
tant fur l’eau. Salerne dit qu’elle fait fon fiid fur
les plus hauts chênes, 8c qu’ il en fut trouvé un ,
de fon tems, dans le parc de Chambord. Il parle
encore de deux de ces oifeaux tués fur des étangs,
où ils enlevoient le plus gros poiffon, l’ un dans la
forêt d’Orléans, l’autre en Sologne. On en.a vu
d e u x , tués en deux années différentes, par un
garde-chaffe de la terre de Longny , en Perche.
Après les avoir apperçus, pendant le.jour, rôdant
autour d’ un étang enfermé dans les bois , il remarqua
que , vers la nuit ,.ils fe retiroient.fur de;
grands chênes qui avoifînent l ’étang, 8c parvint
à les tuer, en fe portant à l’affût au pied de l’arbre.
$p. Le Balbufard, ou Aigle de mer , connu’ en
Bourgogne ( d it'M . de Buffon ) fous le nom de
crau-pêckerot y c ’eft-à-dire, Corbeau-pêcheur. Il
v it plus de poiffon que de gibier. 11 a les jambes
nues, ordinairement bleuâtres , quelquefois ja u - ,
n é s , le bec noir, le Ventre tout blanc. Son envergure
eft de cinq pieds 8c demi.
4P. Le Jean-le-blanc , qui a cinq pieds d’envet- '
g u re , 8c une queue* lohgue de dix à onze pouces.
Son dos, & fon croupion font d’un brun çendré ,
8c il eft blanc par defTous. Ses jambes font nues
& jaunâtres. Il pèfe trois livres 8c demie. Cet
oifeau tient de Y Aigle 8c de la bufe, 8c pourroit
.être regardé comme une efpècè intermédiaire. Il
détruit beaucoup de volailles , de Perdrix 8c de
Lapins.
Il y a une efpèce particulière à*Aigle connue
dans les montagnes de la Suiffe fous le nom de
Laemmergey'er, ce qui lignifie Vautour des agneaux,
ayant quatorze pieds d’envergure, qui fait une
guerre cruelle aux Chèvres, Brebis & Chamois,
aux Lièvres & aux Marmottes, & qui a même
attaqué quelquefois des enfans de dix à douze ans.
Salerne 8c M. de Buffon penfent que cet oifeau
n’eft autre que le Condor du Pérou , Aigle ou
Vautour monttrueux, dont parlent plufieurs voyageurs
, qui a dix-huit pieds d’envergure , & eft
d ’une taille proportionnée ; qui attaque non-feulement
les Brebis, mais même les Cerfs , 8c quelquefois
les hommes.
D ’un autre c ô té , Salerne parle d’un oifeau de
proie de là mêmè envergure que le Condor, &
pefant dix»-huit livre s , qui fut tué en 1718 , volant
fur un étang, au château de Milourdin,
paroiffe de Saint-Martin d’Aba t, dans l’Orléanois. M. de Buffon, qui cite le fait d’après Salerne , 8c
paroît ne point le révoquer en doute, eft porté à
croire que cet oifeau etoit aufli un vrai Condor.
{ Extr. du livre de la ehaffe au fu f il).
L*Aigle eft donc le plus grand des oifeaux de
ro ie , 8c le plus remarquable par la force de fon
ec 8c de fes ferres , par fa vue perçante 8c par fa
voracité. Les anciens le regardoient comme le
tyran des airs, de le faifoient dépoiitaire de la
foudre. Il eft à-la-fois le plus vivace des oifeaux,
& le plus amoureux.
Le bec de cet oifeau eft fort 8c recourbé vers
fon extrémité : fes jambes font revêtues de plumes
iufqu’aux pieds pour être à l’abri du froid qui
règne fur les hautes montagnes, où il choifît fa
demeure : fes ongles font noirs 8c crochus 5 8c la
couleur de fon plumage eft mélangée de roux, de
blanc 8c de châtain-brun. Comme l'Aigle n’a rien
de plus précieux que la vue , qui lui fert à découvrir
fâ proie ; la nature, outre fes deux paupières ,
l’a pourvu d ’une tunique clignotante qui opère le
même effet. Il ne boit prefque jamais , parce que
le fang des animaux qu’ il dévore , lui fournit allez
d’humidité pour la digeftion.
