
V o ic i la manière de bien toucher l'appeau;
on rétend dans la paume de la main gauche,
8c on le tient ainfi renverfé avec l'index-: en-
fuité,en frappantla poire avec le derrière du pouce
de la main gauche, on imite affez bien le cri de la
Caille..
• Il ne fuffit pas de lavoir faire jouer un appeau ,
il faut encore s'en fervir utilement.
Un chaffeur qui veut employer cet artifice pour
prendre des Cailles , doit fe rendre dans la campagne,
à la pointe du jour, ou au foleil couché; il
porte avec lui un hallier long d’ environ quinze ou
feize pieds, 8c haut de trois ou quatre mailles,
larges chacune d'un pouce & demi ; 8c s'il entend
quelques Cailles, il fait jouer fon appeau à deux ou
trois reprifes. "
S ih Caille y àla voix de l’appeau, ne vole point
près du chaffeur, c’eft une preuve qu’elle a fa femelle
, & qu'on attendroit vainement qu'elle donnât
dans le piège.
On voit que l’appeau efl une chaffe imitée de la
chanterelle.
Chaffe des Cailles à la tiraffe.
Les Cailles ne font pas toujours en amour : ainfî,'
il y a des tems ou la chanterelle 8c l ’appeau ne font
d'aucune utilité : on a recours alors à la tiraffe, 8c
cette chaffe fe fait dans le mois de mai 8c dans celui
de feptembre.
La tiraffe pour les Cailles eft un filet fait en
mailles quarrees , ou en lozanges : ce filet eft
bordé d'une corde affez forte qu’on laiffe pendre
de cinq ou fix pieds , à chaque b o u t , 8c dont on
fe fert pour traîner le filet : les mailles doivent
avoir la largeur d ’un pouce. On donne à la tiraffe ,
depuis deux cents jufqu’à quatre cents mailles de
levure : ces mailles doivent être de bon fil retors
en trois brins, & on les teint ordinairement en
brun.
On va à la chaffe des Cailles avec une tiraffe 8c
un Chien couchant inftruit à arrêter la plume.
Si la Caille eft fans femelle, elle s’approchera
5 vous avancerez aufli à la diftance d'environ
quinze pas de l'oifeau ; vous drefferez votre
hallier dans un bled v e rd , ou dans un p ré ,
vous aurez foin d'en bien dreffer les piquets en
terre j la Caille vous donnera le tems de faire ces
préparatifs.
Vous vous retirerez enfuite, & laifierez le filet
entre le gibier & vous, à la diftance d’environ dix
pieds : vous vous coucherez alors le ventre contre
terre, & dès que vous entendrez chanter la Caille,
vous ferez jouer votre appeau ; quand elle ceffera,
vous cefferez aufli. Par cette adreffe , vous engagerez
le mâle à venir trouver fa fauffe femelle ,
& en traverfant ,1e hallier, il fe prendra au
piège.
Quelquefois I’oifeau paffe le long du file t ,
au lieu de donner dedans ; tenez-vous alors j
tranquille, ne vous remuez point, 8c laiffez-le j
s’écarter : quand il ne fera plus à portée de vous
apperçevoir , paffez du côté du file t , donnez
deux ou trois coups de votre appeau, & la
Caille, rebrouffant chemin, fe précipitera dans le
hallier..
S i, par hazard, le champ étoit couvert de rofée,
ou qu'il eût plu le jour de votre chaffe, il faudroit
vous coucher proche du hallier, & toujours du
côté oppofé au gibier que- vous voulez prendre,
parce que la crainte qu’il a de fe mouiller en voltigeant
au travers des herbes , fait qu il vole
droit à vous ; 8c , comme il eft furpris de vous
entendre , la peur d’être pris , fait qu'il aime
pfteux donner aiafidansle piège que de s'élever en
yplaftp,
Deux chaffeurs réufliffent aifément à la tiraffe ;
il faut d’abord remarquer le vent ,afin que le chien
chaffe le nez dedans ; il en fent mieux le gibier, 8c
fait des arrêts plus fréquens : dès qu'il s'arrête, on
a foin de tenir la tiraffe déployée par le moyen d’une
corde , 8c on avance doucement jufqu'à ce que le
Chien en foit couvert : fi la Caille ne part pas , on
fait quelque b ru it , alors elle s’envole , 8c fe trouve
envelopee de la tiraffe.
