
u 6 CHE
Si les^ tranchées font occafionnées par des
v en ts , faignez le cheval 3 donnez-lui un lavement ,
& faites-lui prendre le breuvage fuivant : de bonne
thériaque , galanga, fpica nardi & impératoire ,
de chacun une once J gingembre demi-once 3 anis
deux gros : mettez en poudre tout ce qui eft fonde
, & le mêlez dans une 'pinte de vin blanc ,
que vous faites boire au cheval, puis vous le
promenez.
Si ce font des vers qui lui' donnent des tranchées,
prenez deux onces d'aloës fin en poudre,
une once & demi de thériaque 3 deux onces de
cinabre 3 '8c faites-en quatre pilules , que vous
roulerez fur de la poudre à vers pilée ; faites avaler
le tout au cheval avec une pinte de vin rouge , 8c
le promenez une heure ; enfuite -donnez-lui un
lavement.
Quant aux tranchées rouges , elles font incurables
, 8c le cheval en meurt ordinairement.
CH E V A L IE R , f. m. Oifeau aquatique du genre
du bé«affeau , 8c de la groffeur a un pigeon. Il y'
en a de plufieurs efpèces.
C et oifeau eft haut monté ; il marche vite , il
a le bec long , rouge 8c noirâtre vers le haut ; fa
t ê te , fon cou , fes ailes & fa queue font de cou-
lèur cendrée ; il a le ventre blanc, 8c les jambes
fort longues 8c rouges. Il habite les prés , les rivières
, les étangs 8c les bords de la mer ; il entre
dans l'eau jufqu'aux cuiffés. On chaffe volontiers
cet oifeau dont la chair eft délicate 8c d'une bonne
faveur,
CHEVAUCHER. On le dit en Fauconnerie de
l’aêlion de l'oifeau, lorfqu'il s'élève par fecouffes
au-deffus du v e n t , qui fouffle dans la direction
oppofée à fon vol.
. CHE V E CH E , fi f. Oifeau noélurne qu'on
dreffe à la chaffe , comme le hibou 8c le duc. Cet
oifeau de proie eft fort maigre ; il vole fans bruit,
il a un cri fort lugubre.
CHEVIL LE ( Vénerie), fe dit du ce r f qui porte
plufieurs dards ou rameaux à la fommité de fon
b o is , en forme de couronne.
CHEVILLES ( Vénerie ). On donne ee nom
aux andouillers qui partent des perches de la tête
du c e r f, du daim, au chevreuil.
C H E V R E T T E , f. f. en V éne rie, fe dit de la
femelle du chevreuil.
CH E V R E U IL , f. m. Le chevreuil a quelque
reffemblance avee le c e r f , quoiqu'il fort beaucoup
plus petit : il eft plus lé g e r , plus v i f , plus
rufé & plus inquiet que le cerf. Sa forme eft plus
c H E
arrondie, plus élégante, & fa figure plus agréab
le ; fes yeux font plus beaux, plus brillants,
& fes membres font plus fouples ; fon bois a Une
forme différente, fa robe eft toujours propre, il
ne fe roule jamais dans la fange comme le ce r f,
& n'a point du tout de queue. Il ne,fe' met point
en hardes,, mais demeure en famille ; le père, la
mère & les petits vont enfemble * & on ne les
voit jamais s'aflbcier avec d'autres : le male ne
quitte point fa femelle. La chevrette porte ordinairement
un ou deux faons , l’ un mâle &r l'autre
femelle. Ces jeunes animaux, élevés 8c nourris
enfemble , prennent une fi forte affeétion l'un
pour l'autre, qu'ils ne fe quittent qu'à la mort
de l'un des deux. Quoiqu'ils relient toujours
enfemble y ils ne reffentent les ardeurs du rut
qu'une fois dans l'année, & ce temps ne dure
que quinze jours , qui commencent à la fin d'octobre
jufqu'au i) de novembre. Dans cette faifon
les pères font jaloux de leurs enfans , 8c les
chanent. La chëvrerte porte cinq mois 8c demi
8c met bas à la fin d'avril, ou au commencement
de mai. Elle fe cache du brocard, c'èft-à-dire ,
du mâle, lorfqu'elle veut mettre bas, 8c fe recèle
dans le plus fort du b o is , pour éviter le loup.
