
roît pleine après trois femaines ou un mois de
couverture ; mais- quand elle en a peu ». on ne
r1.en apperçoit que huit ou dix jours avant qu'elle1
mette bas.,11 y a des lices q u i, approchant dé leur
terme , ont au la it, & qui, malgré ce la , n'ont
point de chiens-, d'autres q u i, arec du la it, ont
Je ventre gros & avalé, mais qui coulent ; cVit-1-
dîre , qu an lieu de faire des chiens, elles ne rendent
que des glaires & de l'eau. Lorfquune lice
c-ft couverte» & que fa chaleur eft pallée, on la
mène à la chalTe jufqu'à ce qu'elle foit décidée
pleine : je conviens que c'eft l’expofer à divers
accidens qui peuvent la faire avorter;1 mats ces
accidens font rares» aulieu qu'il eft prouvé qu'une
lice couverte » qu'on laiife au chenil, s'engraiffe
& s'appefantit en ceiïant de travailler, & qu' en
cet état elle fait fes chiens avec peine , ce fouvent
meme elle meurt dans l'opération. C'eft donc un
bien pour elle de la faire châtier jufqu'à ce que
fon ventre commence à baiffer : pour lors elle ne
a a plus a la chaffe ni a la curee , & douze ou
quinze jours avant fon terme, on la mène au clîe-
rtl des é lè v e s , . où on la lai (Te libre dans une cour
fermée-; on la fait promener de -teins en tems
dehors, par un valet de chiens,.Ikon ne lui donne
que trèsrpeu de mouée» mais du pain tant qu'elle
en veut. Lorfqu'ella eft prête à mettre b as , &
qu on s apperçoit qu'elle foutfre » on la veille ; &
h le travail eft long & pénible, on lui fait prendre
une .potion compofée a'un verre de vin avec de la
eanelle & du fucre, le tout bouilli enfemble. Si
un petit chim mort ou vivant fé trouve arrêté au
paffage, on le tire avec un crochet de fer ou de
bois , en ufant de. beaucoup de précautions pour
ne pas. blelîèr la mère; li elle meurt avant que
'd avoir pu mettre bas, on l'ouvre dans le moment
& on retire les chiens : plufieurs de-ces petits ani-1
maux ont été fauvés en pareille circonftance. On
a- toujours des mâtines prêtes à nourrir les jeunes
chiens , & on ne iaiffe les petits fous leur mère
que cinq oulix heures, pour tirer le premier lait :
les jeunes chiens » nourris par leur propre mère ’
feraient plus forts & mieux portails que ceux qui
font nourris d un lait étranger ; mais fouvent une
li.ee fait trop de chiens pour pouvoir les nourrir
tous; & d’ailleurs elle eft bientôt ufée fi , en la
fiifant chaffer & porter, on la fait-encore nourrir
pendapt un mois qu fix femaines : il faut donc que
le maître ou le commandant d'un équipage décide
entre la mère & les petits. On ne donné pas
a, une mâtine plus de quatre à cinq chiens à nourrir
; un plus grand nombre l'affoibliroit les
petits manqueraient de la fubfiftance nécelfaire-
au relie le nombre de ces petits animaux doit ê tre 1
proportionné à l'abondance du la it , & la force de
la nourncé.Tellelicene fait qu'un oudeu x chiens
d autres en font feize ou dix-fept ; mais les portées
ordinaires font depuis-fix jufqu'à d ix ; celles qui
fontau-deffus reuffiffent rarement. Auffi tôt qu'une
/Ke: a fait fes ' C h ien so n lui • donne -une-- nonne I
mouée , Sc on continue à la bien nourrir jufqu’à
ce qu elle ait réparé fes forces ; on lui donne au
moins un mois de repos avant que de la ramener à
la chaffe ; & , en général, on ne la fait travailler
que Iorfqu elle eft en^Son état : on fait paffer fen
ait en la frottant avec de la terre franche , délayée
avec du vinaigre.
■ Comment on élève Us jeunes chiens , & comment on
les met en cnajfe.
