
à-peu-près du même nombre d’oe u fs , Lavoir,
quinze à feize. .
Nous voyons peu de Cailles dans nos provinces
feptentrionales, en comparai fon de celles du midi ,
telles que le Languedoc & la Provence. En-Provence
, particulièrement , lors de leur paffage ,,
on en trouve en abondance , & fur-tout dans les
parties de la côte qui ont des pointes avancées
dans la mer. Quelques'petite s- îles , v.qiflncs delà
côte ’, telles que Pcmègues 8c Eatonne.aû , à une
lieue Be Mar teille ; les îles de Lërins près d’Antibes
; celles d’Hyères fituées à trois lieues en mer,
en face de la petite ville de ce nom ; celles de
Ri ou, de Jêres, & de Maire, au fudde Marfeille,
en,tre cette ville 8c la C io ta t , dom la plus éloignée
de la côte, qui eft celle de Rîcm^ n’ en eft
qu’ à trois quarts de lieue. Ces île s , ou elles ont
coutume 'de faire une fiation pour s:y repofer, en
font couvertes, certains jours, dans lé-tems du
paffage, c’eft-à-dire, du i y avril au 15 mai. Alors
des bandes de chalfeurs s’y rendent pour y faire
des parties qui durent Quelquefois plufieurs jours;
ils y portent des provifions de bouche, 8c s’ étît-
bliffent fous des tentes , dans celles qui ne font
point habitées.
Ces chaffes font ordinairement fort abondantes,
tant que le vent fouffle du midi, attendu que-
c ’eft ce vent qui amène les Cailles ; 8c au contraire,
par le. vent du nord, il n’y a point de
paffage. Outre les Cailles , on rencontré quelquefois
fur ces lie s , dès Râles de g en ê t, ou
Rois de Cailles, des Tourterelles & des Huppes ,
qui s’y arrêtent également pour fe repofer. Mais
la plupart des Cailles qu’ on tue à ce. paffage, font '
maigres; elles ne deviennent graffes qu après la
récolte , dans les mois d’août 8c dû feptembre ;
les Cailleteaux , alors, ont pris toute leur croif-
fance & c’ eft-là le vrai tems de la chaffe des
Cailles. On les trouve , en'cette faifon, dans les
chaumes, les vignes, les fain-foins, les luzernes,
& dans les champs de bled-fàrrafm, qui ne fe
moiffonne que fort tard.
( Lorfque les Cailles viennent d’Afrique, les
Faucons en font alors une grande provifîon qu’ ils
rangent par tas de fix ou fept, près de leur repaire,
8c fe nourriffent toujours des plus anciennes. Les
Moettes fe jettent auffi fur les Cailles avant
qu’elles aient atteint la terre, 8c les précipitant
dans la mer elles les avaient entières ),. .
Les Cailles nous quittent à la fin de feptembre :
on rencontre encore quelques traîneufes jufques
vers la mi-o£lobi\e ; d’autres^ mars en très-petit
nombre, blefféeg , ou trop graffes pour entreprendre
le voyage, réftent ' dans, le pays avant
l’hiver. J’en ai vu tuer une en Normandie , le
jour de la S. Martin. J’en ai vu une autre, le 7
mai, reftée de l’année précédente; mais, quant
a ceiie-ci, elle avoit été dans l ’impoffibilité abfolue
de partir : cette Caille, dont je ne parle que
. pour la.fingularité de la rencontre, n avoit qu’une
aile ; l’autre manquoit entièrement, & étoit tombée,
tout près du corps, fans doute à îaTuitè d’ un
coup de fufil qui l’ avoit brifée dans le gros; auffi
n’ eus-je pas la peine de la tirer ; mon chien la prit
dans une pièce de b led , & me l’apporta vivante.
La bleffure , que j’examinai, éroit parfaitement
cicatrjfée, 8c recouverte déplumés ; ce qui prouve
évidemment que ce rt étoit pas une Caille arrfe
vante.’ '
Lorfque le tems du pafïage des Cailles pour retourner
en Afrique, eft arrivé.-, c’e f t - à - d i r e ,
depuis le 1 f d’aout jufqu^aux premiers jours d’octobre,
il fe fa it, aux environs de Marfeille , dans
toute cette étendue de terrein, couverte de baf-
tides, qu’on appelle le Taradou , une chaffe .très-
agréable", pour laquelle on fe fert d’appeaux vi-
vans. Ce font de jeunes, mâles de l’année, pris au
file t, 8c qui fe confervent d’ une année à l’autre ,
dans des chambres ou en volière, ayant foin de ne ■
pas leur donner de millet, qui les engvaiffe trop.
