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4°. La tourdelle : c’eft la grofle grive de g u i , ou
la nomme auffi fuferte , fraye & jocajfe ,* elle eft
à-peu-près de la taille d'une petite pie : cet oifeau
mange des bayes de gui , qu’elle rend en
entier , & qui peuvent encore végéter. La chair
de cette grive eft moins. éftimée que celle des
autres , parce qu’elle eft de plus difficile digeftion.
O’eft un oifeau de paffagé qui va par compagnie §
il fe plaît dans les prés & les pâturages : on i’ap-
privoife volontiers,’ parce qu’on le mange avec
moins de plaifir.
Toutes les grives font des oifeaux de pafîage ;
mais il ne laifle pas d’en refter beaucoup qui nichent
& pondent dans nos pays ,• excepté néan- 1
moins la litorne , qui fe retire dans les pays
du nord , où elle trouve du genièvre en
abondance. Il nous refte très-peu de petites grives
©u mauvis pendant l’h iv e r , & il eft rare qu’elles
nichent dans nos contrées.
La chaffe des grives eft très - agréable -au
temps des vendanges. Enivrées par le raifin ,
elles fe laiffent approcher plus facilement dans
les vignes •& fur leurs bords que par tout ailleurs.
Elles font encore très-friandes des olives .*
elles trouvent l’un & l ’autre dans nos provinces
-méridionales $ ce qui fait qu’on y en voit en plus :
grande quantité qu ailleurs', & qu’elles y font,
en général, plus grades 8c de meilleur goût.;
Depuis que le raifin commence à mûrir j juf-'
■ qu’après la vendange , on en vo it peu dans les;
pays où il n’y a point de vignobles > mais, ce temps;
pâffe , elfes fe répandent par-tout où elles trouvent
du genièvre , du nerprun, des fenelles , &
autres baies dont elles, fe noürrifîent. Vers la:
Touffaints , elles viennent en foule aux aliziers ,
dont le fruit leur plaît beaucoup , & en fe mettant
à l'affût fous un de ces arbres , on eft affiné
d’y faire bonne capture ; fouvent à peine donnent
elles le temps de recharger. Il en eft de
même des merifesT mais la faifon de la maturité
de ces fruits étant le mois de juin , cen’eft
guères la peine de s'amufer à cette chaffe , attendu
que c’eft .le temps où elles font occupées
du ‘foin de leurs petits , & quelles font maigres
alors ; que d’ailleurs en detruifant une g r iv e ,
on détruit le plus fouvent toute une famille
de ces oifeaux , ce qui doit répugner à -un
chaffeur.
La véritable faifon pour tuer les g r iv e s , eft
depuis la fin de feptembre , temps où les raifids
font en maturité , jufqu’àux premières gelées ,
qu’elles commencent à difparoît-re. Mais, pour
en tuer beaucoup , il faut Tes tirer au v o l , eé
qui demande une eertaiine adreffe , n’appartient
pas au commun des chaffeurs. ■ On en! tue
•peu , Iorfque l’on- ne fait.les.tirer quepofées dans
les arbres s les occafions en étant bien moins
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fréquentes que celles de les tirer au vol. Les
pays couverts & coupés de haies font très-propres
pour tuer des grives dans l’arnére-faifon :
; deux chaffeurs qui s’entendent pour battre une
haie, en la longeant chacun de fon côté , font
âffurés de tuer des grives & des merles, en les
| tirant au vol à mefure qu’ils partent.
En Provence, Sr partieulièrément dans cette
étendue de terrein qui environne Marièille , èc
qu’on appelle le taradou , on chaffe beaucoup
les grives à Y a rire t. L’ arbret ( 'en provençal
aubret ) eft un petit arbre planté exprès pour
la chaffe dont i l s’ agit , appelle auffi ckajfe
au pofie , parce que le chaffeur fe tient caché
dans une petite!cabanne à laquelle on donne ce
nom. Cette chaffe qui fe fait dans l’enceinte
même des baftides , non - feulement pour les
grives , mais pour les ortolans & bec-figues ,
eft un des amufemens les plus chéris de la jeu-
nefîe de Marfeille , & l’on prétend qu’ iîfe trouve
au moins 4000 pbftes dans le taradou 3 qui
forme un pourtour d’environ quinze lieues couvert
de quinze .mille de ces habitations de
campagne , appellées baftides. Vo ic i le détail de
cette chaffe.
