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moulées 8c plus lourdes que celles d’ un jeune.
Lorfque le gros les je tte en bouzars ou en plateau
, elles font larges 8c é pa iffe s , 8c le bouzar où
le plateau gros à proportion lorfqu’ il- les je tte en
torch e ou formées , elles font de même groffes Sc
pefantes j il en je tte peu à la fo is , 8c il les sème ,
c ’ eft-à-dire, qu’ il les je tte l ’une après l’ autre &
de diftance en diftançe.
U n jeune cerf je tte beaucoup de fumées a la
fois y & ellesTont légères mal moulues , parce
ue l’animal pour l’ ordinaire , mange a vec a v jiçé
; fes. fumées font unies 8c non ridées 3 les aiguillons
fon t menus 8c allongés > an lieu que les
aiguillons des fumées d’ un gros t$rf font g ro s &
cou rts . Jjès fumées, d ’un j e u n e f o n t Couvent
e n t é e s , c ’e ft-à -d h e que deux fe tiennent 8c font
enchâffées l’ une dans V a u t r e , dé façon que deux
petites n’ en paroiftènt qu’ u n e . greffe j au moyen
d e quoi le veneur qui n*y fe ro it pas attention ,
pOUrroit les ju g er d un c§rf d ix-cors ; çe lu i- ç i ne
je t te jamais de fumées en té e s , mais fou ven t il
je t te des g rum e lu te s , qui font de petites fumées
d e la groffeur à-peii-pre-$ d ’un, noyau de c e r i f e ,
8c même plus petites', 8c qui fe trouvent mêlées
a v e c d’autres beaucoup plus groffes, H y a des
cerfs qui ne je tten t que des grurnelures fans ê tre
mêlées a v e c d’autres fum é e ç , & qui par ce tte
raifon doiven t ê tre ju gés très-vieux. Certaines
biches échauffées je tten t fou vent de petites fu mées
sèches qui refremblent beaucoup aux grume-
lyre? j mais il faut que le veneur fâche que celles
d ’un cerf font tou te s égales 8c lourdes 8c qu’ en
général le s fumées d ’une biche font inégales &
lég è re s . Comme les biches fon t fort échauffées
avan t que de faire leur faon , elles je tten t pour
lo rs des fumées formées 8c ridées , q ui pou rra
ien t les faire ju g er d’ un gros cerf : mais il eft
premièrement à obferver que dans le tems que
les biches mettent b a s , les cerfs je tten t leurs fumées
en bouzars j que d’ailleurs le s fumées de
b iche fon t prefque toujours aiguillonnées par les
deux bouts lorfqu’ elles font formées ( celles des
cerfs ne le fon t jamais que. par un b o u t ) j que les
aiguillons fon t longs 8c menus : que les fumées
fon t Inégales , c ’eft-à-dire , que dans le ' nomb
re , il y en a de petites 8c de groffes 5 &
qu’en f in , de quelque forme que foient des fumées
y ce lles d ’une b ich e font toujours vaines 8c
lé g è r e s , & bien moins moulues que celles même
d’ un jeune cerf.
L e veneur d o it remarquer quels fon t les grains
©u les herbes qu’ un cerf aura mangés pendant fa
n u i t , parce que les différentes efpèces des uns
& des autres changent la forme des fumées. Un
cerf y par exemple , qui aura mangé des herbes ra-
fraîchiffantes , je ttera des fumées liq u id e s , qu’ à
peine on pourra ju g e r ni même le v e r ; un autre
nerf de même â g e , qui dans la même nuit aura
mangé du b led ou autre grain mûr > je ttera des ,
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fumées formées & dorées 5 un autre cerf enfin quî
aura fait la nuit dans les tailles 8c en pleine fo r ê t ,
jettera des fumées dures & noires. Il eft à remarquer
encore que dans la même matinée on peut
le v e r des fumées de forme d iffé ren te , quoique
je tée s par le même cerf: la raifon en eft d’ autant
plus fimple, que des fumées digérées de la veille
d o iv en t ê tre p|u$ dures 8c plus-sèches que celles
qui ne le font que de la nuit ou du matin. Il eft
ce rta in d’ailleurs que fi l’animai a fait fon avant-
dernière nuit dans les ta ille s , fes fumées s’en
îreffentiront quoique je tée s dans les gagnages : au
iliçu que les lui vantes 8c celles qu’ on pourra lev er
!au rembuchemetft , feront jaunes 8c molles , 8c
ipeut-être en houzars , félon le.fu c 8c la fraîcheur
des grains qui auront é té mangés. Si un cerf a é té
(couru depuis peu de tems , ou s’ il eft malade ou
ibleffé, il donnera peu} ou même il ne donnera pas
aux gagnages.} au moyen de q u o i , fes incommodités
jointes aii défaut de bonne n ou rr itu re , lui
feront je te r de petites fumées sèches qu’ on ne
pourra ju g er , ou qui le feront ju g e r bich e. Le s
fumée s dans un tems de pluie peuvent tromper
e n c o r e , par la raifon que les gagnages étant
;mouillés, les cerfs je tten t leurs fumées fi molles
8c mémo fi liq u id e s , que fou ven t il n’ eft pas pof-
fible de les rama ffer, 8c par çooféquent de les
jjuger.
