
Quand le duc eft bien dreffi , on fait provîfitv/l
de cinq ou fix livres de cordes, de la grofleur de
h moitié du d o ig t, d’une ferpe & d’une échelle
double : on va dans une plaine où les arbres foient
clair-femés , & on en choifit un qui Toit éloigné
des autres de deux ou trois cents pas, &qui abondé
en branches, par exemple, un noyer de moyenne
hauteur.
Il faut bien prendre garde que depuis le bas de
l’arbre, jufqu’ a la naiflance des branches, il n’y
en ait aucune qui puifle empêcher de tendre le
filet 3 & l’accrocher en tombant : la tête de l’arbre
doit être atiüi fort touffue, car s’ il s’y-trouvoit du
vide , 1 oifeau de proie viendroit par-là fondre
fur le duc r lorfqu’il eft fous l’arbre. On ramafîe
enfuite toutes les branches, & le s feuilles qui font
à terre, afin de rafliirer les oifeaux, contre qui
on tend ce piège.
Après tons ces préparatifs, on choifit trois branches
au-deflous de l’arbre , difpofées en triangles ;
on-y fait une fe'ntè avec une ferpette, &: cette
fente doit être éloignée du tronc de l’arbre d’environ
neuf à dix pieds ; cette fente fert à mettre
un coin de bois attache à un filet. On prend en-
fuite deux billots p l’ un doit être fiché \tn'terre
fous 1 arbre, a la hauteur _de quatre ou cinq'pieds;
J autre fe met à cent pas du premier, on le garnit
tout autour de branches d’ arbres enfoncées en
terre, de manière qu’on en forme-une lo ge,.où
deux perfonnes puiflent fe tenir renfermées. Derrière
chaque billot doit être un gros piquet où on
attachera la corde dont nous avons parlé au commencement
de cet article.
Quand tous ces arrangemens font pris , un des i
chafleurs prend le duc 3 la cordé & l’échelle, il
attache un filet en triangle , à trois branches de
l’arbre j lie la corde au tronc, de manière qu’elle
paflepar le milieu dés d;ux billots, pafle la courroie
qui tient enchaînées les jambes du duc, & ’
place l ’oifeau lui-même fur le billot de la loge , î.
en le tournant du côté de l’arbre.
Lorfaue le duc efl: placé, vous vous mettez
dans la loge de manière que les oifeaux de proie
ne vous voyent pas j quand il en pafle quelques-uns
au-deflus de vous, le duc vous en avertit en penchant
la tête un peu de côté & en reftant l'oeil ,
fixé dans l’air ; on le pouffe alors par derrière , on
lui fait quitter le b illo t , & on l’oblige de paffer à
celui qui eft au pied de l’arbre.
L’oifeau de rapine qui apperçoit le vol du duc 3
& qui brûlé d’en faire fa proie, fond fur lui ; s’arrête
un inftant fur l’ arbre , ou il confidère fon ennemi
, & enfin s’élance fur le duc ; mais il donne
dans le f ile t , & tombe avec lui.
Seconde chajfe des oifeaux de proie 3par le moyen du duc. '
On cherche une campagne fpacieufe dont la fi
tuatipn foit é le vé e , & fur-tout une place où il n*y
ait ni arbres,ni haies à trois cents pas aux environs.
On y tend deux filets. tels que ceux qu’on emploie
pour prendre les pluviers^, & de manière qu’ils
puiflent fe tirer l ’un d’un c ô té , & l’autre de l’autre.
On plante deux billots, l’ un au milieu des deux
formes, & l’ autre à côté d’ une loge qu’ on conf-
truit de branches d’arbres : on pafle la corde, on
pofe le duc & on obferve tout le même manège
que dans la méthode précédente : on y ajoute feulement
un geai ou une pie qu’on place de chaque
c ô té , afin d’attirer encore mieux l ’oifeau de proie,
& de l’obliger à fe précipiter dans les filets.
Chajfe du duc. & des oifeaux de leurre.
On appelle oifeaux de leure ceux qu’on inftruit
pour la fauconnerie, & qu’on fait revenir fur le
poing, par le leurre ou l’appât qu’on jette en l’air
pour les attirer : il y a fîx oifeaux de ce caractère,
le faucon, le gerfaut, le facre, le lanier, l’émé-
rillon & le hobereau.
Quand on veut chaffer au duc Sc aux oifeaux de
leurre, on conftruit une petite loge de branchages
où l ’on puifle fe dérober à là vue du gibier auquel
on tend le piège ; & on place au-defliis de la loge ,
fur une raquette propre à jouer à la paume , un
pigeon blanc entouré de menues branches d’arbrif-
feaux couvertes de glu : cette raquette doit être
attachée avec une ficelle que le chafleur tient à la
main, & dont il fe fert pour faire remuer le pigeon
quand l’occafion l’ exige ; dès que l’oifeau de proie
voit ce leurre, il fond defius, & s’englue. La
perfonne qui eft dans la loge , fort à l’inftant, &
fai fit fon gibier avant qu’ il ne fe rompe quelqu’ aile
en fe débattant; s’ il veut le dégluer & le faire fer-
vir à la fauconnerie, il poudre fes ailes de cendre
& de fable , & le laiffe une nuit en cet état ; le
lendemain il bat deux jaunes d’oeufs, & en met
avec, le bout d’ une plume aux endfoits endommagés
par la glu ; cet appareil doit refter un jour &
une nuit : enfin , on fait fondre un peu de beurre
& de lard, on en graifle le plumage ae l’oifeau, &
quelques hëüres après on le lave, avec de l’eau
tiède , & enfuite avec du linge bien net;, l’oifeau
dès ce moment fera en état de prendre fon elïbr.
Autre méthode des fauconniers.
On fait faire des pelottes de laine grofles comme
des perdreaux, couvertes de plumes de perdrix,
& de lacets de crin} on attache ce piège aux pieds
de quelques autres oifeaux drefles à cette chafle $
on les abandonne enfuite les uns après les autres,
& quelquefois tous enfemble j mais on doit obfer-
ver de les tenir tous en filière : quand l’oifeau de
leurre les apperçoit, il fond fur eux & s ’embarrafle
dans les lacets de manière que les deux oifeaux
tombent d’abord à terre} le fauconnier court alors
à I’oifeau de p roie , le prend par le milieu du corps
fans le pteffer, 8c le débarraffe ; il paffe de-la a
l’autre oifeau , délie fa pelottê , & -celle de 1«
faire chaffqr ce jour là , parce qu U eft long-tems
effarouché 4e fe chûte.
Telles font les principales méthodes qu’on emploie
pour Chaffer au duc, & pour le faire fervir
enfuite à la chaffe des autres oifeaux î fa forme
hideufe , fop afpeét lïniftre & la haine mortelle que
tops les habjtans de l’ air lui ont jurée, tout conf-
DUIRE. On d i t , en Fauconnerie , iuirc un oifeau
, c’eft-à-dire, l’ affaiter.
DUR-BEC. C e t oifeau a en effet le bec dur ,
fort 8c court. Son plumage eft rouge, fa queue
eft longue. On l’appelle auffibouvreuil du Canada,
parce qu’ il eft commun dans cette contrée , &
qu'il paroît tenir de l’ efpèce des bouvreuils.
D U V E T . Plume menue qui couvre le corps des
oifeaux de proie : on dit aufli en fauconnerie oifeaux
duveteux , c’eft-à-dire, qui a beaucoup de
plumes molles & délicates autour de la chair.