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dés par de petites lignes noires en âig-zagj fur
un fond gris-de-perle. Ces oifeaux fe là'iffent difficilement
approcher fur les grands étangs i; ils- ne >
tombent point fur les petites rivières par la.
gelée , & on ne les tue -pas à la chute fur les
petits étangs.
Du Tadorne..
Le Tadorne eft un peu plus grand- que l'é Canard
fauvage, 8c plus haut fur jambes : fa figure,
fon port & fa conformation font les mêmes ; il
n'en diffère que par fon bec , qui eft plus relevé
& rouge , .avec 1 ongle,t 8e le s -narines noirs.
Son plumage .-eft coupé par grandes maffes dé
trois couleurs , blanc ,. noir 8c -jaune-cannelle.
La te te 8c le cou , jufqu'a moitié de fa longueur,
font d’ un noir luftré -de -vert i le bas du cou eft
entouré d’un collier blanc : au-deffous eft une
large zone de jaune-cannelle-qui couvre la poitrine
Sc forme une bandelette fur le d o s , le
bas-ventre eft. teint, de-la- même couleur : fes
pieds & leurs membranes font de couleur de
chair. La femelle eft.beaucoup plus petite que
je mâle, auquel elle reflfemble par les couleurs.
Le Tadorne hante principalement la mer. On en
voit auffi quelquefois fur les rivières-, même affez
avant dans-les terres j: mais le gros des Tadornes
ne quitte pas les côtes de la mer. 11 en arrive
quelques troupes au. printems fur les- côtes de
Picardie & de Normandie. Ce que c e s oifeaux
ont de plus fingulier , cleft de faire leur nid
dans des- trous- de-Lapin-, que leur -offrent, les
plaines de fable voifines de la- m e t ,, ou il fe
trouve beaucoup de .garennes , dans ces deux
provinces- I ls choififfent pour, cela le s terriers
ui n’ont qu’une, toife ou. une toife 8c demie
e profondeur.
Du Cravant.
Le Cravant- eft une efgèce de Canard.- qui a
là tête haute & petite., le cou long & grêle.
Sa couleur eft un gris brun Ou noirâtre, affez
uniforme-fur tout le. plumage. .Sous la gorge eft
une bande blanche, formant, un demi-collier ,,
ce qui a donné lieu-à Bélon de le défigner fous
le nom de Cane-de-mer à Collier. I l eft gris-
cendré fur le dos Sc les flânes , 8e gris-pommelé
fous lé ventre. Le s pieds & leurs membranes
font noirâtres. Le cri du Cravant. éft un
fon -fourd Sc creux , une forte daboyement
rauque , .qu’on peut exprimer par ouan ouan.
C e s oifeaux font communs fur les- côtes du bas-
Poitou. Ils ne quittent guères les bords de la
m e r , 8c il eft bien rare de le s rencontrer dans
les eaux douces. Ils fe mangent en.maigre.
De la Bemacne...
La B ernaclequ’on a fouvent confondue avec
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le Cravant, a plus la forme d’une petite O ie
que d’un Canard. Un domino noir, lui couvri
le cou x :& vient tomber, en fe coupant , fur
le dos & la poitrine. Tout le manteau eft ondé
de gris & de noir, avec un. frangé bknc , &
tout le deffus du corps è ftffu n beau blanc moiré.
C ’eft encore un oifeau de mer ,, qu’on voit rarement
fur les eaux douces & loin- des côtes.
BufFon fait mention d’une Bernache qui fut tuée
en Bourgogne s où desventsorageuxTavoientjet-
tëe ,, au fort d’ un rude hiver; Bélon lui donne
le nom. de Nonette ou.. Religieufé 3 a caufe de
l’efpèee de guimpe que repréfente fon domino
noir. Il la, regarde comme une efpèce d’.Oie
fauvage | & dit qu’elle en. a le c r i , vole de
même en troupes, & ravage , comme les Oies a.,
les-terres enfemencées. Cette dernière habitude ,
fur-tout a ne convient guères à un oifeau de-
mer. La Bernache fe mange en maigre. On l’appelle
Jaufelle fur les côtes:- du Poitou , où eu e
pàroîn au mois- de fep.tembre.
