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à mefure- qu’il s-apperçoit que les oi-feaux approchent
; Si imitant d'abord les. cris, du g e a i, de
la pie . du .merle , de h grive cfompenoife pu
drêne, il d o it , de temps à au>tre^ contrefaire ,
en fucant fes. lè v re s , les cris de. quelques petits
oiféaux , fai(ifont avec emprefoment les premiers ■ '
qui fe prennent, ppur" les Faire,, crier ,dans>. le .
befoin , en,leur ferrant un peu les ailes. 11 arrive
quelquefois qu'ils ne veulent pas crier quelque^
mal qu'on leur faffe, pour lors on Tes tue dans
.l'e pérance d'en avoir d’autres*
C e n’éft que lorfque le pipeur sVppérçoit qu’il :
eft avoifiné d’ oifeâux , qu’ il doit donner quelques
légers coups d'appeau qui imitent les cris de
la chouette., ,11 doit obferver de forcer jufqu a
une certain point Ces coups qu’ il entremêle de'
tremblemens, & dé les diminuer- quand il voit
que les oileaux approchent.
La méthode de commencer à piper fort pour
fe faire entendre des oifeaux éloignés , eft blâmable
à tous égards : d’abord les oifeaux prévenus,
par le frôuement, font..attentifs, & s il
arrivoit qu’on vint à piper fo r t , intimidés par
les cris menaçant$/de la'chouette , ils fe'conte n-
teroient. de criailler de loin fans vouloir approcher.
En ou tre, fi lés premiers coups, devant
On peut donc conclure de tout ce qu’on vient
de dire, quon doit commencer par trouer fort
Si affoiblit fes tons , à mefure que les oifeaux
approchent, piper enfuttè lentement, Si augmenter
être forts , venoient à être faux , ils tromperoient,
l’efpoir du pipeur.
Piper doucement d’ abord , c’eft par où l’on
doit commencer. 11 faut qu’entre'chaque cri il
y ait près d’une demi - minute d'intervalle , &
que ces cris aient quelque choie de lugubre &
de plaintif. On diminue après cela l’ intervalle qui
fe trouve entte les coups jufqu’à ce qu’on foit
parvenu , par degrés, à rendre -les cris les plus
ordinaires de la chouette : c’ eft pourquoi il faut
toujours qu’un pipeur en ait entendu, & qu’ il
foit familiarifé avec leurs différens cris , pour
pouvoir“ rendre fes fons bien imitatifs > des
cris petits , coupés, idoux & tremblans , font ’
donner les oifeaux comme à l ’envi & les en-
hardiffent.
Pendant que l’on pipe , comme pendant qu’on \
froue , on doit faire de temps à autre crier
. quelques oifillons, en- changeant . autant qu’on le
p'eut \ de différente forte ; car on préfume- bien
que chacun s’èmpreffe naturellement à défendre
celui de fon efpèce. Il faut obferver auffi de
ceffer de temps à autres pendant deux ou trois
minutes ,/%s cris de la chouette , & de Trouer
do.icement pendant ces-intervalles, ou d’imiter
' les cris du g e a i, du merle-, clu.pinçon, & c .
On recommande*àe tâcher ’ d'imiter Toigneufer
mênt ces efpèce-s d’oifeaux , parce qu’ils font'
ordinairement les agreffeurs de ces fortes de
querelles , & que c e u x - c i amènent, tous les
par degrés les coups qui doivent être
entrecoupés de, quelques tremblemens. Quand
on s’apperçoit. que les oifeaux environnent la
lo g e , & qu’ils paroiffent animés, il faut piper
très-doucement Si lugubrement : ce qui fe fait
en ne biffant devant la bouche, entre les deux
.mains qui tiennent la feuille , que très - peù
d'intervalle.
De la glue.
On ne fe propofe point dans cet article d’ engager
le le éleur à faite la glue , mais feulement
de "lui donner les moyens de fe connoitre à la
bonne & de l’apprêter.
