
une autre moins longue j un petit ruban fait l ‘office
de languette.
; On fait un appeau d’une feuille, de chiendent- ,
qui fert à nos pipeurs modernes. Ç ’eft le,fatal appeau
qui conduit .à.leur fin prefque tous les oifeaux
dont la haine pour la Chouette , ou moyen Duc ,
eft irré conciliab leon n’a pas trouvé tout de fuite
le vrai moyen d’employer aveci'ruit cette feuille j,
car c en ’eft qu après s’en être long-tems fervi-dans
les appeaux çi-deffus , à défaut de. ruban , qu’on
s’eft familiarisé,avec l’avantageufe manière dè s’en
fervif entre; J,es.lèv,res.i
Vo ic i les moyens de la connoitre 8c d’en faire
ufagé. 1
Il y a bien des efpèces de chiendent qui croiffent
dans nos bois ; mais il n’en eft qu’ une fur laquelle
le pipeur jette fon choix ; la feuille .en, eft fort
mince j couverte d’ un duvet prefqu’irifenfible à la
vue j n’ ayant qu’ une ' très-légère côte dans fôh
milieu, & iiè faifant point le- carrelet. Ces moyennes
feuilles font celles que l’on choifit par préférence ;
de crainte que fefervant des feuilles radicales, ' la
réfiftarice qu’offriroit à" l’ air leur éfjâiffeuf y- ne'
donnât que des fons durs& criards ; & les prenant
trop près de la c îm e , elles .n’expofafîent à donner
de faux tons , venant à cafter ou fe déchirer par
leur trop de fragilité} il faut qu’ellesfôient .vertes,
mais elles n’en/valent pas moins quoique fanées,
t Cette efpèce. de chiendent ne Çe trouve pas dans
tous l'es bois ; mais il y en a une autre;efpèce qui
p e u t , en l’apprêtant, fuppléer à fon défaut : elle
a à-peu-près lem êm e p o r t , & ne diffère de la
précédente que parce qu’elle eft fort v e lu e , &
que fes foies font grandes & roides. On en cueille
une demi-douzaine de feuilles trois heures au moins
ayant de s’en fervir ; on les met pendant quelque
tems entre trois ou quatre doubles de-papier gris
imbibés de- vinaigre 8c d’e au, ce qui les/rend
fouples &• amorties ; ’leurs poils ne deviennent plus
un obftacîe au conta& de l’air , & on peut en tirer
des fons auffi doux que du chiendent à piper ; il
faut obferver de ne les tirer de la boîte qu’au moment
de s’en fervir, car elles s’endurciroient, & ,
en fécharit, ne deviendroient bonnes à rien.
L e doigt index & le ;.pouce, de chaque main,•
font ceux oui doivent tenir 1 herbe entre.}es levres.
Il ne faut pas quelles foient intimement jointes
à la feuiiie, ni que l’herbe touche lés dents ; la
langue, en fe baiffant & fé voûtant par intervale
contre’lé palâisfV augmente 8c dimitfùepar.mëfurè
la capacité de la bouche, & l’air qui doit frapper
la feuille en reçoit des modifications qui Imitent
les cris lents 8c plaintifs de la Chouette ; quant
aux tr emblemen s que-le pipeur fait de moment a
autre, ils font monotones , 8c viennent du gofier
feulemènt. r ,
• Comme il efttfès-diffidle de bien piper / avec
Thèrbè, & qu*il y a peu de perfonnes qui y
réuffifferir parfaitement, on n’a' point ertcore aban- !
donné, totalement les pipeaux de bois,1 de fer-;
bfarié** ' 8c c. 1
Un autre pipeau des plus ufitës fe fait de coudre
ou de chérie vert que I’ori entaille : ©n en unit
bien l’endroit taille fj puis on lève adroitement
une'languette que l’on rend la plus mince qu’on
peut, en la ratifiant avec un morceau de verre ou
un canif. La pièce de bois qui remplit le vide de
l’e n ta ille d o i t être un peu creufée,' pour que la
languette ait la liberté de frémir ,- afin de pouvoir
donner du fon, y
parlons, d’une autre efpèce de pipeaux affez;
ufitée maintenant, ii y en a à languettes, fixais la
plupart n’y font pas. On y met une feuille-de
chiendent, ou une pièce d’épiderme de cérifier ,
c’eft-à-dire, une . petite peau tranfparente , qui
recouvre la fuperficie de. l’ecorce proprement
dite.