Du D'igeon.
SV nos ornithologiftes ont fait mention de cet'
©ifeau , ce n’ eft pas- fous le. nom. de Dîgeon
qu’on lui donne fur lès. Got.es du bas-Poitou , où
il eft fort commun , & l’on ne peut le recon-
noître dans aucune defeription d’oifeau aquatique
j ni de Buffon., . ni de Saleirne j. ni de'
Briffon. On ne peut-donc en parler que d ’après»
un lignakment,allez fupèrfieiel. La conformation-
du Digeon reffemblé beaucoup à celle d u Ghi-
peau ou Ridenne , excepté qu’il a le corps plus-
gros j particulièrement la tête , les yeux rouges,
& pointf de blanc aux ailes. Le-plumage dé la
tête eft- roux & le refte du corps d'un beau-,
g r is , plus clair fous-le ventre. G’eft un oifeair:
plongeur quhne hante que la mer, & fe prend
a des filets tendus au fond, comme-lés macreufes.-.
On nè les' vpit arriver-fur nos' côtes qu’au .mois*
de décembre, lbrfque-le froid eft rigoureux, & '
îLs’en va à .la fin de mars; Il fe mange en maigre .a,
& paffe pour le plus exquis des-oifeaux, de mer..
Du Morillon
Le Morillon eft un joli petit Canard, qui a -
le bec bleu. & large. - Il a la fêté de couleur'
tannée , .le dos noir , le haut des épaules & T e f - -
tomac blancs. Les plumes du derrière de fa tête
fe redreffent en panache , ce qui■ n’appartient'
qu’ au mâle. 11 a le dedans des-pieds & des jambes-
rougeâtre & lè dehors noir. Il eft moins défiant,
que le Canard fauvage , liante les étangs ■ &.
rivières, fe trouve auffi fur la mer . .
Du Garou
Le. G à ro te fim r petit CanardàontÏQ plumage
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eft noir & blanc. Sa tête eft remarquable par ,
deux mouches blanches pofées au coin du b e c , I
« n i, de loin ,. femblent deux yeux places a
côté l’un deT autre , ce qui l’a fait nommer par
les italiens Quatt’occhi ( quatrè-ÿèüx ). Ses p;eds
font très-courts-, & leurs membranes s’étendent
jufqu’au bout des ongles ,• & y# font adhérentes.
La femelle eft un peu plus petite que le male:,
& en diffère d’ailleurs par les couleurs-, qui ,
comme on l’obferve generalemént .dans toutes
les efpèces de Canard, font plus- ternes 3 plus
pâles dans les femelles. Celle-ci 1e s a grifes ou
brunâtres, où le mâle les a noires i J & gris-
blanches où il les a d’ un beau blanc ÿ d’ailleurs-,
elle n’a point la tache blanche au coin du bec.
On voit’ des- Garots fur les «étangs: pendantThi-
ver. Ils difparoiftent au printems*
Des Sarcelles.
On diffingue trois efpèces dé Sarcelle j; Savoir
, la Sarcelle commune, la petite Sarcelle,
& la Sarcelle d’été. La plus grande eft de la
groffeur d’une Perdrix. Dans le male, le devant
du corps préfente un beau plaftron moucheté
de noir fur gris : le deffus de la tête eft
noir ainfi que la gorge : les flancs & le croupion
font hachés de noir fur gris-blanc. Le plumage
de la femelle eft beaucoup plus fimplej
e]le eft vêtue par-tout de gris-brun' , & n’a
p oint de noir fur la tête tk fur la. .gorge i &
en général,... il y. a , comme dans les -Canards
tant de différence entre les deux fexes- des Sarcelles
, que les chaffeurs peu expérimentés lès
méconnoiffent ,„ & ont fouvent donné aux fe- -
melles des noms impropres de Tiers-, Racan-
nettes , Mercanettes , les prenant pour des ef-'
pèces d’oifeaux particulières. Cette Sarcelle arrive
au: commencement de l’hiver , & nous
quitte au plus tard en avril. On l ’appelle Mo-
teton fur la côte dti-Poitou.
