
perdrix à te r re , devant un chien d'arrêt, attendu
que leur couleur qui tranche avec le
blanc de la ne ige , les fait appercevdir au premier
coup-d’oe i l , & c’eft a lorsque les braconniers
ont beau je u , fur-to-ut fi la neige fe rencontre
avec le clair de lune. En pareil cas , ils font
debout toute la nuit, dans les plaines > avec une
chemîfe par deffus leur habit , & un bonnet
blanc fur la tête: & , comme les .perdrix fe
ïaffemblfent alors en pelotons, & fe touchent
les Unes les autres , fouvent d*ua coup de fu?
f i l , ils détruifent la moitié d’unie compagnie.
Auffi la n e ig e , en général, doit-elle être regardée
comme le temps le plus funefte pour
les perdrix. Pour peu qu'elle dure , elle donne
lieu au braconnage dêftruétif dont je viens de
parler 5 & fi elle dure pendant long-temps , elle
les fait périr de faim., comme il eft arrive dans
l'hiver de 1783 à '1784, où elle a couvert la
terre pendant plus de fix femaines ; hiver, a
jamais mémorable pour la. deftruétion du gir
hier. O n les a vues alors fi exténuées par la
fa im , qu'élles fe iaiiloiént prendre a la main
après le premier vol }• 8c que les corneilles, qui
en tout autre temps ne les attaquent point , tom-
boient defîus, & les mangtoient.
l'entendent chanter, Vo ic i la manière dont fe
fait cette chaffe : lorfqu’on veut fe fervir de là
chanterelle, on la met dans une cage faite exprès
Confine , parmi les perdrix 3 il naît un tiers
plus de mâles; que de femelles, il arrive, dans
le temps de la pariade, que plüfieurs,.coqs fe
difputent la même p oule, q u i, à force d'être
tourmentée , défèrte fouvent le canton : o u , fi
elle y refte ,é ta n t obligée de courir fans ceffe ,•
pour fe dérober aux pourfuites des mâles qu'elle
a rebutés, elle pond un oe u f dans un endroit, un -,
oe u f dans un au tre, & à la fin., il ne lui refte:
qa'un coq , & point de nid. Il eft donc très-utilejj
pour la multiplication des perdrix , de tuer une? j
partie des poqs, îorfqu'eUes commencent à s'ap-; j
parier ^ c'eft-a-dire , depuis le commencement
de mars jufques vers la • mi-avril s • & oC*«ftîcei
qui fe pratique dans les terres bien, gardées :
mais il faut prendre garde de tuer les poules au
lieu des-coqs. Pour ne pas s’y .tromper , on doit
favoir que le coq part toujours le dernier ,fic 'e f t
an commencement. de la pariade : car fut
la fin d'avril, c’eft toùfc le contraire j c’eft
alors la p o u le q u i part la,dernière. Si on apper-:
çoit un couple à t e r r e e n y prenant\ gardé > o'û
verra que la poule a la tête rafe , & le coq haute
8c relevée.
U y à un autre moyen de tuer les coqs de
perdrix 3 favoir avec la chanterelle,;. ;8c l’on.peut
ç’en fer v i t ,, .non-feulement dans le temps .dû
couple k r m’ais depuis, la fin de janvier ju f- j
qu'au mois : d’août. -Qn appelle cha.nterejfe une
perdrix .femelle , foit privée , foit qui a été prifè
vieille, qu’on ,renferme dans jtne cage, & à la
voix de laquelle accourent les mêles, lorfqu'ijs
, il y en a de piufieurs façons j la plus commode
& la plus portative fe fait avec une calotte
de chapeau , clouée par les bords fur un
ais à-peu-près de la même grandeur : au milieu
de eet ais , fe trouve une ouverture q u a r r é e fe
fermant avec une petite porte qui fert à introduire
la perdrix dans la cag e : au fond de la
calotte fe pratique un trou , par lequel elle peut
paffër la tête pour chanter. Il faut encore adapter
au-deïïpûs dè la cagè unè cheville pointue,
q u i , fe ficha;»t en terre , l'arrête, & la retient
en place. Muai de cette cage , on fe tranfportè
fur le matin , vers le foleil levant, foit lè foir ,
avant qu’il fe couche,, au bout d'un .champ ,
& l'on pofe la cage à vingt-cinq ou trente pas
d'une haie 3 derrière laquelle on fe tient caché..
Bientôt ja chanterelle , fi elle eft bonne, . fe
met à chanter j tesj maléS; , d’aufli loin qu'ils
l'entendent, accourent à ce chant, quelquefois
au nombre de quatre bu c in q , s’entre-battant
autour de la cage , pour fe difputgr la femelle,
& l'on çhoifit fë moment favorable pour les
tirer. . L'amour eft un befoin fi preifent pour
tous les animaux, 8c particulièrement pour les
perdrixj, que pour y fatisfaire , ils brayent. tpüt
danger , 8c .oublient, cette défiance confiante
que la nature leur ; a 4orifiéé' 'pour leur confeir-
vatiqn.. Qu’on ^et.te, fur la? fenêtre d ’une, mal-
fon, donnant^ fu r l a campagne, une chanterelle
dans fa cage > dès qu’ un mile l'entendra, J1
viendra s'abattre jufques fo * ie toit de la ma-i-
fon , ^ bientôt fur la fenêtre ^ même^. La cage
qpe je: viens d e défaire, çft^pa.rtlpiftièreinêntpsp-
prb pour k s cliantere-lies appriveifées.
Parmi cêlles qui ont été prifes vieilles-,
au file t , pu démontées par1 un coup, -de fou),
qui en -• général forit ;Iles meilleures , il y en. a
de fort fauvages : celles-ci on lés met dans
une cage longue .& couverte de toile’; Lorfqu’on
les porte le foîr à l’endroit deftiné., elles fe_débattent
8c fe fatiguent quelquefois , de. manière
qu'elles ne chantent point. En ce cas , ‘il faut
laiffer la cçhante,relle paffer. la nqit; dehors,i ? bien
-entendu qpou lui donne .-de quoi .boire &, Ranger
>. mai*; il faut avoir la précaution d'enfer-
nfer.fa çage dans un autre :cage de fil de j e r ,
pour la -défendre des bêtes,- puantes qui pourvoient
la manger.. On reviendra fur les lieux ,
le matin , au lever du foleil , & alors elle
ne manquera pas de chanter. On fait auifi cette
r eftaffe,, 8c même plus ordinairement,, avec
les ; filets , appellés ailiers , dont on entoure
-la cage. (î. fb- ■
Vê la perdrix rouge-,
“il fe trouve dés perdrix rofigés dans toutes
les provinces du royaume , mais dans la plupart
, elles font peu commîmes. Les provinces .
méridionales, font celles où elles abondent le
plus. Dans quelques-unes, on n'en voit prefque
point d’autres, fur-tout dans la baffe Provence ,
eù à peine connoît-on les grifes.
Outre la différence du plumage 8c du chant
que tout lé monde connoît, les perd rix rouges
font plus groffes que les grifes. Leurs' habitudes
d’ailleurs ne font pas tout-à-fait les. mêmes.
Quoiqu’on lés trouve également dans les plaines,
cependant, en général, elles préfèrent les
coteaux , les lieux élevés, fecs &: pierreux , les
jeunes taillis , les bruyères 8e les lieux couverts
de genêts & de brouffailles. Elles font plus
pareffeufes- à partir , volent pefemment, 8e, en
s'abattant, courent beaucoup plus que les grifes.
Elles fe tiennent plus écartéès les unes des autres,
8e rarement la compagnie fe lève toute à
la fois, mêmè au premier vol : auffi, lorf-
qu'ne perdrix rouge part feule , il faut avoir
attention de battre foigneufemeftt le terrein, aux
environs de l’endroit d'où elle eft partie,} faute
de qu oi, il arrive fouvent, que fans s'en doute
r, on iaiffe une compagnie entière derrière
foi. Cette habitude qu’ont les perdrix rouges
de ne ponit fe raffembler en pelottons comme
les grifes , de partir en détail, & de tenir
davantage, fait que la chaffe en eft bien plus
sure , plus agréable & moins pénible , pen-~
dant l’hiver j fi ce n’eft cependant dans lés pays
de montagnes , où elles paffent d’un côtçau fur |
l'autre ,> & où il faut fouvent defçendre & re- :
monter par des efearpemens très-difficiles, & \ franchir des précipices pour aller les relever.
La p erd r ix rou g e, lorfqu'elle eft pourftiîvie,
fe branche quelquefois, ce que la grife ne fait
jamais: on en voit même , mais plus rarement, ■
■ fe tërrer dans des trous de lapins , fans être
bleffées, lorfqu’elles ont !été fort tourmentées ,
ou lorfqu'eîles apperçoivent un oifeau de proie.
Le mâle, comme dans l'efpèce des grifes, eft
un peu plus gros que la femelle , & a auffi,
au derrière du pied, un ergot obtus quelle n’a
point.
Le temps de la pariade eft le même pour
les perdrix rouges que pour les grifes ; mais, on
peut tuer les mâles avec plus de facilité , attendu
que, dès qu*e les femelles fe mettent à cou-
vei , ils les abandonnent, ce qui eft particulier
â cette efpèce. Alors ils fe réuniffent en compagnies
quelquefois très - nombreufes ., & l'on
peut tirer en fureté fur ces compagnies. Il s’y
mêle fouvent quelques femelles, mais ce font
des perdrix qui ont paffé l'âge de produire.
A l’égard de la chanterelle , on ne s'en fert
point pour tuer les çoqs de p e rd r ix rou g e, les
femelles ne chaman; point, lorfqu'eîles font en
cage 5 ,mais, au lieu de chanterelle, on a un
appeau artificiel, avec lequel on imite fi parfaitement
le chant de .la femelle , que les mâles y
accourent avec plus de fureur encore que ceux
des p e r d r ix grifes- au chant de la chanterelle.
Mais il y a une .game notée pour fe fervir de
cet appeau qu’il Faut connoître, & qiji n’eft
pas aufli fimple que celle du chant dé la perd
r ix grife. On en fait un grand ufage dans les
pays où l’efpèce, de la perdrix rouge domine ,
pendant les mois dé mai, juin & juillet, foit
qu’on fe ferve dii .fufil, ou du filet ,: qui eft
j tout différent de celui dont , on fe fert pour les
perdrix grifts. C ’eft4 un petit filet de lbie'fait
en poche ou bourfe.
On diftingue les perdrix rouges de l'année ,
non-feulement par la pointe que forme la première
plume du fouet de l'aile , mais .encore
par un petit point blanc qui fe trouve à Tex*
trémité de cette pointe. Les plus vieilles ont
les jambes femées a'écaiiles blanchâtres.
Il y a des perdrix rouges plus groffes les unes
que les autres : celles des- montagnes , & celles
qui font nées & fe^tiennent habituellement dans
les bois , font plus groffes que celles des plaines.
On en connoît même trois efpèces en Dauphiné,
qui n e -différent que par leur volume. La plus
groffe appellée perdrix de roche a Sc vulgairement
rochajfiere, parce qu’elle n'-habite que les montagnes
arides & efearpées, eft de la taille des plus
groffes bartavelles.
Dans certains pays, en Efpagne-, par exemple,
on ne connoît que la perdrix rouge. Il en
eft de même e« Corfe & en Sardaigne. Dans
cette dernière iflg , l’efpèce en eft tellement
multipliée, que , quoique la chaffe y foit per-
I mife à tout le monde, il èft facile a un chaf-
feur d'en tuer 50 ou 60 par jour , & qu'un
payfan , en pea de jours , peut en prendre juf-
qu'à 500 avec le filet. Elle ne fe vend quédeux
lois & demi ,'monnoie du paysi
ô n demandera, peut être , de quelle efpèce de
filet fe fervent les payfans fardes pour prendre
les perdrix. L'hiftoire naturelle de cette ifle ,
fait mention d’iai filet affez femblable à celui
que nous appelions tonnelle. M ais,.en outre,
iî y a lieu de croire, vu la proximité des deux
ifles, que ce qui fe fait en Corfe, à cet égard ,
fe pratiqué également en Sardaigne. Or voiei-de
quelle manière les corfes prennent , pendant
l'hiver , une grande quantité de perdrix au filet.
Deux hommes s’entendent pour cette chaffe,
qui fe fait la nuit. L’un a foin d'obferver, for
la fin du jou r, une compagnie de perd r ix, &
] fait, en prêtant l’oreille à leur rappel ,' l’endroit
| où elles x fe font raffembiées pour y paffer la,
] nuit. Biémôt aprè$ , il revient fur lés lieux, 8e