Dans certains pays, les payfans tirent un bon
parti d’ un nid d3 Aigle qu’ils ont découverts, quand
ils peuvent parvenir a y grimper : ils y trouverït
fou vent’ des Perdrix , des Faifans 8c des Canards
entiers ; on choifît le tems de l ’abfence du père
pour enlever la proie dé fes petits, 8c, en cas dé
danger, on couvre fa tête d’ un bon cafque ; pour
faire durer cet approvifîonnement plus long-tems,
on enchaîne l’Aiglon jufqu’à ce que l3Aigle , laffé
d’un enfant qui l ’accable de travail 8c de fatigue,
l’abandonne.
C e n eft qu’ avec beaucoup de patience & d’art
u’on peut dreffer à la charte un jeune Aigle ; il
evient même dangereux pour un maître dès qu’ il
a pris de la force & de l’âge. On s’en fervoit
autrefois en Orient pour la çhaffe du vol ; on l’ a
banni des fauconneries ; il eft trop lourd pour pouvoir
, fans grande fatigue, le porter fur le poing.
C et oifeau a peu d’odorat en comparaifon du
Vautour, mais il a la vuê perçante , 8c ne ehaffe
u’à vue. C ’ eft ainfi qu’ il ravagé les pays voifîns
e fon nid. Lorfqu’ il a faifi fa proié , il rabat, fon
v o l , comme pour en éprouver le poids, & la
pofe même à terre avant de l’emporter. Quoiqu’ il
ait l’aîle très-forte, comme il a peu de foupleffe
dans les jambes, il a quelque peine à s’ élever dans
les airs, fur-tout lorfqu’il eft chargé.
AIGLURES , f. f . , pl. ( Fauconnerie ) ce font
des taches rouffes qui bigarrent le deflus du corps
de l’oifeau. Le Lanier, plus que tous les autres,
eft bigarré à'aiglures, qu’on appelle aufli bigarrures,
AIGUAILLE , f. f . , terme de ehaffe ,* c’eft la
rofée qui tombe le matin dans la campagne : on
dit , les chiens d'aiguaille ne valent rien le haut d,u
jour.
AIGUILLE, {Fauconnerie') maladie des Faucons,
caufée par de petits vers courts qui s’engendrent
dans leur chair. Ces vers font plus petits & pluj
dangereux que les filandres.
A iguilles ,font aufli des fils ou lardons que les
valets de chiens pour fanglier doivent porter pour
panfer & recoudre lës chiens que les delenfes' du
fanglier auroit bleffés.
A IGU IL LO N , ( ehaffe ) fe dit de la pointe qui
termine les fumées des bêtes fauves. Les fumees
ont des aiguillons, cefi une bête fauve qui a paffe.
AIGU IL LO NÉ , adj. ( ehaffe) fe dit des fumées,
qui portent un aiguillon quand elles font ën
noeuds , ce qui marque ordinairement que les
Cerfs ont eu quelque ennui.
AILE s’emploie ainfi en fauconnerie ; on dit monter
fur l'aîle , donner du bec & des pennes , pour exprimer
les différentes manières dé voler. Monter„
fur l ’aîle, c ’eft s’ incliner fur une des ailes, 8c
s’élever principalement par le mouvement de
l ’autre. Donner du bec & des pennes, c’eft accélérer
le vol par l’agitation redoublée de la tête 8c de
l’extrémité des ailes. „
A IR , f. m. En fauconnerie, prendre l’air, fe
dit d’un oifeau qui s’élève beaucoup.
A IR E , f. f . , eft le nid ou l’endroit qu’habitent
les grands oifeaux de proie, tel que l’Aigle^, le
Faucon, l’Autour, 8cc. Ces oifeaux fe retirent
& élèvent leurs petits dans les rochers les plus ef-
carpés, ou fur les arbres les plus élevés; ils y
conftruifent des aires cpd ont jufqu’ à une toi fe
quarrée d’étendue, & qui font faites avec des
bâtons affez gros , 8c des peaux des animaux qu’il
ont dévorés^
On dit en fauconnerie qu’ un oifeau eft de bonne
aire , Dour exprimer qu’ il e’ft d’une bonne race 8c
bien facile à dreffer ; comme on dit d’ un autre
oifeau qu’il eft d’une bonne nichée, 8c des autres
animaux qu’ ils font d’une bonne ou d’ une mauvaife
portée.