A v e c toutes le s obfervations p réc éd en tes , il
faut encore que le veneur remarque fi le s fumées
u’ il lè v e font de t em s , c’ eft-à-dire , fi.elle s font
u matin ou de la nuit au plus tard : des fumées
de relev ée fe co n fe rv en t , 8c fouvent paroiffent
nouvelles le lendemain , lors fur-tout qu’ elles fe
trouvent dans un end roit où le fole il ne donne
pas : au moyen de quoi il e fttrès -p o flîb le que le
veneur , dans un mauvais rôvoir y lè v e dans la
v o ie d’ une biche allant d e tem s , des fumées
qu’ un corf aura je tée s la v e i l le , 8c qu’ en confé-
quence il rem bu eh e, 8c laiffe co u r re .la b ic h e ,
comptant laiffer courre un cerf, qui eft peut-être
détourné dans la qu ê je voifine. Il faut donc ,
pour ne pas y ê tre trompé , qu’ il caffe quelques-
unes d e ces fum é e s , 8c qu’il les fente : fi elles
font de la v e i l l e , elles auront une odeur aigre
8c forte , que n’ ont jamais les n o u v e lle s , 8c il y
aura d ’ailleurs au milieu de celles qui étaien t fur
t e r r e , des petites b êtes qui y entrent 8c qui les
mangent.
Maniéré de.difiinguer le cerf d'avec une biche.
L e cerf y quoique je u n e , diffère toujours d ’av
e c la b iche par le piëd 8c par les allures. L e cerf
i toujours les côtés oc les pinces plus a rrond is, le
talon gros 8c nourri : la biche a les pinces pointu
e s , le talon rétréc i 8c les côtés tranchans. L e
cerf a la jambe bien tournée , c ’eft-à-dire , lès os
tournés en dehors , 8c gros à -proportion de fon
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âge : h b iche , au co n t ra ire , a les os menus &
tournés en dedans , & piquant perpendiculairement.
La façon de fe marcher auffi eft differente :
le « r / c ro ire fes allures , c'eft-a-dire , qu elles
font alternées , droite & [gauche ; en allant d af-
furance, il met les pieds de derrière dans ceux-de
d e v a n t , ou fur le talon des pieds de d e v a n t , fe -1
Ion fil g ro ffe a r , comme on l'expliquera apres ; au
lieu que la biche fe m é ju g e dans prefque toutes
fes a llu r e s , les ayant tantôt g ran d e s , tantôt petites
, & toujours d ro i te s , de forte que les pieds
font prefque fur une ligne d r o i t e , a moins qu elle
ne foit pleine ou q u ’elle n’ait du lait. §1 a une
d e fes allures , elle met le pied d e derrière
dans celui de d e v a n t, elle le met enftjite a co te
ou d e van t, ou le couvre en entier. Le s gros
cerfs y eh allant d’affurance, ont les pinces fer- •
m é e s , à, moins qu’ il n ’y ait quelque raifon particulière
qui. les en empêche i les jeunes cerfs, il eft
v r a i , vont fouvent les pinces du pied de devant
ouvertes., mais toujours celles du pied de derrière
fermées.
