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tayaux..... hallaly , Valets, hallaly...... ils ne fe
le font pas répéter deux fois , & tombent à
belles dents fur leur proie. Pendant ce repas ,
les piqueurs & porteurs de trompe fonnent des
fanfares 3 & les valets tiennent le fouet levé t
& prêt à frapper les chiens qui fe pillent.
Il ne faut pas Iaiffer manger à la curée les
chiennes pleines ; cela les fait avorter. Il y a
de jeunes chiens qui, par crainte, ou pour avoir
été mordus, n’ofent plus s'approcher de la curée :
dans ce cas les piqueurs les encouragent, en les
careffant j & s'ils ne veulent pas y mordre, on
leur coupe un morceau, qu’ils mangent en particulier
5 mais tous les chiens fe corrigent bien
vite de cette timidité.
On avoit fupprimé de donner aux chiens ,
quand le cerf elt pris , le foie , le coeur , le
poumon & le fang mêlé avec du la it , du fromage
& du pain*. On leur lervoit autrefois le
tout fur la nappe du cerf ; c’eft ce qui a donné ;
l’étymologie du mot nappe a la peau du cerf.
On a aufii fupprimé le forhu, qui eft la panfe
du cerf, vidée & lavée , mife au bout d'une
fourche avec les boyaux , & que l’on jertoit
aux chiens à la fin de la cu ré e , en leur criant
tayaux ; ce qui leur faifoit quitter les-os• qu'ils
rongeoient, & les accoutumoit à revenir au
cri tayaux du forhu, quLfert à enlever les chiens
d ’une mauvàife voie , pour les mettre fur le
droit : ce qui fe faifoit de cette manière. Un
des piqueurs prenoit les boyaux & la freflure
au bout d'une fourche , & alloit à deux cens
pas former le forhu : tous les chiens couraient
à lu i , mais il les laifloit defirer 3 & quand ils
avoient bien crié & fauté , on leur jettoit ce
fécond fervice au milieu d'eux. Il y a encore
beauco-p d'équipages dans lefqueîs on fait le
forhu 3 & ce n'eft pas une mauvaife habitude.
Lorfque la curée.eft finie, il faut conduire les
chiens boire à l’endroit le plus proche ; puis on
les couple, & on les ramene au chenil : car ils
ont befoin de repos. En revenant, les trompes,
fonnent la retraite fanfarée , tant pour encourager
les chiens , que pour rappeller ceux qui
pourroient être reftés dans le bois : mais fi l’on
avoit manqué, il faut fimplement fonner la re-
traite. En rentrant au chenil on doit compter
les chiens 3 & s’il en manque , on envoie le lendemain
dans les différens cantons où la chaffe a
pafte , pour les ramalfer.
Quand les chiens font bien en haleine , ils !
peuvent chafler deux fois la Termine, & même !
trois , s’ils n’ont pas eu de trop fortes chafles :
mais c’eft beaucoup 5 & il vaut mieux ménager
fes plaifîrs , que de fe mettre dans le cas de n’en j
plus goû ter, en crevant fes chevaux 8c fes chiens : j
car ils ne font pas de. fer. |
De retour à la maifon, on rentre tout de
fuite les chiens dans leur chenil, où ils doivent
trouver de la paille fraîche & de l ’eau 5 car Ms
font fort altérés après avoir chafte., fur-tout lorf-
qu’ils ont fait curée.
On ne peut pas châtier, quand il a fait de fi
fortes gelées, que les étangs font pris : car les
routes font pour lors très - mauvaises à coure ;
& outre les rifques qu’il y auroit de fe cafter le
c o l , le cerf ne pourroit pas entrer à l’ eau , ce
qui le rendroit furieux, & il feroit fentir fa rage
à tout l’équipage.
Les relais de chevaux fe placent , comme les
relais de chiens , dans les endroits où l’ on imagine
que l'animal paflera plus volontiers , & pour
l'ordinaire dans des carrefours , d'où on les ap-
perçoit plus aifément, & où par conféquent on
eft moins dans le cas de les manquer. D’ ailleurs
ceux qui font au relais, étant à même de découvrir
dans plufieurs routes , font quelquefois
à portée de voir pafifer l’ animal , 8c, donner
des renfeignemens. Lorfque les palfreniers ont
donné le cheval frais & repris celui qui a couru ,
ils doivent fur le champ jetter un caparaçon de
main , ou une couverture fur ce dernier , & le
promener au pas , pour qu’ il fe rafraîchifte peu a
peu , & qu’il ne fe roiaifle pas; ce qui lui ar-
riveroit, fi on le lailïoit tout à coup dans l’inac -
tion.
Il y a des perfonnes qui , au lieu de lai fier les
chévaux à un relais fixe , les font fuivre le. long
de,s routes. Il eft certain qu’ ils n’en font pas fi
frais 3 car outre le chemin qu’ils font , la pouf»
fière les fatigue beaucoup.
On ne peut pas détailler tous les accidens
qui arrivent journellement à la chafte : ils font
fans nombre ; & il n’y a que l’expérience & l'habitude
de chafler qui les faftent connoître, &
apprennent la façon d’y obvier , ou d’y remédier.
Piégés divers que F on tend au cerf.
C ette efpèce de chafte n’exige point l’apparéil
de celle que nous venons de décrire 3 mais elle a
fes agrémens.
