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a la phyfionomie fine , l’oeil v if* le faut léger ,
les membres Toupies , tous les mouvemens
preftes.
C e t animal a la tête p etite, 8c les jambes fi
courtes , qu’ il femble ramper fur la terre au lieu
de marcher. Sa,configuration lui donne une grande
facilité pour s’infinuer dans des ouvertures qui
ne paroiffent pas proportionnées à fa groffeur ,
& il fuffit que fa tête puiffeÿ entrer , pour que le
rcfte du corps y pénétre aifément.
La fouine eft répandue dans tous les climats tempérés
^ & même dans les pays chauds ; caron la
trouve aux Maldives 8c à Madagafcar. Elle habite
dans les vieux bâtimens j s’établit dans les
greniers a foin, & même dans les trous demurailles:.
Elle a la phyfionomie pleine de finèffe, l’oeil v i f ,
le faut léger j les membres Toupies, 3c tout.le corps
fenfîble : elle grimpe aifément contre les murs',
ontre dans les colombiérs , mange les pigeons, &
tue une partie de ceux qu elle ne peut manger ,
elle prend auffi les fouris & les taupes dans leurs
trous , 8ç les oifeaux dans leurs nids. La nature a
tendu cet animal prèfqu’ incapable d’être apprivois
é ; il vit environ dix ans : fa chair eft plus désagréable
à manger que celle de la martre , 8c fa
•peau eft auffi moins recherchée^H y a cependant j
une efpece dans la Nàtolie , qui fournit des
fourrures fort eftimées au Levant 8c à Conftan-
tinople.
Le ravage que fait h-fouine dans les colombiers
& dans les baffes-cours, engage tous les habi.tans
des campagnes a prendre.les plus grandes précautions
pour fe défaire de ces animaux deftruéteunr.
On.les prend avec des traquenards, où l’on met
pour appât un poulet, ou du fruit cuit.
A Ç n les fait mourir auffi en difperfant de divers
cotes des pilules compofees de Tel ammoniac détrempé
avec de l ’eau.
FOULÉE ; ( Vénerie) e’eft la trace légère que
le pied de la béte a laiffée fur l’herbe , les
feuilles , le fable , ou la terre : on dit auffi
foulure|
FOULER , terme de Vénerie , c’eft quêter avec
les chiens lorfque l’on n’ a point de brifée ou rien
de détourné.
FOULER UNE ENC EINTE ; ( Vénerie ) on
fo u le : une enceinte en y entrant à cheval avec
des chiens pour lancer ou pour relancer un cerf;
ç’eft-à-dire , pour le mettrè fur pied , •& l ’en
faire fortir ; on foule une enceinre avec un ou
plufîeurs limiers.
On dit auffi que les chiens courans foulent un
cerf, loriqu ils le mordent après l’avoir porté par
terre.
FO ULQUE , f. f. la foulque appelée auffi judcHe
norellc fuiyant les différentes provinces, eft un
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oifeaû delà famille des plongeons , elle a le deffus
du corps noir , & le deffous d’ un gris très-foncé:;
elle eft de la groffeur d’une .petite poule , &
; pefe environ une livre 8c : demie. Elle a le bec
fort pointu 8c blanc , & au-deffus du bec une
plaque blanche , cartilagineufe 8c fans plume,
formant' une.petite éminence , 8 cq u i fuivant
Buffon, eft rouge dans le tems des amours feulement.
Ses .pieds font bleuâtres ou .d ’un, vert
brun , avec les doigts féparés 8e garnis latéralement
d’une'membrane feftonnée. Il ÿ a deux
efpèce de foulques, qui ne different que parce
que l ’une eft plus groffe que l’autre. Les foulques
relient furmos étangs pendant la plus grande
partie de l’année j 8c en automne , toutes partent
des petits étangs pour fe raffembler fur les
grands, où on les trouve alors en quantité.