La glue fe fait d’écorce de houx ou d’écorce
I de- gui pilé e , mife en fermentation, lavée Si
battue.
. Le houx eft'un arbriffeair qui croît par toute
la France. Il eft toujours ve rd , c’eft pourquoi
on fe plaît à en faire des haies de jardin , dont
l'accès eft fort difficile , par rapport aux pointes
dent les feuilles "font garnies. On détache facilement
l'écorce après en avoir coupé les plus
gros bouts, qu’on met dans un chaudron plein
d’e a u , tSi qu'on fait bouillir deux tours. On
p te ,. avant tout cela, une petite pellicule brune,
qui fe trouve fur l’écorce , & qui rend la glue fale
quand on ne prend pas cette précaution. _
Cette écorce fe p ile, fe broie dans de-s mortiers
de pierre qu’ont les ouvriers , dont le métier
eft de faire de la glue j puis ils la mettent
dans'des pots de terre , qu’ ils-éxpofent, pendant
une quinzaine de jours , dans des lieux où
la chaleur eft concentrée, ce qui occafionne bien-
. tôt un mouvement fermentefcible 5 Si dès qu’ ils
s’apperçoivênt à l’ odeur qui en exhale, qu’elle
a acquis un degré fuffifant de fermentation, ils
; la retirent des pots, la lavent pour la nétoyer
’ de fes feories, Si la battent.
La glue faite d’écorce de g u i, eft beaucoup
moins bonne que celle qui fe fait de h ou x, auffi
.eft-elle moins en ufage.
1 Le gui eft une plante parafyte, qui fe trouve
fur biéîï dés efpèees*'differehtes d’àrbres , mais
plus communément fur les poiriers fauvages. Ce
* #;h’eft également que de l’écorce de gui que fê
. .fait I à ; glue , quoique quelques auteurs aient dit
j " qu’elle fe fait , de grains ^ ce qui eft abfolumenc
faux.
Il arrive fouvent qu’on fe trouve obligé d'ar
çhetter de la^Ae fa lè & mal fa ite , & qu’on ne
petit
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peut fe difperifer dë laver, fi on veut s’en fervir
avec fruit.
C ’eft au courant d’une fontaine d’ eau fraîche
qu’on lave la glue. On s’expoferoit à en perdre
beaucoup, fi l’eau étoit tiède Si dormante. C e '
n’eft qu’en_ la déployant, la battant Si la maniant
pendant long - temps dans l’eau qui entraîne
par fon courant tous les corps qui
lui font hétéroègnes, qu’on la rend propre &
bonne. .• ■ ■ . ; ;; ;;
C'eft avec raîfon qu’on condamne ceux qui
mettent de l’eau dans leur pot à crainte qu'elle
ne s'y attache. 11 y a bien plus d'avantage d’y
mettre une cueillerée d’huile , qui en empêc
h â t que la glue ne s’attache aux parois du vaif-
feau , la rend en même, temps bien plus duéliie ,
& par confëquent meilleure. La quantité d’huile
quk>n doit mettre dans la glue, dépend des différentes
faifons où I on fe propofe de l'employer.
Il vaut toujours mieux en mettre moins que
trop , car il eft affez difficile d’en ôter. On expofe
le pot à glue au courant d'un ruiffeau, d e .
façon qu’ il reçoive l’eau un peu obliquement ,
pour qu’elle entraîne l’huile fuperfiue.
X ’huile d’olive eft la meilleure qu?on puiffe .
employer , pourvu qu’elle ne -foit pas vieille 3
car l’ odeur infuppor.table qui en exhaleroit, don-
neroit dé. la défiance aux oifeaux, qui n’ en
approe'heroient point. A fon d éfaut, on peut fe
fervir d'huile de navette, ou de noix, ou de lin.
Des glwaux.
