
les brouHailles ; enfuite elfes fe çantonnejit'dâttîf
les taillis de neuf à dix ans , & qùèlqtfèfois'&xftt3
les gaulis } car ce n'eft -que gar.hazard qu'une Bécajfe
fe rencontre dans une jeune taille, de trots à
quatre ans. Quand je dis qu’elles fe‘ cantonnent;'
cela ne veut pas dire qu'elles. fe tiennent*conti-
nuellement dans le même bois pendant tout l’hiver ;
car on a obfervé qu'elles ne reftent pas plus de
douze ou quinze jours aù même endroit ; & fi
elles y reftent plus long-tem$ , qufelfes ont
été bleffées.
La B é cajfe s'enlève lourdement à la p a r tie , &
fait beaucoup de bruit avec fes aîles.Jfouvent elle
ne fait que rafer la terre, lorfqu’on la trouve en
plaine , le long d’une haie ., ou quelle longe ;iine
route dans un bois \ & alors ion vol n’eft pas
rapide, & on la tire aifëment ; mais quelquefois
auffi, elle s’élève fort haut, comme lorfqu’on la
fait partir en plein bois dans une futaié , où elle
eft obligée de gagneT le haut des arbres , pour
prendre un vol horizontal*. En pareil cas , elle ne.
laiffe pas de voler affez rapidement, & il eft très-
difficile de faiftr le moment de la tirer , à caufe
des détours & crochets qu’elle eft obligée de faire
pour paflèr entre les arbres.
C e t oifeau marche affez mal, comme tous ceux'
qui ont de grandes ailes & les jambes courtes. Sa
vue eft fort mauvaife , fur-tout pendant le jour ;
car on prétend qu’il voit beaucoup mieux dans
le crépu feule. C 'eft pour- cette raifon, fans doute , ,
que les efpagnois' l ’appellent gaüina ciegd Ç poule
aveugle y.
Les chaffeurs, dit M. de Buffon, prétendent
diftinguer deux races de Bécajfes , la grande '& la
petite.
Mais cette différence de taille ne coaftkue point
deux efpèces différentes j elle n'eft qu’accidentelle
oh individuelle , ou comme ceàle du jeune à
l'adulte. ■ ■ ■ ■ ■ ''■ '* "
La chaffe des Bécajfes eft fort amüfante dans un
bois qui n’eft pas trop fourré, fur-tout s’il eft
percé ae plufieurs routes, qui donnent la facilité
de les tiret au paffage , lotfqu'elles s'élèvent dans
lé bois , & de mieux les remarquer. D'ailleurs ,
c ’eft une chaffe qui demande beaucoup de bruit
d'hommes & de Chiens.
Parmi des Chiens dè plaine , il en eft qui crient
fur la Bécajfe lorfqu’elle vient à partir , ce qui
c il fort .utile 3 en ce que, par-là,. le chaffeur eft
averti de.fe tenir fur Tes gardes. Les Chiens fermes
l ’arrêtent ordinairement, ce qui eft fou vent fort
incommode , attendu qu'on fie fait alors ce qu’ils
font devenus, ne pouvant être ap'perçus de loin
dans le bois ; & qoe ne rompant point leur arrêt,
quoiqu’ils sJentendent appetier, ils fe font quelquefois
attendre fort dong-tems. Pour obvier à
çet inconvénient, lorfqu’on a un Chien de cette
eïpècé^' il eft à propos de lui anèttrë un Kollîfef
j gàfof dfe^toS g r e lo t s â ii bruit defquels on le fuic
j àT oreille dafis le bois ; & lorfque le. bruit vient
là'manquer ;0 n fe trouve orienté pour aller à lu*
l&c lever fon arrêt.
Lorftjtie cçtte chaffe Te fait dans un bois de peu
; d’étendue, il n’y'a rien de mieux que d’avoir un
remarqueur. C ’eft un homme de là campagne qu’on
! fait monter dans un baliveau, au;milieu du bois ,
I d ’où il le découvre de tous côtés, eft à portée ,
| lorfqu’une Bécajfe Te lèvé , de remarquer au. jufte
! l’endroit où ellê-va fe pofer , & de l’ indiquer aux
;! chaffeurs. En s'y prenant de cette manière , il eft
\ difficile qdfine Bécajfe s'échappe ; attendu que ,
'le plus fouvent, elle Te laiffera relever & mêmei,
tirer quatre ou cinq fois , avant de quitter le bois
pour aller fe remettre dans un autre bois voifin ,
' ou dans une haie.
