qu’ornière où il trouve de Peau, quoique les
chiens le chalfent & le pourfuivent.
On reconnoît quun fanglier eft fur fes fins ,
quand il ne perce plus en avant , & qu'il fe fait
battr.e long-temps dans le même canton 5 qu'il
écume beaucoup , ne va plus que par lauts ,
parce qu’ il fe roidit : il fe met fouvent le cul
dans une fepée , ou touffe de bois 3 ou bien fe
jette dans une mare, & charge les chiens avec
une fureur incroyable 5 car il eft très-rare de
trouver des fangliers fi timides & fi fuyards ,
qu’ils n’ofênt attaquer les chiens : il y en a cependant.
Toutes lesfois que le fanglier tient au bois ;,
les piqueurs doivent entrer dans le fort 3 mais
cependant avec précaution , car il attaque fou-
vent le cheval & le cavalier 5 & fi c’eft iur les
fins du fanglier , & qu’il foit forcée il eft à propos
fi le fort eft trop fourré s que le piqueur
mette pied à terre 3 & s’approche^ le couteau
de chaffe à la main 3 pour le pèrcer. C ’eft au
défaut de l’ épaule , fur le coeur 3 qu’il faut lui
donner le coup : fi on le portoit fur l’épaüle|| \
il a le parois fi dur & fi épais dans cette place , j
que l'on cafterait fa lame fur cette cuirafte , fans )
lui-faire aucun mal , 8c il pourrait en arriver
malheur à celui qui l’auroit manqué. Si le fanglier
e f t trop méchant , i f vaut mieux le tuer d ’un
coup de carabine ou de piftolet de botte , que
d’éxpofer fa vie. Dès qu’il eft mort, on lui coupe
les fuites 3 fur-tout fi l'on veut en manger 5 car
fi l'on négligeoit de les lui couper 3 elles donneraient
à la chair une odeur fi forte , qu'il ferait
impoflible de la fentîr , & elle deviendroit toute
violette. On leur trouve quelquefois du rut jusqu'au
mois d'avril.
Après avoir coupé les fuités , on lève la trace
droite de devant * en dépouillant , depuis le genou
, la peau de la jambe jufqu’ à la jointure ou
font les gardes 3 & après avoir coupé tous les
nerfs qui s’y joignent 3 on déboëte la trace.
Lorfqu'elle eft ainfi arrachée , la peau de la jambe
fe trouve coupée en deux morceaux 3 chacun
defquels on fend encore pour les féparer 5 mais
les deux côtés de la peau fe tenant par le haut ,
l’on paffe chacun de ces morceaux l’ un dans l'autre
deux ou trois fois 3 pour mettre le pied .en état
d’être pré fente. Après quoi on coupe la hure , eh
faifant une incifion au col V vers le défaut des
épaules, où l’ on coupe le joint entre le col & les
épaules 3 puis on met le fanglier fur le dos 5 on
fait des incifions autour des jambes au - deffous
du genou j dont on fend la peau en dedans des
jambes enfuite de devant jufqu’ à la gorge ; on fait
une incifion depuis la gorge juqu'à l’entre-deux
des cuiffes, 8c une autre à chacune des jambes
de derrière , puis on lève toute k f peau : on fend
enfuite le ventre 3 pour en tirer la panfe & les
dedans.
Quand on fait curée du fanglier aux chiens ,'
on leur donne fimplement les épaules & les
dedans.
La maniéré la plus courte & la plus fûre pour
prendre les fangliers eft de les coëffer avec des
dogues & des lévriers d’Angleterre , que l’ on
nomme lévriers d’attache. Vo ic i comme l ’on s’y
prend.
Lorfque l’on connoît les refuites des fangliers3
8c le pays que ces animaux tiennent ordinairement
, on y place les dogues & les lévriers ,
que des valets tiennent en laiffe 5 & lorfqne le
fanglier débuche & prend la plaine pour paffer
d’un bois dans un autre 3 on les lui lâche au
cul 5 ils l’ont bientôt joint , & le prennent ordinairement
à l’ oreille ou au ja rret, ce qui l’arrête
tout-à-coup 3 & donne le temps aux chiens &
aux piqueurs d’arriver 5 car ils ne démordent
guère, & lâchent rarement l’endroit où ils ont
une fois mis la dent : & lorfqu’ils font ainfi
arrêtés , on peut les tuer à fon aife 3 & fans
danger.