Il eft affez difficile de tuer les foulques fans
le fecours d’un bateau, parce qu’elles ne s’approchent
que rarement du rivage'. Etant en
bateau, on peut en tuer quelques-unës, quVn
furprend au bord des joncs ,; lorfqu’elles prennent
leur vol pour gagner d’autres joncs du
coté oppofé. Mais ,dans certains grands étangs,
où elles fe raffemblent en automne , il.fe fait
tous les ans , pendant l’hiver , des chaffes folem-
nelles ,: dans chacune defquelles il s’en tue
plufieurs centaines : de ce .nombre eft l’étang
de Montmorenci , à quatre lieues de Paris, qui
n’a qu’environ une demi-lieue de tou r , 8c où
ces oifeaux fe trouvent en très-grand nombre
a la fin de l’automne. Voici comme cette chafle
s y fait , & ce que j’en dirai donnera l’idée générale
de toutes les chaffes de cette efpèce qui
fe font en différents endroits. Douze ou quinze
chaffeurs plus ou moins , chacun avec plufieurs
fufils, fe réuniffent, 8c font diftribués fur fept
ou huit bateaux qui fuffifent pour la largeur de cet
étang. Ces bateaux voguent en front de bandière
de la chauffée vers la queue, efpacés de manière
que les intervalles qui les féparent ne foient pas
affez grands pour que les foulques puiffent paffer
entredeux fans être tirées. En-même tems d’autres
chaffeurs fe placent à terre fur les bords d e l’ é*
tang j le plus près des ioncs qu’ il fe p eu t, pour
tirer celles qui paffent a leur portée. A mefure
que ces bateaux avancent, les foulques fuient de»
vant eux , en nageant vers l’extrémité de l’étang.
Lorfqu/on en approche , on a l’attention de former
un demi-cercle, afin de les renfermer dans
le moindre efpace poffible. Chemin fâifant, on
en tire quelques-unes de celles qui fe trouvent
cachées dans les joncs 8c qui partent à l’approche
des bateaux. Mais le moment le plus.favorable
c’eft lorfque fe voyant bientôt pouffees.jufqifau
bout de.l’étang, elles prennent leur vol pour re
gagner la grande eau, ce qu’elles ne peuvent faire
fans paffer par-deffus les bateaux. On en voit alors
des nuages en l’a ir , à peine les chaffeurs fuffifent
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à faire feu > 8c les foulques pletivent dans l’eau de
toutes parts. Les bateaux revirent enfuite du coté
de la cnauffée , 8c les aculant une fécondé fois ,
lés contraignent de irepaffer par-deffus la tête des
chaffeurs, 8c d’ eflùyer une nouvelle falve. Cette
manoeuvre fe répète plufieurs f o i s , 8c l ’on peut
juger de la déconfiture qui fe fait de :cès pauvres
oifeaux , tant par les chaffeurs des ■ bateaüx qüe
par ceux qui font à terre. Il s’en eft tué quelquefois
fur cet étang cinq à fix cents 8c plus en
un jour.
Cette chaffe fe fait de la manière que je viens
dé le. d ire, dans les étangs dé médiocre grandeur,
$c qui s'étendent beaucoup plus en longueur qu’en
largeur j mais fur les lacs 8c étangs d’une très-
grande étendue, elle ne fe.fait que partiellement,
8c dans certaines parties qui forment de petits
golfes ou angles, où on conduit les foulques avec
des bateaux rangés en detni-cercîe, pour les.y acculer
: on les pouffe enfuite vers un autre angle
oppofé.
:0-n chaffe auffi lès foulques en differentes provinces
du royaume fur les grands étangs, tant
falés que d’eau douce, où -ces oifeaux abondent.
