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C O U R T I L L I E R I.
UinfeSte,connu des jardiniers fous le nom
de court iliriére 3 de jardinière , pie taille - prés 3
eft appelle paro les naturaliftes taupe-grillon ,
parce que la partie poftérieure de fon corps
reffemble un peu .au grillon 3 Sc à fa .partie
antérieure on remarque deux pattes qui ont
quelque- reffemblancë .avec celles-de la taupe ,
difpofées de même, Sc ayant la même facilité à
mouvoir la terre.
C e t infeél? eft d’autant plus dangereux , que
c’eft1 un mineur qui travaille fourdement fous
terre , : Sc qui coupe les racines de prefque tous
les jeunes plants 5 on en trouve fur-tout en abondance
dans certaines années , & dans les couches ,
pu ils multiplient prodigieufement.
Un amateur du jardinage a imaginé ‘de placer
à fleur de terre de petites cloches de verre , ou
des terrines verniffées , dans lefquelîes il met •
toit deux à trois pouces d’eau , lorfque les cour-
iillteres & autres infeéles délivrés de la crainte
qui tes tient cachés pendant le jour , vont la nuit
pour butiner, en courant de côtés Sc d’autres ils
fe- précipitent dans les terrines , où ils périflent
dans l’ eau fans pouvoir fe retirer. C e t amateur de
ardinage , pour fauver un plant d’arbtiifeaux , a
é té contraint de faire de fon terrein un damier
rempli de vafes. C e procédé ne lailfe pas d’ êtrë
embarraffant s mais en voici un avec lequel on
peut détruire très-facilement les courüllieres , ces
ennemis les plus dangereux du jardinage. On voit
les unes fortir de leurs trous , venir expirer hors
de leurs retraites 3 Sc les autres étouffées par la
liqueur mortelle n’ont pas la force de quitter leur.
Jouterrain. D’abord il faut fuivre avec le doigt
la trace des court illièrès, trace qui eft prefqu’ à
fleur de terré uHqa’à ce qu'on trouve un trou qui
defcënde perpendiculairement ; c’eft la retraite
de ces infeétes. On preffe le plus qu’on peut la
terre contre les. parois de ce trou , afin qu’ elle ne
s’écroule point : on- y vèrfe deux ou trois gouttes
d’huile quelconque , Sf -puis on remplit le trou
d’eau 3 bientôt on en voit fortir l’ animal , qui
vient mourir fur le bord du trou , à moins qu’il
ne foit étouffé fut-le-champ fous terre. Cette
chaflfé eft plus abondante après la p lu ie , parce
que la terre s’ebdûîe moins. -
Comme ces infe&es deftrüéteurs multiplient
beaucoup , il eft intéreffant de reconnoître le s
endroits où ils conftruifent leurs nids : lorf-
qu’on apperçoit dans le gazon des petites places
prefque rondes ; de trois , quatre ou huit pouces
de large 3 où il nsy a prefque plus d’herbe,. ou
bien lorfque le peu qû’il y en a eft brûlé-ou.
defleché, & qu’où apperçoit, vers le milieu d e
cette petite place , la terre un peu élevée , on eft préfque sûr qu’il y a un nid de courtiïiieres
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dans cet endroit : en fondant avec le doigt autour
de ces petites élévations, on trouve une
petite galerie qui décrit un cercle de trois ou,
quatre pouces de diamètre c’ eft dans le centre
qu’ eft la petite butte fur laquelle fe trouvent les
oeufs ou les petites courtiïiieres , qu’on peut détruire
facilement.
Il faut donc obferver fur la fin de mai Sc dans
le courant de juin , dans le terrein le plus folide
du jardin, les trous multipliés de l’ animal. On les
lève doucement avec un farcloir 3 & fi on apperçoit
un cercle , on eft sûr d’y trouver un nia au
milieu. 3 c ’eft une motte dure, ronde-, creufeen
dedans Sc fermée très-exa&ement, qu’on ne pren-
droit pas pour le nid de la courtillïere. On la
caffe on y trouve jufqu’ à deux cens & trois cens
oeufs. Quand on a pris le nid, il faut laitier le
trou qui en eft proche ou vert, c’eft la retraite de
la femelle , elle ea fort b ientôt, on la tuè aifé-
ment 5 fi elle y rentre, on l’en fait fortir avec de
l’huile Sc de l’eau. \
Un obfervateur a.renaarqué , qu’en effayant de
ne pas prendre la femelle , trois jours après il
trouvoit dans le même endroit un autre nid Sc la
même quantité d’oeufs , Sc que la femelle faifoit
des nids à mefure qu’o-n les détruifoit.
