
noms finguliers à Y Autour, fuivant Ton âge , l'endroit
où on le prend & la grofleur qu’ il peut avoir :
il y a Y Autour hiais, c ’eft celui qu’on prend dans
le nid; Y Autour branchier, ainfi nommé parce
qu’on le prend fur les branches de l'arbre , quand
il commence à voler. On appelle Autour paffager
celui qu’on prend au paffage, foit au filet , foit
autrement ; & Autour fourcheret , celui qui eft
de moyenne taille, le demi Autour.
La chaffe de Y Autour eft pour le profit plutôt
que pour le plaifir : aufti , difoit-on jadis, les
Faucons fervent à la chaffe des princes, 8c les Autours
à celle des gentilshommes.
C e dernier amufement convient parfaitement
aux perfonnes avancées en â g e , parce qu’on peut
aller à cette chaffe en chaife, ou fur un cheval
qui ne fatigue point ; il eft très-propre auflî pour
celles qui ne font point initiées dans les myftères
de la fauconnerie ; car cette volerie confifte
prefque toute en rufes.
Quand on élève des Autours poar le v o l, on
<doit obferver de leur donner en volant tout
l’avantage poflible, jufqu’ à les tenir du côté où
l ’on juge que les pifeaux pour lefquels ils volent,
doivent paffer.
Il faut auffi les empêcher d’être pillards} car
jl pourroit arriver que fondant deux à-la-fois fur
une Perdrix, leur grande avidité les feroit s’entre-
tuer.
On tient ordinairement les Autours à la cuifine
pour les faire au bruit du monde 8c des Chiens j
ce qui leur a fait donner le nom de Cuifiniers.
AUTOURSERIE. V Autourferie tire fon nom
de l’oifeau qu’on emploie à une certaine chaffe,
comme la fauconnerie tire le lien du Faucon. Nous
nous étendrons volontiers fur cet article, parce
qu’il entre parfaitement dans le plan 4e ce dictionnaire,
Instruction fur les jeunes Autoursi
Quand on veut avoir des Autours niais 3 orç ne
doit jamais les enlever de leur a ire, qu’ils ne commencent
à noircir , & qu’ils n’aient la queue à la
moitié de leur jufte longueur} car plus ils font
fo r ts , & plus on les eftime : les Branehiers paffent
toujours pour les meilleurs , pourvu qu’on prenne
la patience de les dreffer.
Les avis fopt partagés fur le tems de faire voler
ces jeunes oifeaux. Les uns difént qu’il ne faut
point les faire voler aux Perdreaux ; mais attendre
qu'ils foient devenus Perdrix : d’autres font d’ un
fentiment çontraire; ils difent qu’ à mèfure que les
Perdreaux fe fortifient, les jeunes Autours prennent
auffi du courage & des forces } ils veulent
qu’on leur faffe voler un Perdreau par jour, 8c
qu’on les en nourriffe tout le mois d’août.
En feptembre, on leur en fait voler deux ou
trois tout au plus, 8c fur-tout dans un tems frais,
car la chaleur les rebute.
Si néanmoins on veut chaffer aux Perdreaux plus
abondamment, on peut rifquer un Autour de peu
de conféquence 8c garder les bons pour l’hiver.
Il faut prendre garde de ne pas faire connoître
aux jeunes Autours la volaille 8c les Pigeons} car
fatisfaits d’une chaffe aifée, ils détruiroient bientôt
les baffe-cours 8c les colombiers de tout le
voifinage.
Si on réîiflit à avoir des Autours de paffage , il
faut redoubler encore de foins, à caufedes fervi-
ces importans qu’on en tire : on doit d’abord les
chaperonner, ils en volent mieux ; 8c comme ils
viennent fort bien au leurre, il faut les y dreffer.
Pour qu’un Autour paffager foit bon , il ne doit
être que d’une mère, c’eft-à-dire, qu’il ne doit
avoir qu’un an ; & il devient excellent quand il eft
pris hors de connoiffance.
Quand on veut commencer à les éprouver au
v o l, il faut chercher des Perdrix ; on déchaperonne
alors l’Autour , & on le laiffe aller fur
quelque arbre où il foit avantageufement pofté} on
met alors les Chiens en chaffe pour faire repartir
le gibier, & s’il paffe fous l’Autour, il éprouve
la force de fes ferres naiffantes.
Tl ne faut point fonger à faire voler un Autour
qu’il ne foit accoutumé au bruit des Chiens ; car
il commenceroit par s’épouvanter , 8c fîniroit par
fe rebuter.
Quoique les Autours paffagers ne fe baignent pas
volontiers, .cependant il eft bon quelquefois de
leur préfenter le bain ; s’ il l’acceptent, ils en deviennent
meilleurs.
A la différence des Autours niais, les paffagers
ne partent point du poing; ainfi il faut les accoutumer
à fuivre; mais il faut avoir toujours l’oeil
fur eux , & s’en méfier ; car il leur arrive fouvent
de prendre les Perdrix à la dérobée , 8c de s’échapper.
On a la précaution , dans les commencement,
de ne les pas laiffer fuiyre long-tems ; on ne fes
fait voler que modérément après qu’on les a dref-
fés ; car il feroit dangereux que venant à fe recon-
noitre ^ ils ne fe rendiffept fauvage§ comme auparavant.
