
GRUE f. f. la grue eft après l’outarde le plus
grand des oifeaux de l’ Europe , dans le genre des
oifeaux à pieds tendus} mais elle eft beaucoup plus
élevée fur fes jambes que l’outarde, ^yant cinq
pieds de hauteur lorfqu’elle leve la tête. Elle
pefé environ dix livrés. Son plumage eft d’un beau
cèn îré clair onde , à la réferve des grandes plumes
des ailes qui font noires. Sa queue eft noirâtre
, courte & retrouffée en panache , comme
celle de l’autruche. Son bec long de quatre
pouces , droit & pointu , eft d’ un vert très-
îbncé. Elle a les jambes noires , ainfi que les
pieds qui font très-larges. Elle marche à grands
pas} fa figure eft fvelte , élancée, & fon port
droit & gracieux.
Les gTues volent en grandes troupes > lorf-
qu*elles changent de climat Lur vol eft fort élevé
& le plus fouvent au-deflus des nues. Elles gardent
conftamment dans leurs voyages, un ordre
régulier -, qu’elles varient fuivant la différente
direction des vents , formant tantôt un
triangle , & tantôt un quarré , les plus vieilles &
les plus expérimentées volant en tête & fervant
de guides. On prétend que lorfqu’elles rencon
trent l ’aigle, elle fe rangent en ce rc le , afin que
chacune paille mieux appercevoir l ’ennemi, &
fe garantir de la furprife , & que l’ aigle qui les
voit ainfi fur leurs gardes & s ’apprêter au combat
, renonce à les attaquer.
On voit arriver les grues dans nos provinces de
France , vers le mois d’octobre , & fe jetter fur
nos terres nouvellement enfemencées , pour- y
chercher les grains que la herfe n’a pas couverts.
Elles repaffent ail premier printemps, en mars
& avril. Quoique cet oifeau foit granivore , il
préfrre néanmoins les vers , les infe&es &: les
petits reptiles ; & c’ eft par cette raifon qu’ il fréquente
auffi les terres marécageufes , d’où il tire u e partie de fa fubfiftance. Du refte , il paraît
quels.s grues ne font que palier rapidement en
France , & qu'il s’y en arrête fort peu, du moins
dans les provinces feptentrionales : on en voit
dàv.ntage en Italie 5 Villughby dit qu’elles ne
font point rares dans les marenés de Rome , &
le doéteur Targioni, dit qu’on en tue , de temps
en temps dans les plaines de Poggio-a-Cajano,
mai fon de plaifance des grands-ducs de Tof-
cane, peu éloignée de Florence 5 & particulièrement
, qu’il en parut en quantité, & en fut
tué plufieurs, au mois de mars 1775 , dans les
campagnes des environs de cette ville. Suivant
Efpinar , il fe trouve beaucoup de ces. oifeaux en
Efpagne , où de fon temps, on fe fervoit pour
les tirer , du boeuf encheveftré, ou du chariot
armé d’un gros & long moufquet. Il ajoute qu’av
e c le même moufquet pofé fur fon pivot fm» en
terre le chaffeur , après avoir reconnu certains endroits au bord des rivières, où ces oifeaux ont
coutume de palTer la n u it , va les y attendre
vers le foir , bi< n caché dans une hutte conftruite
exprès. Au furplus, cet auteur prétend que les
grues ne fe oiourriffent que de grains, & quelquefois
de raifins , quoique leur conformation
tienne beaucoup de celle du héron, de la cigogne
& autres oifeaux qui cherchent leur fub-
Nfiftance dans l’eau s & il ajoute que fi pour palier
la nuit , eljes s’approchent du bord des rivières ,
non-feulement elles choififTent toujours les endroits
les plus fecs î mais qu’elles n’agiffent en
cela que pour leur sûreté , fe mettant par cé
moyen à l’abri de la furprife dont l’eau les défend
d’ un c ô té , tandis que au côté de la plaine on ne
peut les approcher fans qu’elles s’en apperçoi-
vent , étant fi vigilantes & fi rufées , que le bruit
le plus léger fuffit pour leur faire prendre leur vol
même au mileu de la nuit.
