
i l faut mener une v ie fo b r e -8c ré g u liè re , 8c être'
très-ré fer vé fur les plaffîrs auxquels les'jeunes gens .
fe livrent ordinairement fans quoi , non-feulement
on n’eft plus en ét,at de remplir fon dev
o ir j mais la fanté même s’ en trouve bientôt
affeéïée.
' L e jeune homme qui fe deftine à faire les fon c tions'de
v e n e u r , do it premièrement apprendre
à .bien monter à" cheval ;• fa vie , Ton* agrément 8c
l'a tranquillité en dépendent. Sans parler des chûtes
8c des mal-adreffes qu’il é v iteT le veneur qui
mène Tes chevaux avec aifance , fatigue moitié
moins y &: a un avantage in f in i, par la facilité
a v e c laquelle il v a dans le bois & dans les en droits
difficiles.
Quand c e jeune homme aura fu iv î la chaffe
pendant quelque temps | pour en prendre une
id ée & eflayer fi Ton go.ût réfiftera à T a fatigue
& aux autres défagremens qui fouvent l ’ac.com-
p a gn en t, il faudra qu’ il demande à aller au bois.
L e bois' .eft- l’ é co le v éritab le 8c indifp>nfable du
v eneu r. L e ch oix d’ un bon maître eft alors èffën-
t ie l , car les premières impreffions que l’ on reço it
fe corrigent difficilement fi elles font viçieufes..
U n fort bon veneur peut foiivent n’ avoir pas l-e-
talent d’enfeigner ce. qu’ il fait.
mm néceffaive que le jeune homme Tuive exactement
fon maître pendant deux ans au moins ; ce
tems lui eftnéçeffaire pour apprendre la manoeu vre
d u b o is j comme elle varie dans chaque faifon 3
& même dans chaque pays , ainfi que la manière
d e ju ger & de détourner les cerfs , il eft difficile ,
quelqu’intelligent qu’ il f o i t , qu’ il puiffe en moins
d e tems en favoir a fiez, pour manoeuvrer fe.til avec
fu c c è s j & il do it même pendant quelque tems
encore -, travailler avec un limier- fous le$ yeux
d e fon maître pour fe perfectionner,
.Q u an d .il commence a mener un lim ie r , il
d o it aller aux bois en tre les ch a fies , pour tâcher
feul de juger & de détourner dés c e r fs , &I01T-
qu’ il ci o it les a voir bien jugés & bien détournés
, il faut qu’ il les lance pour pou voir juger
par lui-même de fa manoeuvre. C om m e il eft très- !
effentiel qu’ il ait un bon lim ie r , il .faut qu’ il ;
s’attache à mettre en pratique toutes les leçons ':
qu’ on lui a données à ce t egard. On cro it être
cOîiîîpiiTéur & favoir la manoeuvre du bois quand
on. e ft aidé par un bon fécond ; mais fouvent on
pft très-embarrafle quand on fe trou ve feu l. 8c !
qu’ il s’ agit de.prendre un parti. T o u s les veneurs
l’ ont éprouvé , 8c les meilleurs en çonviennènt;
chaque jour préfente de ^nouvelles difficultés/, &
par çonféquent de nouvelles ocçafioris d ’apprendre':
i l féro it a fouhaiter que les; jeunes gens fùfient
bien perfuadésde ce tte v ér itéym à iT a présomption
çft le v ic e de la jeuneffe.
P :jeiinç h ô iqm c , pour bien çonnoître tous
; les chiens d e là meute..,; d.ôitTês’ voir fouvent au
. chenil j il faut qu’ il les co'rinoifie , non-feulement
par leur nom , mais aulfi par leurs qualités , 8c.
qu’ il queftionne pour cela les anciens & les bons
j venèurs j il doit y avoir une lifte de tous les chiens
qui font dans la meute. '
Lorfqu’ il a la poitrine' affez .fô r te , il faut qu’ il
apprenne à fonner : il 'eft à defirer qu’ il ait la
v o ix jufte , parce q u ’avec une vo ix rauffe , on
Tonne prefque toujours faux. Le s lèvres minces
font un avantage pour former des tons, légers 8c
agré ables: c’eft la langue qui d o it marquer les
tons : ils he feroient jamais affez ca d en cé s , ni
même form é s , s’ ils n e T é to ie n t que des lèvres :
quelques-uns fonnent de la g o r g e , 8c ont par
çonféquent un ton rauque & défagréable. Il eft
donc effentiel de clioifir un maître qui ait un
ton bien plein 8c b ien , cadencé T qui enféigne
premièrement Tés tons de ch a f fe , 8c qui ne faffe
fonner des fanfares qu’ après qu’ on fera bien confirmé
dans les premiers tons. Il y a un ton /de •
la trompe que l ’on nomme'.le gros ton -ou fim-
plement le gros j on le fonne indifféremment à
la fin d’ une fanfare, ou d'un ton pour un chien :
on néglige beaucoup c e ton , mais oh a tor t L
parce qu’ il remplit bien la trompe;, 8c qu’ il con tribue
beaucoup à donner, du moelleux 8c de
l ’agrément. Lorfque 1er jeune veneur eft en é ta t
de pôrter trompe à lâ.çhafle , il faut qu’ il s ’inf-*
truife des fanfarvs dëfignéés pour chaque tê te d e
cerf, 8c pour les différées évènemens qiii, peuvent
arriver à la ch a ffe : elles -font notées dans le s
pi. gravées de la chaffe , T om . IX des gravures.'
