
3°. Il eft à propos , autant que cela Té peut ,
de chaffer toujours à bon v èn t, tant pour dérober
au gibier le fentiment du chaffeur 8c du chien,
que pour mettre le chien à même de l ’éventer
de loin : je dis , autant que cela fe peut , parce
qu’ il n’eft pas poflible qu’en allant Sc revenant
fur fes pas 3 pour bien battre le terrein , on con-
ferve toujours l’avantage du vent. Ainfi , toutes
les fois qu’on fe propofera de battre quelque portion
particulière de terrein 3 où l’on s’attend à
trouver du gibier 3 il eft indifpenfable de prendre
le vent.
4°. Il ne faut jamais fe rebuter de battre & de
rebattre , fur-tout les terreins couverts de bruyères
, de brouffailles 8c de grandes herbes , de
même que les jeunes taillis. Un lièvre , un lapin
vous laiffera paffer plulîeurs fo is , à quatre pas
de fon g îte , fans fe lever. Il faut encore s’obftiner
davantage 3 lorfqu’on a remis des perdrix dans ces
endroits. Souvent, lorfqu’on les a déjà relevées
plulîeurs fois 3 elles fe laiffent, pour ainfi dire ,
marcher fur le corps avant que de partir , fur-tout
li ce font des rouges. Il en eft de même d’un fai-
fan , d’une caille , d’une bécaffe. Tout en marchant
3 on doit avoir fans celle l’oeil au guet 3 8c
regarder foigneufement autour de foi 3 ne laiffant
jamais paffer un buiffon, une touffe d’herbes 3 fans
frapper deffus du bout du fufil. Il eft bon aulfi de
s’arrêter un inftant de tems à autre : fouvent cette
interruption de mouvement détermine le gibier
à partir , q u i, fans cela, vous eût laiffépaffer. Le
chaffeur qui bat , foule 8c refoule le terrein fans
fe’ rebuter, eft toujours celui qui tue le plus de
gibier. S’il chaffe en compagnie, il en trouve le
plus fouvent , où les autres ont paffé fans rien y
rencontrer.
yp. Lorfqu’après avoir tiré 3 on recharge f©n fu*
fil j il eft important de rappeller fon chien , 8c de
lé tenir à fes talons jufqu’à ee qu’on ait rechargé :
fans quoi il arrive fouvent-qu on a le regret de voir
lever du gibier , lorfqu’on n’eft point en état de
le tirer.
6°. Un des points les plus éffentiels de la chaffe
en plaine , eft de bien obferver la remife des perdrix.
Lorfqii’ à la partie d’ une compagnie , on en
tue une 3 ce n’eft pas d’aller ramaffer où faire
rapporter à fon chien la perdrix tuée qu’on doit
s’occuper d’abord , mais de fuivre les âatrès jufqu’à
ce qii’on les voie fe .pofer ;o u du moins autant
que la vue peut s’étendre, 8c qu’elle n’eft
oint interceptée par quelqu’ obftacîe, tel qu’ un
ois 3 une haie , 8cc. Dans ce dernier cas , fi on
fie les a pas vues fe pofer , au moins peut-on fa-
voir à-peu-près où elles fon t, fur-tout fi l’on conçoit
le canton où l’on chaffe. Lorfque deux chafi-
feurs font enfemble, 8c -que la compagnie fe di-
vife , chacun doit remarquer avec foin celles qui
tournent de fon côté. Ce que je dis des perdrix
doit s’entendre de toute autre efpèce de gibier-
plume. 11 eft même utile très-fouvent 3 lorfqu’ un
lièvre part de loin 3 de le fuivre de l’oeil 3 parce
qu’on le voit quelquefois fe reiaiffer dans la
plaine j 8c qu’après l’avoir laiffé s’affurer pendant,
quelque tems 3 il pourra fouffrir qü’on l’approche
d’affez près pour le tirer à la partie.
Si on le voit entrer dans quelque bois de peu d’étendue
3 l’occafion eft encore plus favorable :
on fait paffer fon chien dans le bois où il eft
probable qu’ il fera refté , 8c on l’attend à la
fo r tie , du côté par où l’ on cjoit qu’il pourra
débufquer.
C ’eft ici le lieu de parler d’une manière particulière
de chaffer en plaine, qui eft une efpèce de
battue en petit. Quatre chafièurs fe réunifient 3 8c
avec eux quatre hommes armés feulement de bâtons.
