
affez longues j & lorfqu’ il eft fâché, il les hériffe
en forme de hupe. L'occiput , le deffus du col &
les côtés font vineux j le dos & les plumes fcapu-
laires font de la même couleur , mais un jpeu cendrés
j le croupion eft blanc. De chaque coté de la
tête, il a une tache longitudinale noire 5 la gorge
& le bas ventre font blanchâtres, j la poitrine d’un
vineux clair , tirant fur le cendré ffsles couvertures
du deffous des ailes d’ un vineux rouge}
les grandes du deffus, les plumes éloignées du
corps , ainfi que les plumes de l’ aile bâtarde,
rayées tranfverfalement de bleu cla ir, de bleu
foncé & de n oir } leur côté extérieur, leur bout
& leur côté intérieur noirs. L ’aile a vingt plumes :
la prémiere eft noire , excepté fon origine, qui
eft blanchâtre } les fix fùivantes font gris blanc
du côté extérieur , & noirâtre à l’intérieur } les
trois d’après font auffi noirâtres du [côté intérieur
, & leur côté intérieur gris foncé , & varié
vers l’origine de quelques taches bleues & noires}
les cinc^ fùivantes font noires du côté intérieur,
& lë coté extérieur eft auffi noir depuis le bout
jufque vers le tiers de leur longueur, & le refte
Diane, varié vers l’origine de quelques taches
tranfverfales, noires & bleues } la feizieme eft
noire, excepté fon côté extérieur , q u i , depuis
l ’origine jufqu’àla moitié , eft rayée.de bleu clair,
de bleu foncé & de noir } lesdix-fept & dix-huitième
font tout-à-fait noires; la dix-neuvième eft
marron , terminée de noir} & la vingtième tout-
à-fait marron : toutes ces plumes font grifes en-
deffous , excepté les deux dernières , qui font
marron. La queue a douze plumes noires,l’iris des
yeux eft blanchâtre', le bec eft épais & noir , les
pieds font bruns , tirant fur la couleur de chair.
L ’ouverture de fon golïer eft fi ample, qu’ il
avale des glands tout entiers. C ’eft la nourriture
qu’il prend l’automne & l’h iv e r , car il en fait
proviiion. Le printems & l ’été il va chercher les
poids verds, les grofeilles , les fruits de la ronce,
& les cérifes qu’il aime beaucoup.
Le geai, comme la pie, mange auffi les oeufs de
perdrix, faifans & cailles, & quelquefois les perdreaux
à la traîne. Auffme peut-on trop recommander
aux chaffeurs de ne leur faire aucun quartier
, & auffi a-t-on foin dans les terres bien gardées
d’en détruire le plus qu’ il fe peut , & fur-
tout de tuer les mères fur le nid. Il
Il y en a une telle quantité dans la forêt de
l’Hermitage, près Quintin, en Bretagne, qu’ il
n’eft pas rare d’en tuer fix , huit, & quelquefois
dix d’un coup de fufil. Pour faire cette chaffe on
fe. met en embufeade au pied d’un arbre, & on
imite le cri de la chouette; foit avec un petit
ruban, foit avec une efpèce de chiendent commune
en cette forêt , qu’on appelle flèche. Les
gardes en détruifirent tant pendant le mois de
feptembre 1 7 7 9 , qu’une dame qui étoit alors à fa
terre receuillit affez de plumes azurées pour s’en
faire garnir une robe. Il eft à obferver qu’on ne
prenoit que la feizième plume de chaque aile , de
forte qu’un oifeau n’en fourniffoit que deux.
La chair de cet oifeau n’eft pas eftimée. Cependant
quand i f eft jeune & gras , c’eft un manger
affez délicat} & avec la précaution qu’on a de
leur ôter la tê te , il eft affez ordinaire de les voir
manger pour des grives par les perfonnes qui s’ y
connoiffent le mieux.
