membrane des
pieds , qui eft beaucoup plus mince, & plus farinée
au toucher.
On difting-ae les jeunes Canards de l’année d'a-
.vec les v ie u x , à la patte qu'ils ont plus lifte
1 & d’un rouge plus vif. On .lès diflingue encore
en arrachant une plume de Laîle : fi c'eft un
jeune , la racine ou extrémité du tuyau eft
molle 8c fanguinolente ; s'il eft vieux , cette extrémité
eft ferme , 8c ne donne point de fang.
Du Canard a longue qutue ou Pilet.
C e Canard, qu'on nomme également Pilet ou
Pénard en Picardie, Bouis en Provence, eft d ’un
fort joli plumage. C'eft un gris tendre "orné de
petits traits noirs qu'on dirôit tracés à la plume..
Les grandes- couvertures des aîles font par larges
raies , noir de jayet 8c blanc de neige. Il a fur
les côtés du cou deux bandes blanches ƒ fem-
blables à des rubans , qui le font reconnoître ,
même d'aftez loin. H eft plus petit que'-le' Canard.
fauvage, a là tê’te petite' , 8c de couleur
de marron , le cou fingulièrement long 8c menu ,
la queue noire 8c blanche | terminée-par deux filets
étroits , qu'on pourvoit comparer à ceux
de l’hirondelle. La femelle diffère du mâle , autant
que dans l ’efpèce du Canard fauvage. Il faut
■ obferver que ce Canard naît gris , 8c qu'il confient
cette couleur jufqu’aÙ mois de février ,
en- forte qujs , dàns ce premier période dë Page:,
pi> ne diftingue point la femelle d’avec le
mâle (i>. Les Filets, arrivent dans nos contrées
au mois de novembre , & s'en vont au mois
de mars. On en voit en q u a n t ité ,^ : plus que
par-tout ailleurs en Picardie , dans la vallée qui
règne Je long de la Somme, depuis Amiens juf-
qu'à Saint^yaiery. A leur arrivée , ils fe tiennent
à l'embouchure de cette rivière, qu’on appelle
la baie de Somme. Les grands froids & les gelées
les font enfuite circule? &■ remonter par
la vallée jufqu’ à'Amiens & plus loin. Les dégels
les font redèfcendre vers la mer 5 8c c’ eft
dans les commencemens delà gelée & du dégel
ue la chafte de ces oifeaux devient la plus abon-
ante. Ils fe répandent auffi dans les provinces
intérieures , 8c l’on en v o i t , de terns en tems ,
des troupes fur les grands étangs. Le Pilet eft
du nombre des oifeaux réputés maigres. Il s’en,
mange,oit beaucoup chez les chartreux , 8c il
s’en lait des envois ccnfiderables de la vallé'e
d’Abbeville.
Du Canard f fleur.
C e Canard eft ainfi nommé , ' à caufe de fa
Voix claire & fi lian te , qui peut être comparée
au fon d’un fifre , & qui fe lait entendre de
fort loin. Il eft un peu moins gros que le fCa-
nard commun j fon bec eft b leu , fort cou r t,
& allez menu ; le plumage , fur le haut du cou
& la tête elt d’un beau roux.- Le fommet de la
t-ête feulement eft blanchâtre. Le dos eft liferé
8c vermiculé finement de petites lignes noirâtres
en zig-zag -, fur un fond blaiïc 'j le delfous du
corps eft blanc j mais les deux côtés du cou &
•des épaules font d’un beau roux pourpré-. La femelle
eft un peu plus petite que le. mâle 3 8c
irefte toujours-grife. Ces oifeaux arrivent, comme
les Piiets, au mois de novembre, & difparoi fient
en mars. Ils volent & nagent toujours par bandes.
On en voit en hiver quelques-uns dans la plupart.
de nos « provinces ; mais ils paffent en plus
grande quantité fur les côtes , notamment fur
celles de^ Picardie, où ils font connus fous le
nom d’Oignes.
