
béquetct en le paillant, en Wi donnant un pât nerveux
pour exciter Ton appétit.
TIREUR. On appelle bon 'tireur, un ehaffeur
qui fait faire le meilleur ufige de fon fufîl. Voiei
ce qu’enfeigtie à cet égard fauteur du traité de
la chaiîe au fufîl.
i ° . La première règle pour bien tirer , eft de
fa voir fe modérer , 8c de ne fe pas trop, preffer.
i° . Chaque ehaffeur a fa manière d’épauler ,
c ’eft-à-drre, de mettre en joue, 8c veut la couche
du fufîl à fa guife, l’ un courte , l’autre longue ;
l ’un droite , l’autre courbe. Sur cela point de
règle à établir, on voit tirer également bien avec
ces couches différentes. Ce n’ eft pas cependant
qu’ on ne puiffe établir quelquesprincipes généraux
fur la longueur , ainfi que fur la courbure de la
couche d’un fufîl; mais I’ap|>lkaticn de ces principes
fe trouve fou vent contrariée par lé goût
8c la convenance particulière de chaque . tireur.
A parler généralement, il eft certain , par exemple
, que pour un homme de haute ftature, &
qui a les bras fort longs -, la couche du fufîl doit
être plus longue que/poùr un petit homme qui
•a les bras courts! Une couche droite-convient à
celui Jqtli a lés épaules hautes & le cou cou r t,
par la raifon que fî elle eft fort courbée, il fera
très-difficile que la croffe , fur-tout dans le mouvement
précipité qui fe fait pour tirer au v o l ,
ou en courant, vienne s’affeoir & s’emboîter en
plein fur l’épaule j elle n’y portera que de fa
partie/ fupérieure , ce qui non-feulement fera re-
„lever le bout du fufîl ; 8c par conféquent tirer
haut , mais rendra aulfe le recul plus ffenfible que
îorfqu’elle fe porte-en entier fur l’épaule, 8c s’y
emboîte comme il faut. D’ ailieiirs y-dans -le cas
dont bous parlons y le tireur, en fuppofant qu’il
parvienne à bien épauler, ne pourra qu a peine
découvrir le canon. S’il s ’agit au contraire d’ un
tireur qui ait les épaulés baffes & lé 'co u long ,
il eft naturel que la coiiche d-u ftffihak.ueaueoup
de courbure : fi elle étoit droite., il éprouverait,
en baiffant la tête pour atteindre l’endroit de la
croffe où fa . joue doit pofer > une gêne qu’ il
n’éprouve pas lorfque , par l ’effet de la courbure
, la croffe s’y prête d’elle-même, 8c fait
la moitié du chemin.
Indépendamment, 8c abftra&ion faitë de ces
principes , dont l’application, comme je l’ai d i t ,
eft fujettë à beaucoup de modifications, je con-
(eillerai toujours une couché longue plutô t qu’une
courte , courbe plutôt que droite : la raifon eft ,
qu’à mon avis , une couche longue eft plus ferme
a l ’épaule qu’une courte , fur-tout fi on a pris
l'habitude-de plaéet- là main qui fôutient le, rufîl
tout près du dernier porte - baguette' ; car c’eft
une mauvaife habitude que 4e laplacer -feulement
un peu au-deffus du pontet de la fous**
gard e , comme le font pi ufîeurs tireurs. On n’eft
jamais suffi ferme en joue , àulîi maître des mou*
yemens de fon arme, que lorfqu’on s’habitue à
la placer vers le dernier porte-baguette , en empoignant
fortement le canon ,. au lieu de le fou-
tenir feulement du pouce 8c de l’index ,* comme
ie font encore plufieurs'rimfey. A l’égard de la
courbure de la couche , je la crois en générai
plus avantigeufe, pour tirer juftc, qu’ une couche
trop droite, q u i, en découvrant tout le
canon à l’oe i l , me paroît fujetreà l ’inconvénient
de faire'tirer haut.
3°. Je confeitferai encore à un ehaffeur d’ayoir
un fufîl qui relève imperceptiblement du haur,
8c dont lé guidon Toit fort petit 8c très -, ras.
