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dans le. canton de Glaris en Suiffe, un di&icft de
montagnes appelle F r e y fe rg ,.où la chaffe du cham
o is eft interdite ; mais il y a douze chaffeurs
jures 8c fermentésj qui, à chaque mariage, tuent
deux chamois pour le repas de noces des nouveaux
mariés. Ces cnaffeurs ont les peaux pour eux , 8c
ne doivent en tuer que deux feulement dans chacune
de ces chaffes. Ces montagnes de Freyberg
font entourées, prefque de tous côtés, par deux
rivières ; ce qui en rend la garde plus facile , 8c
les a fait choifir de préférence pour en faire un
cantdn de réferve.
Le ch am o is , pris jeune , s’apprivoife affez facilement.
Lorfqu’on les rencontre encore trop foi-
bles pour fuivre la me te , il eft ai'fé de les prendre
j & vo-ici , fuivant le même Sçheuchzer , un ifratsgême ufité dans les montagnes de la Suiffe ,
par lequel on réuffit à s’en emparer, lorfqu’ils
„font plus forts. Dès qu’ un chaffeur a tué la mère,
il fe couche à terre , 8c drefté à côté de lui l’animal
fur fes pieds , du mieux qu’ il eft poffible. Le
petit cAt/mo/V-s’approche alors de fa mère pour la
tetter , 8e en ce moment il le faifit. Quelquefois
même, fans cela , il le fuit de fon gré , voyant fa
mère chargée fur fes épaules. Arrivé à la mai fon ,
il nourrir ce petit animal de lait de chèvfe ; 8c il
devient tellement privé , qu’ il accompagne le
troupeau de chèvres dans la montagne ,~8c revient
avec elles à la maifon. Il arrive néanmoins quelquefois
, que la fantailie lui prend de quitter
le troupeau , 8c de gagner le plus haut des montagnes,
pour y reprendre la vie fauvage. ( E x tra it
de la chaffe au fu f i l. )
CHANGE (V énerie & Fauconnerie). V rendre
le change fe dit du chien ou de l’oifeau qui aban-
donne^ fon gibier pour en fuivre un autre. Ainfi
l’on dit Y o i f eau ou le chien a p r is le change.
CHAPERONNER. C ’eft couvrir la tête de l’oifeau
de proie d un chaperon.
CFI ARBONN1ERES ( Vénerie..), terres rouges
où les cerfs vont frapper leurs tètes après avoir
touché aux bois ; ce qu on appelle brunir. Elles en
prennent la couleur.
CHARD O N N ER E T , f. m. Petit oifem de la
grandeur du ferin, fort agréable par fes: belles
couleurs 8c par fon chant. On le nomme chardonneret
, parce qu’on le voit communément dans les
chardons , dans les épines, 8c qu’il vit en partie
de leurs femences. Son plumage eft joliment di-
verfifié. Il a fur le devant de la tête 8c à la gorge
des marques rouges. Le haut de fa tête eft noir}
fes ailes font noires & bigarrées de blanc.
Les chardonnerets vont en troupes, 8c vivent pinceurs
erifemble. On les élève fort bien en cage j
fur-tout quand ils y font m*s très-jëùtiës ; on peut
accoupler le chardonneret avec la femelle du ferin ,
& il en provient alors des oifeaux mulâtres qui
participent des deux efpèces:. '
On voit au Cap de .Bonne-Efpérance des char-r
d on n e ra s , dont le plumage eft grifâtre en éré , 8c
d’un noir mêlé d’incarnat en hiver; cette efpèce
eft remarquable fur-tout par l ’attachement du
mâle 8c de H femelle. Ils fe bâtiffent un nid
de coton divifé en deux cafés ; là première eft
occupée par le mâle, 8c l’inférieure par la fe melle.
Le chardonneret du Canada reffemble affez à un
ferin , dont la queue , les ailes 8c la tête feroient
noires.
La chaffe de ces petits oifeaux fe fait aux gluaux
8c aux filets.
