
dans ce trou une broche de fer , de la grofleur
d’uns plume.à écrire 5 elle eft emmanchée aupara- 1
vant dans une bobine , fur laquelle doit rouler la
ficelle} c’eft au moyen de cetteiicelle que l’oife-
leur ou fon tourneur 3 nom que l’on donne à celui
qui fait jouer le miroir, fait mouvoir cette machine
comme les enfans jouent du moulinet dans
une coque de noix , obfervant que les itus & redi-
tus foient égaux & doux.
On a un piquét fait de bois dur, garni à fa
pointe d’une douille de fer , ce qui donne la facilité
de le planter où Ton veut ; il eft percé d’ un
trou dont la profondeur égale la longueur de la
broche du miroir, depuis fon extrémité jufqu’à la
bobine. Pour que fes mouvemens foient doux, il
eft bon de couler quelques gouttes d’huile d’olive
dans le trou du piquet.
Comme on ne conferveroit pas long-tems un
piquet fur lequel on toucheroit avec une pierre
pour le planter , & que d’ ailleurs on s’expoferoit
a laifïer tomber, dans le trou , du gravier qui
empêcheroit la broche de jouer librement, on fe
fert d’ une machine qu’on nommepoujfoir; elle eft
faite d’ un bois d u r , dans lequel eft emmanchée
une petite broche de fer de la longueur du petit
d o ig t , & de la grofleur de celle du miroir. On
introduit la broche de cette machine dans le trou
du piquet, & on frappe deflus avec une pierre
ou un maillet pour l’enfoncer.
La machine fur laquelle on envuide la ficelle du
miroir , fe nomme poignée : elle eft traverfée , de
part en part, de deux chevilles à chaque bout.
Lorfque le tourneur eft placé à une diftance convenable
, c ’eft ordinairement de vingt oii vingt-cinq
pas pour le filet, & de vingt-cinq ou trente pour
le' fufil , il prend d’une main la poignée qu’ il doit
tirer le plus près de terre qu’il eft poflible, & doit
obferver d’éviter les grands mouvémens du bras.
La ficelle, quoique petite, doit être fo r te , &
de grofleur à égaler celle avec laquelle on lie le
tabac.
Quand on chafle au filet ou nappes, la même
perfonne peut tirer le filet & faire jouer le miroir ÿ
mais fi c’eft à coup de fufil, il faut que le chafleur
ait un tourneur, ne pouvant tirer les Alouettes &
faire jouer le miroir enfeinble.
Mais voici un nouveau miroir anglois, avec
lequel un chafleur peut tirer les Alouettes 8ç faire
jouer fon miroir feul. Une machine de bois en
forme de plateau, garnie intérieurement d’une
pelote fur laquelle font attachés des boutons
d’ac ie r , ou à leur défaut quelques morceaux de
miroirs, foutenue diamétralement par deux tenons
fur un demi-cercle de fe r , conferve un équilibre
qui n’exige point, à beaucoup près, l’afliauité &
l’ attention d’un tourneur. Le aemi-cercle qui fou-
tient le miroir, eft en acier, & fufceptible d’un
peu d’ élafticité î à fon extrémité eft emmanché un
piquet qui fert và foutenir le miroir. Le plateau
doit être horizontal , afin de recevoir verticalement
les rayons du foleil ; c’eft au moyen d’une
ficelle , paflée par un-petit piquet, qu’ on communique
à cette machine un mouvement qu’elle
conferve d’aùta’nt plus'long-tems, qu’elle eft dans
un plus jufte équilibre. Ce mouvement , quoique
borné, devient régulier, au moyen d’un petit
reflort très-flexible attache au plateau, & dont
lés deux extrémités touchent, par intervalle , &
defliis & deflous, le demi-cercle > on fent bien
qu’entre les dëux extrémités du reflo rt, il doit y
avoir une diftance de trois doigts ou environ
afin que le plateau puifle être balancé, en décrivant
une portion de cercle.