Quiconque .connoît la chaffe., fait qu’on ne
manque prefque jamais pour tirer trop haut, mais
pour avoir .tiré defious,. Il eft ;donc utile qu’ua
fufîl porte, tant fait peu haut ; 8 c, d’ un autre
c ô té , plus le guidon eft ras , plus la ligne de mire
fe trouve Cbïneider avec la ligne de tire, 8c par
conféquent moins le coup doit baiffer. C ’eft une
pratiqué que j’ ai toujours obferyé.e, & dont je
me fuis bien trouvé.
4<$. Le vrai moyen peur ne pas manquer le
gibier en travers , ou Iorfqu’ il barre , foit au
v o l , foit en courant, n’eft pas feulement d’ a-
jufter devant, comme tout lè monde fa it, mais
encore de favoir ne pas s’arrêter involontairement
, comme il arrive -à beaucoup de tireurs ,
au moment où on lâche la détente.- Pendant
l'.ipflant, quoique prefque . infenfi.ble , ou la
main s’ arrête pour dorlkér; feu , l ’oifeau, qui
né s'arrête poinr, J jW B la ligne de miré §: 8c
ïé coup porte derrière. Si c’éft lièvre ou lapin
qu’on tire en courant, fur-tout en tirant d’un
peu loin , il ne reçoit* tout au plus que quelques
dragées dans la croupe , & on ne l’arrête que
par cas fortuit. Lorfque l ’oifeau file en ligne
droite , alors ce défaut ne peut nuire. S i le coup
eft’ bien ajufté , il ne peut l’efquiver, hors’ le
caViou on le tire à la partie, & avant qu’il ait
pris un vol hdri’zontàl. Alors , pour peu que la
main s’arrête en donnant fe u , en met deffous,
& on lë manque. Il eft donc très-effentiel d’accoutumer
fa main à fuivre toujours le gibier
fans s’arrêter ; c’eft un point capital pour bien
tirer ; l’habitude contraire , dont .il eft très-diffe
die de' fe corriger , lorfqu’elle eft*une fois con-
tpéiée ., eft .ce qui empêche beaucoup de chaf-
feurs , qui d’ ailleurs ont la jufteffe de l’oeil 8c
la preftt-ffe de la main , d’atteindre, la perfection.
. 1 1 n’eft pas moins effentiel de devancer le gibier
lorfqu’on tire en travers, 8c toujours en
proportion de la 44Unc.é. Si une perdrix, par
; exemple j
exemple , traverfe à la diftance de 30 ou 3 ƒ p a s , '
il fuffit de la prendre en tête , ou tout au plus ;
quelques doigts devant. Il en eft à-peu-près de j
même de la caille , de la bécaffe, du faifan, i
du canard fimvage , quoique ces oifeaux aient i
l’aile moins vive que la perdrix ; mais fi l’on i
tire à yo , 6 0 , 7 0 pas, il eft néceffaire alors de j
devancer au moins" de demi - pied : on d o it j
pareillement tirer en avant, d’ un lièvre , d’un
lapin, d’ un renard , lorfqu’ ils traverfent fui-
vant l ’éloignement où ils fo n t , 8c fuivant leur
allure, qui u’eft pas toujours la même. Il eft
encore à ptopos , lorfque l’on tire à une grande
diftance, a ’ajufter un peu au-deffus de la pièce
de gibier, attendu que la dragée, ainfi que la
balle, n’ a qu’une certaine portée de but en blanc,
pafle laquelle elle commence à décrire une ligne
parabolique.
Lorfqu’un lièvre file , le guidon doit toujours
être pointé entre les deux oreilles; fans quoi
on court rifque de le manquer, ou de le tuer
mal ; car il ne fuffit pas à un ehaffeur , qui a
l ’ambition de bien tirer , dé brifer la cuiffe-
d’un liè vre , de démonter une perdrix , lôrf-
qu’ il a tiré a une diftance convenable ; il faut
que le lièvre foit culbuté , qu’une perdrix foit
pelottée de fàçon à refter fur la place , 8c à
n’avoir pas befoin du fecours de fon chien. S ’il
a tiré de loin ; x ’eft autre chofe ; il fie fe fait
point de reproche d'avoir démonté une perdrix,
ou bleffé un lièvre affez. pour qu’il ne puiffe lui
échapper.
cs . L’ufage apprend bientôt à connoître les
diftances où il convient de tirer. La bonne portée
, celle à laquelle on doit tirer infailliblement
avec la dragée, nQ. 4 * , une pièce de gibier quelconque
, pourvu quelle foit bien ajuftée , eft
depuis 25 jufqu’à 3 ƒ pas pour le 'p o i l, 8c juf-
qu’à 40 ou 45 pour la plume. Paffé cette diftance
jufqu’ à yo ou 55 p as , on ne laiffe pas
de tuer encore quelques lièvres 8c quelques perdrix?
