APPATER ,v . a&. ( terme d’ oifeleur ) , mettre '
du grain ou quelqu’aütre amofce dans' un lieu]
pour y attirer les oifeaux qu’ on veut prendre. Onj
doit appâter [es Perdrix pour 4es prendre au filet.'
APPEAU , f. m. C ’eft un fiffiet d'oifeleur
avec lequel il. attrappe les oifeaux en contrefai-
fant le fon de leur v o k .
Il y a des appeaux naturels, & il y en a d4artificiels.
Des appeaux naturels.
On appelle naturels les appeaux qui fe font fans
le fecours d’aucune machine artificielle. Les
hommes ne naiffent pas avec l’art d appeller toutes
fortes d’oifeaux ; mais feulement avec les difpo-
fitions que l’exercice développé, 8c que 1 expérience
perfectionne. Nous voyons; tous lesjoürsj,
qu’avec la bouche,8c les doigts., on- peut mieux ,
même qu’avec les machines les plus artiftement
conftruites, appeller les Alouettes, Bec-Figues ,
Pinçons, Moineaux, Chardonnerets, Linottes,
Verdiers, Gorge-Rouges , Gros-Becs, Mefanges,
Grives , Merles, Etourneaux , Cailles, Perdrix,
Canards , Tourterelles , Coucous , ^ 8cc. ^ C eft
pour un oifeleür un talent heureux qu’il doit toujours
cultiver avec foin, t
Des appeaux artificiels.
Les appeaux artificielsfontde trois fortes. Les
premiers s’appellent appeaux a fifflet$ les féconds.,
appeaux à languettes; 8c les troifièmes , appeaux
à frouer.
Des appeaux â fifflet. ■ -
Il n?y a point & appeau, dont l’efpèce ait acquis
tant de variété que celle des appeaux -d!Alouettes.
Un des plus anciens fut celui qu’ on fit avec un
noyau de pêche ufé fur une meule à éguifer les
outils percé des deux côté s , d’un trou égal en
grandeur 8c vide enfui te. Sa bonté confifte dans
un ton clair 8c nourri , imitant le cri que les
Alouettes font en s’appêllant j il eft encore fort en
ufage aujourd’hui.
Ons’ occupaenfuite à faire des appeaux T Alouettes
de planeurs matières.: on en fit en plombQen fer^
blanc, en cuivre, en argent, & c . Ce n’eft point,
ou que très-peu à la matière , qu’ un appeau doit fa
bonté s mais c’eft à fa conformation. 11 y a une
efpèce & appeau, en forme de bouton, plat d’un
coté 8c convexe de'l’ autre : on y Tonde une petite
attache, dans laquelle onpaffe un fil qui fert à lé
pendre à l’habit : on fe fert de cet appeau avec
d’autant plus d'avantage | qu’on.peut en appeller
les Alouettes, 8c les Bec-Figues, Linottes, 8cc.
On ne fait que ferrer un peu lés lèyrés, en les
avançant d'un demi travers de d o ig t, ce qui rend
les tons doux 8c imitatifs. '9
On fe fert d’un autr-e appeau d’Alouettes, qur
ne diffère du précédent, qu’en ce què fes deux
côtés font unis , ce qui l ’approprie moins à la
forme de la bouche , & par conféquent le rend
moins commode ; du refte les ufages en font les
mêmes'. Ces efpèces d’ appeaux fe mettent entre les
dents 8c les lèvres pie fixement eft caufé par l’air
extérieur qu’on retire à fo i', 8c que la langue
•module...
Il--refte encore à décrire une efpèce à!appeau
d’Alouettes , d’uriè ftruéture toute différente , fa
partie fupéri'eure fe met entre les lèvres , 8c 1 air
conduit par un petit canal, fur l ’ouverture de la
boule, contrefait très-bien le cri de l’Alouette ;
on y foude une petite attache, qui fert à lependre
à l’habit au moyen d’ un fil. Quelques oifeleurs
- donnent la préférence à celui-ci 5 mais les efpèces
précédentes ont plus de vogue 8c de fuccès:
Quoique lès appeaux de Perdrix ne different des
appeaux d’Alouettes que'par la grandeur , la conformation
étant prefque.la même, cependant la
manière de les mettre en ufage eft bien différente.