Cette efpèce de miroir eft moins, propre pour
les nappifies , que pour les chafles qu’on fait aux
Alouettes à coups de fufil ; car fon mouvement,
n’étant pas aflez rapide , lés Alouettes peuvent fe
fatisTaire d’aflez loin , pour ne pas être prifes «
aux nappes ,• mais d’affez près cependant , pour
qu’on en tue confidérablement à coups de fufil.
. On fait aujourd’hui des miroirs à re flo r t, dont
le méchanifme eft le même que celui d’un tourne-,
broche p mais fi l’ incommodité de les remonter doit
lés réformer , on donnera la préférence à celui
que je vais décrire.
Au lieu d’ un reflort, ce font deux cordes à
boyaux envuidées , d’un fens contraire, fur la
même bobine chacune de ces cordes eft atta-^*
chée une ficelle de longueur' à égaler la diftancé
qui fe' trouve entre la forme ou l ’endroit où eft
placé le chafleur & le miroir y tandis qu’il tire une
ficelle, l’autre s’ envuide $ ce qui fait que le miroir
ne s’arrête jamais.
L ’avantage que procure cette' efpèce de miroir
, eft qu’il fuffit de tirer , deux ou trois fois
par quart-a’h eure, une de ces ficelles^ pouf
que le miroir tourne rapidement & fans ceffe „
étant a cette machine, ce qu’un .volant eft à
un tournebroche 5 car au moyen d’une vis fans
fin , un feul cran de la roue de rencontre fait
faire un nombre confidérable de tours au miroir.
L’expérience nous prouve que mieux le miroir,
par ton mouvement ", peint un globe lumineux ,
& plus les Alouettes en approchent, d’où on peut
conclure que cette efpèce-ci eft préférable à toutes
les autres. Cette machine doit être entourée, de
toute p a r t, d’une boëte , ou de fer ou de bois ,
crainte que quelques corps étrangers, -venant à
s ’embarrafler dans l’engrenage , n’en rendent les
mouvemens durs & intermittens.
Chajfe des Alouettes au traîneau,
Cette chafle fe fait pendant la nuit la plus
] fombre , jamais au clair de la lune. On prend un
AL O
traîneau dont les'mailles n’aient flu’un pouce
^largeur, & en lé portant, on en laine tramer
derrière un bon pied de long , afin qu on ne le
porte pas fans faire lever lés Alouettes.
Pour mieux réuflir à cette chafle , il eft bon
de fe promener de jour dans les endroits ou 1 on
fuppofe qu’il y a des Alouettes : on les trouve or dinairement
dans les terres en friche , dans celles
où l’on a recueilli de 1 avoine & dansles chaumes .
le te ms pour les mieux remarquer eft le foîr , ou
elles volent par bandes,' ;
Ces endroits remarqués-, on y retourne la nuit s
on y porte le traîneau, & on l’étend à travers
les filions : il faut pour le traîner deux perfonnes
vigoureufes qui marchent vite , & qui le tiennent
élevé- de terre , environ de deux pieds.
Aux deux bouts du filet doivent être attachées
deux perches qu’on laifle tomber , quand on entend
lever quelque oifeau 5 puis on court faifir le
gibier qu’on captive.
Si on n'a pas eu le tems le jour de remarquer les
Alouettes -, on nè laifle pas de fe rendre la nuit dans
la campagne , & d’y tendre le filet 5 on prend
toujours quelque gibier.
Il y a des chafleurs qui portent pendant la nuit
des flambeaux ou des bouts de corde goudronnés
, ou d’autres matières combuftibles que le
vent ne puifle éteindre : ils prérendent que cette
rufe engage plutôt les' oifeaux à donner dans le
piège -5 : je penferoisplutôt que cette lumière étrangère
doit lès épouvanter & les faire fuir loin des
chafleurs.