Les meilleurs gluaux fe font de fauffais. On
peut en faire de différentes efpèces de branchage,
mais il. n’ y en a point dont la foupleffe Si la
durée égale celle des premiers.
Il y a des faules de différentes efpèces qui ne
font pas également bons à faire des (gluaux. Le
faule - marfeau , qui a .les feuilles rondes &
v e r te s , a les branche^ trop fragiles pour être
employées à cet ufage.. Le faule blanc, qu’ on
laiffe croître en arbre fur les rivières, ne s’emploie
qu’ à la dernière extrémité. Mais le faule
blanc femelle qii’ on -cultive en fauffais, & dont
fe fervent les tonneliers , produit les meilleurs
gluaux.
On connoît que des fauffais font mûrs quand
en peut en ôter les feuilles fans que leurs cimes
caffeut. Gomme les meilleurs fe trouvent fur le,
tronc du faule , il arrive fouvent qu'ils font
moins mûrs que ceux qui fe trouvent fur les
mères branches: il faut çhoifir les plus minces ,
les plus longs , droits & fans npeuds, & rejetter
ceux qui font d'une couleur pâle , parce qu’ils
l ’ont de mauvaifemature & dureroient très-peu.
C h â s s e s .
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Quand on a cueilli une fuffifiïnte quantité de
fauffais, on lès met dans un endroit chaud, ou
même au fole il, l'efpace de deux heures. On en
ôte les feuilles , on les égale par leurs cimes ,
& on les coupe tous à la longueur de quinze ou
feize pouces , le plus ordinairement.
Lorfqu’ ils font coupés de-longueur convenable,
on en aiguife les greffes extrémités en manière
de coin. On parvient à les endurcir en les mettant
fur delà braife allumée , ou feulement dans
des cendres fort chaudes. Si on ne prenoit pas
cette précaution,, ces extrémités taillées en coin
&■ molles de leur naturel, feroient bientôt émouf-
fées & hors d'état d’entrer dans les entaiîlures
faites aux branches à ce fujet.
Chaque oifekur a fa manière d’engluer fes fauffais
: en voici une qui a toujours réufii. On commence
par fe laver d'huile les doigts, crainte que
la glue ne s’ y attache : on prend enfuite avec
deux doigts de la main gauche un morceau de
la groifeur d'une n o ix , dont on entortille les
fauffais qu’on tient de la main droite : on recommence
le même procédé jufqu'à ce qu'il y ait
fuffifamment de glue. Après cela, on but des deux
mains lés gluaux , en les tortillant de façon qu’il
n’ y ait pas le moindre intervalle fans glue, excepté
à quatre doigts près du gros b o u t, qui doit être
tenu le plus proprement poffible,afin de pouvoir les
tendre & lès détendre commodément, fans que
les doigts en foient englués. Les ffiuffais ainfi
préparés doivent être renfermés dans un cartoa
huilé.
Du choix de Pendroit pour faire une pipée.
Les endroits éle vé s , trop fréquentés , près
dés chemins & environnés d’échos , ne doivent
jamais être choifis pour y conftruire une pipée.
Les deux motifs’ les plus engageons pour ua
pipeur, font la tranquillité des lieux, & l’abondance
des oifeaux qui les habitent. La proximité
d’ un abreuvoir, des vignes en temps de vendange
, d'un jeune taillis, Sec. ne peut être que
très-avantageufe.
Du plan cPunç pipée.
La loge doit fe trouver au centre de la pipée ,
principe dont on ne doit jamais s’écarter 3 quoique
tous les pipeuts foient dans l’ufage de conf-'
truite leur loge au pied de l ’arbre , qu’ils regardent
comme le centre 5 mais c'eft un abus dont
voici les principaux inconvéniens qui en"réful-
tent.
D’ abord on ne peut faire une loge au pied
d’ un arbre fans qu’elle neparoiffs fagotée , foie
parce qu’ il ne s’y trouve pas allez de branches
v iv e s , pour qu’elle conferye un état de verdure
B b b