Kolbe dans fa defeription du cap de Bonne
- Efpérance , obferve que les grues étant
pofées a terre , B y en a toujours quelques-unes
attentives à ce qui fe pafie autour de leur pofte ,
afin d’avertir la troupe , occupée à manger , de
l’approche de quelque ennemi. Elles fe tiennent
fur une feule jambe pendant qu’elles font en faction
, & font relevées après un certain tems. La
même manoeuvre fe pratique durant la nuit. Les
fentinelles font pofées > mais celles-ci ufent alors
d'une précaution dont les autres Ré- fe fervent
pas j elles fe foutiennent fur leurs jambes gauches,
& tiennent dans leur pied droit un caillou , afin
que fi elles venoient à s’endormir , elles fulfent
réveillées par le bruit de fa chute.
Variétés des Grues.
On a donné ce nom à plufieurs oifeaux étrangers.
En voici les trois principaux }
La Grue des Indes , fon col eft rouge & dégarni
déplumés, elle eft plus petite que la grue Européenne.
La gme baléarique , bel oifeau qui reffemble à
la cigogne, & qui a le cri & la manière de vivre
du paon: ces grues fe trouvent aufli aux environs
du Cap-vert.
La gnie du Japon , elle eft blanche} fon bec &
fes pieds font d’ un vert brun , le fommet de fa
tête eft d’un rouge éclatant, & fes grandes plumes
font noirâtres.
Ii y a aufli des grues à la Louifiane qui fréquentent
les bords des lacs & des fleuves. On en
trouve encore à la Chine , Sc ces dernières s’ap-
privoifent fi aifément, qu’on leur apprend à former
une efpèce de danfe.
Chajfe de la grue.
Quoique la grue foit un oifeau grand &■ ro-
buite, il y a des oifeaux de proie drefiés par les
Fauconnier^.» qui ofentfe hazarder à la cofhbattre
corps-à-corps : le combat que fe livrent dans les
airs ces deux athlètes , forme un fpe&acle aufli
fingulier que la lutte des coqs en Angleterre.
Comme la grue eft facile à tromper , & quelle
s’approche à la voix de l’homme , qui contrefait
fon cri} on fe fert pour la prendre de l’ artifice que
jous avens fait connoître fous le nom de 1 appeau :
il faut remarquer cependant, que fans un piège ,
les grues font inacceflibles ; il y en a toujous un
certain nombre aux aguets, & la vue d’un chaffeur
fuffit pour leur taire prendre leur effor. Au refte
tous les pièges font bons pour la chaffe des grues.
G R U Y E R , oifeau dreffé pour la chaffe ^es
grues , c’eft un terme de Fauconnerie : v o ilà .
difent les gens de l’ar t, un faucon gruyer.
GIJARÀ , bel oifeau du Bréfil, du Mexique
& de Cayenne , il eft de la groffeur d’ une pie ;
il a un long bec recourbé & de longs pieds. Son
plumage eft de couleur de pourpre. Cet oifeau
vit depoiffon, de chair & de viande toujours trempés
dans l’eau. Il vole par bande. Les fauvages
le chaffent pour avoir de fes plumes , dont ils font
leur parure.
G U ED E , ou guide ( , terme d’oifeieur , ) C ’ eft
le bâton ou la perche qui guide le nfe| tendu pour
prendre les oifeaux avec un rets faillant.
GUENON, c’eft la fémelle du finge. Plufieurs
Naturaliftes ont aufli donné ce nom à des finges
de petite taille, & particulièrement à des animaux
qui reffemblent aux linges & aux babouins ,-mais
qui ont des queues aufli longues que le corps.
Cette dernière efpèce eft recommandable par fa
vivacité , fa douceur, & fa docilité.
GUEPIER , ou mangeur d‘abeilles } genre d’oi-
feau, dont le cara&ère eft d’ avoir, les pieds comme
ceux du martinet pêcheur , le bec arqué ,
étroit & pointu. On en diftingue plufienrs ef-
pèces.