Les piqueurs & valets de chiens d’ un équipage
de fanglier doivent toujours porter fur eux des
aiguilles & du fil 3 ou de la foie , pour recoudre
& panfer fur le champ les chiens qui font bleffés 5
car les fangliers n’ayan.t pas les defenfes aufti
longues que les andouillets d’ un cerf , ne peuvent
pas faire des blefiures qui entrent fi avant
dans la capacité , & qui par conféquent font
d’ autant moins dàhgerèufes que l’on voit dans
la plaie.
Çette efpèce de chaffe étant beaucoup plus
fatigante que celle du cerf 3 on ne peut chafler
avec le même équipage que deux fois par femaine.
Dans bien des pays on met des grelots au col des
chiens qui chaffent fanglier èc loup 3 mais je ne
fai trop fi l’on doit approuver cette coutume 3
parce que le.fanglier & le loup fuivant toujours
les fourrés les plus épais & les plus garnis de
ronces & d’épines, il eft tout naturel qu’un
chien y foit embarrafle avec fon collier 3 qui
doit non-feulement le retarder , mais qui peut
encore occafionner d’autres accidens. Il eft vrai
que lorfque l’on fufille , & que l’on chalfe avec
des chiens gris ou noirs , cela peut leur parer
un coup de fufïl de la part de ceux qui firent
avec trop de précipitation 3 8c fans être fiirs de
leur fait.
Lorfqu’on ne veut point chaffer le fanglier pour
le forcer , mais fimplemént pour le tirer , il eft
très-utile de faire la dépenfe d’entretenir un
équipage 5, il fuffit d’avoir, douze ou quinze bons
limiers , ou feulement des mâtins 3 avec lefquels
des gardes traverfent les demeures dans lefquelles
on penfe que fe tiennent les fangliers 3 ce qui
fait une efpèce de traque; & les tireurs fe poftent
dans les routes vis-à vis des traqueurs, en cherchant
toujours à fe donner le bon vent ; car
un fanglier qui les éventerait-, retournerait fur
fes pas 3 Se forcerait les chiens 8c les traqueurs.
On ne doit tirer que lorfque l’on voit bien l ’animal
, 8c que l’on eft fur de ne pouvoir b!effet
perfonne y mais le plus certain eft de fe placer
fùr le bord de la partie de bois d’où vient l’animal
, &r de ne tirer que quand il rentre dans •
celle qui eft derrière vous. 11 y a grand nombre
d’exemples,d’accidens arrivés à cette-efpèce de
chaffe, qui doivent fervir de leçon pour y apporter
la plus grande précaution & la plus grande
prudence.
Maniéré de prendre les fangliers dans les toiles»
Les toiles dont on fe fert pour prendre les
fangliers, font de grandes pièces de forte toile»
entourée de groffes cordes, que l’on tend autour
des demeures & des forts dans lefquels on reeon-
n o î t , par le moyen d’un limier ou autrement ,
qu’il y a des fangliers. On porte autour de ces
enceintes les toiles, les fourches 8c les piquets
qui fervent pour les tendre : les piquets , pour
arrêter, les toiles par le bas 3 8c les fourches ,
pour lès tenir élevées 3 8c qu’elles forment une.