La Bécajfe refte tout le jour dans le bois -, cherchant
des vers de terre qui fe trouvent fous le s ’
feuilles tombées. Aux approches dé la nuit ; elle
fort pour aller .boirç & laver fon bec aux mares &r;
^fontaines, après quoi elle gagne-les: champstkles*
prés, pour y véroter le refte de la nuit , jüfqu'au
point au jou r, qû'èliê rentre :dans le bois.
. On peut E attendre , pour la tirer au paffage, la
foir à :1a T ome, 8c le matin à la rentrée, au bord
du bois, au débouché de quelque grande route $
car , lorfqu’une Bécajfe te lève au bois pour fortir
à la campagnè'3 'elfe lie manque presque jamais do
gagner un chemin, qu'elle longe enfuite jufqu’à
' fon iffue ; & lorfqu’elle y rentre, • c ’eft en fuivant
de même un chemin pendant quelque tems, ,T.après
uoi-éïle détourne à dçoiteou à gauche , vis-a-vis
e quëlque clairière , pour fë jë t tè r dans lé plein
bois.
Outre les chemins dont je riens de parler , i l y
a-encore d ’autres endroits , pour les attendre ainfi
à. la volée du matin & du fo ir , qui font connus,
des .chaffeurs dans chaque canton ,5 comme feroit ,-
par exemple , une gorge ou vâffon étroit* à-portée
d’une fo rê t, q u i, par fa direction, aboutiroit .
à quelque mare, fontaine, ou queue d’étang*
Cesîfontesd’éndr oits font d’autant plus favorables,
ue les Bécajfes aiment à fuivre les vallons, & Te
é tournent volontiers, du chemin qu elles ont pris
d’abord , en fortant du b ois , pour venir s’y rendre.
II y a tel de ces paffages * où il arrive d ’en, voir
douze ou quinze dans Tefpace d’une demi-heur-e
ou trois quarts d ’heure au plus, que dure .cet
affût. L à , on s’appérçoit bien que fi la Bécajfe
vole pefarniment lorfqu’elle fe lèye dans Te bois , il
n’en eft pas de même lorfqu’elle a pris toà^à-But;
fon vol ; car il faut de l’adrefTe & de la preftefle
pour la'tirer àirifi au-paffage.
D’après l’habitude connue .de la Bécajfe de ,
venir lé foir boire & fe laveçle bec aux mares qui1
fe trouvent apportée' des b o is , on â encore un,
moyen de les tuer a l'affût, en les,attendant.au
bord de ces mares, vers la brune, pour les tirer
lorfau’elles fe font abattue?. Celles qu eues fréquentent
le plus font connues dans les endroits ou
4 y en aî d'ailleurs, il eft àifé de fayoïr fi elles y
viennent, en examinant les bords, ou elles laifient
l'empreinte de leurs pieds.
Les Bécajfes Te tiennent dans nos contrées jufqu’
à la fin de mars , & -l’on en trouve pendant
tout l'hiver, lorfque le tems h’eft pom* trop rude..
Mais s’il furvient de grands froids ,& de fortes
gelées qui durent long-tems, elles difparoiffent
prefque toutes pendant cet intervalle, & il ne s’en
rencontre plus que quelques-unes par hazard dans
certains endroits où il y a des eaux chaudes qui ne
gèlent point. ' Un mois ; ou environ, avant leur
départ, elles entrent en. amour ^ & il eft ordinaire
alors de les voir deux, à-deux, à la paffée du foir
& du matin,, comme.aufii.de les entendre faire,
en volant, un petit c r i, quoiqu’en tout autretems
elles foient muettes. On en trouve beaucoup plus
alors que . dans le coeur de l’hiver , Tans doute
parce qu’elles fe rafFembient pour partir.
Il en eft des Bécajfes comme des Cailles î il en
refte quelques-unes, mais en très-petit nombre,
dans nos bois, & même elles y font- leur nid.