Je ne parlerai ici . que de ceux de Berre , Iftre 8c
Marignane , en Provence, à fix lieues à l’oueft de
Marfeille. Ce font trois étangs falés , contigus ,
8c qui communiquent l’un avec l’autre par des
canaux. Celui de.Berre ; beaucoup plus grand que
les deux autres, ayant huit à neuf lieues de tour,
a une communication immédiate, avec la mer,
près la Tour de Bouc. De ces trois étangs', celui
de Marignane, qui n’ a que deux lieues de circuit,
eft le plus giboyeux en foulques qu’on appelle
macreufes en Provénce, à caufe d’une efpèce
d’algue très;fine appellée lapon dans le pays , qui
s.y trouve en abondance, 8c que ces oifeaux aiment
beaucoup 5 l’étang de Marignane eft beaucoup plus
propre, pour la chaffe dont il s’agit , qu.e celui
de Berre , parce qu'il forme beaucoup a’angles,
©ù l’on p eu t, avec peu de bâteaux,, fe rendre
maître du gibier } ce qui ne fe rencontre pas dans
Tautre, q u i, en outre , a l’ inconvénient d’être
d’une trop grande étendue. Il faudroit aller trop
loin pour reprendre le gibier à la fécondé battue,‘
au lieu que dans celui de Marignane on eft, toujours
en chaffe. ’
On emploie un autre moyen ppur chaffer les
foulques, tant fur l’étang de’ Marignane que fur
ceux d’ Iftre 8c de Berre. Un homme feulfe met
dans un très - petit Bateau appelle ' néguéchin ,
ou à peine y a-t-il plate pour lui 8c un gros 8c
long fufil ; il y eft affis à plat dans le fond , 8c le
fait mouvoir fans b ru it, par le moyen de deux
petits avirons,, 8c quelquefois avec' les mains
feules. 11 avance ainfi vers lès foulques qui, fou-
M j | , f i a vue du bateau, ne fbnt qüe fe raffem- ‘
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bler 8c fe mettre en ‘peloton , ce qui dorthe occa-
fion à des coups d’autant plus meurtriers, qu’ils
font tirés.horizontalement, 8c.que ces chaffeurs,
po’yr l ’ordinaire, n’étant pas gens à craindre le
reçuLd’ un fufil ,, chargent à outrance. Il n’eft pas
rare que d’un-feul coup ils en tuent ou bleffent
au-delà de cinquante.
t • Cette chaffe fê fait auffi la n u it , au clair de la
lune , 8ç non-feulement pour les foulques, mais
pour diverfes efpèces de canards, q u i, en h iv e r ,
couvrent ces étangs. Il y a encore une manière de
■ 'chaffer les foulques, particulièrement ufitée en
Languedoc, qui confifte à les attirer, en imitant
un petit cri qu’elles font entendre de tems en
% tems. Le chafîeiir fè porte la nuit dans un endroit
favorable pour les tirer, 8c lorfqu’elles entendent
c e 'c r i, elles ne manquent pas d’accourir vers lui.
Mais cette chaffe eft pratiquée par peu de per-
fonnes, parce qu’il en eft peu qui parviennent" à
une imitation parfaitè du cri de ces oifeaux, fans
laquelle, on fe morfondroit inutilement pour les
attendre.
La grande chaffe des foulques avec plufieurs bateaux
, eft fort ufitée1 en-Corfe fur les étangs ou
lacs falés qui fe trouvent en certaines plages fur
les côtes de Tille. Elle fe fait auffi en Italie, notamment
fur le lac de Bientina , à quatre ou cinq
lieues de Pi fe , fuivant le doéleur Targioni, qui
en donne le détail qui fuit dans fes mémoires fur
l’hiftoire naturelle de la Tofcane.
« Il fe fa it , dit - i l , en h iv e r , fur le lac de
» Bientina, une chaffe favneufe 8c très-abon-
m dante de ces oifeaux (folaghe,). Poarcet effet,
» plufieurs petits bateaux , appelles dans le pays
« gufci ou fciatta-famiglie, femblables aux canots
» des fauvages, 8c où il ne peut entrer que
» deux hommes, un chaffeur 8c un rameur, s’af-
« femblent 8c forment un demi-cercle d’une cer-
>3 taine étendue, entre la ligne duquel 8c la terre
33 ils renferment 1es foulques, qu’ils pouffent tou-
33 jours devant eux. Tant qu’elles peuvent avan-
3? ce r , elles ne s’envolent point ; mais lorfqu’elles
33 fe trouvent enfermées entre les bateaux 8c les
33 bords du lac , alors elles prennent leur v o l , &
33 font obligées de paffër par-deffus les bateaux,
33 pour aller le pofer de nouveau dans le la c , er*
*3 s’en-éloignant,... 8c c’eft alors que les chaffeurs
33 en tuent une grande quantité Cette chaffe eft
appellée la tela.
Suivant la nouvelle hiftoire naturelle de la Sardaigne.,
les foulques couvrent en hiver tous les
étangs de cette if le , autqur defquels on fe garde
bien de femer du b lé , attendu que ces oifeaux ne
vivent pas feulement d’infeéles 8c de plantes aquatiques
,■ mais qù’ils fortent de l’eau, la nuit, pour
manger l ’herbe 8c les bleds, lorlqu’ ils en trouvent