
le fait en poîhnt d’abord un certain nombre de
tireurs autour d’ une enceinte, où il y en aura un
de détourné , 3e decoupiant enfuite les chiens fur j
la voie pour le lancer. Alors 3 celui a portée
duquel il vient à paffer le tire. 11 eft encore plus '
fûr de n’entrer dans l ’enceinte pour le mettre :
debout qu’avec un feul limier qu un chaffeur tient
à la botte. L’animal, bien moins effrayé de quelques
coups de voix du limier . que du bruit de
jilufieurs chiens courans, fuit moins rapidement ;
& lorfqu’ ii a été manqué, au fortir dé 1 enceinte ,
il eft bien plus aifé aux tireurs de gagner les devants
d ’une autre enceinte pour l’y attendre ,
d’autant mieux qu’alors celui qui conduit le limier
s’arrête, & celle de fuivre la v o ie , jufqu’à ce
que les tireurs aient pris' leur pofte, ce dont il
eft averti par un Signal convenu.
Il n’ eft pas néceffaire , pour faire h chaffe des
loups, d’en avoir un détourné à donner aux chiens.
Lorfqu’ on connoît à-peu-pres les cantons dubois
où il doit s’ en trouver, après avoir placé des tireurs
du côté des refuites, on découple les chiens
à la trolle, & l’on quête au hazard. On fait même
des chaffes au loup, fans chiens courans, en raf-
femblant beaucoup de payfans armés, partie de
bâtor.s, fourches, & c . , & partie de iufils, &
dont, quelques-uns fe font accompagner, de leurs
mâtins. Un certain nombre de ces payfans, armes
feulement de bâtons, entre dans le bois avec les
chiens', marchant fur une même ligne à quelque
dîftancé l’un de l’autre, & à grand bruit, caron
nô peut faire trop de bruit a cette chaffe 5 tandis
que ceux qui font armés de fulils vont fe placer,
a bon v e n t , le long des chemins qui bordent
l’ enceinte que l ’on bat. Lorfqu on a beaucoup de
monde, & V e le bois n‘eft 8 f? ri une étendue
médiocre , une partie des payfans non armes fe
diftribuent tout autour, à dix ou quinze pas l'un
de l ’autre, pour renvoyer le-loup à force de cris
8c de huées, s’il fe préiente pour fortir, 8c le forcer
d’aller paffer du côté où font les tireurs. Ces
fortes dé chaffe s’appellent battues, ou tric-trac.
Lorfque les loups ont fait, dans les bois, quelque
ab at, (oit d'un cheval, foit d’ une vache, ne pouvant
emporter'leur p roie , ils en mangent une partie
j raffûtés pour le- relie du jour, ils vont fe remettre
au liteau, 8c ne manquent guère d’y revenir
à la nuit pour manger le relie. Cette occafion
eft très-favorable pour les guéter 8c les tuer à
l’ affût. Pour c e la , il faut, une heure avant foleil
couché, faire traîner la bête morte, pour le mieux,
par un homme à cheval, .avec des ftarts 8c non
avec des cordes. Cette traînée fe fait le nez dans
le vent, le long de quelque route peu fréquentée,-
ou à travers b o is , mais toujours par les endroits
les plus clairs, dont le lo u p fe défie moins que des
endroits couverts ; 8c cela dans une étendue d’en-
vùon mille pas, pour donner >ji loup, qui, d’ sbef d
fie fuivra la voie qu’ a vec crainte St défiance , le
tems de s’affurer. A u bouc de ces mille pas , le
traîneur fe détourne du cô té qui paroît la plus à
propos j Se après avoir marché environ deux ou
trois cents p a s , il s’arrête le vent au d o s , 8e laiffe
la bête placée en Heu dé cou ve rt , de manière que
le t i r e u r , qui doit ê tre pofte a 1 a f fû t , fo it dans
un a rb r e , foie à cou ve rt d’ une c e p é e , ou dans un
trou pratiqué e x p r è s , ne puiffe ê tre év en té par
l’animal que la traînée attirera. L e t ire u r , s il laie
clair de lune , doit avoir attention de fe placer
dans l ’o b fc u r ité , & de façon que la lune ne donne
pas fur l u i , 8c ne faffe pas paroître fon. ombre ,
attendu que l’ ombre d’ un homme produit fur leç
bêtes le même effet que le c o r p s S e u le s met en
‘ fu i t e , ce qui a lieu pour la lune comme pour le
' foleil, L e feul cas où il n’ y ait point ce t inconvénient
. c ’eft lorfqu’ on a la lune ou le foleil en fa c e ,
, parce qui’ alors l'omb re fe trou ve couverte par le
corps, l l é ftb on de ne point quitter l ’affût qu après
m in u it , les loups courant b eaucoup, 8c ayant coutume
de ne revenir que fort tard aux abats qu ils
ont f a i t s f u r - t o u t dans les lai ions ou le bétail
étant dehors,, ils trouvent aifement les occaliona
d e faire c a p tu te , 8c ne font point affamés/ C e s
fortes de traînées font bien plus fûres que celles
qui fe fon t de b êtes mortes de maladie.