AIRER ( fauconnerie ) fe dit de l’a&ion par
laquelle les oifeaux de proie font leurs nids, ap-
pellés aires3 foit dans les rochers, foit fur des
arbres très-élevés.
A LA M O R T , chiens ! ( cri de ehaffe ) ; on
parle ainfi à un chien, lorfque le C e r f eft pris.
A L A N , f, m. En vénerie, c’eft un gros chien
de l’ efpèce des Dogues.
ALBATRES ou A L B A TR O S , genre d’ oifeau
aquatique)’’, fort commun au Cap de Bonne-
Efpérance , grand comme le Pélican ; fes ailes ont
dix pieds d’envergure, fon bec eft jaunâtre, long
8c crochu par le bout fupérieur ; l ’inférieur eft
comme tronqué, les deux mâchoires font comprimées
latéralement ; les narines font près de 1®
tète , & ont une forme conique > les plumes du
ventre font de couleur blanche ; celles du dos
ffun brun fate; 1».queue & les aîles de couleur
bleuâtre ■, foncée ou noirâtre; il n’a que trois
doigts qui font tous dirigés en avant, 8c joints
enfemble par une membrane. Le doigt du milieu
a près de fept pouces de longueur. On croit que
f oifeau, nommé Vaijfeau de mer, qui eft plus
petit, eft du même genre. On fe fert de l ’Albâtres-,
dans le paysI pour faire la ehaffe aux poiffons.
( Bomare ).
A L B R A N , ou A L E B R A N , ou A LEBRENT ,
nom qu’on donne en vénerie au jeune Canard, qui
devient au mois d’octobre canardeau , 8c en novembre
Canard , ou oifeau de rivière.
A LBREN É , adj. ( Terme de fauconnerie ) , fe
dit d’un oifeau de proie qui a perdu entièrement,
ou. en partie, fon plumage. On dit ce Gerfaut efi
albrene , i l faut le foignen.
ALBRENER , v. n ., veut dire chaffer aux AI-
brans, ou aux Canards fauvages. I l fa it bon albre•
nert difênt les fauconniers.
A LE TH E , A L AIS , ALEPS. ( Fauconnerie ).
IfAlethe eft un oifeau de proie 3 domeftique, de
la famille des Faucons, dont quelques aiétion-
naires font mention , mais qu’ on ne trouve décrit
ni nommé dans aucun ornithologifte. D ’Efparron
8c Harmont lui ont cependant confacré des chapitres
particuliers dans leurs ouvrages ; le dernier
le nomme Aleps.
C e nom à’Alethe vient du grec , qui
veut dire véritable ; comme pour exprimer , dit
D 3Efparfoh3 qu’ on peut compter fur tout ce qu’on
demande à cet oifeau qui eft franc 8c courageux.
La taille de YAlethe eft celle d’un tiercelet de
Faucon ou d’un épervier dont il a aufli la main ou
la ferre ; fon pennage eft le même par-deffus , le
derrière eft couleur d’ardoife , le devant eft cou-
| leur de ^in^olin, ou orangé p â le , tirant fur le
Perroquet, avec un croiflant de couleur brune,
en forme de fer à cheval, au bas vers les cuiffes.
Harmont ebferve que la tête appartient à l’efpèce,
8c ne reffembleà aucune autre; il ajoute qu’ils font
beaux, agréables, bien aifés à gouverner 8c à
dreffer; qu’ ils font trè s -d urs , 8c volent bas 8c
roide ; qu’ils mangent autant qu’un Faucon , font
fujets à de grandes maladies , principalement au
flux de fang ; veulent être nourris de bonne viande,
fans quoi ils font bientôt dégoûtés, 8c ne doivent
pas refter fans eau fraîche 8c fans pierres. Il fut
trois ans avant de bien connoître leur naturel.
Ces oifeaux, excellens pour le vol de la Perdrix
, ne font connus en France que depuis la fin