
détrempée avec des jaunes d’oeufs dans de l’eau
& du vin 5 8c quand ils deviennent plus torts , du
pain de feigle coupé par petits monceaux > Si du
foie de boeuf.
Suivant l’hiftoire naturelle de Buffon, 1 outarde
ne féjourne habituellement en France que dans
les vaftes plaines de la Champagne poujlleufe 8c
du Poitou j car les outardes fë font' voir en £lu-
fieurs autres provinces, 8c même prelque partout
, dans les hivers rigoureux , 8c fur-tout pendant
les grandes neiges. Cependant , 4 paroît
que ia Champagne & le Poitou ne font pas exclq-
fivement en France leur féjour habituel. Ces oi-
fea.ux fe trouvent allez communément dans le territoire
d’Arles , fuivant Pierre de Quiqueran ,
!a plufieurs moyens pour tromper leur défiance,
& à ta faveur defquels on peut les approcher à
la portée ordinaire du fufîl. Ces moyens font la
S vache artificielle la charrette, & la hutte ambulante,
qui dit en avoir lui-même forcé & pris plufieurs
à cheval. Mais qu’ on ne croie pas que ce foient
de vieilles outardes qui fe lailïent prendre ajnfi.
Tant qu’elles ne font groffes qije comme un bon
chapon , on peut ( dit Quiqueran ) les forcer
apres deux ou trois vols > lorfqu’elles font de la
taille d’une o ie , on en vient encore à bout ^ mais
avec beaucoup de peine , 8c l’on y crève des
chevaux ; mais il n’y a plus moyen de les forcer
lorlqu’elles font tout-àrfait adultes. Ceci fuppo-
feroit que non.-feulement les outardes font yn féjour
habituel dans les plain.es dont parle cet au«
te u r , mais que quelques-unes y font leur couvée.
Quoi qu’ il en foit les outardes fe montrent fréquemment
dans la plaine pierreufe de la Crdu 3 a
trois lieues delà ville-d’ Arles , 8c il s’en voit encore
âffez fouvent dans une-grande plaine des environs
d’Avignon, appellée T-ventain , fituée entre Saint-
Saturnin & le Tor. Cette plaine , environnée ôn
partie par la rivièrè de Sorgues, ne produit qu’un
fourage maigre 8c fec , & il ne s’y trouve ni
arbre ni buiffon , dans une étendue de près de
quatre lieues.
Quant à la Champagne pouilleufe ,- on peut
dire que c’eft la véritable patrie des outardes en
France , fur-tout depuis Fere-Champenoife juf- 1
qu’à Sainte-Ménehould, qui eft le canton où
elles fe plaifent le plus, Quelques-unes, mais en
très-petit nombre, y font leur nid. La plus grande
partie y arrive au commencement d’o& cb re , &
s’en va au printems. Les outardes vont par bandes
de douze, quinze, jufqu’ à v in g t, mais dans les
grands froids ces bandes font de 30, 4 0 , 50 8c
plus.
Çkajfe des outardes.
Ces oifeaux fe tenant toujours dans les plaines
rafes, loin de tous arbres, haies 8c buiffons, il
eft très-difficile aux; g affeur s d’en approcher}
& fi l’ on y parvient quelquefois , au moins eft-on
obligé de les tirer à de grandes diftances, avec
le plus ??ros plomb , ou même des chevrotines ,
( i le plus fouvent ayec des canardieres. Liais il y
On ne fe ie r t en Champagne j pour les outardes,
que des deux premiers. Mais voici un
autre ftratagême deftiné à cette chuffe, & dont on
y fait un ufage affea; fréquent.