On choifit dans une vigne , de celles qui fë
trouvent enclofes dans les baftides , un petit
tertre ou monticule, qu’ on fe procure artificiellement
, s’ il ne s’en rencontre pas un fur
le lieu. On y plante un petit bouquet .de jeunes
pins, & au milieu un arbre de quinze à vingt
■ pieds de haut. L’amandier eft celui qui e©n-
vient le mieux., par la raifon que fa feuille eft
fort petite , & cache moins les oifeaux. Au défaut
d’un arbre naturel & v e rd , on peut fe fer-
vir d’ un arbre feç qu’on plante fur la terre.
Les grives & même les autres oifeaux s’y . perchent
également , excepté néanmoins l’ortolan,
qui préfère les arbres' verds. Parmi les jeunes
pins, on a foin de mêler quelques arbrifîeaux
de ceux qui portent des baies qu’aiment les
grives , comme myrtes , genièvres,.- &c. On place
à terre., entre ces pins & arbuftes , dans des
cages , pour fervir d’appeaux , cinq ou fix grives
prifes aûx gliiauX, & Conlervées dans des volières,
où on les nourrit de figues hachées avec
du fon & du raifin noir. Ces cages font fuf-
pendues à des piquets, à deux ou trois pieds
de-terre. A quelque diftance de l’arbre <, on
conftruit irne cabanne fort baffe , en creufant
la ?terre de deux où trois pieds , de manière
qu’elle h’excède le niveau du terrein que d’à-peuples
autant, & on la recouvre en dehors de rainée:
& de lierre qui eft toujours verd , afin
qu’elle ,effarouche moins les oifeaux , & que, fa
■ verdure, fe maintienne plufieurs; jours. Il y a
Lde;-ce$::£a’bannes,£onftruites en maçonnerie -,
1 avec quelques commodités , & autour defquelles a
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&Viv en dérober la vue aux oifeaux , on plante
quelques arbuftes. Le chaffeur fe tient tapi I
dans fa cabanne , & au chant des oifeaux , il j
arrive de temps en temps des grives, qui vien- !
nent fe pofer fur l’arbre , & qu’ il tire , a mefure ;
qu'elles fe préfentent , par de petites ouvertures ;
ménagées à la cabaune. La faifon. de çe-tte chaffe |
eft depuis les derniers jours de feptembre jul- :
qu’à la fin d'o&obre. On la commence dès h
pointe du jour* jufqu’ à fept heures eft le fort
du paffage : elle dure cependant jufqu a neuf
ou dix heures de la matinée.^ On peut y tuer
jufqu’à trois ou quatre douzaines de grives. ;
( Extrait de la chaj/è au fiifil. )
Autre Chajfe des Grives.
Les payfans de Siléfie , qui trouvent desgrives j
en plus grande abondance que nous ne trouvons
de moineaux , fe contentent de les prendre avec j
des collets de crins de cheval j on prend pour
amorce des baies de forbier fauvage : ce piège j
leur fuffit pour en faire une provifion abondante ;
ils font rôtir à moitié ce gibier, & le confervent
dans le vinaigre.
Nos payfans fe fervent tout uniment d’un reclin
qui imite le fon de la voix de la grive ^ ce qui la
fait allen dans les buiffons ou dans les genièvres j en
s’abaiflant elle tombe dans les filets qu’on y a ttendus
, & on la faifit. Les bons chaffeurs n’em-
ploiënt ordinairement que le fufil pour la chaffe
de la grive, & ils ne prennent cet exercice qu en
automne.