Pour ce qui eft des lièvres, la plupart ne
font que b lefles , 8c emportent le coup ; 8c
quant aux perdrix , quelque bien tirées qu’elles
fo ien t, leur corps préfente il peu de face , qu’ à
cette diftance elles paffent très-fouvent dans les
vuides du coup. C e n’ eft pas qu’on ne puiffe
encore tuer des perdrix avec le n°. 4* au-delà
de 6 0 , 8c même. 70 pas > mais ces coups font
fort rares. Tous ceux qui ont cherché à con-
noître la vraie portée des armes à fe u , hauffent
les épaules aux forfanteries de certains chaf-
feurs , q u i , à les en c roire, tuent journellement
avec leurs fufils merveilleux, & avec le
n°. 4* ou 4 , à 90 8c 100 pas. U n , entr’autres ,
tn’a affirrë avoir tué avec ce plomb un lièvre à
n o , & un faifan à 120 nas. Je ne prétends pas
nier pourtant qu’ avec le i v . J* ou 3 * °^ n’ait ja-
Cuasses^
mais tué par cas fortuit une perdrix,ou un lièvre
à n o , 8c même à 120 pas ; mais ce font de ces
codps.fi extraordinaires 8c fi rares , que la vie
entierè d’un ehaffeur de profeffion fuffit à peine
pour en citer deux ou trois. Ce fera un grain de
plomb q u i , par le plus grand hafard , adreffe
à 1 aile ou à la tête d’ une perdrix , qui frappe,
un lièvre à la tête 8c l’é tou ra it, ou au défaut de
l’épaule, où il n’y a , pour le bleffer mortellement,
qu’une peau très mince à percer , 8c d’autant
pins aifée à franchir, qu’elle fe trouve tendue
lorfque l ’animal court.
6°. Un ehaffeur ne doit jamais tirer plus de
20 à 2y coups fans laver fon fufîl ; un fufîl fele
•part moins bien , 8c porte moins loin que lorfqu’ il
eft frais lavé. Il doit avoir foin de bien effuyer à
chaque coup la pierre , le .baffinet 8c la batterie >
ce qui contribue beaucoup à le faire partir prefe
tèmenr, 8c fur-tout de renouveller fréquemment
la pierre , fans attendre pour cela qu’elle ait manqué
i comme je le vois faire? à la plupart des chaf-
feûrs. J’ai toujours eu la coutume de ne tirer que
1 y à 18 coups , au plus , de la même pierre ; la
dépenfe eft trop mince pour y regarder , 8c à ce
moyen on s’épargne bien des regrets. On ne doit
jamais tirer avec une amorce de la veille. II peut
arriver qu’elle prenne bien feu ; mais le plus
fouvent l’humidité l’a gagnée, elle s’ ufe , &
l’on manque fon cou p , faute 4 avoir amorcé de
frais.
Je terminerai cet article par indiquer i c i , en
i faveur des chaffeurs qui aiment la chiffe des marais,
une recette, affurce pour fe garantir de l'eau
8c de l’humidité.
Je fuppofe le ehaffeur pourvu d’ une paire de
bottes molles de bonne v ache , bien conditionnées
, 8c autant à l’épreuve de l ’eau qu’elles
peuvent l’ être par la qualité du cuir & de U
couture.
Prenez de fu if une demi-livre,
de graiffe de porc 4 pnees ,
de térébenthine 2 onces,
de cire jaune nouvelle 2 onces 4
d’huile d’ olive 2 onces ,
Faites fondre le tout enfemble , & mêler bien.
La veille de la chaffe on aura foin que les bottes
n’aient aucune humidité ; on les chauffera doucement
à un feu clair ; 8c lorfqu’elles feront bien
échauffées, on les oindra avec la main', de cette
compofition, chauffée au point d’en endurer la
chaleur ; 8c on leur en donnera, en les maniant
8c remaniant à plufieurs reprifes, autant que le
cuir en pourra boire. Le lendemain les bottes^
en les mettant, pourront paraître un peu roides i