
s’étoit paffé dans l'intérieur de la terrine , je la
renverfai.
Je reconnus que la romaine attaquée , avoit été abfolument réparée de fa tige , que les deux parties
commènçoient à pourrir ce qui prouvoit
quelle avoit été coupee dès le premier jour. Je
trouvai les trois vers à peu de diftance de cette
p lante, ce qui me fit augurer qu'ils en avoient
pris chacun leur part. Aucun n'avoit efifayé de
repalTer la ligne de démarcation qu'ils avoient fans
doute franchie auffi-tôt que je les eus mis dans la
terrine*
Je vifitai ces vers qui étoient vivans, mais qui
parurent effilés 8c maigris.
Les deux autres plantes avoient pouffé de nouveaux
chevelus, & elles étoient de la plus grande
vigueur.
Cette expérience ne m'ayant fatisfait qu'à demi,
je pris trois p ots , dans un defquels je mis de la
cendre de tourbe que je mouillai pour lui donner
une certaine confiftance ; je mis dans les deux
autres de la tourbe pulvérifée, j'arrofai un des
deux pots , & je plaçai un ver dans le fond de
chacun des trois j ces vers n'y relièrent pas un
quart-d'heure j je les vis bientôt au-deflus des
pots ; je les remis à différentes reprifes, mais ils
reparurent encore. Je m'apperçus qu'ils faifoient
même des efforts pour fortir des pots en cherchant
à grimper le long des bords, ce qui eft
abfolument contre la nature de ce reptile qui aime
à refier caché.
J'avois auffi planté, dans le même teins , une
laitue dans un pot plein de terre pure 5 je n'avois
que légèrement faupoudré de cendre fes racines ;
j'y avois mis un v e r , &. la laitue étoit encore
nier dans toute fa vigueur ; je renverfai la terre
Zc jé trouvai encorè le ver dans un coin du p o t,
qui n’avoit nullement touché à la plante , & qui
me parut encore plus maigre que les autres.
D'après ces différens effais, il paroît certain
que ces cendres éloignent cette larve fi elles ne la
jont pas mourir.
C e n-efl pas d'ailleurs le feul animal auquel la
cendre de tourbe foit contraire ; je me fuis fervi
utilement de cette fubflance contre une petite
chenille qui attaque le trèfle ; il m'efl arrivé plu-
fieurs fois d'en trouver des champs entiers tout
couverts/ j'y faifois fèmer légèrement de cette
cendre, & , le lendemain, il n'en refloit aucune j
mais il faut choifir, pour faire cette opération,
un tems de pluie : attention qu'il faut généralement
avoir lorfqu'on fe fert de cette cendre.
La tourbe pulvérifée pourroït même être préférable
, elle pofsède des parties que le feu fait
perdre aux cendres. L’ufage en feroit auffi moins
jiifpendieux, puifqu'on ne çonfommeroit pas aa-
: tant de matière , un morceau de tourbe pulvérifée
étant à-peu-près du même volume que trois
réduits en cendre.
On pourroit auffi effayer une autre fubflance
du genre de la tourbe, & qui a comme elle une
origine végétale ; je veux parler de la houille déjà
connue pour un excellent engrais.
Plus imprégnée de parties falines que la tourbe,
& moins chargée de parties pyriteufes & métalliques
que le charbon de te r re , cette fubflance
peut être regardée comme l'intermédiaire des
deux autres.
Autres moyens de détruire les mans, ou vers de hannetons
, qui dévafient les prairies, & les vers qui
coupent les bleds , & autres grains.
Vers le milieu de feptembre donnez un labour
très-profond aux terres qui font ipfeétées de ces
vers , & en même-tems faites conduire une bande
de dindons fur les filions que vient de tracer la
charrue 5 ces oifeaux très-friands des mans 3c
de tous autres v ers, les dévorent avec avidité.
Laiflez repofer votre terre un mois , ou cinq fe-
maines 5 après ce tems, donnez un fécond labour,
& faites encore conduire les dindons fur les nouveaux
filions. Au bout de .quatre à cinq jours
faites herfer cette terre, afin que ceux de ces in-
feétes qui y feroient rentrés fe trouvent expofés à
l'air & à la voracité des corbeaux & autres oifeaux,
& faites-y conduire les dindons. Au retour
du tems doux, vers la fin de mars, vous donnerez
un troifième labour, toujours accompagné des
dindons. Le lendemain ou fur-dendemain , faites
herfer de nouveau, mais plus profondément que
la première fo is , & faites-y paffer les dindons,*
pour.la dernière fois. Après ces opérations, l'on
peut enfemencer fans crainte fon terrein, & l'on
peut être fur que les mans & autres vers ne feront
pas en affez grand nombre pour nuire à ce que
vous aurez femé. C e procédé eft le moyen le plus
puiffant 8c le plus praticable pour détruire ces vers
fï nuifibles à l'agriculture : il contribue auffi à
nourrir à peu de frais les dindons, qui,font un
très-bon profit à la vente. A u refte , il eft d'ufage,
comme l'on fait, & fac ile, avec l'aide d’un cfiien,
de les conduire aux champs quand toutes les çé-
coites font faites.
. L i m a c e .
La limace ( Umax agrejlis, L. ) fait les plus
grands dégâts dans les jardins potagers, dans les
vergers & dans les champs. Elle fe multiplie pro-
digieufement, & , dans une feule nuit, elle dé-
vàfte les femis fur couche ou dans les planches,
lorfque les plantes commencent à poindre. Elle fe
retire pendant le jou r , fous les feuilles des arbres,
ï N s
dans les haies, fous les bancs, fous les pierres
& elle court pendant toute la nuit. S'il furvient ;
une pluie chaude pendant le jo u r , elle fe met également
en marche & va marauder.