Cette bande de huit hommes marche fur la
même ligne 3 les batteurs placés dans les intervalles
qui féparent les chaffeurs, en forte qu’entre
chaque homme il fe trouve une diftance dé dix
à douie pas , ce qui forme un front de bandière
de 80 à rpo pas 3 au moyen duquel on balaie une
grande étendue de terrein. Ces batteurs, pour
faire lever le gibier , font du bruit de la voix 8c
de leurs bâtons. Lorfqu’ il part une compagnie de
perdrix 3 fi quelqu’ un des chaffeurs a tiré 3 tous
les autres s’arrêtent 8c fufpendent leur marche ,
jufqu’à ce qu’ il ait rechargé , ayant foin en même
tems de bien remarquer les perdrix. Si quelqu’ une
s’écarte du gros de la compagnie| & qu’on la voie
fe remettre , un des tireurs fe détache pour aller
i: la relever, 8c les autres font halte pour l’attendre.
On ne mène point de chiens à cette chaffe, ou l’on
en mène un feulement, qu’on tient attaché, pour
le lâcher, en cas de befoin, après un lièvre bleffé
ou une perdrix démontée. S’il fe rencontre quelque
petit bois , on y fait entrer les batteurs pour
le fonler, 8c les chaffeurs.fe poftent aux paffages.
Cette forte de chaffe eft fort ufitée en Italie, où on
l’appellei/ raftdio .( le-râteau) , à raifon de ce qu’elle
eft ordinairement Fort meurtrière. Elle convient
particulièrement dans les lieux où il y a peu de
gibier.
Le tems de l’ann.ée le plus propre pour la chaffe
eft à compter .depuis la mi-août jufqu’à ce que les
perdrix fe couplent. D’abord, jufqu’au mois d’oc-
tpbre , c’eft la pleine faifon des perdreaux & des
cailles 5 c’ eft celle des râles de genet, des tour-
tereileçà clés halfebrans. Les lapereaux abondent,
8c il fe tue plus de lièvres qii’en tout autre tems.
Viennent enfuite les grives, qui font excellentes,
fur-tout dans les pays de vignoble, où elles ont
mangé 'du rài'fîn. Vers la Touffaints , arrive la bécaffe
j 8c c’eft alors aufïi qu’on trouve des béçaf-
fines en quantité dans les -marais, 8c autour des
étangs , qui , après les premières gelées, font
j greffes 8c bonnes à tirpr. Dans le fort de l’hiver j,
& fur-tout pendant les grandes, gelées, les marais,
les étangs où fe trouvent des eaux chaudes, 8c
les petites rivières qui ne gèlent p o in t, offrent
une chaffe abondante de canards de plufieurs ef-
pëces , farcelles, poules d’eau, hérons, butors.,
8cc., 8c autres oifeaux aquatiques, dont les ef-,
pèces font très-nombreufes 8c très-variées-, fui-
vant les lieux 8c les différens pays. Quant au prin-
tems, 8c au commencement de l’été ,-c’eft-àrdire,
les mois d’avril, mai, juin 8c ju ille t, c’eft en
général une faifon morte pour la chaffe. Plus
de perdrix , plus de bécaffe, plus de gibier de
marais. On eft réduit alors prefquuniquement
à chaffer les lièvres 8c les lapins j encore ne
peut-on gueres chaffer les lièvres en plaine ,
dès que les bleds font un peu grands. Ajoutez à
cela quelques cailles vertes, au mois de mai, pour
les cantons où il y a beaucoup de prairies , 8c
quelques oifeaux de paffage particuliers à certains
pays.
Voye1 Planches! des. chaffes 1 4 , i y , 1 6 , 1 7 ,
18., 19 , 20, 21 j 2 2 ,2 4 , 29., 30. 8c 31. T . IX
des pl. des Arts-8c Métiers, 8c l’explicatiomà la fin
de ce volume. ( Extrait du Traité deg La chaffe au
fuß l.)
CHASSER de gueule. C ’eft laiffer aboyer un
limier quand on le laiffé courre j on ne le laiffe pas
chaffer degueule entout tems ; le matin , par exemple,
il doit être fe c r e t , pour ne pas lancer mal-
a-propos la bête.
CHASSEUR, f. m. Celui qui s’eft fait un métier
, ou. du moins un exercice habituel de la chaffe.