On fait de ces pipé’aux â languettes/oudefaule ,
ou de chêne, ou de coudre, ou même dé farment ;•
l’écorce de ce dernier fert de languette.-On en lie
les deux pièces avec un fil aux deux bouts.
Le petit morceau de bois qui doit remplir le
vide de Tentaile , doit être de la même largeur
que le pipeau ; il doit couvrir la languette, 8c
être un peu creufé par-deffous.
Des appeaux a- frouer,.
! Frouer , c e ft exciter en fouffiant fur une ma-
! chine quelconque , un bruit qui imite ou le cri
I de quelqu’oifeau, ou fon v o l , ou le çhouchement
, delà Chouette, quelquefois meme des cris idéals,
qui-ne briffent pas dT exciter la curiofité des oifeaux,,
& de lès inviter à la- fatîsfaire.
De tous les ppçeaupc à frou e r , il n y en a pas de/.
| plus ufité '8c dé plus, commode que la. feuille de
lierre Celle eft tournée de façon qu’e lle repré-
| fente affez bien un cône ,: dont la pointe feroit
en bas ; on la tient avec les trois premiers doigt*
d’une main, obfervant que la pointe de ce cône-
« remplifte l’intervalle que laiffent. les extrémités
des trois doigts unis entre eux.
Quoiqu’il ne foit pas fi difficile de frouer que
; de piper , il faut encore de l’expérience pour y
■ réunir : ori ne peut fe flatter de bien frouer,
, fi. on n’ imite les .differetts; cris des Geais ,
'M e r le s , &c. ■ QuéTé-f;ptbppfe-t-oti en frouant ?
c’eft de peindre la «crainte des oifeaux , l’envie de
fe venger, c’eft de crier l’alarme ; en un m o t ,
de demander du fecours , comme dans un moment
preffant. Pipeurs, rappeliez-vous de quelle efpèce
; font lés cris des Geais, quand après avoir oui la
Chouette , ils entendent un oifeau que vous faites
■ crier , Vous les avez vu mille fois fauter , comme
oar folie . de branches en branches j des arbres à
terre , fondre fur la cabanne , 9c marquer une
valeur héroïque dans leurs yeux pleins de feu.
Leurs cris.dans ce moment font bien differens de
ceux qu'ils jettent quand ils s appellent mutuellement;
ce font tous ces exemples qu il faut fuivre
ponctuellement, afin de faifir les occafions de les
mettre à profit.
On fe fert donc d'une feuille de lierre , dans
le milieu de laquelle on fait un trou. Puifque
tout dépend de bien frouer, on ne doit rien négliger
de tout ce qui peut y concourir; c'efl: pourquoi
fi on ne fe munit pas , avant de commencer
fa p ip ée, d’une douzaine de feuilles de lierre,
toutes percées , 8c d’autant de feuilles de chiendent
, on s’expofe à la manquer.
Un nouvel inftrument à frouer , dont nous devons
l’invention à un habile oifeleur, fe fait en
acier; fa lame n’eft pas tranchante, mais affez mince
cependant pour qu’en l’approchant des.lèvres,
l ’iffue de l’air hors de la bouche, produife un frou-
tnent & un chouchément très-imitatif : cette lame
fert de manche à un petit marteau auffi d’acier ,
avec lequel on appelle les Pics.
Je me fouviens que dans une pipée j’en pris
fept ; ce n’étoit point en pipant que je les atti-
rois, mais feulement en frappant, avec un couteau,
fur le manche de ma ferpe. On eft prefque sû r ,
quand on entend un Pic aux environs d une pipee,
de le prendre bientôt : ces oifeaux frappent fur les
arbres avec grand bruit, & s’ appellent ainfi mu»
tuellement ; de façon que quand on eft prévenu
qu’on a des Pics pour voifins, on faiftt le moment
où ils frappent pour frapper plus fort q u e u x ,
faifant attention de défier *prefqu aufiitôt qu’eux.
Je parlerai d’une nouvelle machine à frouer ;
elle eft d’argent & d’ivoire. Lorfque la lame d’ ivoire
eft fermée , elle remplit imparfaitement le
dont on fe fert quand on va à la chafle des oifeaux
pour en appeller d'autres & les faire venir dans les
filets;
APPROCHER conlerve fa lignification dans
la chaffe aux oifeaux marécageux.
• Vo ic i une machine plus facile & de moindre
dépenfe que les peaux de Vaches préparées pour
tirer aux Canards.
C ’eft un habit de toile couleur de Vache ou de
C h e v a l, depuis la tête jufqu’aux pieds, avec
un bonnet qui doit être fait comme la tête d’une
Vache ou d’un C heva l, ayant des cornes ou des
oreilles, des yeux , deux pièces de la même toile
au bout des .manches pour attacher autour du
cou & tenir le bonnet. Il faut laiffer pendre
deux morceaux de la même toile au bout
des manches pour imiter les deux jambes de devant
vuide que laiffent les côtés de la machine d’argent,
faite à l’imitation d’ une feuille de lierre plié e , à
laquelle on a fait un trou : elle eft mince d’un côté, î
&: épaiffe du côté où fe trouve attaché le tenon, |
de façon qu’on peut s’en fervir, d’abord comme )
d’une feuille de lierre' ; & encore comme de la ;
machine décrite précédemment. On y attache un
fil qui fert à la peadr.e au cq! du pipeur.
T ou t incommode que foit la méthode de frouer,
avec une pièce de monnoie pliée , nous trouvons
encore bien des pipeurs qui ne laiffent pas de s’en
fervir avec fruit.
On donne auffi le nom â’appeau aux oifeaux
qu’on élève dans une cage pour appeller les autres
oifeaux qui paffent.
APPEL , en terme dè chsffe , eft une manière
de former du cor pour animer les chiens.
A P P E L L AN T , f . m. ( Chaffe ) e f t . un oifeau
C hasse»..
du Cheval ou de la Vache. Il faut marcher
en fe courbant, 8c préfentant toujours le
boutdu fufil : vous approcherez ainfi peu-à-peu
pour tirer les oifeaux à bas ; & s’ils fe lè ven t, rien
ne vous empêchera de les tirer en volant. La meilleure
heure pour cette chaffe eft le matin.
APPUYER les Chiens, en Vénerie, c’eft fuivre
toutes leurs opérations, & les diriger, les animer
de la trompe 8c de la voix.
AQ U E R Ë C Y , aquerecy, haut, i l a pajfé ici3 terme
dont on fe fert à la chaffe du L iè v re , lorfqu’il eft
à quelque belle paffée,
ARAIGNE ou A R A IG N É E , forte de filet qui
fert pour prendre principalement des Merles. Elle
! eft maillée en lofanges , larges chacun d’ un pouce ;
' elle eft d ’un fil délié, retors en deux brins , &
! teint en couleur. C e filet a fept à huit pieds de
: large , fuir cinq ou fix de haut, à proportion de
la hauteur des haies près defquelles on ie dreffé.
" Lesaraignes, pourprendre’des oifeaux de proie,
ont des mailles de deux ou trois pouces , & la hauteur
proportionnée à l’ arbre où on les tend en
angle , qui accole l'arbre, avec un oifeau de proie
privé près de terre , pour appeller celui que Ion
veut prendre.
L ’Araigne fe termine par'des bouclettes, ou bien
on paffe une ficelle bien unie dans toutes les mailles
du dernier rafïg d’en haut.
V o ic i le moyen de fe fervir de Taraigne. On
! porte avec ce filet un bâton long de fix pieds,
un peu fendu par un des bouts, & pointu par Tautre.
| L p Merle vole ordinairement fur les haies ;. on
s’approche de lui à vingt pas ; on prend une branche
d’arbre qui foit élevée de fix pieds , & qui.
avance un peu fur le chemin ; on y raitune fente,
& on y fiche légèrement le petit coin de bois qui
: eft attaché à la ficelle de l’araigne : on paffe enfuite
> de Tautre côté du chemin , & on y ajufte une autre
- branche d arbre de la même façon. Quand le filet
n