Le guêpier vulgaire qui fe trouve dans les provinces
méridionales de l’Europe , eft un peu plus
grand que le merle. Son plumage eft fort varié
pour la couleur , rougeâtre derrière la tête &
d’un jaune verdâtre au cou. Les plumes dts aîles
font vertes , mêlées de noir , de bleu & de rouge
j le doigt extérieur de fon pied tient au doigt du
milieu par trois phalanges, & le doigt intérieur
ar une phalange feulement. C e t oifeau a les jam-
es courte«; & groffes, les griffes noires. Il fe
nourrit d’ab illes & de cigales, de fearabées, &
de certaines femences.
Le guêpier de Bengale a le plumage cendré &
un peu bigarré.
Le guêpier du Bréfil a le bec long , pointu 8c
8c de la forme d’une faulx.
Celui de l’ Isle de France eft d’ un bleu verdâtre;
celui de Madagafcar eft vert. 11 a la queue
fort longue 8c de couleur brune ainfi que la tête
8c le cou.
Les guêpiers de Bengale 8c de Madagafcar, ont
un collier d’un vert doEé. Enfin ceux d’Angola
8c des Philippines, ont un plumage du plus grand
éclat.
. GUIAN ACCES ; ce quadrupède qui fe trouve
dans quelquès ides de la mer du Sud ,
eft de la taille d’un grand cerf. Il a le cou
fort long , les jambes menues, 8c le pied
fourcha ; fa tête qu’ il porte avec grâce , reffemble
à celle du mouton, fa queue eft touffue 8c d’ un
roux très-vif. Son corps eft garni de laine rouge
fur le dos. Les Indiens chaflent cet animal qui
eft très-vif 8c très-difficile à approcher. Ils fe
fervent de fa peau pour en faire des vètemens.
GUIB ; quadrupède qu’on voit par grandes
troupes au Sénégal dans'lts plaines d uP odor.Cet
animal reflemble affez aux gazelles. 11 eft fingu-
iièrement remarquable par des bandes blanches fur
un fond de poilbrun-marrondifpofé fur fon corps
en long 8c en travers comme fi c’étoit un harnois. .
Ses cornes loin liffes, 8c portent deux arrêtes
longitudinales l'une en deffus, l'autre en d lions
formant un tour de fpivale depuis la bafejufqu’à la
pointe.
GUIGN ARD , f m. C e t oifeau eft une forte
de petit pluvier qui n’eft pas plus gros qu’ un
mërfe. Il a la tête bigarrée de n oir , de gris Sc de
blanc , le,'dós d’ un gris-brun avec quelque luftre
de v e r t , la poitrine d’un gris onde , le ventre
> noirâtre 8c blanc vers la queue, le bec 8c les pieds
noirs. Oh croitaffez communément, mais mal-
. à-propos, cjuê cet oifeau eft particulier au pays
Chartrain ; on en voit en Picardie , aux environs
d’Amiens, oùoriles appelle vulgairementyir/o«.
Il yen aauftî en Normandie, où ils font connus
fous le nom de petites de terre , particulièrement
aux portes de Falaife , en un endroit appellé
Mont-d’Airïne, qui eft une montagne affez élevée,
formant un plateau de terrein fabloneux , d’une
lieue de longueur fur une demi-lieue de large.
Les guignards , ou petites de terre paffent fur ce
plateau allant du midi au nord depuis les premiers
jours d’avril jufqu’ à la fin de mai, 8c repaffent
du nord au midi, depuis les premiers jours d’aoùt
jufqu’à la fin de feptembre. Ils fopt meilleurs à
ce dernier paffage qu’au premier. j» s enarrêto it
autrefois fur cette montagne en bien plus grand
nombre qu’aujourd’h u i, attendu qu’ alors elle étoit
à peine cultivée ; au lieu qu'à prélent ellel'eft pref-
» que par-tout ; ce qui fait que ces «ilèaux qui le