
pour prendre quelqu’empreinte de celle des oi-
feaux. Rlacé fur le premier échelon du paffage de
Tune à l'autre, il conftitue la première dégradation
des quadrupèdes, & commence la nuance de
ceux-ci aux eifeaux.
Sa taille eft à-peu-près celle d’un gros rat j il a
la tête large, jgroffe à proportion du corps, le
deffus applati & d’ un fauve clair nué de noirâtre >
le mufeau court, large & obtus .5 la mâchoire fu-
périeure plus avancée que l’ inférieure j l’une &
l’autre garnies de deux dents incifives feulement,
celles d’en haut larges, coupées quarrément,
plates & divifées dans leur longueur, par une
rainure qui les partage au milieu j enfin , celles
de la mâchoire inférieure plus longues, convexes
extérieurement, pointues à leur extrémité , &
recourbées en-dedans. On voit que ces dents font
à-peu-près difoofées & formées comme celles du
liè vre , du lapin, du rat & du mulot, & c’eft
.cette reffemblance qui a valu tous ces noms au
gerbo. Il eût été tout auffi raifonnable de le prendre
pour un caftor ou pour un porte-pic , lefquels
font également dénués de dents canines, & n’en
ont que quatre incifives. Le nez-eft nud , blanc
& cartilagineux, les yeux grands & faillans ont
l’ iris brune, les oreilles font longues & couvertes
d’ un poil fi court, qu’ à moins d’y regarder de près,
elles paroilfent nues. Extérieurement elles font
blanches dans leur partie inférieure , & grifes dans
le refte de leur longueur j leur intérieur, de même
que les côtés de la tê te , eft d’un fauve très-clair,
mêlé de gris & de noirâtre î elles entourent circu-
lairement, fur le tiers environ de leur longueur ,
le méat auditif, en forte qu’elles forment exactement
la parti? fupérieure d’un cornet. Cette conformation
doit augmenter dans les animaux la faculté
d’ouïr, & fur-tout de défendre l’intérieur de
l’organe contre les corps étrangers qui pourroient
s’y introduire.
Le corps eft peu alongé, plus large en arrière
qu’en devant, & bien fourni de poils très-longs,
doux & foyeux. Ceux qui couvrent le deffus &
.les côtés du corps font cendrés dans prefque toute
leur longueur, & d ’ un fauve clair vers leur pointe
qui eft noirâtre j mais comme la partie cendrée
n’eft pas apparente, l’on peut dire que le pelage’
eft d’un fauve clair & varié de lignes noirâtres en
zig-zag. Ces teintes.un peu obfcures tranchent
agréablement avec le beau blanc luifant qui couvre
tout le deffous du corps.
Les pieds de devant font fi courts qu’ à peine ils
débordent le poil 5 ils font blancs, & ont cinq
doigts , defquels le pouce, ou doigt intérieur,
eft fort court , arrondi à fon bout, & fans ongles..
Les quatre autres doigts, dont le fécond extérieur
eft le plus grand, font longs & aimés de grands
GPgles crochus. Le talon eft fort re le v é , & le
dedans ou la plante des pieds eft nud, & de couleur
de chair. On a déjà remarqué qu’on pouvoit
les regarder comme des mains : en e ffet, ils ne
fervent point au gerbo pour marcher, mais feulement
pour faifir fa nourriture & la porter à la
gueule , & encore pour creufer fon terrier.
Les jambes de derrière font couvertes de longs
poils fauves & blancs > fes longs pieds font prefque
entièrement nuds , fur-tout extérieurement ; ce
qui doit être ainfi, puifque l'animal, en mouvement
ou en repos, eft continuellement appuyé
fur cette partie. Ils ont trois d oigts, defquels
celui du milieu eft un peu plus grand ; tous trois
font munis d’ongles courts, mais larges & obtus.