Dans les mois de mai 8c ju in , lorfqu’ on rencontre
les p etits d’ une lo u v e , encore à la mamelle,
on peut faire une traînée a vec un lo u v e te a u , de la
manière qu’on v ien t de l’e x p liq u e r , 8c y attendra
la lo u v e , qui ne manquera pas d’y Yenir.
A u mois de feptembre 8c d’o flo b r é la chaffe du
louveteau ou louvart eft amufante, 8c ne fatigue
pas i car ils n’ont pas encore la fo r c e de p e r c e r ,
comme les v ieu x oups, 8c ne font que randonner,
8c fe faire battre comme des lapins ; 8c quand ils
ne fe fentent plus de fo r c e , ils fe fou rrent dans un
te r r ie r , fous une p ie r r e , ou dans un t ro u , où.ils
î entrent à recu lon s , pour prefen tet leur gueule aux
chiens. Lorfque l’ on v eu t forcer des lo u v e te au x ,
il faut commencer par découpler deux ou trois
ch ien s , q u i , pour l ’ordinaire , rencontrent la
lo u v e , qui vient s'offrir à eux pour les e n le v e r ,
8c les empêcher de prendre fes petits : lors donc
qu'ils lui fon t vider l’ en c e in te , on p eu t découpler
fur les louvarts.
L a v o ie du loup eft une v o ie trè s - f ro id e , 8c peu
de chiens en veulent : il faut une race de chiens
particulière pour ces animaux. Les chevaux doiv
en t être v ig o u re u x , 8c avoir beaucoup de fond ,
pour chaffer le loup ; car un vieu x loup fait fou-
v en t une fuite de fix ou fept lieues fans regarder
derrière lui. Les limiers pour loup fe dreffent 8c
fe mènent comme les limiers pour c e r f & fanglier.
U n v a let de limier doit favoir diltinguer le loup d®
la J ouve, 8c l'â ge de l’ un 8c de l’autre. V o ie ? Jus
marques auxquelles il eft plus aife de le s re con -
noître 8c d e les juger.
L e vieu x loup a ife pied g r o s , le talon large 8c
gro s ,.d on t il forme trois foffe ttes en terres il a les
ongles gros Sc courts : fon pied de devant eft beau coup
plus gros que ce lu i de derrière ; 1 un & I au-
tre font très-ferrés. Un v ieu x loup qui va u aliu-
ran c e , ne fe méjuge p a s , c ’e f t- à -d ire , qu il met
régulièrement le pied de derrière dans ce lu i de
devant : s’ il t ro t te , le pied de derrière fe trouve
placé à deux ou trois doigts de celu i de devant.
La louve a le pied à peu-près fait comme ce lu i du
loup, mais il eft pliis lo n g , plus d é ta ch é , 8c beaucoup
plus é t ro it ; fes ongles font plus petits : en
mener d’ abord av ec un ch ien bien d re ffé , 8c faire
paffer alternativement l'un devant l’autre 5 c e qui
donne de l’ardeur 8c de Ja hardieffe à ce lu i que
; l ’on dreffe. Il faut lui faire faire de b elles fuites :
1 la fijifon des louveteaux eft la plus favorable pour
f cela . Q u a n i le lim ie r , que l'o n d r e ffe , fait rencontre
un mot j elle a le- pied moins gros , plus ferre.,
plus é t r o i t , & le talon plus p e tit. Lorfque le^li m
ie r , dont on fe f e r t , n’eft pas uniquement ciel-
tiné à la chaffe du loup, & que ne pouvant irevon
de ce dont il fait fuite , on eft incertain s il le rab-
bat d’ un loup , ou de quelqu’autre animal, il faut
en ju g er par fa façon de faire 5 car f i , fans remuer
l a q u e l l e , il flaire la branche d’ un air fâ c h e , 8c
fuit d’ un air mécon ten t, il n’eft pas douteux qu il
fe rabbat fur un loup ; 8c fi f o n veu t favoir fi c eit
d’ un loup ou d’une lo u v e , on fera attention aux
ca r re fo u r s , qui font les endroits qu ils choifiuent
fouvent pour je tter leurs laijfées , 6c fe deckaujfer,
c* e ft-à -d ire , gratter la te r r e , comme les ch ien s ,
avec les pieds de derrière lorfqu ils ont fini . fi
c ’eft d’ un loup, fes laiflees font plus dures que
celles d’une louve s Sc eii fe déchauflant, il gratte
la terre a v ec plus de v io le n c e , 8c fes ongles ®ont
plus eros : d’ ailleurs le loup je tte prefque toujours i
le s laiffées fur une pierre , fur une m o t te , ou fur
une brouffe j au lieu que la lou v e les je tte au milieu
du chemin , 8c les je tte plus molles. L e loup
& la louve font très-aifés à diftinguer par leur fa çon
d e p if fe r , qui eft bien differen te, 6c que les
chiens vous marquent, quoique la place foit se ch e , J
& ne foit plus apparente : le v ieu x loup, pour p iffer
, v a lev er la jambe contre une b ranche, c e que
le chien vous marque, en flairant la branche du
haut en bas j la louve au contraire piffe au milieu
du chemin , en s’ ac croupiffan t, ce que le chien
vous marque p a re illemen t, en portant le nez tout
autour de la place où elle, a pifle.