Chajfe des Alouettes a la Ridée, ,
On fe fèrt pour cette chafîe de deux filets.,
& on les attache enfemble : on prend enfuite trois
hâtons-, longs de cinq ou fixpieds , bien droits,-
& aflez forts, avec une coche à chaque b ou t,
à l’une defquelles fera attaché , d’un côté , un
piquet long d’ un pied & demi, & de l’autre une ■
petite cheville de deux ou trois pouces de longueur.
Un dés trois bâtons'aura deux piquets :
attachés au b o u t , à l’oppofite l’un de l’autre ,
& il y. aura aufli deux chevilles liées au côté de
chaque piquet.
-, Quand on veut prendre des Alouettes-avec cette
machine , trois ou quatre perfonnes de compagnie
fe rendent dans, une campagne unie , déploient
les filets & lés étendent de long 5 enfuite ils attachent
les trois bâtons aux deux bouts & au
milieu, & placent le bâton qui a deux piquets
au.milieu1, afin que le filet tourne plus facilement ;
• lés quatre piquets fe trouveront alors rangés en
ligne droite , & la corde du bas des filets fera
fort ferrée : ou prend enfuite une corde de douze
pieds, qu’on • attache d’ un bout à l ’ un des
a l o 11
bâtons, & de l ’autre à un piquet , qu on fic ie
en terre à la hauteur des autres : on met pareillement
une autre corde de dix pieds de longueur
qu’on attache dfun bout à un autre bâton , oc
de l ’autre aux autres piquets. Enfin _on appor:e
une corde de dix â douze toifes, paflee dans une
poulie , attachée d'un bout à 1 un des bâtons ,
& de l’autre liée à un piquet derrière la loge.
On arrête la poulie à quinze pieds du filet ; <x
tout étant ajufté-, une perfonne s’aflied dans J f
loge pour tirer la corde & faire tourner le filet
aufli-tôt que les premières Alouettes font au-
deflus du bras du filet. Pendant qu’elle fera at-
! tentive à fon pofte , les autres. feront lever les
Alouettes & les chafleront du côté des filets.
On appelle cette chafle a la ridée, parce qu elle
fe fait ordinairement dans le coeur de 1 hiver :
les oifeaux vont alors en troupe , & volent d une
campagne à l ’autre pour chercher de la nourriture-,
lorfqu’on les fait lever , ils ne prennent prefque
point d'eflor , & ils fe contentent de rider la
terre.
Chajfe des Alouettes au Lacet.
Cette méthode eft diverti flan te - & n exige ni
grands frais , ni grande fatigue : on attire les
. Alouettes dans un terrein particulier , en y jettant
du grain d’orge ou de froment : on prend enfuite
fix ou huit ficelles , longues chacune d’environ
quatre toifes > on les.tend dans unepiece de te*re,
âu fond des filions, après les avoir garnies de
lacets faits de deux crins de cheval, accommodés
en noeuds coulans, attachés aux ficelles , & couchés
à teureà la diftance chacun de quatre doigts.
Les oifeaux attirés par le grain , fe promènent
dans les filions & relient pris dans les lacets.
. Souvent au lieu d'Alouettes on prend à ce piège
d’autres oifeaux, qui ne cèdent point en bonté
aux premiers : on ne doit s’empveffer d'aller ra-
maffer fa proie que-quand on juge qu’elle eft allez
copieufe.
Chalfe des Alouettes a la Tonnelle murée.
La Tonnelle murée femble la méthode la plus
sûre pour prendre un grand nombre Alouettes.
Cette tonnelle doit avoir au moins dix pieds de
haut à fon embouchure : on la porte fur le lieu
où on a remarqué ce gibier ^ & on prend le deflus
de deux ou trois cents pas. On plante un fort piquet
au fond d’ un fillon. On déployé la tonnelle
& on y attache la queue : l'un des cbaffeurs marche
enfuire vers les Alouettes, en .étendant le
filet : il faitenforte que la tonnelle foit tendue avec
roideur ; il commence , à côté du cercle de la
tonnelle , à dreffer fes f i l e t s o u en demi-cercle
ou en biaifant , il continue la longueur de fept
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