Au bout de douze jours les faons fontaffez forts
pour fuivre leur mère, qui les cache dans quel-
qu'endroit fourré, fi elle a peur de quelque cnofe,
8c fe livre aux chiens s'ils l'attaquent. Les faons
portent la livrée , 8c au bout d'un an leur pre*-
mière tête commence à paroître fous la forme de
deiix petites dagues.
Le chevreuil met bas fa tête au mois de novembre
, 8c la refait pendant l'hiver. Quand elle eft
refaite, il touche au bois, comme le cerf,pqur la
dépouiller de la peau velue dont elle eft revêtue :
c’eft au mois de mars , avant que les arbres commencent
à pouffer ; ce n’eft donc pas la fève du
bois qui teint la tête,du chevreuil, elle devient
brune à ceux qui ont le pelage brun, 8c jaune à
ceux qui ont le pélage roux ; car il y a des chevreuils
de ces deux couleurs. A fa fécondé tê te ,
il porte deux ou même trois andouillers fur chaque
çôté. A la troifième, il en a trois ou quatre ; 8c à la
quatrième , quatre ou cinq , qui eft le, plus grand
nombre qu'ils portent. On reconnoït feulement
qu'ils font v ieu x , à l'épaiffeur du mérain,, à la
largeur de la m ;u le , à la groffeur des pelures,
JLUX meules qui fe rapprochent du t ê t , & qui fe
touchent prefque lorsqu'ils font très-vieux. Dans
leur vieilleffe ils n'ont plus la tête fi haute & ni
un fi grand nombre d'andouillers d'un jeune dix
cors ; 8c quelquefois il ne leur refte que deux
groffes dagues, dont la meule eft prefque adhérente
au t ê t , au lieu que les- jeunes ont les meules
à deux doigts du têt..
Il faut ne chaffer que les mâles ou brocards:
on les connoît au pied, qu'ils ont plus grand que
lès chevrettes, fur-tout quand ils ont atteint leur
C H E C H E 1 1 7
uatrième année: car, ponr lo rs, ils ont plus
e pied devant que derrière , les pinces plus
rondes, le talon plus gros , la jambe plus large,
les os mieux tournés, 8c les allures plus grandes
que la chevrette , qui a le pied creux, les côtés
tranchans, 8c les pinces très-pointues. On pour-
roit répéter ici tout ce qui a été dit pour les
connoiffances du cerf ; ainfi il feroit inutile de Je
recommencer.
Une connoiffance qui n'eft pas à négliger pour
le chevreuil, font les regalis : car cet animal eft
fi léger , qu'à moins qu'il ne faffe très - beau
revoir, l'on n'apperçoit guère que l'empreinte
de fes pieds ; 8c lorfqu'en faifant fuite vous
trouvez des regalis , c'eft-à-dire, des endroits
où le chevreuil, pour s'égayer, a gratté la terre
avec fes pieds, vous pouvez être fur que c’eft
un mâle j parce que la chevrette n'en fait pas, ou
du moins très-rarement.
8c le laiffer coure, font les mêmes pour le chevreuil
que pour le cerf. On parle aux chiens en
termes un peu moins forts ; 8c pour ne les pas
échauffer trop , on leur crie fouvent, bellement,
fagement»;. fa va , chiens , fa va. . .ah , il fuit la ,
la ha. . . . Il ne faut pas à cette chaffe que les
veneurs approchent les chiens de trop près ; car
ils pourroient fouler les voies du chevreuil, qui
ne fait que de très-petites randonnées , 8c qui
rufe continuellement, en allant & revenant fur
lui. Dans un accompagnement il ne faut pas beaucoup
fonner , cela animeroir trop les chiens, les
feroit s'emporter ; & vous courriez le rifque du
change, ou de faire plufieurs chaffes.: mais on
: leur répète fouvent 9 bellement , fagement. . .
en cherchant, autant qu’il eft poffible , à voir
l'animal par corps; ce qui n'eft pas difficile, d'autant
qu’il ^raverfe fréquemment les routes , 8c
fuit beaucoup plus les éparées-, ou bois clairs ,
que les fourrés.
