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Je s montagnes de Candie , le Mont d’O î err Auvergne.
11 y a auffi lé coracias kupc , fur les montagnes
de Suiffe, dont le plumage eft d’ un noir
Verdâtre.
CO R À IA . Oifeau qui eft une efpèce de four-
millier roffignol y fi longueur eft de cinq pouce»
& demi. Sa tête eft noire , le deffus de fou corps
d'un brun roux, fa queue eft rayée tranlvérlâle-
ment de noirâtre, elle eft étalée & longue de deux
pouces. ' Il a l’ongle poftérieur le plus long & le
plus fort de tous.
COR B EAU , f. m. C e t oifeau eft à-peu-près de
Ta grandeur d'un coq i tout fon corps eft noir, un
peu bleuâtre fur le dos. Son bec eft fort gros,
n o ir , & un peu' recourbé à fon extrémité. Sa
langue eft large & fendue, fes ongles font crochus,
grands, principalement ceux de derrière ; fes
pieds font écailleux & noirâtres. Il a au moins
trois pieds & demi de vol. Son cri eft çrau. Il fait
fon nid dans les forêts, au fommet des plus hauts
arbres, & , par préférence, fur les chênes. Le
mâle & la femelle vont le plus fouvent enfëmble ;
& lorfqu'une paire de corbeaux s’eft établie dans
un bois de haute futaie , ils ne fouffrent point que
les corneilles viennent nichera une certainedif-
tance du canton qu’ils habitent. Le corbeau fe nourrit
de charognes qu’il évente de fort loin 5 mais il
attaque auflî les oiféaux, ainfi que tout gibier,
& même les agneaux nouveau - nés, qu’il dévore
fouvent, après avoir commencé par leur crever
les yeux. Cependant, il n’eft pas exdufivernent
carnacier , fe nourriffant de végétaux au befoin ,
& M. de Buffon le regarde comme omnivore.
Il eft en guerre avec tous les oifeaux de
p ro ie , & n’ en redoute aucun, pas même l ’aigle, •
s’ i l en faut croire Efpinar. Cét oifeau fait fon nid
aux approches du printems. Topt le monde fait
qu’il eft d’une très-longue vie. C ’eft un évènement
aiTez rare pour les chafieurs que de tuer un co.r-r
bcau y parce que l’efpèce en eft peu multipliée ; &r,
par cette raifon, lorfqu’il s’en trouve une paire
dans quelque bois de haute-futaie qui accompagne
un château, on s’attache à les y conferver comme
une forte d’ornement. Ajoutez à cela que le corbeau
eft fort rufé, 8c difficile à joindre.
Le jeune corbeau peut s’apprivoifer & être drêffé
pour la fauconnerie. Il apprend aufli à parler. Les
petits corbeaux s’appellent co rbilla rds•
CORDE DE CRIN. C ’eft le trait dont on fe
fert pour conduire les chiens à la chaffe.
COR DE AU A SONNETTES. C ’eft un cordeau
après lequel on attache des grelots. On s’en fert
pour battre & traquer les endroits où l’ on ne peut
avoir accès comme dans les cbaffes de bourrée qui
fe font aux cailles dans le,s chenevieres-. -
C O R
CORDYLE. Lézard d'Amérique, qui tient du
crocodile & de la Salamandre : on l’appellefouçtte-
queue , parce qu’il frife & entortille fa queue en
l’agitant fans ceffe de côté & d’autre. Les fau-
vages vont à la chaffe de cet animal, parce que fa
chair eft de fort bon goût, & peut être comparée
à celle de la poule : le cordyle eft amphybie,. ii fe
fert de fes pieds & de fa queue pour marcher,
grimper, nager & frapper tout cequilapproche.
CORINE. Nom qu’en donne à une gazelle du
Sénégal : fes cornes font très-courtes, très-liiîes
8c très-înenues > ce quadrupède tient un peu du
chamois , mais il eft plus petit ; car il n’a que deux
pieds de hauteur. La corine eft de la même efpèce
que la gazelle & le revêt, & les différences qu’elle
a fubi .3 ne viennent que de i’ in fluence-du climat,
& de la diverfité de la nourriture.