On prend auffi les grives comme les geais avec
des repuces ou petites verges élaftiques qu’on
pique en terre le long des haies & des jardins, & .
fur-tout dans les vignoblês , & auxquelles on at- :
tache une ficelle' & un collet g dès que Toiféau
appérçoit l’appât, il y vole : mais en fe plaçant
fur la marchette , il la fait tomber, le noeud de
la ficelle fe lâche , la bagüette‘ Te détend ,
le gibier fe trouve pris par-les pattes .dans le
collet.
: GommêTa grive eft très.'friânde'de gui , les chàf-
feurs la prennent aifément fur l’arbre qui le porté.
On prend une baguette longue de trois ou quatre
pieds, dont le gros bout ne doit pas êtrê-ugros:
que le petit doigt, & I e rjifte à proportion j onde
plie en cercle & on attache enfemble les deux ex-.
trémités. C e cercle doit être garni de petits lacets
en lacs coulans, & fufpendu directement au-dqffus
du gui qui fe trouvera alors au centre de la machine.
Il faut obferver que les lacets foiént tendus
, les uns hauts,T'es • autres b as , afin que les
grives fe prennent plus aifément, h faire
enfer te auffi qu elles ne puiffent fe placer poun
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manger du gui fans fe prendre au col ou aux pattes.
Quand ce piège eft tendu, il fau: s en ecar ter a,fiez,
pour ne pas effrayer .les oifeaux.
GROLLE , efpèoe de corneille de bois , connue
auffi fous le nom de freux. Cet oifeau eft fort
criard, il yole en troupe : il eft affez commun en
Angleterre. On .cherche à éloigner plutôt qu’ à
prendre cet animal importun & nuifible. Les
moyens qu’on emploie font le bruit des inftrumens
d’airain , des machines avec, des ailes de moulins *
des épouvantails plantés dans les terres.
GRO S -B EC , genre d’oifeau .ainfi nommé à
caufe de la grofîeur de fon bec relativement a
celle de fon corps. Il eft d’ un tiers plus grand
que le pinçon. Il a la tête forte j eUe eft de couleur
rouflatre, fon cou eft d’ un gris cendré , fon
dos eft roux ; fa poitrine & fes cotes font de cou“
leur cendrée, légèrement teintes de rouges. Le
gros Sec ne chante p o in t , il eft folitaire & fa?
rcuche.
Il refte en été fur ies montagnes Sc dans les
! bois ; mais, en hiver il defeend dans la plaine.
C ’eft fur le fommet des arbres qu’ il fait fon nid.
Cet oifeau à le bec fi fo r t , qu’il cafîe avec facilité
les noyaux d’olives, & de cerifes 5 il fait beaucoup
de tort aux arbres , parce qu’ il en mange
les boutons , & quand on ne le chafieroit pas
comme oifeau bon a manger, on devroitle chafler
comme oifeau deftruéteur.
Le gros - bec fe trouve affez communément en
Francë , en Italie & en Allemagne.
Il y a dans les Indes , en Amérique S: fur-tout
A la Virginie une efpèce de grqs-bec de couleur
écarlate dont la tête eft ornée d’une crête : on
l'appelle cardinal huppé. C e t oifeau eft de la grof-
feur d’un merle } il a un chant agréable.
Le gros-bec de la Chine eft bleu jik rofe.
Celui de Cayenne eft vert.
Celui de la Louifianne eft varié de r o fe , ,de
; blanc , & de noir.
| ' ,11 ÿ a auffi le gros-bec de Java , dit le domi. o
& T ê jacobin. 1
Le gros - bec du Canada eft à pioitié rouge ,
84,,-cejfui dés Philippines à moitié jaune.
Le gros-bêc du cap de bônne-Efpérance , a le
plumage du1 dos de couleur olivâtre , .& l e ventre
jaune. •'
,Célui de Gambie eft citron , & celui d’Angola
tout bleu.
GROS-DÉNOMES ( terme de Vénerie ) 5
. ce font les deux gros morceaux de la cuifle du cerf.
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