CHAT , f. m. Animal quadrupède qui a vingt-
fix dents : favoir douze incifîves, quatre canines
plus longues que les autres , 8c dix molaires
dont quatre en deffus 8c fix en deffous. Il a cinq
doigts aux pieds du devant 8c quatre à ceux de
derrière. L’ufage des ongles de cet animal, ainfi
que de ceux du tigre , dépend d’une méchan
t 116 particulière. Ils ne font jamais ufés par le
frottement du marcher , parce que l’animal peut
les cacher 8c les retirer dans leur fourreau par
la contraéiion des mufcles qui les attachent, 8c
ne les faire fortir que quand il, veut s’en fervir
pour frapper , pour déchirer &: pour s’empêcher
de gliffer. Quant à la couleur de leur
poil, il y en a de blancs, de noirs, de g r is ,
de cendrés, de roux., de tachetés de différentes
nuances.
.• Quoique les chats, ditBuffon, quand ils font
jeunes aient de la gentilleffe , ils ont en même
tems une malice innée , un caractère faux, un
minois hypocrite , un naturel pervers que l’âge
augmente encore 8c que l’éducation ne fait que
mafqiier. Ils font moins amis de? hommes que
«mijjers par intérêt 8c par habitude. Le chat'
eft jo l i , lé g e r , ad roit, propre 8c voluptueux
Cet animal fans être dreffé , devient de lui-même
un très habile chaffeur : mais fon. naturel ennemi
de toute contrainte , le.rend incapable d’une
éducation fui vie. La caufe phyfique de ce penchant
que les chats ont à épier ,8c furprendre
les autres animaux vient de l’avantage que leur
donne la conformation particulière de leurs yeux :
leur prunelle pendant, la nuit fe dilate finguliè-
retnent: d’ov a le , d’ étroite qu’elle étoit dans fe
joui-, elle devient pendant la nuit large 8c ronde ,
elle reçoit alors tous les rayons lumineux, qui
fubfiftent encore., 8c de plus elle eft toute im>
bibée de la lumière du jour :: l’animal voit très-
bien- au .milieu des ténèbres 8c profite de ce grand
avantage pour reconnoître, attaquer 8c furprendre
fa proie.
Koyei planche 5» des chaffes, tome IX des
gravures des arts 8c métiers ôc.l’explication à la
fin de ce volume.
C hat fauvage , nommé en terme de chaffe
chat karrei. 11 faut diftinguer; le chat fauvage de
certains chats doraeltiques,, qui ayant pris gouc
: à chaffer , défertent les .maifons à: sfétabliffent
dans les bois : ceux-ci font de différentes couleurs,
8c ne font pas, à.proprement parler, des
chats fauvages : car le vraL chat fauvage eft tou;
; jours d’une couleur uniforme , ainfi que le dit
M. de Buffon. Le fond de cette couleur eft un
gris terne. 8c peu foncé , mélangé d’une légère^
teinte de fauve , avec des bandes ou plutôt
des mouchetures peu tranchantes d’une autre ef-
; pèce de gris plus fo n c é , 8c quelques taches'
noires au poitrail 8c fous le ventre, :1e bas-ventre
eft d’un blanc jaunâtre. Les épaules, les cuiflès,.
les pattes: font rayées de bandes noires, ainfi
;que la queue, où il y a quatre de ces bandes en
anneaux, 8c dont l’extrémité eft entièrement
; noire. Mais ce que ces animaux ont déplus d if-
tinélif dans la couleur de leur p o il , c'eft une.
raie noire qui règne le long du dos, depuis la
naiffance de la qu,eue jufques fur la tê te , où elfe;
: s’élargit 8c fe partage en plufieurs raies. Je n’ai
jamais rencontré de ces chats à la chaffe , mais
j’ai vu de leurs peaux en douzaine, chez les
fourreurs , 8c les ai. trouvées toutes femblables ,
fi ce n’eft que les couleurs font tant foit pe*
plus ou moins foncées dans les unes que dans
ies autres. Une des- plus grandes que j’ai mefurée ,
avoit , depuis le fommet de la tête jufqu’à la
naiffance de la queue, 2 3 pouces : mais , à la
v é r ité , l ’apprêt avait pu lui donner un peu d’ex-
jtenfîon. La queue étoit de neuf à dix pouces,
i plus groffe 8c plus garnie que dans l’ efpèce do-
meftique. ^Çes chats font généralement de plus
| grande taille , 8c plus alongés que les gros enats
;de maifon. Ils ont d’ailleurs, lé poil plus lo n g ,
( ce qui les fait paroître plus gros qu’ils ne le font
ren effet. Une autre différence conftante, c’eft