De l'art de gouverner les Autours,
L ’Autour aime à tirer ; 1®? matins il
faut l’acharner au tiroir; mais il faut 1 eloigner du
feu ou d'un folèil ardent, fi on veut le conlerver.
Quand on préfente le tiroir ï l’Autour, on le
trempe dans du vinaigre 8c de l’eau, ou l’on aura
mis du fucre candi, fur - tout quand on eit dans
l ’été.
On n’abat jamais les Autours que dans un grand
befoin, parce que ces oifeaux fouffrent très^im-
patiemment ce monument de leur fervitude.
Tous les matins on peut jardiner les Autours
dans un endroit expofé au foleil, 8c où le vent ne *
donne pôint ; on leur donne leur nourriture, &
on les laiffe deux heures en cet état fur une
perche.
Pour que ces oifeaux fe portent bien, il ne faut
point les laiffer voler deux jours de fuite : c’eft
ce qui fait qu’ on ne les purge pas fi fouvent que les
autres oifeaux de fauconnerie, L’Autour eft d’un
tempérament délicat, 8c demande qu’ on le traite
proprement.
C e t oifeau eft naturellement voleur ; il fe
couche fur la Perdrix, & fouvent. la dévore : pour
y remédier, coufez-lui une petite' fonnette fur les
deux couvertes de la queue ; & fi la neige tombe
en abondance , & empêche le fon de parvenir jufqu’à
v ous , redoublez de vigilance, 8c ne perdez
jamais de vue votre Autour.
Non-feulement il faut que les Autours ne volent
jamais qu’à l ’heure marquée , mais il eft utile que
les chaffeurs aient toujours des Autours de relais, ;
pour ne point rebuter les premiers.
C e t oifeau ne fe rebute point d’ê tr e . retenu ;
cependant il y auroit du danger à leur donner trop
de repos.
C ’eft une bonne méthode dans Y Autourferie de
retenir les Autours, quand on juge les Perdrix trop
fortes pour eux ; il eft auffi à propos de fuivre ces
Perdrix pour les faire repartir ; ce manège anime
les Autours, foit par l’ardeur de fondre fur leur
proie qui s’eft augmentée en eux , en fe voyant
retenus, foit parce qu’ils fentent le gibier affoibli
par le double vol qu’il a fait.
Les Chiens deftinés pour l’Autourferie, ne doivent
jamais être découplés que la rofée du matin
ne foit paffée : fes vapeurs ôtent aux Chiens le
fentiment, & les Autours ne s’ occupent plus qu’à
s’éplucher fur les arbres qu’ils rencontrent. La
gelée blanche de l ’hiver eft encore plus à craindre
que la rofée de l’automne»
Un des points principaux dans Y Autourferie, c eft
de donner le loilîr à l’oifeau de gueter les Perdrix
à la remife ; comme il a l’oeil naturellement
v i f , dès qu’elles commencent à courir pour fe dérober
à la pourfurte dé l’Autour, elles font faifies.
C e qu’on dit ici des Autours regarde aufu les
Tiercelets.
Quelquefois les Autoursfont difficiles à gouverner,
fur-tout quand ils font conduits par deschai-
feurs impatiens ; il leur arrive alors de ne point
-de(cendre des arbres où ils fe font arrêtés ; -pour
les y obliger , on prend une filière de trois ou
quatre toi fes, au bout de laquelle une Perdrix
morte eft attachée par l'aile ; on la traîne enfuite
un peu loin de l’oifeau, q u i, la voyant remuer ,
fond auffi-tôt fur elle -,Sc , par cet expédient, on
fe rend de nouveau maître de fon Autour.
Il eft quelquefois néceffaire de fecourir les Autours,
mais il faut le faire doucement, & ne
: point aborder brufquement leur remife comme il
eft d'ufage dans la fauconnerie.
Quand on chaffe dans une plaine que le vent
incommode trop les chaffeurs, il faut remettre I I
partie à un autre jour : mais fi le vent eft médiocre,
on peut pourfuivre fon deffein, en obfer-
va’nt feulement de ne point chaffer dans le fil du
vent. Ainfi Y Autourferie, en cela, eft contraire a
la fauconnerie.
Des vols divers de l ’Autour.
On remarque que, de tous les oifeaux de proie,
l’Autour eft le feul qui parte fur le poing, dans
l’inftant, & qui fonde furie gibier d’un feul trait
d’ aîle.
Quand on veut I’inftruire dans la chaffe du
Canard, on le conduit dans des foffés étroits ou
profonds, où foient Tes Canards fauvages. C ^
oifeaux , épouvantés, fe lèvent. aufti-tôt ; mais
l’Autour part du poing-, 8c faifit les derniers.
Si on veut chaffer au Lapin, il faut choifir un
Autour dont l ’inftindt foit propre pour le p o il, ce
qui fe reconnoît aifément quand on commence à
l’affaiter : on lui fait v o ir , de tems en tems,
quelques Lapins vivans, & il fe fait bientôt à cet
objet; on a foin auffi d’avoir chez foi des clapiers,
afin d’y prendre des I.apins pendant toute l’année ;
c’eft fur-tout pendant l’automne que les Autours
ont befoin de cet exercice.
D e la variété des Autours.
Ces oifeaux ne font pas tous de la même grandeur
, fur-tout ceux qui viennent des pays étrangers
: leur pennage varie, auflî en.couleur; ic i
il eft blond ; ailleurs il a les nuances de ces