Comme les outardes fe cantonnent par bandes,
8c s’éloignent peu des endroits quelles ont choi-
. fis pour réfidence habituelle , le chaffeur fe construit
une petite hutte fur le lieu , pour s y mettre
à l’affût, à certaines heurés du jour favorables
pour les attendre. Cette hutte doit^ être faite
promptement, 8c dans les momens où elles font
éloignées à, quelque diftance, pour aller chercher
leur nourriture , de maniéré qu’elles ne puifi
fenten avoir conoiffance. Elle doit être très baffe ,
8c pour cela on commence par faire un trou en
terre qu’on recouvre de branchages, fougère ,
gazon, Scc. & dans ce toit on fe ménage feulement
quelques petits j'ours pour paffer le fufilr
Si c’ eft en tems de neige on couvre cette hutte
d’ un drap bîanc $ d’autres la couvrerït avec la
neige même , 8c cela pour qu elle foit moins
vifibîe, 8c afin d’oter toute défiance aux outar^
des. Tapi dans cette hutte, . le chaffeur attend
patiemment qu’un heureux hazàrd les amené- a-
fa portée.
Gn çhaffe encoreaux outardes avec des lévriers
qui les prennent de viteffe , avant qu’elles
fe foient élevées de terre : on les prend auffi à
l’hameçon, en y attachant de la pomme ou de
la viande, mais le plus ordinairement, on ya a.
cette chaffe à cheval, car cet oifeau s’en laiffe
aifément approcher, alors on le .tue à coups de
fufîl.
Voici une autre maniéré plus fûré 8c plus lucrative
de chaffer aux outardes : vous choififfez
le côté d’un étang ou d’ une riviere qui foit planté
d’arbres , 8c s’ il ne i’ eft pas, vous piquez fur
fes bords des perches longues-'de huit piés,;&:
groffes comme le bras, vous les mettez en droite
ligne, également éloignées les unes des autres,
8c un peu penchées du côté de l’eau : ces arbres
ou ces perches font néceffaires pour y attacher
deux filets qui doivent être lâches & defeendre
jufques fur le bord de l’eau : ces filets fe placent
l’ un au bout de l’ autre, 8c au milieu oh ménage
un paffage étro it, pour qu’ un homme à cheval
puiffe y paffer.
Après ces préparatifs vous montez à cheval,'
vous penchez votre corps fur fon c o l, 8c vous
allez directement aux outardes : dès que ces oifeaux
appercevront le cheval, ils courront à lui
à ailes (déployées. Alors il faut marcher droit
au file t, 8c fi les outardes ypus approchent de
dix p a s , paffer au milieu-du filet , remonter '
enfuite. à quinze pas 8c gagner le derrière de
Votre gibier : tous les chaffeurs fe réunifient .
alors pour pouffer tes' outardes ■ dans le piège : ;
oii affomme avec un bâton celles qui fê débattent
entre les'filets. ■
• La chair de l’outarde a le goût de celle du
dindon.
Outarde; (P e tite); ou cannepetiere. Cette
petite efpecë : & outarde à 'tous les attributs exterieurs
de la grande, le même naturel, les* mêmes
moeurs, lès mêmes habitude^. Mais elle eft moins
répandue, 8c paroît confinée dans une zone plus
étroite. Elle habite de préférence le climat de
la France, principalement Je.Maine & la-Nor-
frtândie. Lorfque cès oifeaux Soupçonnent ^quelq
ued an ge r , ils partent & font tnv vol très-fa- ■
pide de deux ou trois cents pas , fort près de terre ;
8c lorfqi/ils font pofés , ils courent fi vite qu’à
peine un homme pourroit les atteindre.
La chair de la petite outarde, eft noire 8c d’un
goût exqu;S.
OUTREMER , oifeau d’Àbyffinie qui eft de la
grandeur duferin. Son plumage eft d’un bleu foncé}
il a le bec blanc & les pieds rouges. Son ramage
eft agréable.
OUVERTE S. Les têtes du c e r f , du daim &
du chevreuil font ouvertes quand leurs pèrçhès
font écartées } ce qui en coqftitue la beauté.
OYE , oifeau aquatique très-vorace. On en distingue
de beaucoup d’efpèces , dont le caraêtgre
eft d’avoir trois doigts antérieurs & palmés fijfè
celui de derrière fans membranes. Lè bec èft;
convexe en deffus , plane en deffous, d une ,
largeur & d’ une groffeur égales dans toute la
longueur , onguiculé par le bout qui eft obtus.