efpèce de muraille. Lorfque vous les avez toutes
tendues & arrêtées à petit b ru it , & que vous
avez barré votre enceinte-en differens. endroits
avec des toiles que vous couchez à terre, prêtes
a tendre., .pour ràcourcir votre enceinte quand
les animaux feront paffés 3 vous couvrez de feuilles
mortes ces toiles de l’intérieur de l’enceinte 3
pour que les animaux paffênt par deftiis fans les
remarquer. Tout étant ainfi préparé, vous entrez
à un des bouts de cette enceinte avec des traqueurs,
que vous rangez fut la ’même ligne, à
peu de diftance les uns des autres-, & qui garnis
lent depuis un côté des toiles jufqu’à l’autre : ils
avancent ainfi tous-fùr la même, ligne , jufqu’ à la
première toile de traverfe, que l’on dreffe comme
les autres dès que Tés traqueurs l’ont dépafîee 3
puis on avance dans le même ordre jufqu’à la
fécondé', qu’011 relève'de même, & ainfi des
autres y & lorfque l’on eft arrivé à la dernière ,
qui ne forme plus qu’ une très-petite/ e n déiste ,
on cherche encore a la raccourcir fi l’on peut,
pour avoir plus de facilité à prendre ces. animaux,
que l’on faifit par les jambes de derrière, Se que
l’on met dans dès charettes faites en forme de
cabane, pour les tranfporter dans les endroits,
ue l’ on veut peupler. On peut mener; avec foi
es mâtins , qui vous aident à prendre les animaux.
S’il y a voit de grands fangliers dans les toiles ,
iî y faut placer des tireurs pour les tuer 3 car,
outre qu’ils arracheraient fouvent les toiles, &
C&siSS-BS.
ouv rira ien t un paffage à toutes les bêtes de compagnie
qui s’y t ro u v e ra ien t , ils pourraient encore
blefler beaucoup de monde.
Les diaflè s aux toiles que l’ on fait en Allemagne
font trè s -b e lle s , & l ’on y tue une quantité
prodigieufe d’animaux de tou te efpèce.
Voyei les planches 8 & 9 , tom. IX des gravures
des a r t s , 8c l’explica tion à la fin de c e dictionnaire.
S a n g l ie r d’ Ét h io p ie . C e quadrupède
a une tête monftrueufe, une hure très-grande ,
la rge, un peu abaiffée & de confiftance carti-
lagineufe. Son nez eft mobile & coupé obliquement.
Sa gueule eft très-petite fans dents antérieures
, les défenfes de la mâchoire fupérieure
ont plus d’ un pouce d’épaiffeur 8c font recourbées,
celles de la mâchoire inférieure font droites,
plus évafées fe plus petites. Les foies qui^ recouvrent
fon corps font en petite quantité &
répandues en faifeeaux. Sa queue eft nue & n’ a
que quelques lignes d’épaiiîeur.
S a n g l ie r du C a p - v e r t . Ses défenfes
reflTemblent plus à des cornes d’ ivoire qu’à des
dents i elles ont un demi-pied de longueur & cinq
pouces de circonférence à leur bâfe5 elles font
recourbées à-peu-près comme les cornes d’un
taureau. Au refte Buffon croit que ce quadrupède
eft une fimple variété dans l’efpèce du
fanglier ordinaire.
SANSONET , f. m. C ’e ft'Ie nom d'une ef-
pèce d’étourneau dont le plumage eft de couleur
grife 8c noire. C et oifean peut apprendre
à parler & à fiffler, mais non pas aufti bien que
le perroquet. V o y e Etourneau.
SAPAJOU, f. m ., efpèce de linge qui ne fe
trouve que dans le nouveau continent. Il a la
queue dégarnie de poils par deftbus 5 il s’en
fe r t, comme d’une main, pour s’accrocher.
SA R C E L L E , oifeau aquatique plus petit que
le canard. Vàye^ C ercelle.
S A R IC dV IEN N E , quadrupède amphibie de
la grandeur d’un chat, dont la peau a la finefte
du velours , & dont les pieds reflemblent à ceux
d’un oiféau de rivière : c’eft une efpèce de loutre
aftez commune dans toute l’Amérique rhé-
ridionàle, principalement .le long de la rivière
de la Plata. Cet animal nage avec beaucoup de
légèreté, & fe nourrit de poiftons ; il creufe
des folles fur le rivage , dans lefquels fa femelle
met bas fès petits : il n’ y a rien de fi propre que
f|s tanières 3 il ne .laiffe pas une herbe aux environs,
il a foin d’amonceler à l’écart les arrêtes
F f f