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Cette chaffe demande l’indüfirîe de trois pet- 1
formes, l’ un porte du feu avec des torches de
paille , l’autre bat les huilions , 8c le plus adroit
porte _ les gluaux j il ne faut point pénétrer dans
le bois à caufe des feuilles d'arbres qui peuvent
empêcher l’effet de la glu , mais fe promener
. feulement le long des buiffons. La perfonne qui
porte le^ fe u , doit toujours le tenir élevé , 8c
celle qui tient la branche engluée être toujours
en aélion pour prendre les oifeaux qui viendront
Voler autour du feu. Le fécond chaffeur doit fe
contenter de frapper fur les haies pour en faire
fortir le gibier : cette chaffe amufante demande
un grand lilence de la part de ceux qui s'y
exercent.
Chafle au buiflon englué.
Cette chaffe eft ufitée depuis le mois de fep-
tembre jufqu'au mois d’avril , & o n y prend une
quantité prodigieufe de petits oifeaux ; elle feroit
encore une partie de plaifir quand même le gibier
qu'elle nous procure nous feroit inutile.
Choififfez dans une pièce de terre un endroit
éloigné des grands arbres & des haies : piquez
en terre trois ou quatre branches de taillis hautes
de cinq ou fix pieds , & entrelacez leurs cimes
les unes dans les autres , afin qu'elles aient l’apparence
8c la folidité d’un buiffon. On peut
couvrir le haut avec deux ou trois branches
d ’épines noires & touffues , qu’on fait tenir par
force. On prend enfuite quatre ou cinq douzaines
de petits gluaux longs chacun de neuf
à dix pouces ; on en fend le gros bout avec
un couteau , 8c on les met en divers endroits
du buiffon , en les arrangeant de façon qu’un
cifeau ne puiffe fe placer deffus , fans engluer
fon plumage.
11 y a un moyen de faire venir le gibier dans
le piège qu’on lui tend , c’efl d’avoir des oifeaux
apprivoifés de l’efpèce que vous voulez
prendre j & de les placer fur des petites fourchettes
de bois élevées de terre environ de fix
pieds, 8c piquées 1 environ une toife du buiffon :
nous avons parlé de cet artifice fous le nom
d’appeau.
Si l’ on veut augmenter le nombre des oifeaux
appellans 8c par conféquent multiplier fes prifes,
il faut à mefure qu’on en prend, les attacher
fur quelques baguettes au haut du buiffon, fe
retirer à trente ou quarante pas , & tirer de-là
une ficelle attachée par une de fes extrémités
aux baguettes, les oifeaux captifs remueront alors
leurs ailes, & ceux qui font libres s’imaginant
qu’il y a fur ce buiffon de la nourriture en
abondance , viendront s’y abattre , & perdront
leur liberté en perdant l’ufage de leurs ailes.
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Chaffe ci l'abreuvoir englué.
C e divertiffement le prend fur la fin de juillet
, (juand les petits oifeaux ont cefTé de faire
leur nid 5 ils font alors plus altérés , & par con-
fëquent il eft plus aifé de les faire tomoer dans
fes pièges.
On remarque une mare où les oifeaux ont cou-
tüme de venir boire : on choifit un abord du
côté où le foleil donne le moins , & on ôte
avec foin toutes les ordures qui pourroient en
rendre l'entrée inacceftible : on prend alors beaucoup
de petits gluaux longs d'un pied 3 qu'on
coupe en pointe & qu'on pique à alliance égale
le long du bord 3. de manière qu'ils foient tous
couchés à deux doigts d ’élévation de terre, &
qu'ils avancent les uns fur les autres, fans fe
toucher. Quand l'abord eft fermé , on environne
de petites branches le relie de la mare , pour
obliger les oifeaux à fe jetter du côté, des
gluaux 3 & on fe retire pour voir l'effet de fon
artifice.
Une obfervation fur ce piège en a fait faire
une autre ; on remarque que quand un oifeaii
vient fe défaltérer , il ne fe jette pas d'abord à
l'eau, mais qu’il confidère de loin l’endroit où
il peut aborder & au'il fe place d'abord fur la
cime d’un arbre , dont il defcend par gradation
, jufqu à ce qu’il foit à terre. On peut tirer
un grand parti de cette remarque.
Un chaffeur expérimenté pique à l'endroit le
plus apparent des environs de la mare § trois ou
quatre branches élevées dont il coupe les rameaux
du côté de l'eau , & qu'il couvre de
gluaux : il eft certain l que fi dans une bonne
journée , on prend fix douzaines d’oifeaux à la
chaffe de l'abreuvoir, oh en doit les deux tiers
à la dernière invention des arbriffeaux englués.
L'heure la plus favorable pour cette chaffe eft
depuis dix heures du matin jufqu’à onze 5 le
foir depuis deux heures jufqu’ à trois , & fur-
tout une heure & demie avant le coucher du
foleil. Plus la chaleur eft grande , plus la chaffe
eft lucrative. La pluie & la rofée font contraires
à ce divertiffement.
On prend à l ’abreuvoir englué, & en général
avec les gluaux, une multitude d'oifeaux diffé-
rens ; en voici les principaux : les ramiers , les
tourterelles , les pies, les grives , les merles ,
les gros-becs, les pinfons, les linotes, les chardonnerets
, les moineaux , les fauvettes , les
roffignols & ortolans.