On choifitun arbre haut de dix à douze pieds,
& dont la tige n’ait que la greffeur d'une perche
3 on l’ébranche jufqu’ à la cîme , du côté où
l’on fuppofe que. le cerf doit pafler 5 8c on y attache
un collet de corde :, on cherche enfuite vis-
à-vis, un arbre près duquel on-attache un piquet
qu’ on coche à la hauteur de quatre ou cinq
pieds. Après cela vous tirez l'arbre par la corde
du c o lle t , vous lui faites faire l'arc & vousl’ar-
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rêtez dans la coche du piquet j le collet doit
être mis à la hiuteur de l’animal , afin qu’il y
merte fa tête quand il voudra pafler. Si le piège
réuflit, f arbre par fon -élafticité fortira de -la
coche avec violènce , enlevera le cerf 8c l'étranglera.
Voici un autre piège dont on vante l’ infaillibilité
: on fuppofe qu’ un cerf doive paffer dans
un fentier bordé d’une haie ou d’ un bois taillis 3
on cherche un arbrifleau de douze à quinze pieds
de haut, on l ’ébranle du côté de la paflee , 8c
l’on y attache deux ficelles fortes , l'une pour
y lier un collet de fer ou de corde , l’autre pour
y tenir ferré un petit bâton long d'environ huit
pouces , 8c taillé plat aux deux extrémités. Vous
prenez enfuite un cerceau de cuve que vous fendez
par le milieu, 8c vous mettez deux petits
coins dans les deux bouts delà fente , pour le tenir
entrouvert 3 à chaque côté de cette ouverture-,
voas placez deux ou trois pointes de fer de la
longueur chacune de deux doigts 3 & vous liez
ce cercle à l ’arbrifteau dont nous avons parlé ,
& un piquet coche à quatre pouces de terre
que vous aurez enfoncé fortement vis - à - vis
l’arbrifleau.
Vous prenez enfuite une autre perche auflï
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longue que le chemin eft large , applatie par
un b o u t , 8c cochée à l’autre..au revers : vous
appuyez le bout] applati contre l’arbriflfeau , &
vous faites courber en arc le même arbrifleau ,
par le moyen de la ficelle '8c un petit bâton qui
y eft attaché.
Le tout ainfi accommodé , cochez à force
ce petit bâton , d'un bout dans la première perche
, & de l'autre dans la coche de la fécondé
de manière que d ’un côté elle foit élevée d'un
pied , 8c de l’autre feulement de trois ou quatre
doigts.
Attachez enfuite fortement un collet à la fécondé
ficelle qui pend au premier arbrifleau. 8c quand le
piège eft dreffé , mettez fur la fécondé perche une
petite planche quiferve de marchette 3 le ce r f ne
lauroit toucher le reflort du collet que toute la
machine ne fe détende & que l’animal ne fe trouve
pris. On peut mettre un appât fous le piège ,
mais il faut l ’environner de verdure.
N. B. Gomme il y a beaucoup d’expreflîons
techniques, 8c même de phrafes particulières ,
ui font en quelque forte la langue de la chafte
u cerf, il convient fans doute d’ en donner l'ex plication
8c de les réunir à la fuite de cet article.
V O C A B U L A I R E de la chafe du Cerf.
Abattures. Ce font les traces que les cors du
cerf laifîent en paflant dans les taillis.
Abois. On dit qu’un cerf eft aux derniers abois
quand il tombe outré de fatigue , ou qu’il eft
mourant.
Accouer. Un veneur accoué un cerf quand il le
joint pour lui donner un coup d’épée au défaut
de l’épaule , ou pour lui couper le jarret.
Aculsi Pointe ou bout des forêts.
Ages, ou difeernement du cerf. On dit jeune
cerf, cerf de dix cors'jeunement , cerf de dix cors &
vieux cerf.
Aiguillonné. C e motfe dit àesfumées portent
quelquefois un aiguillon par un b o u t , 8c quand
elles font en noeuds, ce qui marque, dit-on,
que les cerfs ont quelque ennui.
Aller de bon temps 5 c'eft-à-dire, qu’il
y a peu
de tems que l’animal eftpafîe.
Aller d'afurance. Marcher au
& fans crainte.
pas, le pied ferré
Aller au gaignage. Aller dans les grains pour
y viander ou pâturer.
Aller de hautes erres.. Céft.quand il y a fept ou
huit heures qu’ un cerf eft palfé.
Allure. Manière de marcher des bêtes fauve«.
Ambleur, fe dit du cerf dont le pied de derrière
furpafle la trace du pied de devant.
Ameutés. On dit que les chiens font bien ou mal
ameutés quand ils marchent enfemble ou qu’ ils fe
féparent.
Andouillers. Cornichons de bois du cerf’, tous
les andouillers font compris fous le nom de cors ,
dans la dénomination du cerf de dix cors 3 le bois
de la quatrième année d’un cerf porte trois andouillers
d ’un côté , & trois ou quatre de l’autre.
A quatre ou cinq ans, le jeune ce r f peut porter
huit ou douze andouillers , & dans la vigueur de
l’â g e , il en porte jufqu’à vingt-deux. Quand il eft
v ieux , on fait bien plus d’attention à la grofleur
& à la conformation de fon b o is , qu’au nombre
de fes andouillers.
Appuyer les chiens. C ’eft fuivre toutes leurs
opérations , les diriger & les animer de la trompe
& de la voix.
Ajfemblée. Rendez-vous où tous les chafîeurs
fe trouvent.
Ajfentir la voie. C ’ eft la reconnoître.
Ajfurance. C ’eft la fermeté 8c la fécurité dans
la marche du cerf.