Quand les petits chiens ont quinze ou vingt
jours « on les purge avec un peu de manne fondit
dans du lait; & quand ils ont fix femaines, on
commence à les fevrer en leur donnant du lait &
de la mouee claire : pour les accoutumer à cette
nouvelle nourriture , on les fépare pendant le jour
de leur nourrice , & on les remet avec elle pendant
la nuit ; après avoir fait la même chofe pendant
fept à huit jours , on les fépare tont-à-fait f
' &-on ne les^nourrit plus que de; mouée. Lcrfqu’ ils
ont fix mois, o.i les pàfië dans le grand chenil 3
on les met au pain d'orge , & on ne leur donne
de la mouée.que deux fois par femaine. Lorfqiuls
ont neuf à dix mois , on' les accoutume à aller lu
couple , on les promène dans le grand é b a t, de
on lés y tient fous le fouet pour les préparer à
1 obeiffance ; on les mène couples dans les rues &
dans les champs pour les enhardir , en leur fai Tant
voir differens objets. Lorfqu’ ils ont un an, on les
everre ( on verra ci-après, comment on éveri;e les
chiens ) ; on les met enfui te dans la meute ; on les
promène & on leur fait faire curée avec les autres ;
mais on ne les mène à la chaffe qu’à l’âge de dix-
^.UIt aft 'y1-05?.- Les lices font ordinairement
plus tôt formées que les chiens, & les chiens de
: moyenne taille Je font plutôt que les grands;
mais , en général, on ne fait chaffer-les uns & les
I autres que lorfqu’ils font en force & en bon état.
Avant que de decoüplerdes jeunes chiens , on
. les promène plufieurs fois à la chaffe., les tenant
a la harde , tant pour les metrre en haleine que
pour leur faire connoître le pays & le chemin de
la maifon. Plus les jeunes chiens ont d’ardeur, &
plus on les ménage dans les commencemens ; fi on'
les laiffoit félon leur volonté, on courroit rifque
de les forcer & de les énerver. On. les fait donc
reprendre, autant qu’on le peut, dans lé courant
de la chaffe , & on leur donné du repos quand ils
ont'couru trop long-tems. On ne découple pas
plus de. quatre "jeunes chiens à-la-fois; un plus
’ grand nombre feroit nuifible, & feroit tourner la
tête aux chiens dreffés. Dans certains équipages ,
. on niet deux ou trois jeunes chiens à chaque relais,
pour leur apprendre à chaffer; mais on nè peut
; approuver cette méthode , par la raifon que ces
■chiens 3 toujours fougueux , & qui ne favent pas
ce qu’on leur demande, vont droit .devant eux,
courent après tout ce'qu’ ils trouvent, quelquefois
même après rien, enlèvent les auttes enfin-, 8c
font manquer un cerf. On penfe donc qu’en les
découplant , & leur lai(Tant paftêr leur premièie
fougue avec 1 es chiens de meute , ceux des reiais
lesmaîttifent enfuite, les dreffent fans porter
préjudice à la réuffite d’une chaffe.
Les jeunes chien s ,e n général , font affez obéif-
faus avant que d’avoir goûté la voie de 1 animal
auquel on les deftine ; mais aufti quand ils commencent
à être dedans, c’eft-à-dire, à connoître
la voie & à la chaffer avec plaifir , ils deviennent
alors moins dociles: on ne doit cependant les
corriger encore qu’ avec précaution Sc ménagement
, pour rie pas rebuter ceux quii feroient naturellement;
timides. Ce n’ eft donc que lorfqu’on
s’apperçoit qu’ils font peu de cas d’une correction
légère , qu’ on doit la donner plus forte & la continuer
jufqu’ à ce qu’ ils obéiffent :. un chièn à qui
dans fa jeunefle on a Iaiffé prendre 1 habitude de
forcer , s’en corrige difficilement dans la fuitev .
De la nourriture des chiens.
Il eft reconnu depuisdong-tems. que la nourriture
la plus faine pour les chiens eft le pain
d’orge. C e pain fe fait exprès , tous les jours, avec
de la farine d ’orge dont on n’a pas fépare le fon :
il eft effentiel de bien veiller à cette; nourriture ;
que la fariné foit bonne, que le pain foit bien cuit.
Il'faut fe méfier de la qualité de la nourriture, fi
oh voit une partie ,de la meute avoir la foire,
cela arrive affez ordinairement lorfq.il’il -y a des
firines mélangées avec la farine d’orge ; le; feigle
fur-tout' dévoie beaucoup les chiens. Il ne fàut
p è que le pain foit trop tendre ni trop raffis, cë
dernier inconvénient eft beaucoup moins à craindre
que le premier. Le poids de; la farine augmente
à-peu-près de deux cinquièmes par l’eau
que l ’on y mêle pour la pétrir ; de forte qu’un
fêtier dé farine péfànt cent foixante-qiiinzelivres,'
doit rèndre environ deux cents quatre-vingt-dix
livres de pain , Ou trente-quatre pains de huit à
neuf livres chacun. Les chiens feront fuffifamment
nourris, lorfqu’ on leur donnera habituellement
deux livres & demie , ou tout au plus- trois quarts
de pain chacun par jou r , divifés en deux' repas.
L’intèlligence du premier piqueür doit diminuer :
félon les circonftarices ; mais jamais il ne doit donner
plus. Il ne faut pas que lès chiens renoncent
jamais fur le pain : pour cela on pïév'oit à-peu-
près la quantité qui leur eft nécemire* Pendant
cju’on le caffe dans -tes auges , on fait tenir tous les
chiens fur les bancs ; lorfque le pain-eft.cafté , on
frappe avec le manche "du fouet für l’auge , & ils
arrivent tous enfemble; Si au bout d’ un moment
on; voit que les chiens mangent, avec voracité, &
qiîë la quantité de pains çaffés n’eft pas fuffifante,
on: en caffe encore deux ou trois autres ,s mais on
n’attend p*as pour cela que. le premier foit mangé.
Chaque repas ne dure pas plus de huit ou dix
minutes ; fi au bout de ce tems, les chiens ne
paroiflënt manger que parce qu’ il y a encore du pain , il faut ôter les auges, y reftât-il l’a moitié
du pain. De cette manière , une meute fera fuffifamment
nourrie, & s’entretiendra dans un degré
d’embonpoint à-peu-près, égal. Lorfque quelques
chiens s’engraiffent trop , on les met au gras;
c ’eft-à-dire , qu’il y a auprès du grand chenil, un
autre petit chenil dans lequel on les enferme pen-
dunt une partie du repas, afin qu’ ils mangent moins
que les autres. Cette méthode . quoique bonne,
ne doit être1 employée qu’avec ménagement 5 elle
n’eft bonne que pour les chiens bien- en. vigueur ;
un chien.jeune ou vieux pourroit maigrir, au
point de Re jamais reprendre , & périr. La meilleure
façon de dégraiffer les chiens, eft de les
faire chaffer fouvent 5 je né condamne cependant
pas l’autre , qui eft bonne , quand on én ufe avec
intelligence^ elle eft néceffaire lorfqu’un chien-3
difpofé à devenir gras, eft boiteux au. point de
manquer plufieurs chaffes , l’embonpoint qu’ea
lui laifferoit, prendre alors lui feroit pernicieux ;
il pourvoit fe forcer & crever :même la première
chaffe qu’ on-lui fera faire. Il faut toujours proportionner
la nourriture des. chiens à la fatigue qu’ils
ont : comme ils travaillent beaucoup dans l’été ,
on peut augmenter un peu la nourriture quand
ils mangent bien; mais je répète qu’il ne faut jamais
les laiffer renoncer fur le pain: dans l’hiver ,
au contraire, il eft bon de la diminuer, fur-tout
lorfque la gelée empêche tout-à-fait de chaffer ;
cependant fi on., vouloir les en croire , ils mar.- geroient dans cette faifon le doublé de ce qu’ils
mangent dans l’été.
Dans le printems , il eft très-ordinaire que les
chiens ne mangent pas le matin, parce qu’ils
mangent de l’herbe , ce qui s’appelle, prendre du
v .e r d : cômme cette herbe les. purge , ils n’ ont pas
d’appétit. Dans cette faifon auffi ils font fort fü-
j^ts à avoir la colique.; ce que l’on connoît au
bruit que font leurs boyaux : alors le premier piqueur
ne doit faire cafferdu pain qu’autant à-peu^
près qu’il prévoit que les chienspeuvent en manger.
Lorfque le pain eft caffé , il ne doit jamais
manquer de faire le tour du chenil, pour obferver
les chiens qui ne mangent pas,: fi un chien eft deux
repas fans manger , il faut remarquer fi avec cela
il a l’air trifte , fi la gueule eft pâle.. S’ il n’ a pas
la colique & qu’ il n’ait p,as pris du verd , il faut
le féparer ; on ne rifque jamais rien , quand cela
continue jufqu’ au, troifième repas , de lui tirer un
peu de fang , & même de redoubler la faignée fi
îe fang eft noir & épais, fur-tout s’ il a de la fièvre 5
on connoît la fièvre d’ un chien , en lui mettant les
deux mains fur les côtes ; on fent alors fi la pul-
fation n’eft pas irrégulière & trop fréquente.
Le s jours de chaffe au matin , on ne ca lfë que