Défauts a êvitçr par les veneurs,
_ A v an t que de parler de la bonne manière d e
piquer & de faire chaffer les çhièns ,; iï con vien t
de faire un détail des défauts les plus ordinaires
des veneurs qui fe laiffent emporter à leur ardeur
, 8c chanent fans principes.- Premièrement ,•
ils ne connoiffent pas leur^ chiens , ou fi l’habitude
de les voir leur a fa it retenir les noms de
quelques-uns, ils n’en connoiffenrles qualités que
fur le rapport qu’ on leur eh a f a i t , & pour l’ ordinaire
le nombre ne s’étend guères au-delà de fept
ou huit : leurs défauts lés; plus ordinaires à la
chaffe fo'nt de trop Crier , de fonner trop fou vent
8c mal-à-propos.
Du moment qu’u.n cerf eft a tta q u é , avant même
quelquefois que les chiens foient découplés j ils
partent à toutes jambes, en criant & Tonnant, &
en faifant plus de bruit que les chiens 5 de forte
' quand c e u x -c i'n e feroient pas .pleins- dè
fou gu e ', fur-tout dans le moment qu’ils .-forcent
■ des . couples ,• il n ’en fau droit pas davantage pour
leur tourner "la tê te ': .aufiî', s’ils manquent dévo
ie , ils paifent une ou deux enceintes tou t droit’
devant : ou bien ils fortent a la r o u t e , 8c fuivent
lés cavaliers qui les enlèvent.
; Ce s veneurs ont-ils vu pa’ffer un Cerf a une rou-
te ? iîs' co’ürent aufiT tô t à Ta rôute ■ d après pour lé
reÿôif'ehcore j ils ne s'inquiètent pas il les chiens'
viennent, ou s'ils ont manque de v o ie 5 quelquefois
ils veulent bien attendre les premiers chiens }
mais, du moment qu’ il y en a deux ou trois de
pàlîés , rien n e ’je s àçrêté.' L e cerf yo'^lrp'lt paner_
la'route dans laquelle ils^ a lo p p en t , ils le forc en t
à fâire un rètdur ; IèS‘ 'çhféns“q'iii viennent dans là
voie l ' fôrtent a r là' r o u t é , 8ç cOiirent ap fèsTé s
••chevaux qu’ ils, voien t devant ë u x 'ï ou bien fi le
gic>s/.dès Chiens a manqué de v o ie / une feu le per-;
fonne fouvent- qui' Jès ap p e lle ïO ît, fuffiroit pour
Ifs rallier les 'empêcher de metttë le change
'fu r pied & 'd’y tourner j mais non-, r ird e u r emp
o r te , 8ç ce s 'ré fiexion s dont tous les veneurs
fentent parfaitement là ju fte ffe , on les fait tous les
jàurs dé fan g -fro id , mais en rie. les oublie que ;
quand il fau d roifles -me ttre en pratique.
rai.y on va trop v îte 3- on crie t r o p , on fait trop
de bruit. ;
Si les chiens tp.urnënt au change ,/ces veneuiS
fi ardèns ne font plus aufii prelles de courir apres
eux 5 chacun fe. fépare. : oh s’ informe a tous les
carrefours ifi" oh h’ a pas vu palfer le 'cerf? on T a
vu paffer a telle ou telle .routé :Tulfi-tôt grandes
faniaresygr.apTs cris /brais dès chiens pour prendre
la voie ? les mâtins ônt ..tous^ tourne au change .
on ne fonge pas que : il i*.qn‘ âyoit été après eux ,
on adroit vu des bons demeurer } que; beaucoup
d’autres auroie nt été intimidés 8c arrêtés par quel -
ques coups de fpuep> que , fàps cette exadittide
à les. fefyir , on n'a jamais une "meute ni foupie^
ni'lage; ^ .