O y e -d o m e s t i q u e ou p r i v é E.vC>ft un oifeau
de baffe - cour bien connu ; pM petit que lé
c ygn e , St plus gros que ie canard. Son bec eft
long de deux pouces & demi 3 fa queue longue,
de fix pouces & demi eft compofée de dix huit
grandes plumes 3 fes ailes ont chacune vingt
fept grandes plumes. La couleur de fo’n plumage
varie comme dans tous les autres oifeaux domef-
tiques. Cependant le mâle eft ordinairement
blanc } le bec & les pieds font jaunes dans les
jeunes oies qu’on nomme otfilions & oifions. On
donne au mâle le nom de jars.
Quand l’oye fe met en colère, fifle comme
le ferpent. C ’ eft un oifeau amphibie oui vit fur
la terre & dans l’ eau. L’on en voit le long de la
Loire s’alTembler en certain temps de l’année &
faire leur paffage en d’autres pays d’ où elles re-
Cüasses,
viennent- enfuite chacune dans leur maifon.
C e t oifeau fe nourrit principalement d’herbes &
de grains.
-Oyes sau v a g e s ,. Il y en a de plufieurs ef-
pèçes. L’ Oye Jauvage par excellence eft plus
petit que Y oye domefiique ,.c eft-a-dire eft a-peu-
près de la taifie du canard : il arrive en France en
niver après les grues, vers la Saint-Martin. Ces
oifeaux volent par bandes , & forment une efpece
de triangle fans bafe : leur cri eft perçant , & fe
fait entendre de loin : ils fe plaifent dans les
grandes plaines remplies de bled verd , qui leur
fert de pâture, & font leurs petits dans les ifles &
dans les endroits marécageux : leur chair eft infiniment
plftsrdélicate que celle de Y oye domefiique.
U oye de mer ëft lin -oyefauvage : c’ eft le^grand
plongeon des Naturaliftes 3 on ne le connoît qu©
par fa defeription anatomique.
Uoye nonnette eft encore de l ’efpece fauvage ;
cet oifeau eft peu commun parmi nous , fon nom
lui .a été donné à caufe de fon habillement blanc &
noir qui reffemble à celui d’une religieufe. Uoye
nonnette a toute la fineffe du renard} quand î,L
s’agit de dérober fes petits à la pourfuite du
chaffeur, elle marche comme fi elleavoit les ailes
6c les cuiffescaffées pour fe faire chaffer elle-même}
enfuite quand elle voit fes petits hors de danger ,
elle prend- fon effor , & s’échappe elle-même des
piégés de ceux qui la pourfuivent.
Uoye de Solav.de ou d‘Ecoffe eft auffi au rang des
oses fauvages 3 elle ne multiplie que dans cette
partie de la Grande-Bretagne , & comme on tire
rarement fur elie , elle nourrit avec confiance.fes
petits fort près des habitations 3 cet oifeau fe nourrit
dé poiffons, 8c fa chair eft d’un goût exquis ,
s^il faut en croire les Infulaires , chez qui on le
trouve.
Uoye de Mofcovie eft une oye fa u v a g eC e t
oifeau eft.de la taille d’ une cigogne 3 mais il n’a
pas l ’éclat de” fon plumage.
Il y a dans l’Iflande des oyes connues fous le
nom de chargées , qui y abordent par milliers : ces
oifeaux font fi fatigués en arrivant, a caufe de la
route pénible qu’ils ont faite en traverfant la mer ,
qu’on peut les tuer à coups de bâton.
On trouve des oyes fauvages en Efpagne, au
Cap de Bonne-Efpérance , au Sénégal & au Canada
3 ainfi ces animaux font de tous les climats }
ils peuvent multiplier fur les glaces du No rd ,
comme dans les déferts brûlans de la Zone-
Torride.
Ckajfe des eyes fauvages.
,, Un des moyens les plus fûts pour tuer les oyes
eft d’obferver les endroits par où elles viennent
le foir fe jetter dans les étangs, 8c de les y attendre
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