Au printems les chevreuils fe tiennent dans les
taillis de deux ou trois ans , pour y viander le
bourgeon & le jet du bois , dont ils mangent la
pointe , qui les enyvre aü point que vous les
trouvez dans les routes , 8c de côté 8c d'autre,
courans en plein jo u r , fans favoir où ils vont. On
appelle cette faifon le temps du brout. Ils fe
tiennent dans ces demeures pendant l'été , &
en fortent pendant les grandes , chaleurs pour
aller boire aux ruiffèaux ; mais ils. ne s'y vautrent
pas.
jcs jeunes taillis , lur les bords des forets , 8c fur
les coteaux, au pied de quelque rôcher. Celui
qui fait le bois pour le chevreuil, eft prefque
toujours fur de fon fait : car il eft à propos qu'il
le mette debout avant que de venir faire for
rapport ; ce qu'on appelle mettre le chevreuil à
pilfer , parce qu'il n'y a pas à craindre qu'il aille
bien loin ; 8c que comme il vient de bonne heur«
achever fa nuit dans les jeunes taillis , aprè;
lavoir commencée aux gagnages, il pourroit hier
n etre qu au reflui , fi on le brifoit à tête couverte
, c'eft-à-dire 3 après avoir fimplement pri;
les devants du fort dans lequel on le foupçonn«
& d ou le limier ne le trouve pas fortant : ai
lieu q ue , quand vous l'avez mis debout fans l'in
quièter , il ne fait ' que fe promener, 8c revien
pour voir ce qui l’avoit épouvanté; après quo
il fe met à la repofée. Mais il ne faut pas qu<
le limier donne le moindre coup de gorge; ca
le chevreuil, croyant que le chien le pourfuit
perceroit en avant , 8c feroit après. cela très
difficile a rembucher. Il faut donc tenir fon chiei
de très-court ; & s’ il veut feulement fiffler , lu
donner des faccades, & le gronder.
Le rapport, le partage des relais, l'attaque.
Si les chiens faifoient. plufieurs chaffes , les
piqueurs doivent fur-le-champ fe porter aux chiens
en qui ils ont le plus de confiance ; 8c dès qu'ils
ont reconnu ceux qui ont le d ro it, rompre bien
vite les autres, pour les ramener fur la bonne
voie. Il y a très-peu de chiens qui gardent le
change fur un chevreuil qui leur part à la vue ;
mais il y en a qui le manquent, en chafiant avec
crainte, 8c fe refroidiffent quand, ils ne font pas
bien furs. Lorfque l’on connoît ces chiens-là, 8c
qu'on les voit balancer, il faut chercher à prendre
des éclairciffemens pour ne pas faire de fottife :
mais, s’ils chaffent d'affurance, ou qu’après s'être
refroidis dans le moment de l’accompagnement,
ils redoublent de gorg e , il n'eft plus douteux
qu'ils maintiennent leur chevreuil de meute, 8c
que l’on peut rompre les autres, pour les rallier
avec eux; fur-tout/fi le chevreuil qu'ils fuivent
fait les mêmes randonnées , 8c bat le même pays
qu’ils ont tenu avant le change. Mais filespiqueurs
n'ont pas affez bien tenu leurs chiens , pour voir
ce qui s’eft paffé au moment du change , ou que
la meute foit divifée , il faut que chacun d’eux
fuive fa partie de chiens, fans appuyer ni donner
un feu 1 coup de trompe, en les croifant par-rout
pour v o ir ,.s ’il fe p eu t, le chevreuil ,• & fi celui
qui le v o i t , lui trouve l'air affez mal mené, pour
ne pas douter que l'autre partie des chiens foit
dans le défordre du change , il doit fonner 8c
appuyer vivement, afin que fon camarade , qui fe
trouve à l'autre chaffe , rompe & rameute avec
lui.
S ’il fe trouve quelque petit ruiffeau , ce fera
le lieu que le chevreuil choifira de préférence pour
fe faire battre; parce qu’il aime à rufer dans l'eau,
8c dans les grandes herbes des places maréca-
géufes. Très fouvent un chevreuil qui s'eft relaiffé,
foit dans l ’eau ou dans les rofeaux, dans une