Les mois d&décembre & de janvier font le tems
©ù les Bécajfesfcmtgïàfîes : depuis la fin de février,,
où elles commencent a entrer en amour, jufqu’ a
leur départ, elles font bien, moips en chair.
Ôn tue les Bécajfes à coup de fufil. Les Chiens
ne'font fur elles que de faux arrêts, parce qu elles
piettent& ne s'arrêtent point. r
( Exir. de là chaffe au fu jïlj.
es tramail ; elles font auffi plusTommodes, en c *
qu'une feule perfonne en peut dreffer cinq ou fix
fans qu’elle Toit obligée d'y avoir les yeux , parc«
que les Bécajfes s'y prennent d’elles-mêmes.
On prend d'abord deux perches de la groffeuï
du hras, & longues d'environ vingt pieds, qui
foient droites ; &: on met au bout de chacune une
poulie pour pafièr les bouclettes de la pantière.
On paffe enfuite, les bouclettes de la pantière
dans un cordeau long de dix à douze toifes, comme
on paffe un rideau, dans une tringle de fer.
C e filet fe tend au bord d’un bois taillis , dans
l'avenue d'une forêt, dans l'allée d’un parc ou fur
un buiffon voifin de quelque étang : on a feulemenc
foin de pançher un peu les perches du côté de la
paffée , & d e les mettre à cinq ou fix toifes de dif-
tance l’une de l'autre. C'eft à une heure pu deux
avant que fe foleil fe couche, que la pantière doit
être drèffée, afin qu'elle foit en état quand le
gibier rentre au bois : on péut laiffer le filet tendu
- toute la huit & n'y retourner que fe lendemain pour
faifir fa proie.
Ckajfe des Bécaffès au collet.
Le collet eft fait de fix brins de crin de Cheval,
longs & cordés, avec une boucle coulante à un
b o u t, & à l ’autre un gros noeud ; on y fait paffer
avant un bâton, par un trou- fait au milieu du
bâton, qui doit être de la grofTeur du petit doigt,
long d’ un pied & pointu par un bout pour fe piquer
I en terre , & on l'arrête par le noeud.
Les taillis les plus feuiilés font les plus avantageux
pour cette chaffe * on reconnok ordinairement
qu'il s'y trouve des Bécajfes parleurs fientes ,
qui font grilâtres » molles & de la largeur de la
main.
Chaffe" des 'Bécaffès a la. pajféet.
Cette chaffe fe .fait à la brune , & ne demande
qu’une demi-heure d’occupation : elle coûte peu
& rend beaucoup de profit. Certains particuliers
y ont pns jufqu'à; huit cents Bécajfes par année.. ; |
î ; Quand on s’apperçoit qu'il.y a des Bécajfes dans
un bois taillis, on fait une enceinte, de .-quarante à
cinquante pas , en forme, ffe petite haie,, haute de
demi-piedi,; & on lie une fouche à l’ autre avec des
brins de genêt : on y laiffe une voie où une Bécajfe
feule peut paffer : on y pique un lacet ouvert
en rond, & couché à platte-terre : Toifeau cherchant
à manger, ouvre la petite v o ie , la fuit
jufqu’à la paffée, & fe prend au paffage.
Chaffe des Bécaffès a la pantière.
On peut tendre plufieurs pantières autour d’ un
bois , & fes meilleures font celles qui font ajuftées
Quand on a préparé des collets, on fait le
même manège dont nous avons parlé à l’article de
la chaffe à la paffée.
Chaffe des Bécaffès au bord de l'eau,
La Bécajfe va la nuit le long des fontaines, &
cet i.nftinét a fait naître l’idée d'une chaffe divers
tiffante.
On ferme toutes les avenues de la pièce d'eau
avec des genêts, & on laiffe à la haie des efpaces
ou paffées éloignées les unes des autres, d’environ
fix pieds ; & oir^r tend des lacets en cette
forte.
On pique fur le bord de la paffee un bâton gros
comme le petit d o ig t, & de la hauteur de cinq
pouces, & à l’autre bord à demi-pied.cfefpace,
un petit arçon élevé de trois ou quatre doigts,
qui fait comme une porte ronde vis-à-vis le bâton:
on prend enfuite un crochet de bois plat, long de