La limace a dès ennemis naturels, la grenouille
& le crapaud. Celui qui voudroit donc introduire
une colonie de grenouilles dans fon jardin, & ne
feroit pas perfuadé que le remède feroit ainfi pire
que le mal, feroit bientôt débarrafïe dés limaces.
On peut auffi fe fervir , avec autant de fuccès,
des jeunes canards' de trois femaines, qui font
avides de limaces, & n’en laiffent pas ou ils en
trouvent. Ce moyen eft excellent, tant que les
canards font encore affez jeunes , & on peut être
affuré qu'ils ne font aucun mal aux plantes : mais
dès qu’ ils font parvenus à la moitié de leur croif-
fance , il faut bien fe garder de lès introduire dans
un jardin. Il eft encorè un autre moyen que je
préfère à tous les autres, &: que j'emploié ordinairement.
Je place dans les allées, dans les fourches
des chemins, fur les endroits vides de planches
entre les pieds des plantes, des briques ou
morceaux de briques, des petites planches, des
pie'rresplattes, &e. Tous les matins, avant m idi,
jè les lè v e , 8c je trouve toujours une quantité
confidërable <le limaces qui fe font réfugiées def-
fous pour éviter le fo lè il, & je les tue. On fe re-
préfenteroit difficilement avant de l ’avoir éprouvé,
quel nombre on en détruit ainfi, pendant quelques
jours feulement.
M o u c h e s.
Moyen ufné en Afrique pour prendre les mouches.
Dans un canton particulièrement irifefté de ces
infeéles, j'ai vu qu'on les attrapoit fort adroitement
, de la manière fuivante : tout le long du
plafond étoient fufpendus des paquets d'herbes,
fur lefquelles les mouches aiment à fe pofer. Alors
une perfonne prend un réféau ou fac profond,
adapté à un bâton j elle en entoure chaque paquet
d'herbe, qu’elle fecoue, enforte que les mouches
tombent au fond du fac. Après avoir réitéré plusieurs
fois cette opération , on trouve dans le fac
une chopine ou une pinte de mouches à-la-fois $
ôn les tue en plongeant le tout dans l'eau bouillante.
Pans certaines parties de ce canton, où les
mouches font en plus grand nombre, fe trouve
un arbufté qui dillille une fubflance à-peu-près de
même nature & dé même confiftance que le goudron.
Les mouches aiment à s'y pofer , & y relient
empêtrées.
P u c e r o n s .
Le chéVre-feuille & les pêchers font quelquefois
Ch a s s e s .
I N S 275
couverts de pucerons, qui s-'attachent aux jeunes
branches, en fucent la sève & les font périr. On
a éprouvé avec fuccès qu'on les faifoit mourir en
les afpergeant avec de l'eau de favon. Pour cet
effet, on prend une livre de favon noir qu’ on fait
difloudre dans de l'eau chaude , & on mêle cette
eau dans un quart de muid d!eau froide : on arrofe
les pucerons avec cette eau de favon, & on réitéré
plufîeurs fois tant qu’ on revoit de nouvelles colonies
de ces infeéles.
On prétend cependant que l’eau de favon tache
ou même gâte les fruits.
Un agronome a fait publier dans les affiches de
Marfeille un moyen qui lui a parfaitement réuffi
pour détruire les pucerons qui nuifent aux arbres
fruitiers & aux fruits. Il s'eft fervi d'une feringue
d'étain , coëffée d’une pomme à mille trous, &
adaptée au moyen d'une vis 5 il l'a remplie d'une
eau de chaux bien éteinte, dans laquelle il a détrempé
environ une poignée de mauvais tabac en
poudre fur deux pots d'eau , & en a arrofé les
arbres attaqués de ces ir.feêtesj la vermine a p éri,
les arbres ont pouffe du b o is , & leurs fruits ont
grofli. Quatre ou cinq jours après l'injeélion de la
chaux ila arrofé les mêmes arbres avec la feringue
remplie d'une eau claire. Ceux qui voudront avoir
recours au même procédé auront attention que la
pomme de la feringue foit un peu applatie j car
cet agronome a reconnu que la fienne péchoit par
trop de convexité.
Les pucerons, dit Kraufe, jardinier fleurifte à
Berlin, font des ennemis qu’on n'a pas encore pu
parvenir à détruire , & même dont il eft bien difficile
de diminuer le nombre. Ils m'ont cependant
fourni eux-mêmès un moyen de fauver les plantes
de leurs ravages. Dans un femis de choux, je
m'apperçus qu'aucun des nouveaux plants n'étoit attaqué,
tandis qu'un plant de radis qui étoit au milieu,
étoit couvert de pucerons qui le rongeoient. J'en
conclus que cette nourriture convenoit beaucoup
mieux à ces infedtes, & que, quand ils l'avoient,
ils ne fongeoient pas à s’en procurer une autre.
Depuis ce moment, j'ai toujours eu foin de femer
des radis auprès ou au milieu même-des plantes
que je voulois garantir des pucerons, 8c ce moyen
m’a toujours réuffi. La plante qu'on leur facrifie.
n’eft pas. même perdue, puifqu’ils n'en dévorent
que la fane , & que nous n’en mangeons que les
racines.
Je les ai entièrement détruits ( les pucerons )
dit T h o fle , en mettant dans une jatte quelques
poignées de terre jaune fur laquelle je jettai une
petite quantité d'eflence de térébenthine .Je broyai
bien le tout avec une fpatule, en y verfant de
l’eau jufqu'à confiftance d’une bouillie très-claire.
Je trempai le bout des branches dans ce mélange ,
M m