Cependant quelques cavaliers ramènent un.e
partie des chiens qu’ ils ont enlevés;} mais ils
les ramènent, à tou te s ' jambes : per fonne n eft
relié derrière. pour les faire t i r e r o n les défile ,
. pour ainfi d i r e , ' l e lon g dés routes:^ 8c fept
ou huit qui feu|s ont pu fuivre la vîte fie des
chevaux , font éfiouflës & p re fq û e -p âm p ,
lqriqu’ ils a r i iv e n t à ' l’ en d ro it .q ù I o n a vii le ;
cerf:, de forte qu’ ils feroient fouvent plus tentés
dé fe; coucher que. de chaffer.N . /
. Cependant en reprend la v o ie du cerf: quelque
chiens' qui'' fe rallient/ encore en cômp.o-
fent dix ou dou ze , quoiqu’ il y en ait quél--
quefoi.s, plus de quarante de découplés. cerf
eft forlongé : le.s chiens chaffétit avec peiné ,
balancent., & .demeurent tout-à-fliit. O n h.’a
plus guç.re.Ta ..rêlfourcé dés carrefoiirs cirCon-
voifins : oii y. .fait cependant quelques quéftipnè':
comme elles Toht toutes' négatives , on fe 16-
pate de. nouveau ,• chacun cou rt de. f o ï r c o f é :
l'un va à^uft ,grand chemin , l’autre à une plaine,
d'autres ‘1 à< quelqu'étang voifin. Comme les
chiens éparpillés ont mis tout le change fur
pied', chacun reçoit des indices différens : l’un
a connoiflance que deux ou trois chiens percent
; il s’en va après , on ne le revoit plus :
un autre apprend qu’il y a un cerf qui a pafie -
au travers d’un étang : un troifième voit un cerf que les chiens, féparés ônt mis fur pied : il
ronfle, il eft à.-peu - p'rès de la taille.de celui
qu’on a attaqué' : il fonne . il appelle : quelques
chiens viennent , il prend la voie : il là préfente
une harde1 ' dé chiens , il la fait décou-
pler. Quelques perfonnes. enlevées par'celui qui
a eu conf.oiflance qu’il y avoir un c e r f qui avoir
donné à l’étang, le rapprochent du mieux qu ils
peuvent: pour celui 'qui eft p:mp apiès les
rieiix ou trois chiens, il les trouve à quelques
lieues, de - là qui font tenir les abois à ieur
m m
.Mais quand ceux qui ont fait découpler des
chiens â s’apperçoivent qu’ils ont fait decoupler-
ftir un cr,ƒ prefque frais ; que ceux qui rapprochent
, tombent à bout-voie fans efpérance de
la retrouver ; >■ & que celui qui a ‘entrepiis une
campagne , perd fes'“chiens ; alors chacun fe
ralfemble , on ne fait plus que devenir,, on cherche
le ' commandant pour favoir ce ’que l’on
fera'. Apres bien des avis donnés; & combattus,
1 on fe décide enfin à fouler quelques enceintes :
chacun y entre franchement , mais bientôt l’un
trouve un chemin qu’il fuit ; l'autre un'.faux-.
fuyant qu’il ne quitte plus : un autre fe tient
fau frais, au milieu d'un planiste , & -fonne de
temps en temps un langoureux requête. Appro-
che-tson de plias grès ? on en eHténdV deux qui
i font la converfatiôh ori en trouve un autre .qui
lôh'ge' nonchalamment le chemin qü il a rencontré
: un autre dans l’enceinte à force de hou répétésy
engagé fon cheval à fe tenir tranquille :
chacun a perdu courage : on ne voit plus de
1 reffource , & on attend avec impatience le pre-p
mier ton de la retraite qui a bientôt raffemblé
tout le monde.
Des piqueurs , valets de limiers & valets dé chiens:
■ Un piqueur doit joindre au goût & à la- bonne;
v^femé {’inféBigénee & la'vigueur; il doit être
à à if , ; fidèle.:, poli-, honnête, point iVrogfieÿ
ni brutal , aimant: fon- m étier, ' les chevaux 8e-
les cKièns ; toutes cés qualités font également
néceffaires'aux valets-'de obiénsf ^ ;
Dans un ëqüipage '!on Met-'ordihaîrêmën-ii uri
piqueur par1 io 'chiens',i,& pour OhfqiÆ piqiieuü
2 valets de chiens , do’nt .-uh'.'rUnffte - et 1 autre f
pied . On parle ici dés'‘ grandi équipages , car
'pour1 ceu-x ' qui font moindres-, un piquçur &: