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Vempaumure , pourvu qu’ il puiffe porter là bouteille
du chaffeur , c ’eft le terme reçu ; c’eft: - à -
dire j pourvu que Ton puiffe y fixer & y appuyer
une ficelle : quelquefois la chevillure fe trouve
fourchue, mais cela ne change rien à la manière
de compter combien un ce reporte. Les têtes du
cerf font indifféremment droites , ferrées ou ouvertes
j ces différences dépendent beaucoup de la
pofîtion des pivots.
a Pour apprendre à juger l’âge des cerfs par leur
-tête , jufqu’ à ce qu’ils foient dix-cors, 8c après
cela leur plus ou moins de vieilleffe , il faut établir
fesobfervations fur ce qu’ il y a depluspofîtif.
La hauteur de la tête , la longueur des andouillers
& leur quantité , font trop uijets à varier , pour
fournir une propofition 8c des conféquences. La
groffeur du marrain varie moins 3 parce qu’elle dép
end de celle du pivot , qui eftun os , une faillie
de l’os frontal 3 8c qui' par conféquent ne varie
que pour acquérir. La groifeur de la meule & du
marrain fera donc toujours relative à celle du pivot
fur lequel ils font appuyés -, 8c comme le pivot
acquiert d’annéeçà,année plus de circonférence ,
la meule & le marram fû'ivent annuellement la pro-
greffion de leur bafe. C e font ces différentes pro-
-greflions qu’ il faut étudier ', & que l’ on ne peut
j guère connoître que par l’ufage & l’expérience.
:La,grofleur du pivot doit toujours fervir a re&ifier
-ou à confirmer le jugement que l’on-a porté par
l’obfervation des meules & du marrain, quediffé-'
-rentes caufes peuvent faire varier. On peut faire
deux obfervations fur le pivot 5 la groffeur 8c la
; hauteur. La circonférence augmente tous les ans ,
; parce que non--feulement il acquiert, comme os 3
plus d’épaiffeur d’année en année> mais il éprouve
encore une .dilatation, en donnant tous les ans
palfage à la fubftance de la nouvelle tête. Il eft im-
poffible de donner une règle certaine de cette pro-
grefiion. graduelle du daguet à la fécondé tête : de
.la fécondé à la troifième , & c .
On a obfervé qu’un cerf à fa, troifième tête ( 1,)
avoit de circonférence pour le pivot, trois pouces
quatre lignes ; la meule ,. cinq pouces dix lignes ;
le marrain entre ïe premier andouiller & le fur-an-
douiller , quatre pouces deux lignes 5 & entre le
. fur - andouiller & la chevillure , trois pouces cinq
lignes : un cerf prenant fa tête de dix - c o r s , pivot
quatre pouces fix lignes ; meule , fept pouces deux
lignes, ; marrain , cinq pouces deux lignes, &
quatre pouces trois lignes. La progreflion a donc
été 3 année commune., à peu - près de quatre à
cinqlignespour le pivot & les meules, 8c de trois
. à quatre dignes pour le marrain. On a mefuré
atifli la tête d’ un vieux cerf 3 dont le pivot avoit
(1) Seconde tête. Pivots , deux pouces neuf
lignes. Meules , trois pouces neuf lignes. Marrain,
trois pouces deux lignes & deux pouces fix lignés, ’ *
CER
fix pouces deux lignes ; la meule neuf pouces onze
. lignes 5 le marrain au - deifus du premier andouiller
, fept pouces trois lignes, 8c cinq pouces huit
lignes au - deffus du fur- andouiller. D’où il ré-
fulte que les différences entre la troifième tête &
le cerf prenant fa tête de dix - c o r s , font d’un
pouce deux lignes pour les p ivots, un pouce quatre
lignes pour les meules , de d ix , & douze lignes
pour le marrain ; celle de la troifième tête au vieux
cerf 3 de trois pouces deux lignes pour les pivots ,
quatre pouces une ligne pour les meules , trois
pouces & deux pouces trois lignes pour le marrain.
Mais ce n’eft pas le compas à la main que Fon
juge les cerfs ; l’ufage feul rend ces différentes progressons
fenfibles. Plus un cerf acquiert d’ années
plus les pîerrures 8c les perlures font groffes , &
plus les gouttières font profondes.
Refait.
Le plus bel ornement du cerf eft fon bois ou fa
tête; cette parure qui donne à l ’animal un air
noble & impofant, eft encore plus fingülière par
fareprodu&ion annuelle. Le cerf fe défait à la fin
de l ’hiver , de la tête qui l’a paré l’année précédente
, pour en reproduire une qui le parera da -
vaptage. Gette production a un rapport manifefte
avec les parties de la génération; c’eft la même
çaufe qui produitdeux effets différens & alternatifs.
Après s’être manifeftée auprintems, avec toutes
les apparences & les progreflions du végétal, elle
devient prolifique à l’automne. Dès là fin de janv
ie r , lorfque toute la nature commence à entrer
en fermentation pour préparer une végétation
nouvelle , tout fe prépare aiiiffi pour la reproduction
de la tête du cerf. Le fangfe porte avec plus
d’abondance vers les extrémités du cou 8c vers le
maffacre de l’animal ( les veneurs nomment la tête
du cerf majfacre , comme ils nomment tête 3 fes bois
ou cornes ). Cette fève nouvelle fe porte vers
l’extrémité des pivots ; elle détruit les liens ou
l’efpèce de foudure qui y fixoit l’ancienne tête.
Ces liens font tels , que les deux parties , le pivot
& la meule, parodient identifiées 8c ne faire qu’ un
même corps, au point que fi on voulait employer
la force pour les défunir, on cafferoit le pivot
plutôt que d’y parvenir. Cependant ces liens font
détruits par la sève nouvelle , & chaque côté de
tête tombe par fon propre poids. L ’extrémité du
pivot devenue légèrement fpongieufe , eft altérée
par la chute de la tête; 8c comme cette altération
fe renouvelle tous les ans, c’eft pour cela que plus
l’animal eft vieux , plus les pivots font courts. Ce
n’ eft pas par defféchement 8c faute de nourriture
que la tête tombe ; le fang dont l’extrémité du
pivot eft teinte , 8c qpe l’ on remarque aufli fur la *
meule détachée nouvellement & naturellement,
prouve que ce font les apprêts de la production
nouvelle qui chaffent l’ancienne..
Cette production nreftpas non plps l’effet d’une
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furabondance de nourriture , car le cerf n eft jamais
plus appauvri que dans le terns où elle fe pre-
pare. Les gros cerfs mettent bas a la fin de lé v r ie r ;
par conféquent la fèv e nouvelle d o it avoir commencé
à. ê t re mife en aCtion , au moins trois fe-
maines auparavant. O r , le mois de fé v rie r eft
certainement le tems où le cerf eft le plus dénué
de fub ftan ce, puifqu’ il éprou ve encore les p r ivations
qui l ’ont fait pâtir pendant tou t l’ hiver.
C e t te végétation , ainfi que toutes les autres ,/
n’eft donc déterminée que par la fermentation
qu’éprouve tou te la n a tu re, lorfque les rayons du
foleil moins indirects commencent à la mettre en
activité. C e qui le pr0 uve en c o re , c’ eft que la ch ute
de la tête du cerf eft retardée par un h ive r lon g 8c
ru d e , qui prolonge l’inertie de la nature.
Si l’abondance de nourriture n’ eft: pas caufe première
de ce tte production , elle de vient très-né-
ceffaire à fes accroiffemens : c’ eft par ce tte raifon
que fes progrès font très-lents ju fqu ’au mois
d ’avril ; alors elle fe d é ve lopp e a vec beaucoup
d ’aC tivité, parce que l’ animal t rou ve dans les
plaines de quoi fournir abondamment à la nourriture
de fa nouvelle tête , en même-temps qu’ il r é pare
avec ufure la privation qu’ il a éprou vée.
L a tê te du cerf eft entièrement pouffée 8c parfaite
en quatre mois 8c demi ou cinq mois. On ne
parle que des cerfs dix - cors ; les jeunes cerfs emploient
moins de tems ; les fécondé & troifième
têtes ne mettent bas qu’à la fin d ’avril 8c même
plus ta rd , 8c ils touchent au b o is trois femaines
ou tou t au plus un mois après les cerfs plus
avancés.
D eu x ou trois jours après que le cerf2. mis b a s ,
i l f e 1 forme une pellicule qui cou vre la fuperficie
du p iv o t ; alors on dit que le cerf a les meules recouvertes.
On remarque pendant quelque tems les
veftiges d’ une cica trice qui s’ eft formée fur la fuperficie
du p ivo t ; çteft ce qui occafionne la réaCtion
des fucs nourriciers qui forment la meule ou cou ronne
qui entoure la tê te du pivot. L e daguet qui
n’ a pas éprouvé ce tte efpèce de p la ie , n’ a pas de
cica trice , par conféquent point de réaction, par
conféquent point de meule. A prè s que les meules
fon t re c o u v e r te s , il s’é lè v e fur chaque p iv o t une
proéminence arrondie ; elle fe prolonge & paroît
vouloir fe d ivife r : cela s’ appelle dénouer quatre.
Qu elque tems après , c e jje divifion devient marquée
& prépare deux bnmehes; l ’une c ro ît directement
8c l ’autre horizontalement fur le devant :
alors le cerf porte quatre. L a maîtreffe branche
continuant à fe prolonger , annonce une fécondé
bifurcation : lorfqu’elle eft opérée, le cerf porte
fix : le premier an d ouiller, le fur- andouiller & le
marrain ou maîtreffe branche fon t t r o i s , 8c trois
de l ’autre cô té font fix. Le s p rogrès font très-lents
dans les commencemens ; c e n’ëft guère que. le 8
eu le 10 d’ avril que les cerfs portent f i x a l o r s le
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refait n’ a que deux pouces 8c demi ou trois pou ces
d ’élévation. On v o it des cefs plus a van cés, mai*
les exception s ne doivent pas empêcher de pref-
crire une règ le générale.
Depuis le 1 y d’ a v r il, les progrès font rapides
vers la mi-mai. le cerf a mi-tête , c ’eft l ’exprefiion
des veneurs ; il porte grand h u i t , parce que La .
chevillure eft bien fép a ré ed e la branche principale
qui doit porter l ’empaumure : le refait alors a n eu f
à dix pouces de haut. D ès le commencement de
ju in , *l’ empaumure eft prête à fe d é n o u e r , c ’eft-
à -d ire , que le marrain eft terminé par une e fp è c e
de bouton qui eft prêt à s’épanouir : elle fe d énoue
v er s le 1 y de juin , & e lle eft tou t - à - fa i t féparée
à la fin de c e mois. Les progrès alors font moins
fenfibles , parce que les parties inférieures m û -
riffent à mefiire q u e les extrémités fuperieures fe
prolongent. On n’a parlé que de l’ açcroiffement du
marrain , parce qu’ il n ’é to itp a s néceffaire d ’expliquer
que les andouillers croiffent en même tems ,
8c fe confoliden t ainfi que le m arrain, de ia bafe à
l ’extrémité.
L e refait qui eft re co u v e r t d’ une peau délicate
dAtn gris n o i r , fou vent ondée de blanc & v e lo u té
e d ’un poil fin 8c c o u r t , ne paroît d ’abord intérieurement
qu’ un amas de fang noir 8c épais ; il
de vientenfuite prefque ca rtila g ineu x, 8c prend g raduellement
fa confiftance , en commençantpar le s
extrémités inférieures. Le premier andouiller a pris
prefque tou te fa folid ité , lorfque les andouillers
de l’empaumure n’ ont encore acquis que la m o itié '
de leur longueur. L a tê te eft entierément faite dans
les premiers jours de ju i l le t , le cerf a toutalongé ;
mais elle eft encore près de trois femaines à acquérir
fa parfaite maturité.
L e s cerfs les plus avancés ne touch ent au bois que
du 20 au 25 ju ille t 5 ce ne font pas ordinairement
les plus v ieu x qui y tou ch ent les premiers , parce
qu’ ils ont befoin d ’un peu plus de tems pour parfaire
une production plus confidérable. C ep en dant
la différence n’ eft que d é quelques jours : tou s
les gros cerfs ont tou ch é au bois dans les premiers
jours d’ août , à moins que quelque maladie n’a i t
retardé l’ opération de la nature. Les jeunes cerfs
retardent en raifon de leur âge ; mais ils ont tous
touché au b ois à la fin d ’août ; il faut cependant
en excepter les d a gu e ts , qui quelquefois n'y ont
pas tou ch é au mois d’oétobre.
Lorfque la n ouvelle tê te a a cquis toute fa m atur
ité , la peau qui l’ enveloppe fe defsèche , 8c le
cerf cherche à s’en débarraffer. Il fait première-
ment deseffais fur des branches légères 8c flex ib les,
mais b ien tô t il fe fro tte contre des arbres qui lui
offrent plus d e réfiftance , pourvu cependant qu’ elle
ne fo it pas tota le , car il cherche ordinairement
ceux que fes efforts fon t un peu fléchir. Comme
ce dépouillemont ne fe fa it pas en une feule fois ,
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