Une feule perfonne peut aufli réuflir à cette
chafle j elle fe munit alors, outre le filet 8c le
C h ien , d'un bâton gros comme le poigne t, long
de trois ou quatre pieds, 8c qui fé termine par
une pointe de fe r , de la longueur d’un demi-pied.
Vous attachez à ce bâton un des bouts de lacorde
de votre tiraffe , & quand votre Chien eft arrêté ,
vous laiffez tomber votre tiraffe à deux toifes de
lu i , & vous piquez en terre votre bâton ferré ;
prenant enfuite l'autre bout du file t , & reculant
un peu comme pour vous éloigner du Chien, vous
le tirez avec force en le tournant devant le nez du
C h ien , jufqu’ à ce qu'en vous rapprochant de l u i ,
vous le touchiez de la corde.
Cette chaffe eft fort commode pour tranfporter
des oifeaux vivans fans les bleffer , ou du gibier
m o r t, fans qu'il fe corrompe.
Chaffe des Cailles à la tiraffe & à l'appeau
réunis.
Lorfqüe les Cailles font en chaleur, on tiraffe
à l’appeau au lieu du Chien: cette chaffe fe fait
une heure avant le coucher du foleil; c’eft le tems
où les femelles fe promènent fur l'herb e, 8c eii
j les mâles les recherchent avec le plus d’empreffe-
| ment. 0«
l On doit être deux personnes à . cette chaffe ;
’ une porte la tiraffe 8c l'autre l'appeau :des qu on
a entendu chanter quelque Caille , on prend l’appeau
8c on lui .répond : oa court où on juge qu’elle
eft , onfe couche à terre en filence, & on attend
qu'elle chante encore un coup : on fe lève alors ;
on déploie la tiraffe , & on la traîne jufqu'à ce
que le gibier fe trouve enveloppé- On doit re^
marquer que s'il' avoit p lu, ou que les: champs
fuffent couverts -de rofé e , la Caille ne fe prome-
neroit pas, & la tiraffe; deviendrait inutile.
CAILLES (roi des). C ’e ftl’oifeau qui, dit-on,
•fert de guide aux Cailles quand elles font en, migration
: fon bec eft long d'un pouce & demi, &
^dë-la jufqu'à la queue, cet oifeau a onze pou-
,ç:es. Iî eft marqueté, comme la Caille, de plufieurs
taches jaunes, brunes 8c blanchâtres. On connaît
ce t oifêau parmi les anglois, fous le nom de Caille
de Bengale. Cette efpèce de Caille eft courageufe ,
8c très-difficile-à apprivoifer.
1 C AIL LE TAUX . On nomme aînfi les petits de
d'x Caille. On remarque que la mère les conduit
ans la campagne , & qu'elle les retire fous fes
ailes à la manière des Poules 8c des Perdrix.
CALANDRE. Efpèce d*Alouette, fans crête ,
plus groffe que les autres , & dontia voix eft-plus
étendue. Le mâle a la tête 8c le bec plus gros que
les femelles.-Qn dit que les Calandres contrefont
A merveille le chant des autres oifeaux.
CAL ÀN D R E T T E . Nom de là petite Grive de
■ vigne.
.CÀLCAMÀR-. Oîfeau aquatique du Bréfil, de
la groffeur d'un Pigeon. Les Calcamars ne volent
p o in t ., mais ils vont en troupes au milieu des
mers dont ils fendent les flots en s'aidant de leurs
pieds 8c du moignon de leurs ailes. Qn dit que ces
oifeaux annoncent, egalement aux matelots le
-calme 8c la tempête. Ils s’âffemblent alors en fi
grand nombre autour des vaiffeaux que les mariniers
s'en trouvent importunés.