GNOU â f, m. Animal d'Afrique , de h
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grandeur d ’un âne. Son corps eff couvert i un
noil court comme celui du cerf & de couleur
Fauve , blanchâtre à l’extrémité. Sa tête refletn^
ble à celle du boeuf. Tout le devant eft garni
de longs poils noirs qui s'étendent julqu au
deflous des yeux. A la lèvre inferieure, il a
de longs poils blancs. Ses yeux font noirs 8c
bien fendus. ■ haut du f r o n t , font deux cornes
noires dont la longueur eft de dix-neuf pouces ,
leur bafe en a dix-fept de tour ; elles fe touchent
8c font appliquées au front dans une étendue
de fix pouces ; elles fe courbent vers le
haut 8c fe terminent en pointe. A la diltance de
deux pouces des cornes commence une crinière
épaiffe qui s’étend du cou au dos , formée par
des poils roides, longs de trois pouces 8c demi,
dont la partie inférieure eft blanche 8c la fupe-
rieure noire j les oreilles font couvertes de poils
noirâtres 8c courts , fa croupe reffemble à celle J
du chev al, 8c elle a de cote 8c d autre deux -
éminences charnues qui la font paroitre fort
large ; fa queue eft compofée de longs crins
blancs, fes jambes font femblables à celles du
c e r f , fon pied eft fourchu , les fabots en font
noirs , unis , furmontés en derrière d’un feul
Cet animal fe nourrit de végétaux , il n a point
l’ait fé roce , cependant il cherche à bleffer celui
qui l’approche ; quelquefois il marche fur fes genoux
, baille la tête , 8c fillone la terre avec
fes cornes 8c fes jambes. Il mugit comme le
boeuf. La race en eft nombreufe près du Cap de
Bonne-Efpérance.
GOBE-MOUCHE. Efpèce de lézard des Antilles
, très- joli 8c fort adroit à prendre les mouches.
Il n’ eft guères plus gros Se plus long que
le doigt. On le trouve non-feu’ement dans les
forêts , mais encore fur les arbres des vergers
8c dans les maifons où il fe rend fort familier,
8c ne fait point de mal. Ce petit animal fe voit
auffi aux Indes Orientales , 8c il a la faculté,
ainfi que le caméléon , de réfléchir la couleur
des objets auprès defquels il fe trouve.
GOBEUR DE MOUCHES ; genre d’ oifeaux
dont on diftingue plufifeurs efpèces.
Bonne-Efpérance , font ou blancs ou aurores, ou
à collie r, ou hupés.
Ceux de Madagafcar ont la queue fort longue
8c le plumage aurore , ou noirâtre ; quelquefois
tacheté de blanc j leur hupe naît de la bafe du
bec 8c eft dirigée vers la pointe du bec.
II y a auffi un gobeur de mouche de la Chine ,
à longue queue.
GOÉLANDS j genre d’oifeaux aquatiques 8c
maritimes. Quelques naturaliftes n’ont fait qu’ une
même efpèce des goélands , des mouettes 8c
des hirondelles de mer. Mais Buffon en fait
trois efpèces differentes. Cependant il n’établit
de véritable différence entre les goélands 8c les
mouettes, que la grandeur. Il appelle goélands
tous les oifeaux de ce genre dont la taille fur-
paffe celle du canard , 8c qui ont 18 à zo pouces
depuis le bout du bec jufqu’ à l'extrémité de la
queue, 8c tous ceux qui font au-deflous de ces
aimenfions , il les appelle mouettes. Les uns 8c
les autres ont le bec tranchant, alongé, applatï
par les c ô té s , avec la pointe renforcée 8c recourbée
en croc. Ils n’ont point la queue fourchue
.comme les hirondelles de mer. D’ailleurs,
ils font fort hauts fur jambes, ce qui ne convient
point encore à ces autres oifeaux , qui ont
les jambes fort courtes ; ils ont les trois doigts
engagés par une membrane pleine, 8c celui de
derrière feulement dégagé , tandis que les doigts
des hirondelles de mer ne font qu’ à demi palmés.
Ajoutez à toutes ces différences .que les
hirondelles de mer ont le bec tout droit 8c
pointu.
Les goélands 8z mouettes fe tiennent en troupes
fur les bords de la mer. On les voit fouvent
couvrir de leur multitude les écueils 8c les fa-
la ife s , qu’ ils font retentir de leurs cris importuns.
Il n’eft pas d’oifeaux plus communs fur
les côtes. Ils fe nourriffent de petits poiffons
qu’ils prennent à la furface de l’eau , de poiffon
mort, de cadavres de toute efpèce , que la mer
rejette fur fes rivages. Ils accompagnent auffi les
pêcheurs pour profiter des débris de la pêche.
On les appelle gabians fur les côtes de la Méditerranée
, mauves ou miaules fur celles de
l’Océan.
Le goche-mouche vulgaire eft un Petit oifeau
ui a le bec d’un brun roufsâtre ; la tête 8c le
os de couleur plombée , mêlée de jaune ; la
poitrine blanchâtre , les pattes noirâtre1-. Les
ongles de fes doigts de derrière font fort grands
8c un peu courbes. Ces oifeaux fuivent les bef-
tiaux à caufe des mouches qu’ils trouvent à leur
luite.
Les gobeurs de mouches, oifeaux du Cap de
Buffon diftingue cinq efpèces de goéland ;
favoir : i° . Le goéland à manteau noir , ainfi
nommé d’un manteau noirâtre ardoifé qui lui
couvre le dos. C ’eft le plus grand des goélands
; il a deux pieds , 8c quelquefois deux
pieds 8c demi du bout du bec à celui de la
queue. En Picardie 8c en Normandie , on l’ap-
pelle noir-manteau.
z°. Le goéland à manteau gris, blanc part