Au mois d’avril , on les aveugle, en leur paffant
légèrement fur les yeux un fil de fer rouge ; opération
qui en fait, mourir quelques-uns. Au mois
de mai, ou les plume en partie fur le d o s , aux
aîles 8c à la queue, fans trop les déshabiller, pour
avancer leur -mue, parce que s’ ils muoient dans le
tems du paffage, cela les empêeheroit de chanter.
‘A l’entrée du mois d’août, on les met en cage,
pour les y accoutumer ; & lorfque le tems de la
chaffe eft arrivé, on plante dans les vignes, de
diftance en diftance, des pieux de huit à dix
pieds, auxquels on attache tranfverfalément de
l’ un à l’autre , deux rangs de planches garnies de
clous à crochet, pour y fufpendrê des cages.
Lorfqu’on a peu d’appeaux, on fe contente de
clouer longitudinalement, fur chaque pieu-, une
planche d’environ trois pieds de longueur, & de
huit à dix poucès de large , dans laquelleJon fiche
trois clous pour recevoir autant de cages. On multiplie
lès pieux & les cages , a proportion de l’étendue
des vignes. Elles reftent ainfï fufpendues ,
tant que dure la faifon du paffage. Un homme eft:
chargé de donner à manger aux appeaux 8c de les
gatfder, pendant-la nuit, dans une cabane confe
truite exprès fur le lieu , lorfque cette chaffe fe
Tait en pleine campagne ; car on peut fe difpenfer
de c e tte : précaution, lorfqu’elle fe fait dans des
vignes enfèrmëés de murs qui font partie dé l’enclos
d’une baftide.
Les Cailles appelantes , qui font au nombre de
trente » quarante, cinquante, & quelquefois cent,
fui vaut que le terrein où l’on chaffe eft plus où
moins étendu, chantent dès l’aubé du jour1, 8c
attirent autour des cages non-feulement celles qui
pafient, mais celles .qui fe trouvent, répandues
dans les environs. Deux heures après le foie il le v é ,
lorfque la rofée eft effuyée , le çhaffeiir fe rend
fur les lieux , fans chien, 8c bat Tès vignes doucement
& à petit bruit, pour ne pas trop effaroucher
les Cailles raffemblées autour des cagçs , qui
pârtiroient par douzaines , s’ il en-- faifoit trop.
Cette première battue faite , il va chercher, ou
fe fait amener, un chien, qui fait lever celles qui
ne font point parties.. Un feul chaffeur peut tuer
cinquante ou foixante Cailles dans une matinée ;
mais, pour que cette, chaffe reuffiffe., il faut que
la mer foit calme-; pour peu qu’elle foit agitée ,
il n’y fait pas bon, & lès Caillés ne paffent point.
La chaffe eft bien plus ab'ondante , lorfqu’on
enferme un terrein , ainfi garni d’appeaux, avec
des filets fufpendus à des pieux difpofés autour de
l ’enceinte qui fe tendent le matin, 8c dans lefquels
les Cailles viennent fe. jetter, à mefure qu’on les
fait partir en battant les vignes-; ce qui n’émpêche
pas qu’en même-tems on ne puiffeles tirer auTufil.
Alors , celles qui échappent au coup, font prifes
dans les filets. Mais ces filets, qui font de foie
verte;, font un article de dépenfe confidérable,
8c il n’y a que les gens riches ou fort ailés qui les
emploient dans les vignes enclofes de murs qui
accompagnent leurs baftidés. On peut prendre de
cette manière jufqu’à quinze cents ou deux- mille
Caillés pendant les fîx femaines que dure , cette
chaffe, fuivan t que le terrein eft plus ou moins
étendu.
Il paroît que non-feùlemênt les Cailles féjour-
nent 'plus long - tems en Italie qu’en France,
mais, qu’i l y en refte beaucoup pendant l ’hiver.