Ils ont encore au talon une efpèce d’éperon, ou
plutôt un très-petit rudiment d’un quatrième doigt,
qui rapproche le gerbo d’Egypte de l’alagtiga de
Tartarie, décrit par Gmélin, & q u i, wai-
femblablement, a échappé à Edwards & à Hal-
felquitz. Au refte, les doigts & le talon font garnis
de longs poils d’un gris teint de jaune, à l’exception
de ceux qui font à la naiffance des doigts,
dont la couleur eft noirâtre. Tous les ongles, ceux
de devant, comme ceux de derrière , font d’un
blanc falç.
La queue, que je n’ ai pas trouvée, comme Edwards
& Hafîelquitz, trois fois plus longue que
le corps, mais feulement un peu plus d’une demi-
fois , n’a guère plus de circonférence qu’une grofle
plume d’oie 3 mais elle eft auarrée , elle eft. d’un
gris plus foncé en-deffus qu’ en-deffous , & garnie
d’ un poil ras jufqu’ à fon extrémité , que termine
une touffe de longs poils foyeux & mi-partis de
noir & de gris.
Les fables & les décombres qui environnent
l’Alexandrie moderne font très-fréquentés par les
gerbos, Ils y vivent en troupes, & ils y pratiquent
en commun des terriers qu’ils creufent avec leurs
ongles & leurs dents'} ils percent même par ce
moyen le tu f qui fe trouve fous la couche de fable.
Sans être precifément farouches , ils font très-
inquiets. Le moindre bruit., .ou quelque objet
nouveau les.fait retirer dans leurs trous avec précipitation.
On ne peut en tuer qu’en les furpré-
nant. Les arabès favent les prendre vivans, en
bouchant les iffues des différentes galeries de leurs
retraites, à l’exception d’ une feule, par laquelle
ils les forcent de fortir. Le peuple deTEgypte en
mange la chair , qui ne pane pas pour un fort bon
m e ts , & leurs peaux fervent à faire des fourrures
trës-communès.
J’ai nourri, pendant quelque tems, en Egypte.»
fix de ces animaux , dans une grande cage de fil
de fer. Dès la première n u it , ils en avoient entièrement
déchiqueté les montans de bois, & je
fus obligé de la faire garnir intérieurement avec
du fer-blaac. Ils mangeoîent du b le d , du r iz ,
des noix, & toutes fortes de fruits. Ils fe plai-
foient beaucoup au fo le il} dès qu’ on les en reti-
roit, ils fë ferroient les uns contre les autres,
& paroififoient fouffrir de la privation de la cha^
leur. Des voyageurs ont écrit que les gerbos dor-
moient de jour & jamais la nuit } pour moi, j’ ai
vu tout le contraire.
Dans l'état de liber té, on les rencontre fouvent
en plein jour autour de leurs habitations fouter-
raines, & ceux que j’ ai nourris netoient jamais
plus vifs ni plus éveillés, que lorfqu’ils étoient au
grand foleil. Quoiqu’ ils aient beaucoup d’agilité
dans leurs mouvemens, la douceur & la tranquillité
femblent former leur cara&ère. Ils vivent
paifiblement en troupes nombreufes dans des retraites
communes. Les miens fe laiffoient aifément
toucher. 11 n’ y avoit entr’eux ni bruit, ni querelles,
quand même il sagiffoit de manger. Ils
ne témoignoient du refte ni joie , ni crainte, ni
reconnoiffance. Leur douceur n’étoit point aimable
, n’étoit point intéreffante 5 elle paroiffoit
être l’effet d ’une froide & complette indifférence
qui approche de la ftupidité.
( jExtr. de la biblioth. pkyfico-éconotn. ).
G ERFAUT. Oifeau de proie & de leurre qui
fert à la chaffe du vol. Yoye^ Faucon.
GHIAMAIA. C ’eft un animal fauvage & féroce
qui fe retire particulièrement à l’eft de Bam-
budf dans les cantons de Gadda & de Jaka. Quelques
voyageurs difent que le ghiamaia eft plus
haut, d elà moitié , que l’éléphant, mais beaucoup
moins gros. Il reffemble au chameau par la
têts & par le cou. Il a deux boffes fur le dos
comme le dromadaire ; fes jambes font d’une longueur
extraordinaire. On ajoute que ce t animal
a fept cornes fort droites ,' & longues d’ environ
deux pieds. Il fe nourrit tomme les chameaux,'
de ronces & d e bruyères. Les nègres chaffent le:
ghiamaia dont ils aiment la chair.