Un appeau de Perdrix grifes eft' plat des deux
côtés , excepté que du centre il s’élève un.petit
bouton, qui'reftemble affez bien à un mamelon 5
"'ce bouton doit fe trouver par devant, quand l’appeau
eft entre les dents 8c les lèvres ; le cri de là
Perdrix eft d’autant plus difficile à imiter 3 qu’il
y a un roulement que doit faire la langue fur le
paffage de Pair de l’extérieur à l’inférieur. C e
nJeft qu’a près bien de l’étude qu’on contrefait
parfaitement la Perdrix grife 3 elle vient facilement
àlYappèaü. ' '
On doit ôbferyer -de.faire les de.ux tables de cet
appeau parfaitement égalés en tout ; la convexité
du'bouton qui ie trôuve à chaquetable, doit-être
le. même, il faut que fon épaiffeur foit bien
moindre que celle du refte de la table.
De tous les appeaux de Perdrix grifes, il n y en
a.pas.de, préférable, à; celui-ci. Plat d un cote-8c
convexe de l’autre, il .s’accommode fort bien à la
forme interne des lèvres,- 8c a. tous les avantages
qu on peut retirer des autres. La calotte ou:table
-convexe doit être de-moitié mc/ins.epaifïe que-la
table de. deffous; on retire également à foi l’ air
extérieur pour former le cri des Perdrix. On y
: foude une attache qui fert à y paffer un fil.
L ’appeau dé Coucou 8c de Tourterelle , fe fait
ou de corne, ou d’os, ou d’ivoire , 8c même "de
bois 3 il y a à fon extrémité un trou qui, étant
bouché,avec le d o ig t, doit baiffer le foh-de deux
tons pleins, 8c par conféquent l’élever étant débouché.
Qu’on fe rappelle ici le cri du Coucou 5
il ne chante que par tierce majeure ; fes tons font
c.eux d’ un fa d'ieze 8c d’un re de la fécondé 0 étaye
d*une flûte d’amour ordinaire; tels doivent être (
par conféquent les fions de cet appefiuy La Tourterelle
n’a qu’un roucoulement mopptohe,. qui çft
fur ie ton au f a , fon què rend le trou.débouçhç.
C et infiniment n’eft pas encore bien connu ; mais
i l n’eft pas à beaucoup près un des moips ,recommandables..
L’appeau de Pluviers fe fait de l’ os de. la cuiffe
d’un mouton 3 il a pour l’ordinaire trois .pouces 8c
derni de long. A To&'exfrémijçé; -fe .trçuv.eii’eniT
bouçhure qu’on accommode. en fiffiet. avec de. la -,
cir,e. : on fait dan^ifa Mngjieur^ë.uXviauti-es trous , ;
dont un eft auffi fermé de cire , v4'déTppn©ft|tr;èp.-
ob fcu r , on fe réferve d’y faire une petite ouverture
.avec une épingle 3 l’autre trou's’ouvre^Sç Te ^
ferme avec le doigt dans l’occafîon. A fon extrémité
.s’ attache un fil qui. fert à le pendre à la bou- ■
tonnière. Quelques oifeleurs fe fervent , au défaut
de cet appeau , d’un morceau dë bois fendu ,
long de trois pouces -8r demi ; ils mettent, dans
la fente , préparée pour ce la , une feuille de lieïrë.‘
ou de laurier.5 cette-efpèce ôi appeau x^nà parfaitement
le cri du Vanneau 5 8ç, ce qu’il y a de
fingulier, c’eftque les Pluviers viennent-à 1 ’ appeau•
de Vanneau, fans doute 3 parce qu’ils en aiment
la foçiété.
.Un appeau de Perdrix rouges fe fait d’un mor-
iceau déchois creufé 3 à: une de fes extrémités!, fe
met une plume ou un tuyau de cuivre .ou de fer-
blanc, dont l’autre extrémité aboutit .à un tuyau
de rencontre plus gros, qui fe fait également de
fer-blanc , de cuiv re, ou de l’os de la cuiffe d’un
lièvre. Il f en a de plufieurs efpèces, dont la forme
paroît avoir été toujours arbitraire.
11 y a,des appeaux de Caille de plufieurs efpèces,
les uns font à bourfe platte , les autres font à
bourfe à endouille V d’autres à bourfe en fpirale.