Le geai peut être élevé en ca g e } il apprend à
parler & à liftier. Il contrefait plufieurs fortes d’oi-
feaux, & fe rend fort familier} mais il faut fe
méfier de lu i, car il fe plaît à dérober, & à chercher
les lieux fecrets pour cacher ce qu'il a pris.
Il y a plufieurs efpèces de geais, fuivant les
divers climats qu’ils habitent.
Le geai d’Alface a mérité, par la variété des
couleurs de fon plumage, d’être nommé le perroquet
d’Allemagne.
Le geai de Bohême eft un oifeau de paffage qui
mange le raifin, & qu’on regarde comme une efpèce
dé grive.
Le geai de montagne eft le pica. nucifraga des
ornithologiftes , plus connu fous le nom de caffe-
noifettes.
Le geai de Bengale n’eft diftingué du geai commun
que par la grandeur de fa taille.
Le geai du Cap de Bonne-Efpérance reffemble à
l’ européen} il aime les amandes fauvages, s’ap-
privoife aifément, & parle de même,
Chajfe du geai au lacet.
Prenez une grande gaule, groffe comme le pouce,
8c de la hauteur de cinq à fix pieds, fichez-la en
terre , joignez-y un lacet ^attaché à une ficelle,
8c au milieu de la gaule mettez une lanière qui
tourne-tout autour 8c la couvre en entier. A l’extrémité
fupérieure de la'gaule, vous ajouterez un
paquet de cerifes, & vous le poferez. vis-à-vis du
lacet : l’oifeau ne fauroit fondre fur lès cerifes,
fans fe trouver pris au piège. La fimplicité de cette
chaffe fait un de fes agrémens.
Chajfe du geai au plat d'huile.
On remplit un petit vaiffeau , haut d’en-viron
quatre doigts, d’huile de noix ou d’olives} on
choifit toujours la plus claire : on met ce plat dans
un endroit fréquenté pa* les geais, & on fe retire
derrière quelque broffaille, d'où on ne puiffe être
vu par le gibier } l’oifeau voltige d’abord autour
du plat, 8c y appereevant fon image, comme dans
un miroir, il fuppofe que c’eft un autre geai, oc
fond deffus : mais fes ailes , imbibées d huile,
s’appefantiffant, il ne peut s’élever en l air, les r
chaffeurs accourent, 8c n'ont aucune peine a le
fuivre à la courfe,
Chajfe du geai ù la repenelle.
On coupe un bâton de faule d'environ lîx pieds
de lo n g , delagroffeur du pouce 8c bien d ro it ;
on aiguife le gros b out, & on met dans le petit
un crochet auquel on attache des cerifes ou des
Coffes de pois.
On perce enfuite ce bâton à un pied au-deffous
de l ’extrémité fupérieure, 8c à la hauteur dun
demi-pied dé terre. On prend une baguette longue
de trois pieds, de la groffeur du petit doigt ;
.on attache au petit bout une ficelle, Sc enfuite
un collet. -
Le gros bout de cette baguette doit paffer dans
l’ouverture inférieure du premier bâton, & le collet
attaché au petit bout dans 1 ouverture fupe-
.rieure. Remarquez qu'il faut que le noeud de la
ficelle qui tient le lacet ne foit paffé dans le trou
qu'à la profondeur d'une ligne, 8c on 1 y arrête
par le moyen d'une petite cheville qu’on fiche
légèrement.
La baguette faitalors un demi-cercle, & tient la
ficelle tendue. Pour achever le reffort, on accommode
le collet en rond fur le petit bâton, & il doit
s'y trouver un petit arrêt pour empêcher que le
collet ne fe défaffe.
11 faut avoir foin que l’appât de cerifes ou de
coffes de pois, dont on a parlé, foit directement
au-deffus du bâton où eft le co lle t, & à portée de
l’oifeau qui viendra s'y percher pour s'en nourrir.