Du Ckipeau ou Ridenne,
. Ce Canard, moins gros que le Canard fauvage
, eft appelle Ridenne en Picardie , Chipeau
en Normandie , 8c Rouffeau fur les côtes de la
Bçetagne & du bas Poitou, -Il a la tête finement 1
(1) Tel eft le Pilet décrit par Buffon, & l’on peut
croire que c’eft -r là Iè vrai Pilet. Mais obfervez
qu en Picardie on donne ce nom à plufieurs autres Canards. « Il y en a (des Piiets ) de dix efpèces , mais
» qu on ne peut,particulièrement dénommer, fi ce
” c‘,\ ÇrP‘s > J a nonette , qui eft petite & . b'an,che
» fur les aiks, le kupe & ['émaillé, comme le Canard».
mouchetée de brun noir & de blanc, la teinte
noirâtre dominant fur le haut de la tête & le
'déifias du cou. Les mêmes couleurs , différemment
diftribuées, régnent fur la poitrine, le dos
8c les flancs. Sur l’aîlé , font trois taches eu
bandes, l’ une blanche, l’autre noire, & la troi-
fième d’ un marron rougeâtre. Le Chipeau eft
aufli habile à plonger qu’à nager , 8c il fait ,
comme le Plongeon , éviter le coup de fufil. On
le voit fouventvolerde compagnie avec les fiftîeurs.
Le bec de cet oifeau eft npir ; fes pieds font
d’ un jaune fale , avec la membrane noire-. La
femelle eft moins greffe que le mâle , & a le
delfous de la queue gris , au lieu que le mâle
l’a noir. Ces oifeaux arrivent en novembre, 8c
s’en vont en.février.
Du Soücket ou Rouge.
Le Souchet eft un peu plus grand que Je Canard
fauvage. 11 eft fur-tour remarquable par un
grand & large bec arrondi 8c dilaté pat le .bout
en forme de cuiller ; ce qui le fait appeller aufli
Cafard - Cuiller , Canard - Spatule. Sa tête 8c
moitié du cou font d’un beau vert. Les- couvertures
des aîles font variées , par étages , de bku
tendre , de blanc 8c de vert bronzé. Le bas du
cou 8c la poitrine font blancs, & tout le def-
fous du corps eft d’un beau roux ; cependant
quelques individus ont le ventre blanc : tel eft
le male. A l ’égard de la femelle p les mêmes
couleurs fe marquent fur fes ailes, mais foible-
ment j 8c du refte , elle n’a que des couleurs
o b foires., d'un gris-blanc mélangé de rouffâtre
8c de noirâtre;. On ne peut mieux comparer le
cri du - Souchet, qu’ au bruit d’une crécelle à
main tournée, par petites feeouffes. Le Souchet
paffe pour le meilleur & le plus délicat des Canards
fauvages. Ces oifeaux arrivent fur les côtes
de Picardie , où on les appelle Rouges , au mois
de février. Us fe répandent dans les marais, 8c.
quelques-uns y couvent tous les ans 5 les autres
paroi fient gagner les contrées du Midi. Ceux,
qui font nés dans le pays s-en vont au mois de
féptembre. Il eft rare d’en voir pendant l’hiver,
& ils femblent craindre le froid. On en voit de
tems en tems quelques-uns fur les étangs, dans
les provinces intérieures.
Du Milouin.
Le Milouin, appelle Moreton en quelques provinces
, Rougeot en Bourgogne, 8c Cataroux
en Provence, eft plus gros que le Canard fauvage.
Il a la tête 8c une partie du cou brun-
roux-ou marron. Cette couleur, coupée en rond
au bas du .c o u , eft fuivie par du noir ou brun
noirâtre , qui fe‘ coupe de même en rond fur la
poitrine d: le haut du dos : l'aile eft d’ un gris
teint de no y-acre 5 le dos 8c lès flancs for.t on- G i