L e lou v e te au x le pied o u v e r t , 8c prefque auffi
long que ro n d , ce qui provient de la foib ieffe de
fes nerfs; il eft fujet à fe méjuger : il a les ongles
beaucoup plus menus 8c plus pointus que le vieux
loup. U y a de gros chiens qui ont le pied auffi
grand qu’ un loup, mais il eft a ife d en faire la d i f fé
ren c e j car le chien a le talon é t r o i t , le pied j
o u v e r t , 8c prefque auffi rond quedoug j fes allures ;
fo n t plus c o u r te s , fes ongles font mcaus’S & il fe
.méjuge fouvent.
JJuand ©a dreffeu» limier pour le h u p , il faut le
de v o ie de losp-, on lui parle en ces termes i
kadoup, l'ami , apres, apres , harloup...... on fait
i fuite pendant une demi-heure ou une heure ; aa
b ou t,d u q u e l tems on arrê te fon lim ie r , pour le
, laiffer repofer j 6c il fa u t , pour l ’en co u ra g e r , le
j bien careffer.
L a quête de loup eft la plus défagréablô : il eft
très-difficile à t ro u v e r , parce qu’ il rentre tan tôt
matin , tantôt tard ; il eft aujourd’ hui dans un en-
' d r o i t , 8c demain dans un autre 3 il refte fou vent
■ fur pied , 8c prend très-aifément le vent du t ra it ,
fur-tout la lou v e qui a des louveteaux. Il faut donc
le s d étourner a vec beaucoup^de p ré cau tion , 6c ne
point les approcher à mauvais v ent. Pendant l’e te
les loups n’ont pas de demeure fixe : ils relient fou -
v en t au milieu des g ra in s , 8c les louves y fon t
quelquefois leurs petits. O n commence fa quête
dans la campagne, 8c autour des villages Sc des fermes
3 car le loup ne fait fâ nuit fous le b o is , qu’ au-
tantqti’ i ly auroit traîné quelqu’ animal, quifuffiroit
pour le nourrir pendant plufieurs jou rs; encore fa
gloutonnerie 8c fa prévoyance l’ engagent venir
à la ch affe, lorfqu’il a mangé fa fuffifance. L ’ on ne
do it jam a is , en faifant fon rapp o rt, affurér que
Ton a un loup dans fon en c e in te , mais dire qu’ oti
y en a laiffé u n , 8c que l ’on c ro it qu’ il y re f te , car
ce t animal eft fouvent fur pied 3 & t rè s -fo u v en t ,
dans l’ inftànt que l’ on v a frapper à I a b r i fé e , i l eft
déjà à une lieu e de là.
L ’ attaque du louv fe fait comme ce lle des autres
animaux 3 mais c’ eft une fo lie que de vouloir fo r cer
de v ieu x loups : car le meilleur équipage , s’ il
n’ emploie ni fufil ni lé v r ie r s , en manquera aja
moins h u it , fur d ou ze qu’ il attaquera. Le s relais
ne font point aifés à placer pour ce tte efpèce de
chaffe j parce qu’ un loup perce droit devant l u i ,
8c qu’ il n’eft guere poffible de relayer qu’ aux d ébuchés.
O n ne crie pas tuyaux pour la vue àsxloup t
mais vUo ; 6c lorfque l’ on parie aux ch ien s , fo it
en quêtaDt, fo it pendant la ch affe , on ajoute kar-
loup à prefque tous les mots qu’on leur dit. Il n’y
a pas tant d e change à craindre à la chaffe du loup,
qu’à ce lle des autres animaux 3 cependant il le
donne auffi.
La façon la plus fùre 8c la plus aifée dechaffei le
ioup eft de le lancer a v ec les chiens co u ran s , 8c de
le faire coëffer 8c prendre par les dogu es 8c lé vriers
, que l’ on tient en laiffe fur le b ord du b o is ,
8c eu e l’ on lâch e deffus quand il v ien t pour paffer-
d’un bois à un autre.
i 11 v a encore une facon.plus fûre de le tu e r , q t f H PM