CORMORAN. Oifeau de proie aquatique aflez'
feniblabîe au Corbeau ; il a un bec lo n g , crochu
& tranchant à l’extrémité dont il fe fert habilement
pour faifir le poiffon d-ont il fe nourrit ; il
prend quelquefois fa proie avec un pied, 8c l'apporte
au rivage en nageant de l'autre : d’autrefois
il plonge dans l’eau pour l’attraper 5 quand il faifît
un poilTon, s'il ne peut l’avaler commodément en
commençant par la queue, à caufe des écailles, il
le jette habilement dans l'air , en lui fai Tant faire
un demi-tour, afin que fa tête retombe la premières
il le rattrape alors avec une adreiTe infinie ,
qu’ imiteroit à peine le plus habile de nos bâte-
; leurs.
Pêche des poijfons avec le cormoran.
C ’eft à la chine qu’on a trouvé d’abord l’art de
pêcher avec le fe cours du cormoran. On y dreffe
cet oifeau comme nous dreftbns des chiens pour la
chaffe : un pêcheur peutaifément en gouverner juf-
qu’ à cents ils fe perchent fur les bords du bateau,
& quand ils font arrivés au lieu de la pêche, au
moindre lignai ils partent tous & fe difperfent fur
les eaux s ils cherchent, iis plongent, ils reviennent
cent fois à la charge, jufqn’à ce qu’ ils aient
trouvé leur proie y ils la faifilfent avec leur bec ,
& la portent à leur maître, : quand le poiffon eft
trop gros, ils s’entf’aident mutuellement s l’un le
prend par la tê te , l’autre par la queue, d’autres
par les nageoires, & ils l’amènent ainfi jufqu’au
bateau : on leur préfente alors de longues rames,
ils s’ y perchent avec leurs poïffons , & ne l’abanè
donnent que pour en aller chercher d’autres : on
a la précaution de 'mettre un anneau de fer au bas
du c o u , de peur qu’ils .n’avalent le poiffon, 8c
qu’ils perdent le goût du travail,
•CORNEAUX. Chiens engendrés d’ un mâtin &
d’une chienne courante.
CORNEILLE.
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CORNEILLE , f. f. On diftingue cinq efpèces «
dt corneilles : la corbeille proprement dite , appelée
auffi corneille noire ou corbine; la corneille man-
telée ou à mantelet ; le freux ou f rayonne ; la petite
corneille 3 dite choucas , 8c le choucas à bec rouge.
La corneille noire, ou corbine, eft la plus groffe
de toutes; elle a près de trois pieds de v o l; fa
couleur eft aflez femblable à celle du corbeau , &
fes habitudes font les mêmes : elle fait fon nid
vers le printems. Elle eft omnivore comme le corbeau
, fe nourrit comme lui de voiries, & mange
auffi le menu gibier, les perdreaux, levrauts &
lapereaux, lorfqu’ils font très-foibles. Elle eft
très-friande des oeufs de perdrix, qu’elle a l’adrefle
de porter^ fes petits, après les avoir percés ayec
la pointe de fon bec. Les nids de cette efpèce de
corneille font difperfés dans un bois ou une forêt.
Chaque paire prend pour fon nid un terrein d’environ
un quart de lieue de diamètre, où elle ne
fouffre point une autre nichée. Les corneilles s’ attroupent
au commencement de l’hiver; 8c c’eft
alors qu’on les voit par grandes bandes dans les
campagnes.
La corneille mantelêe, ainfi nommée à caufe d’une
efpèce de fcapulaire ou manteau qui s’étend par
devant & par derrière, depuis les épaulés jufqu’à
l’extrémité du corps, eft de la même groffeur que
la corbine, & fe nourrit à-peu-près de même,
mais plus rarement de voiries, fa nourriture.la plus
ordinaire étant toute forte de grains & des in-
feéles. C ’eft un oifeau de paffage. On la voit arriver
par grandes troupes vers la Touffaint», & partir
au commencement du printems. Elle ne pond
point en France.