La petite SàVcèlle diffère de la grande, non-
fèulement par la taille , mais encore par la couleur.
de la- tête qui eft rouffé , & rayée d’un long
trait de vert bordé de blanc, qui s’étend des.
yeux à l’occiput. Le refte du pliimage êft affez
réffemblant à celui de la Sarcelle commune ,
excepté que la poitrine h’ eft point auffi finement
mouchetée. Celle-ci niche fur nos étangs,
& refte dans le pays toute l’année.- On l’appelle
Criquard ,.ou Criquet en Picardie.
La Sarcelle d’été eft encore un peu’ moins
greffe que la petite Sarcelle. Elle a le bsc n oir ,
tout le manteau cendré-brun , avec une bande
noire large d’un doigt fur l’aîle. Tout le devant
du corps eft d’un blanc lavé de jaunâtre , tacheté
de noir à là poitrine & au bas-ventre.
-Sês pieds font, bleuâtres avec-des- membranes
noires*
r c a N rs
Chajfes des Canards fauvages.
Venons maintenant à la defeription des différentes
chaffes des Canards fauvages & autres
oifeaux de ce genre , particulières à certaines
provinces du royaume. Mais avant d’entrer dans
ce détail, il eft: à-propos de dire quelque chofe
des moyens les plus connus & le plus généralement
ufîtés pour chaffer cette efpèce de gibier,,
tels qu’ils fe pratiquent dans la plupart des provinces
intérieures fur-tou t dans les endroits où
il n’y a ni grands marais, ni grandes rivières ,
& ou l’on n’a pour cette chaffe que la reffourte
des -étangs & des petites rivières , qui ne four-
niffent que rarement d’autres efpèces de Canardsy,
que celle du- Canard, fauvage proprement dit.
En été , Iorfqu’ il y a dans un étang unecoü--
vée de Hallebrans qui commencent à vole r, en?
, faifantf le tour de cet étang , dès le grand matin
, on eft fur de les rencontrer barbottant fur’
les bords, dans les- grandes herbes, où ils fe
laiffent approcher de fort près : il eft encore'
aflèz ordinaire de les y trouver vers l’heure de
midi. On peut auffi à toutes les heures dui
jour -, les chaffer fur l’étang en bateau, ce qui
réuflit fur-tout dans les petits étangs, où il eft
aifé de tuer jufqffau dernier, attendu qu’ ils-
s’écartent moins , &: qù’on ne les perd point
- de vue. La chofe eft encore plus facile, fi le '
* hazard permet qu’on tue leur mère. Alors on>
prend une Cane doitieftique, qu’on attache par
un pied avec une ficelle à un piquêt, fur le '
bord de l’étang, de manière qü’ellé ait la liberté'
|de fe promener un peu fur l ’e a u , & l’on fe
tient caché à quelque diftance. Bientôt la Cane'
fe met à caneter , & dès que les Hallebrans l’entendent,
ils ne manquent'pas de s’approcher
/d’elle,, la prenant pour leur mère. Si Ton veut'
les avoir fans tire r , il ne s’agit que dé jettèr
fur l ’eau, aux environs dë l’endroit où eft là-
Carre , des hameçons garnis de mou de veau
& attachés à des ficelles retenues- par des pir-
quets plantés au bord de l ’eau.
Il n’eft prefque point d’ étang qui ,- dès le 'commencement
de l’ automne, ne Coït hanté par quelques
bandes de canards fauvages, qui s’y tiennent-
habituellement, pendant "le jou r , cachés dans*
les joncs. Lorfque ces étangs-ne font que d’unev
médiocre étendue, deux chaffeurs 'qui f ê parta-
.gent d’ iin côté & de l’autre de l’étang, en faifant
du ,bruit;,. & jettant' quelques pierres dans les-"
joncs, les font partir , & trouvent fôuvent l’oc-
cafton de les tirer , fur-tout lorfque Tétang n’a ‘-
que peu de largeur, & Ce refferre vérs la queue.-
Mais le moyen le plusTûr, & qi£Îréuflirle mieux ,.
. eft de fe faire conduire en bateau fur l’etang ,, & •
dé traverfer les joncs par les dâirière^qur-s’ y tron^-
$ Yentj ,en. obfervaHt>de laite le mains-^de bruis-polV