CHANTER EL LE ( Chaffe ). C ’ eft ainfi qu’ on
appelle les oifeaux qu’on a mis -en cage , pour
fervir d’appeaux à ceux à qui on a tendu quelques
pièges. On met la perdrix femelle au bout des
filions où l ’on a placé des paffées 8c des lacets, 8c
elle y fait donner les mâles en les appellant par fon
chant.
La faifon de cette chaffe eft depuis le premier
dégel jufqu’au mois d’août. Cette enaffe ne fe fait
qu’ au foleil couchant jufqu’à la nuit, 8c depuis la .
pointe du jour jufqu’au lever du foleil.
CHARGE (V én e r ie .) . C ’eft la quantité dé
poudre 8c de plomb que le chaffeur emploie
pour un (Coup. Cette quantité d'oit être proportionnée
à la force de l’arme, à l’efpèce de gibier,
8c à la diftance à laquelle on eft quelquefois contraint
de tirer.
CH A R O T E , f. f. (Chaffe.). Efpèce de panier
en façon de h otte , dont on fe fert pour
porter les inftrumeris. fervant à la chaffe aux
pluviers , 8c rapporter ces oifeaux quand on en
prend.
CHAPERON (Fauconnerie. ) , morceau de cuir
dont on couvre la tête des oifeaux de leurre, pour
les affaiter. Il y a différens chaperons pour différens
oifeaux : on les diftingue par des points, depuis
le numéro un jufqu’au numéro quatre. Le premier,
d’un point, eft pour le tiercelet de faucon. L ’oifeau
qui fouffre fans peine le chaperon , s’appelle
bon chaperonnier,
CHAR R IER , v. n. ( Fauconnerie. ). Il a deux
acceptions ; il fe dit i p. d’ un oifeau qui emporte
la proie qu’ il a prife, 8c qui ne revient
qu’après qu’ on l’a réclamé ; 2°. .de l’oifeau qui
fe laiffe emporter lui-même dans la pourfuite de la
proie.
CHA S SE , exercice où l’on pouçfuit le gibier ^
foit pour l’empêcher d’être deftruéteur, foit pour
le faire fervir d’aliment; il .y en a de plufieurs
fortes ; mais la plus célèbre eft celle qui exige un
grand appareil, telle que la chaffe du cerf 8c celle-
du faucon.
Four être bon chaffeur , il faut avoir reçu de la
nature un tempérament à toute épreuve, ou du
moins avoir un courage qui en déguife la foi-
bleffe :oe t exercicé violent 8c tumultueux n’eft
pas fait pour occuper l’oifîveté efféminée d’un Sybarite.
La ch a ffe, dît Buffon, eft le feul amufement qui
faffe diverfiori entière aux affaires, le feul délaf-
feraent fans mo Helfe, lé feul qui donne un plaifir
vif fans langueur, fans mélange 8c fans fatiété.
Le goût de la chaffe , de la pêche , de l’agriculture
3 eft donc un goût naturel à 'tous les hommes
, 8c malheur à Famé énervée qui oferoit en
douter.
C ’eft pendant l’hiver que l ’on trouve le plus de
gibier ; dans la forte gelée, on tue facilement quantité
d’oifeaux marécageux ; lorfque la neige couvre
la terre , on tue fans peine lés perdrix, car on les
apperçoit de loin , on approche alors d’ elles en
tournoyant.
Dans le dégel, on guêtë les oifeaux marécageux
fur le bord des étangs ; c’eft auffi le tems de prendre
les; pluviers 8c les cercelles : la chaffe des
ramiers fe fait la nuit dans cette faifon ; c’eft au
printems qu’on trouve le chevreuil dans les jeunes
m i 3 mais il n’y faut aller que lë matin 8c le
foir. .
En é té , on chaffe au lièvre 8c au chevreuil :
on fait auffi lever les cailles à l’aide d’un chien
couchant, 8c bn les tire au fufîl. Les chaffeurs
affidus font bien de s’habiller d’ un furtout de
couleur verte ou grife pour ne point effaroucher
le gibier.