Les biches , pour l’o rd in a ire , vont toutes les
pinces ouvertes > les v ieilles qui ne portent pas
de faons , 8c que Ton nomme brehaignes, vont
quelquefois feules , 8c comme elles font greffes
de corfage , elles pèfent plus que les autres 8c fe
donnent plus de pied j elles ont aufli les allures
plus grandes 1 ces niches ordinairement le jugent
comme un cerf à fa quatrième t-ête , ou même d ix -
cors jeunement j bien des veneurs y ont e te
trompés. D ’autres biches prêtes à mettre b a s , fe
féparent 'dans quelques endroits é c a r té s , pour y
faire tranquillement leur faon. A lo r s , comme je
viens de le d i r e , étant fort pefantes 8c ayant beaucoup
de lait qui les fpree d’ aller les cuiffes ouvertes
, leurs allures font plus réglées 8c plus c to i-
fées» Il feroit donc facile de fe tromper en re voyant
de ces b ich e s } mais en y faifant attent
io n , on remarquera que les unes 8c les autres le
méjugent de tems en tems dans leurs a llu re s ,
qu’elles ont le talon r é t r é c i, les pinces p o in tu e s ,
les côtés pas aufli ufés qu’ un cerf de la taille dont
elles paroiffent ê t r e , d e vro it a v o ir , 8c les os mal ;
tournés. T o u te s ces obfervations font effen - j
tielles : en général", un veneur doit fe méfier
beaucoup d’ une première prévention. Il eft affez
difficile de ju ger un d a g u e t , fur-tout f i , allant
avec des biches , les voies font fou vent effacées
les unes par les autres j cependant cç s petits animaux
\ quoiqu’ ils aient ordinairement moins de
pied que les biches , ont des allures 8c une
forme de pied qui les décèlent ; mais il faut en
revoir feul 8c bien féparé des b ic h e s , pour pouv
o ir les juger- fûrement : quoi qu’ il en f o i t , il ne
faut pas trop de co n fian ce , le plus fin pourroit s’ y
tromper.
O u tre les connoiffances ordinaires du pied 8c
des allures pour ju g er un cerf a v ec une b ic h e , il
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y en a quelques autres dont on peu t faire ufage ,
mais ce ne doit ê tre .qu’ au défaut des premières :
les fumées par exemple font d’ un grand fe-
cours dans l ’été , en c e qu’elles different alors
effentiellement de celles du cerf. O n peu t en core
tirer quelques connoiffances des portées ,
mais elles font très-douteufes ; lorfqu un cerffe
rembuche dans de bonnes demeures , fa te te oui
a plus ou moins d ’ouverture , 4 ° f t ployer des
branches, que la b ich e ne doit pas p loyer. La
connoiffance des repofées peut être plus u tile 8c
moins fau t iv e . L e cerf, avant que de fe mettre
fur le ventre , a affez l’habitude d’ uriner dans
l’endroit même qù il va fe mettre a la repofée j
àinfi , en tâtant l’ endroit humide a v e c la main ,
on fait b ientôt fi elle eft d’ un cerf ou d une biche j
on m’ a alluré què quand le m ilieu de la repofee ne
fe ro it pas mouillé , if do it y avo ir une odeur au
même endroit qui dé cè le un cerf. Je n ai jamais fait
ce tte dernière é p r e u v e , mais ce lle de la repofée
mouillée m’ a é té utile plufieurs fois. C e s connoiffances
peuvent fervîr quand on v e u t lancer un
cerf y 8c que l’ on craint que l e chien ch ah g ean td e
v o ie , ne lance une biche } maisd ailleurs il n en
faut faire ufage qu’avec circonfpe&ion , 8c qu’ au
défaut d’autres connoiffances.
2 ° . De l'équipage.
Il n’ eft point de chaffe qui demande un équ ipage
plus con fid érab le, 8c par conféquent plus
de dépenfe. Il n’ eft cependant pas impoflible a
des particuliers fortunes de fe donner ce t agre-1
m e n t } mais on fent que plus on met d'économie
dans la formation d’un éq u ip a g e , plus on do it
apporter de foin à te bien compofer en hommes,
en chevaux 8c en' chiens.
Du commandant de l'équipage b des hommes nécefa ires
pour le tenir.
L'équ ipage d o it ê tre commandé par un bon
veneu r v ig o u r e u x , point pareffeux , qui entende
& aime la ch a f fe , vigilant fur 1a conduite des
fubalternes; c'eft-à -d ite, des p iq u eu r s , des v a lets
de lim ie r s , des valets de chiens , & c . Le s
événemens imprévus qui contrarient la manoeuvre
du veneur fe rënouvellanr à tous momens, il faut
du jugement & de l'a é fiv ité pour les p r é v o i r ,
& les réparer. G e n'eft que dans la jeuneffe que
l'on acquiert c e goût dominant , qui é v e ille ,
qui guide l'in telligence & qui ex c ite l'émulation ;
Fémulation eft un Simulant néceffaire au v e n e u r ,
pourvu q u 'il ne dégénère pas en amour-propre.
U n fujet qui commenceroit ce métier dans un
â g e a v a n c é , acquerroir difficilement ce g o û t
décidé , & ne fe ro it probablement jamais qu'un
veneur médiocre. D ailleu rs, il eft neceffaire de
s'accoutumer de bonne* heure à la fa tigu e & a
l'in temp érie d e s fa ifo n s .P o u r Coutenit la fa t ig u e ,