Olina dit q u e d a n s la campagne de Rome , elles,
s’en vont à la fin de l’été , 8c au plus tard, dans,
les premiers jours de novembre ; & que celles qui
font trop graffes pom repaffer en Afrique, vont
s’établir dans les lieux bas & abrités , où le froid fe
fait moins fentir qu'ailkurs. Cefare Solatio prétend
que les Cailles qui s’en vont au mois de feptembre
, font les groffes qui fe' font engraiffe es ,
& que les petites Cailles maigres, que les chafe
Leurs appellent Cailles de montagne, parce qu’ elles
font nées dans les montagnes , ne s’en vont qu’en
©élobre ; qu’on trouve encore de ces dernières ,
pendant tout le mois de novembre 5. ce qui s’accorde
allez avec ce que dit Olina.
Tfpinar dît qu’elles quittent l’Efpagne ait mois
de •feptembre■■, 8c que ,. dès le premier jour de
gelée blanche , elles difparoîffent, quoiqu’ il y en
eût encore beaucoup la veille. ; .
Fn. Sardaigne, fuivant la nouvelle hiftoire naturelle^
de. cette île , une partie - des. Cailles feulement
s’en va.aux premières pluies de l’automne,
oc il en refte encore en quantité pendant l’hiver.
On va expreftement à la. chaffe aux Cailles en
cetté faifon; on lès. entend "ç hanter , 8c on les
rencontre dans lés champs f par compagnies de
cinq ou fîx. On s’apperçoit feulement qué'lè nombre
en eft confidérablement diminué , mais on le
voit augmenter au mois d’avril.
( Etr. du traité de la chaffe au fufil ).
Chaffe des Cailles a la chanterelle.
Lorfque les bleds font encore verds, & que les
mâles des Cailles font en chaleur, on prend line
femelle qui' fâche chanter, 8c on l’enferme dans
une cage ; fuppofé qu’elle ne fâche pas chanter, on
l’inftruira de cette manière.
On enferme une Caille dans un lieu obfcur ; 8c
foir 8c matin on lui donne à manger du m ille t, à la
faveur d’une lampe allumée : on continue ces foins
jufqu’ à ce qu’avec un appeau, on lui ait appris à
rappeller.
Des qu’une Caille eft. inftruite, on la porte dans fa
cage au champ où l ’on veut tendre fon piège; & on
place un hallier au-devant , afin que les mâles ne
puiffent accourir à la voix de la femelle fans perdre
leur liberté.
On fe couche contre terre à dix à douze pas de
la chanterelle, 8c on ne fait aucun mouvement ,
car les Cailles font rufées, 8c s’effarouchent aifé-
ment.
Cette chaffe fé fait communément lorfque les
bleds font encore verds ; & la Caille qui chante
pour appeler le mâle, lui a fait donner le nom de
chanterelle,
Chaffe des Cailles avec Vappeau.
L’appeau eft une petite bourfe de cuir, large
de deux doigts, & longue de quatre , qui fe
fe. termine en pointe, comme une poire. C e tte
bourfe eft à moitié pleine de crins de Cheval, 8c la pointe fe termine par une efpèce de fiffièt,
fait de l’ os 'de jarret d’un Lièvre, ou tiu grand
os de l’a île d'un Héron ,,long dé trois doigts , 8c dont le bout eft accommodé en forme de flageolet
, par le moyen de la cire molle. On lie ce fîfflet
à la bourfé, avec de la ficelle, & l’appeau eft
canftruit.
Il y a encore d’autres appeaux plus compliqués;
mais on fera beaucoup mieux de les acheter tout
faits chez les merciers..
| On prend les Cailles .à F appeau depuis le moi J
d’avril ju[qu'au mois d’août, c’eft à-dire , pendant
le tems que' ces oifèaux font en amour : on
n’y prend que les mâles, & encore faut-il qae
F appeau foie bien touché 8c qu’ il contrefaffe le
chant de la femelle. Un feul coup donné à faux ,
fêïqit envoler les mâles qui s’en Vont chanter a
èë'iïr pas', comme- i’Hs vouioient fe moquer de. la
mal-adreife d-u chaffeur,.