Quand les geais apperçoivent cet appât, ils y
volent ; mais dès qu’ ils font pofés, la matchette
tombe, le noeud de la ficelle que le petit bâton
tetenoit fe lâche, la baguette fe détend, 8c l’ oifeau
fe trouve pris par les jambes.
La repenelle fe tend fur les arbres ou fur les
buiffons. Si c’eft fur un arbre, on accroche le
piège de manière qu’il n’y ait point d'autres petites
branches qui foient proches des cerifes ou
des pois ; car les geais, en fe perchant deffus,
. pourroient les prendre fans toucher la marchette,
8c la machine perdroit l'ufage de fon reffort. On
emploie la même précaution fur un buiffon.
Si l’ on veut que le piège réufiiffe, il faut s’ écarter
dès qu'on a tendu la repenelle î car le geai
eft un oifeau rufé 8c défiant, & la vue du chaf-
feur fuffiroit pour l'éloigner pendant toute la
journée de l'arbre ou du buiffon où on 1 attend.
Autre chajfe récréative du geai.
On fait combien les merles, les pies 8c les
geais font difficiles à joindre , & que la fineffe de
l’ouie & d e l’odorat de ces oifeaux ne permet pas
que l'on en puiffe approcher , linon à une grande
aiftance : il faut, pour les avoir, ou les tirer quand
ils (ont grands, ou les prendre encore petits dans
leurs nids. Nous donnerons ici un moyen facile
8c amufant que l'on a pratiqué plus^ d une^ fois
pour le geai, & qui paroît pouvoir être mis en
ufage avec le même fticcès pour le merle 8c la
pie.
A y ez un geai privé, 8c le portez ou dans votre
poche ou dans une cage couverte vers une futaie
ou autre bois où vous foupçonnerez qu’il y aura
des geais ; car il n’eft pas néceffaire d'en apperce-
voir ; avancez cent ou deux cents pas dans lé bois,
8c choiliffez un lieu un peu découvert; on en
trouvé communément en fuivant les rentiers 8c
les chemins qui traverfent les bois : alors prenez
votre-oifeau; renverfez-le contre terre fur le
dos ; 8c avec deux petites fourches dont vous
ferez muni, contenez-le fur le terrein, en engageant
fes deux ailes fous ces fourches. Il faut en
cela prendre garde à deux chofes ; l'une de ne
point bleffer l’oifeau qui’ fervira plufieurs fois ;
l'autre de planter les fourches fi bien 8c fi avant
en terre , que malgré tous les efforts qu'il fera, il
ne puiffe fe mettre en liberté. Votre geai étant
ainfi placé-, retirez-vous dansle bois, 8c poftez-
vous de façon que , fans être trop en vue , vous
puifliez voir tout ce qui fe paffera, 8c prendre le
plaihr entier de cette chaffe. Aux cris que pouffera
votre geai en fe débattant, tous ceux qui
font à demi - lieue à la ronde, ne manqueront
pas d’accourrir d’arbre en arbre jufqffau lieu où
ils verront leur camarade fi mal à fon âife. Après
avoir obfervé quelque tems entr'eux une fi
étrange aventure , ne voyant perfonne, 8c n'entendant
aucun bruit, la curiofité les prendra
d’ examiner la chofe de plus près ; ils voleront à
terre, tourneront 8c fauteront autour de l ’infortuné
, dont ils s’approcheront de plus en plus
fans aucune défiance. C e lu i-c i, qui aura la tête
8c les pattes libres, défefpéré de lé voir le feul
malheureux de la troupe, ne manquera pas de
faifir celui d'entr'eux qui paffera trop près de
lu i , 8c certainement ne le lâchera plus. Les cris
que jettera le nouveau prifonnier vous avertira
que votre geai a fait fon coup ; vous fortirez de
votre embufeadé , 8c vous irez prendre votre
proie. Il n’eft point douteux que tous les geais
ne s'envolent aufti-tôt, mais foyez affuré qu’ ils