CAMÉLÉON-ou CHAMEAU LION , animal
fameux par fon changement de couleur, tantôt
-en bleu, tantôt en jaune, tantôt en vert. Qn dif-
tingueplufieui^efpèces de Caméléon au M exique,
en Arabie , en Egypte, 8cc.
Le Caméléon d’Egypte eft le plus ordinaire 8c le
plus grand de tous. Sa figure eft affez irrégulière ;
îbn dos eft courbé ; fa tête fort groffe eft ornée
.extérieurement d’une'crête , 8c intérieurement
d’une couronne triangulaire offêùfe , dont les
angles- font bordés de petits, boutons perlés qui
S’étendent fur le nez 8c fur -le front de. l'animal ;
fés ÿeu x, tantôt gros, tantôt petits", Toàt bordés
Chasses*
d’un anneau 8c difpofés de manière qu’ ils peuvent
avoir différens mouvemens contraires, l'un en
haut , l’autre en bas, en arrière 8c de divers côtés.
Le Cameléan n’a point d’oreilles , 8c il paroît ne
recevoir ni produire aucun fon articule. Il a le
mufeau formé en pointe obtufe ; fa gueule eft
ample 8c garnié de très-petites dents. Sa langue
eft longue 8c vifqueufe; fon ventre fort gros. Sa
gorge , 8c la longueur du c o l, tant au-deffus
qu’au-deffous, font garnies d’une rangée d’efpèces
de petites dents en forme de fcie ou de herfe. Le
dos 8c le ventre font d’ un cendré pâle ou obfcur ;
les côtés du ventre ont une couleur cendrée , 8c
paraiffent comme recouverts de petites écailles
roufsâtres, ondées ou marbrées d’ un gris de fou-
ris ; l’épine du dos & la queue avancent en arcade.
Ses pieds font compofés de cinq doigts ,
dont le premier eft uni au pouce , 8c les trois
autres font aufli joints enfeniblé. Ses.doigts Unifient
par de petits ongles pointus 8c crochus qui font
réparés 8c libres dans leur jeu. Un cal épais
couvre tellement la plante des pies qu’ il forme
dans quelques-uns une efpèce de talon ou de
point d’appui.
Comme le Caméléon ne fe nourrit que de
mouches, de fauterelles 8c de fourmis , la nature
il ui a -doiafié une langue plate en deffus ,
pointue en deffous , de la longueur de fon corps,
qu’il peut étendre 8c retirer facilement. Le Caméléon
petit vivre quatre à cinq mois fans prendre
aucune nourriture apparente. Il femble fe contenter
alors de refpirer l’air frais’.
Le Caméléon d’Egypte qui eft le plus grand de
tous , n’ a guère qu’ un pied de long en comprenant
la queue. Son allure éft fort lente. On chaffe
cet animal, quoiqu'il ne foit d’aucune u t ilité ,
mais à caufe de fon extrême fingularité.
CAMELÉOPARD. Animal nomme par- les
italiens Giraffe , qui a la tête 8c le cou, comme
le Chameau, 8c dont le dos eft tacheté de blanc
fur un .fond rpuffâtre à la manière des léopards.
Il a le pied fourchu comme le Bufie; il n'eft
pas fi gros que l'Eléphantl, mais il eit plus haut.
11 a les crins du cheval. Sa tête eft armée de
deux cornes très-courtes. Il a un grand cou 8c
une langue longue de deux pieds, qui lui fert
pour brouter l’herbe , les feuilles 8c les petites
branches des arbres. Ses jambes de devant font
plus longuès que celles de derrière:; enforte qu'il
paroît boiter en marchant.
C e quadrupède fe plaît dans les pryschauds de
1 l'Afie, de FAbyfluîie, de Pamphflie, 8c d'Afrique.
C 'e f t , dit-cn., un an'mal doux à gouverner, 8c
Ia.chaff.: n’en eit ni dangereufe ni difficile. Voye£
Giivaffe.
' CAM P AG N O L . Efpèce de Rat qui fe trouve