G IACOTIN. C ’eft le faifan de i’ ifle Sainte-
Catherine. Sou plumage eft plus beau que celui
de notre faifan, mais fa chair eft moins délicate.
GIBBON ou GIBBO. Nom donné à des finges
fans queue , dont on diftingue deux efpèces q'ui
diffèrent un peu pour la grandeur & pour la couleur.
Ceux de la plus grande efpèce ont environ
quatre pieds de haut. Ces quadrumanes habitent
les Indes Orientales, les Ifles Moluques, le:
royaume de Malaca , là côte de Coromandel. Le
cara&ère qui les diftingue effentieilement de tous
les autres finges, eft d’avoir les bras auflï longs
que le corps & les jambes pris enfemble ; enforte
que l’animal étant debout fur les pieds de derrière,
fes «nains touchent-encore à terre. Ils marchent
ordinairement debout, & leur corps eft dans une
attitude affez droite lors même qu ils marchent à
quatre pattes. C ’ eft après l’ orang - outang & le
pitheque , l’efpèce de linge qui reffembleroit le
>lus à l’homme fi à fa figuré hideufe ne fé joignoit
a longueur exceffive & difforme des bras. Au refte,
les gibbons fontadroits & légers, & d’ un caractère
doux, tranquille & careffant. On les nourrit
de fruits , d amandes , de pain } mais ils ne
peuvent guère réfifter au froid & à l ’humidité de
notre climat.
GIBIER , f. f. (chaffe). C ’eft en général tout
ce qui eft la proie du chaffeur} ainfi les loups ,
les renards , & c :. , font gibier pour ceux qui les
chaffent ; les buzes , les corneilles, font gibier
dans la fauconnerie , & ç . Cependant ce nom eft
plus particulièrement affeélé aux animaux fauvages
qui fervent à la nourriture de l’homme. Si l’on
parle d’une forêt bien peuplée de gibier3 on veut
dire qu’il y a beaucoup de cerfs, de daims, de
| chevreuils, & c . Une terre giboyeufe eft celle'où
l’on trouve abondamment des lièvres, des lapins,
des perdrix, &c.
La propriété des terres étant établie, il paroît
que celle du gibier qu’elles nourrifîent doit en être
une fuite naturelle. C ’eft un des bienfaits de la
révolution en France d’avoir profcrit l’ufage tyrannique
de réferver aux ci-devant feigneurs feuls
le droit de giboyer. L e cultivateur ne verra donc
plus dévorer par le gibier le grain qu’il a femé fans
pouvoir s’y oppofer, & fans ofer s’en plaindre.
Il n’aura plus à gémir de la multiplicité des efpèces
qui détruifent les récoltes, & qui n’ étoient
entretenues que pour fatisfaire les plaifîrs bruyans
& faftueux de quelques hommes oififs & puiffans.
Cependant la confervation de certaines efpèces de
gibier peut encore être agréable , utile & lucrative.
On en a fait un art qui a des règles, & qui
demande quelques connoiffances. Nous allons dire
ce qu’ il eft effentiel de favoir là-deffus.
H y a pîufîeurs efpèces qui ne demandent que
des foins ordinaires. La nature; a deftiné un certain
nombre d’animaux à fervir dè nourriture à quelques
autres} retranchez feulement les animaux
carnaffiers, vous porterez très-loin la multiplication
des autres : ainfi , en détruifant les loups,
vous aurez des cèrfs, des chevreuils , &c. 5 faites
périr les renards, les fouines, les belettes, & c . ,
vos bois fe peupleront de lapins, vos plaines fe
couvriront de lièvres, de manière à vous incommoder
vous-même. La deftruélion des animaux
carnaffiers eft donc le point le plus effentiel pour
la confervation de toute efpèce de gibier î &r le
retranchement de ces animaux nuifibles, eft un
dédommagement du mal que le gibier peut faire
lorfqu’ il n’ eft pas exceffivement abondant. La
. moindre négligence là-deffus rend inutiles tous