L’automne, enfin , eft la plus belle faifon pour
la chaffe. Sur la fin d’août , on chaffe les perdreaux
^ foit à l’oifeau , foit avec un chien , qui
les fait partir devant le tireur. On chaffe aufli,
dans cette même faifon, dans les lieux marécageux
8c le long des étangs, mais ce doit être
de grand matin, ou à quatre heures après midi.
On tue auffi dans l’automne les bêtes fauves
W fortent des taillis, quand le foleil va fe coucher.
On fe met à vingt pas de leur fort 8c à l’op-
pofite du vent, afin que ces animaux ne vous fen-
tent point.
La nature n’eft jamais morte pour le chaffeur ,
& toutes les faifons lui paient un tribut de
plaifîrs.,
Chaffe au fu f il. C et amufement fimple, peu dif-
pendieux 8c fans appareil, qui fait à la campagne
les délices de tant de gens de tout état > eft à la
portée dè tout le monde. Cette chaffe , quoique
j moins favante que les grandes, exige cependant,
\ des connoifiânces pour être pratiquée agréa-.
blement.
' Premièrement, un chaffeur doit avoir égard à
la différence'des faifons, à la température de l'air,
i 8c même aux heures du jour plus ou moins favorables
pour la chaffe.
Pendant l’été 8c l’automne , il cherchera les
lièvres 8c -perdrix dans les plaines 8c lieux dé--
, couverts : mais il doit favoir que dans les grandes
' chaleurs, le gibier habite volontiers les endroits
frais 8c humides , cértains marais où il y a peu
d’eau 8e beaucoup de grandes herbês, les bords-
des rivières 8c ruiffeaux, 8c les coteaux expofés
au nord : qu’en hiver , il fe tient le plus ordinairement
fur des coteaux expofés au midi, le long
des haies^, dans les bruyères, les pâtis garnis de,
brouffailles 8c de fougère ; 8c par les grands,
froid s, dans les lieux bas 8c les plus fourrés, 8c
dans les marais , où il trouve à fe garantir du
froid comme de la chaleur. Gela ne veut pas dire
q ue , lorfque le tems eft très chaud ou très-frôid ,
les lièvres ou perdrix défertent entièrement les
plaines, mais feulement la majeure partie. D ’ailleurs
, le gibier tient beaucoup mieux dans les
lieux couverts que dans les lieux ras ; ainfi, il y a
double avantage à l’y chercher.
La chaffe du matin , en toute, faifon , à commencer
lorfque la rofee eft effuyée, eft toujours
la meilleure 8c la plus favorable. A cette heure ,
les bergers 8c leurs troupeaux ne font point encore
répandus dans les champs, 8c n’ont point fait
fuir une partie du gibier , comme il arrive lorfqu’on
fe met en chaffe plus tard : ajoutez à cela
que les voies de la nuit'font plus fraîches, 8c que
les chiens rencontrent mieux. En ou tre, pour
n’être pas matineux, on perd fouvent des occa-
fions qui ne fe retrouvent plus. Ce fera certains
oifeaux de paffage, qui s’étant abattus la nuit en
quelqu’endroit, auront été rencontrés le matin
par des bergers qui les ont fait lever. Une autre
fo is , ce fera un chevreuil, qui s’étant écarté
d’une forêt (voifine, aura paffé la nuit dans un
bofquet , d’où il â été renvoyé le matin par'
quelque chien de ferme ou de berger ; 8c autres
hazards qu’on peut imaginer, 8c qui font fort
ordinaires.
2°. Il n’ eft pas indifférent de quelle couleur
le chaffeur foit habillé. Le vert e f t , fans contred
i t , ce qui convient le mieux pendant la belle
faifon , 8c tant que les'feuilles font fur les arbres.
S’il eft vêtu d’une couleur tranchante avec la
verdure de la campagne, il eft certain que le
gibier l’appercevra plus aifèment , 8c. de plus
loin. En hiv e r , il doit s’habiller de gris fon cé ,
ou de quelque couleur approchante de la feuille
morte.