• On propofe encore, pour fe préferver des cour-
tillïeres, deux moyens dus l’ un Sc l’autre à des
cultivateurs, qui affurent en avoir fait la plus
hëureufe expérience.
Le premief confifte à mêler environ deux onces
d’huile dans un arrofoir plein d’eau , dont o*
fe fert pour arrofer enfuite , à la manière ordinaire,
les endroits infeftés par ces nuifibles infectes.
On peut fe fervir auffî d’eau de fa von au
même .ufage : une livre de favon noir füffit pour
un quart de muid d’ eau. Cet arrofement doit fe
faire à midi , parce qu’alors les courtiïiieres font
dans leurs retraites.
Le fécond n’eft pas tout-à^fait fi fimple : on
prétend que les effets en font plus étendus Sc
plus durables. On enterre dans chaque arpent de
te r re , à .des diftances à-peu-près égales, & à huit
ou dix pouces de profondeur, une vingtaine de
petits pots de terre , au fond de chacun defquels
on met vingt ou trente gouttes de baume de fôu-
fre , drogue dont le prix eft très-modique , Sc on
couvre enfuite ces pots avec une petite planche „
pour empêcher la terre de les remplir. L’ odeur
du baume dé.foufre eft fi pénétrante , Sc apparemment
fi nuifible'aux cour'tillières‘ , qu’elles abandonnent
auffi-tôt le terrein, Sc fe retirent au loin.
A la dernière récolte de garance, on n’a pas
trouvé. cinquante’'.courtiïiieres dàns une garancière
\ ou il y en avoit plus de cent mille avant qu’ on y
eût fait cette operation.
C o u s i n s .
Là nature ayant voulu que ces
euffent pour ^nourriture le fuc des feuilles Sc
le fang des animaux, les a pourvus d une liqueur
dont l’ ufage eft apparemment de rendre
les fucs qu’ils boivent plus fluides Sc plus propres
à s’élever dans l’aiguillon qui leur fert en
même-tems de trompe pour le fucer ; mais “
fâcheux que ces piquures nous occafionnent des
démangeaifons fi défagréables. Un fecret sur pour
empêcher ces cuiffons feroitjaien utile. ^
Quelques pérfonnes difent avoir fait ufagè
avec fuccès d’alkali volatil. Si le venin des cou-
fins étoit de nature acide , les alkalis, tant fixes
que volatils , produiroient un excellent effet, en
fe combinant avec ce venin 3 mais 1 ouverture
par où l’ infe&e a introduit fon poifon eft li petite
, que la liqueur n’y peut pénétrer , & peut
, cje fuc de ces plantes, on ajoutera moitié autant
' de vinaigre & deux gros,de fel commun.
par conféquent rarement produire un bon effet .
■ auffi, quelques perfonnes n emploient-elles pas
d’ autre fecret pour fe debarraffer de ces de- ;
mangeaifons importunes , que de fe. gratter juf-
qu’ au v i f : il s’écoule une petite goutte de lang,
le venin s’échappe , & on n éprouve plus de
démangeaifons 3 mais il y a des perfonnes dont
la chair ne s’accommoderoit pas de ce t expédient.