L ’appeau de Caille à bourfe platte fe nomme
cdurcaillet. Le'fifflet fe fait d’un os de la chiffe de
mouton , que l’on fait tourher 8c unir , intérieurement
fur-tout 3 on lui laiffe deux pouces 8c
demi d e longueur 3 a ’ùn bon travers de doigt de
l’extrémité, 6n perce un trou rond , 8c on Tait
en forte que le bord du trou , oppofé à l ’embouchure
, foit coupant 8c en couliffe , pour que M:s
fons deviennent doux.' On accommodé avëc de làr
cire;l’.extrémjté d^ F os- en forme de fiffiet 5 l’autre
extrémité , fe bouché 'eotièrènjent de cire 5 8c .fi
pour rendre le fon de. la Caille femelle V qui approche
affez du cri d’ un Grillon, a cëci près qu’il
eft plus o b fcu r , il 'falloir, -faire une ouverture a
cette extrémité bouchée’,, on fe' lèryiroit d ’une.
- épingle pour àggr|ndir ;le:trou par degrés,,jufqu’â;
ce que l ’on foit parvenu àu tpn que l’on cherche.
Bien des oifeleurs préfèrent l’Os de la cuiffe d’un
lièvre ou d’ un chat, 8c encore mieux celui..de:
l ’aîle, d’un Héron ou .d’ un Oie ; il eft. vrai qu’ ils
font exempts de le faire tourner,.. mais auffi n’en
font-ils jamais fi propres, 8c je doute qu ils foient
auffi bons. Là bourfe fe fait de peau que l ’on coud
à petits points ferrés,, pour que l’air ne s’échappe
pas' facilériient par les ouvertures -que Taifferoit
une CoüturëTâche. On emplit de crins bouillis
cette petite bourfe,3 8c on attache a fa pointe le.
fiffiet avec un fil fort 8c ciré. Pour bien jouer de
cette efpèce d’appeau , on en etend lu bourfe fur
là paume de la main gauche ; quejques-uns la
maintiennent avec le doigt index ue la même
I main 5 on frappe enfui te mollement fur ce doigt
; avec le derriëré du pouce de la main droite , 8c
‘ uand on ne tient pas la bourfe avec un des doigts
_ é jla main gauche étendu fur elle ,. on la frappe
f eyaiement avec le derrière du pouce de la main
? droite , ou avec les doigts index 8c du milieu,
pourvu qu’ils foient affez mois pour rendre le tr i
. du Grillon.
■ Voici la defcriptiond’une autre efpèce K appeaux
'' de -,Cailles. La. bourfe eft à Tpiral 3 ceux qui n’ ont
• pas : affez d’adreiffe. pour jouer de celui dont je
\ viens .de parler, préfèrent cette è fp ècé-ci, at-
; tendu qu’il ne faut que pouffer la bourfe par fon
cordon , pour tir,er des- fons,.qui, encore qu’ils
imitent celui du Grillon, ne font jamais fi doux
ni fi parfaits, que ceux du premier. Sa conftruc-
tion , relativement au fiffiet , eft la même ,
quoiqu’il y en ait cependant beaucoup^ dont les
fîfflets font de. bois 3 la bourfe eft montée fur un
; fil de fer tourné en fpiraï, 8c qui fe termine par
- un anneau , où Ton paffé un attache. On tient
i d’une main Yàppeau pardon fiffiet; Sc de l’autre
l’ attache , obfervant de mouvoir à petits coups
f l-a bourfe,- qui fait le-même effet que le battement
’ des doigts fur celle de Y appeau précédent. Je recommande
toujours le premier par préférence ,
tant parce qu’il ell moins cher 8c plus portatif,
que parce qu’on ;peut en adoucir les tons à la vo lonté
, ce qui provient du jeu des doigts plus ou
moins doux. On trouve trop communément de
, ces appeaux , pour qu’on fe donne la peine de les
faire.
Des appeaux à languettes.
Nos anciens oifeleurs fe fervoient bien plus
; communément des appeaux à languettes que nous ,
i parce qu’ils n’ étoient point dans l’ufage de piper
, avec le chiendent.
T e l eft un appeau de la plus ancienne date ; un
petit morceau de b o is , entaillé 8c uni dans fon
entaille , fervoit de bafe à une, languette faite d’un
petit ruban de foie , qui étoit recouverte par une
petite pièce de bois : il y reftoit un intervalle où
on auroit à peine paffé la pointe d’un couteau.
Une autre efpèce d’appeau , qu’on nomme vulgairement
pratique, guère moins ancienne que la
précédente , eft faite d’une lame de fer-blanc ou
de plomb recourbée à fes deux extrémités, fur