L e freux ou f rayonne eft moins gros que la corbine
& la corneille mantelêe. Son caraètère le plus
diftin&if eft une peau nue, blanche, farineufe ,
& quelquefois galeufe , qui environne la bafe de
fon bec , au lieu des plumes noires & dirigées en
avant, qui occupent ta même place dans les deux
efpèces précédentes. Elle fe nourrit uniquement
de graifis , & ne touche point aux voiries, nfi à
aucune chair. Ces corneilles font de paffage ( dit
M. de Buffon ) , & s’en vont à la fin de l’été pour
ne reparoître qu’au printems. C e font elles dont
on voit dans les forêts plufieurs centaines de nids
raffemblés dans un très-petit efpace , 8c jufqû’à
dix ou douze & davantage fur un même arbre.
Dans les cantons que ces nids occupent, depuis
la fin d’avril jufques vers la mi-mai, tems où les
chênes & hêtres n’ont pas encore toutes leurs
feuilles, on peut s’amufer à tirer des cornilleaux,
& en tuer en quantité. Ils font déjà aflez forts
pour voler autour des arbres où font les nichées,
& trop foibles encore pour s’en éloigner ; enforte
qu’après avoir fait un petit circuit en l’air, ils
viennent à tout moment fe repofer fur l’arbre , où
on peut les choifir & le$. fufiller à fon aif$.
Chasses,
COR 161
Beaucoup de gens mangent ces jeunes cornilleaux
, 8c les prétendent fort bons. La corbine,
la corneille mantelêe, & le freux, vont enfemble
en hiv er, & les bandes qu'on voit en cette faifon,
font mêlées des trois efpèces.
La fa ite corneille , ou choucas, eft beaucoup
plus petite que les trois efpèces précédentes. Elle
a le derrière de la tê te , & le dos jufqu’au milieu,
la poitrine & le ventre grisâtres, & le refte du
corps noir. Elle niche quelquefois dans les arbres,
mais plus volontiers dans les tours d ’églife , ou
dans le comble d'un vieux château abandonné.
Enfin, la cinquième efpèce eft le choucas à hcc
rouge, aifée à diftinguer de toutes les autres par
la couleur de fon bec. Celle ci fe tient dans les
montagnes &c rochers , & ne fe montre prefque
jamais dans les plaines. Elle eft fort commune dans
les Alpes. Elle mange de tou t, mais.principalement
dû grain. C'eft un oifeau fort criard.
Chajfe lugubre des corneilles.
Les anciens nousrepréfentent la corneille comme
un oifeau lugubre ; les modernes fe font conformés
à cette id é e , & rien n'eft plus lugubre que leur
chaffe. On fe tranfporte fur le foir dans le bois que
ces oifeau fréquente j on y ébranche dix ou douze
arbres à cinq ou fix pieds de haut, & quelquefois
même jufqü'à h u it, afin que la tête feule demeure
garnie : quand la nuit eft venue, & que 1- obfcurité
eft la plus profonde, deux ou trois perfonnes
s'habillent de noir des pieds jufqu'à la tê te , &
montent fur les arbres défîgnés : deux autres perfonnes
marchent dans les bois , font un peu de
b ruit, & fecouent les arbres les plus chargés de
ct/meilles ; ces oifeaux, épouvantes, quittent leur
afyle, prennent leur effor dans le bois; & prenant
les fpeétres, qui habitent le fommet des arbres
dépouillés, pour un tas de corneilles, ils replacent
fur eux & tout autour; on n'a que la peine de
les prendre à b main, de leur écrafer la tête & de
les jetter au pied de 1 arbre.
Cette chaffe demande un certain courage, 8c
il feroit difficile d'en procurer le ptaifir aux dames.
Chaffe des corneilles au cornet englué.
La corneille faitbeaucoup de dégât dans les terre*
enfemencées ; mais on en prend beaucoup en. fi-
i chant dans des tas de fumier, ou fur des terres
labourées, des cornets de gros papier englués intérieurement
8c garnis de viande hachée pour fer-
vir d'appât; 1 oifeau vient pour manger fa proie
prétendue, 8c fe trouve enveloppé dans le cornet
; il eft plaifant de le voir alors s’ agiter dans fa
prifon diaphane, s'élever à perte de vue avec le
bandeau qui le couvre , & retomber enfuite fans
avoir pu s'en délivrer.
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