En Amérique où les coufins que l’ on nomme
maringouins , font très-gros , Sc font des piquures
fi cruelles qu’elles font fuivies de petits ulcér
é s } avant de fe coucher , on eft obligé d enfumer
la chambre pour les chaffer 3 mais-comme
l ’odeur pénétrante du fo.ufre fait périr tous les
infe&es , on a éprouvé qu’ un peu de foufre brute
dans la chambre fait périr les confins qui y font
enfermés, Sc que même cette odeur, qui fe
conferve long - tems pour des. infe&es , dont
l’odorat eft très - fin , les écarte pour plufieurs
jours 3 mais une heure fuffic pou^difliper l’odeur
au point qu’ elle n’incommode point'l.es hommes, j
Au refte , une fumigation de tabac produit le ;
même effet- - J
Lorfque notre peau eft de natute à plaire, aux
coufins, & que par conféquent on eft cruellement
tourmenté 3 comme ce font les jambes qui
font les plus attaquées, ne pourroit-on pas effayer
de les expofer un peu à la vapeur du fourre ,
dont l’odeur , fans nous incommoder, pourroit
peut-être écarter ces infede s , & nous mettre
‘ainfi à l ’abri de leurs piquures. On peut auffi guérir
les piquures de coufin avec un peu de thériaque
de Venife , que l’on mêlera avec de l’huile
douce j on l’appliquera fur la piquure, & en fix (
heures de tems on fera guéri-
Ou b ien , on prendra des feuilles de fureau
yerd & de rue r égale çiuantité de chaque ; on
les pilera dans un mortier, Sc fur chaque taile
F o u r m i s . ;
On ne peut procurer trop de préfervatifs
contre les, iofeét:s qui': nous difputent l’ ufage
des plantes & qui nous privent de leurs fruits.
. Ce font des ennemis, perpétuels qui ne vivent
que de pillage Sc qui dévorent notre bien ;
ainfi pour nous en délivrer, tous ftratagemes font
permis.
L’ufage ordinaire, connu de tous les jardiniers,
eft' de mettre Amplement dans une bouteille de
l’eau & du m ie l, & de la lufpendre aux arbres
qué‘1es' fourmis attaquent. L’odeur du miel les
attire, elles entrent dans la bouteille 8c s’y noient-
en grand uombre 3 mais comme le m ie l, par fa
pefanteur , dépofe , Sc que l’eau froide qui le
fumage ne peut que comprimer les corputcules
qu’il exhale , on prendra la précaution dç. les mêler
parfaitement, en les faifant bouillir enfemble
avant de les mettre dans la boutèille que 1 on ne
doit remplir qu’à moitié. Les fourmis en feront
beaucoup plus puiffamment attirées , & on les
détruira plus promptement en multipliant le
nombre des bouteilles félon le befoin.
: Un fourmilalgièrroenso qmuei fAalilfeomieannt dc ,h epzo uluri bdeéatruucioruep ddees , vraavfeasg eo u, pforotst tàa fdleeu rfsy 3r oapp rlè’si natvéoriier ubro udceh pé lluef iteruorisr du fond , il plaça ces pots au-deffus des fourmil-
lières j chaque' jour il éloignoit les pots d’un
’ pied Sc demi 3 l’odeur du fyrop attiroit les fouriml
itsr oi uevlloeist fduai vnos ifeonnt plei èpgoet 3pluScf ieeunrsp emu.idlleie rjso udres dcees . l’ienafue ttbeosu,i lqlaun’tiel ,d é&tr uriefpoliatç oeint eYnefrufiatnet, led efploust
ffuorr tliers dfoéu /romwrimllzièVr e;s jufqu’à ce qu’il n en vit plus par ce moyen il eft parvenu
à délivrer fe's jardins de ces infe&es.
Il y a diverfité d’opinions relativement aux
fourmis- 3 les uns penfent qu’elles nuifent à nos
arbres fruitiers p a r les dégâts qu’elles y caufent ;
d’ autres font d’avis quelles ne peuvent qu’être
utiles en détruifant les puçerons : quoi qu il en
foit i ceux qui, confeillênt leur deftruélion , indiquent
de tranfporter dans les jardins un g r a n d
nombre de grofies fourmis qu’on trouvé' o r d i -
n ai rement dans les bois : c e l i e ? - c i ne c e f f e n t de
■ c ô m b a t t r è ' l e s petites fourmis, que lorfqu elles les
; ont - e n t i è r e m e n t détruites ou c h a f l é e s . On a re-
i marqué que dans les jardins-ou il n habite que
de groffes fourmis , les arbres viennent tres-bien.
Ce procédé , annoncé dans la gazette d’ agriculture
, a dit-on , très-bien réuffi : on ajoute même
que7 cette petite' guerre eft_ très-intéreffante aux
yeux d’un obfervateur curieux.
Ces infe&es 3 qui w chent par légion lorf- L 1