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afin que les fourmis puiflent forcir Sc fe répandre
fur l'arbre. Audi-tôt'qu’ elles ont faim , ëlles veulent
quitter l’arbre pout aller cherche-r leur nourriture
i 'mais en arrivant au goudron , qu elles
détéftent, elles font obligées de: rebrouffer chemin.
Latfqu elles ne peuvent plus rëlifter a la
faffîr, elles fe jettent 'fût f e chenilles &- lè's'dévorent
toutes. Une oblervation en petit , que jè
fis à mon. grand re g re t, au mois de mai l~o± ,
m’a convaincu d'avancé dè i ’èfficacité dë çe-pio
cédé. En effet., je trouvai fur l’érablê commun
( acer campejlre L. ) une efpèce de chenille vivant
en fociété , que je ne connoiffois point, encore:,
j-‘ tn bris vingt-cinq què j emportai cher, moi ,
projettent “< é les élever julcu'à leur metamor- ,
phofe en papillons. Je les mis dans une boite a
laquelle 'je fis de petites ouvertures pour leur
donner de l’air : je mis la bolte’Jen plein a i r ,
fur une fenêtre , & j’ eus foin de*-leur fournir
des feuilles d'érable, leur -nourriture' ordinaire.- ■
Trois heures après ou environ j -jë voulus vifi-
ter mes pétitionnaires , mais quel fut mon eton- ■
hemént lorfqiie je-vis qu’ il n’y en avoit pas- une j
feule en vie? Elles-avoient- toutes été ruses par ;
les fourmis , qui les' ayant fe n t iè s f s étofent
raffemblées en grand nombre dans Ha boite. Elles i
avoient mangé la-tête .de la 'plupart ’dès chenilles i
quelques-unes étbient bléfféés au cou ; la queue
manquoit à d’autres. Ne penfant-alors qu’au chagrin
de voir manquer i’obfervation , que j e me
propofois, je pris les moyens dé me défaire de
ces affaffms de mes chenilles. En cdnfequence,
je laiffaf la boite à la place où elle é to i t , j’y
mis du fucre pour y attirer les’ fourmis; en peu de
jours je les y raffemblai toutes ; & quand- je crus
V être parvenu , je brûlai la boite .avec lésant-
maux' qu’elle contenoit %
„ Cette expérience prouve l’efficacité du procédé
employé contre les' chenilles ; en Luface
& en Suiffe, procédé dont on ; doit fur - tout
faire iifage contre l’ efpècé défaftreufe’ de lia,
phalène d'hiver, -impoffible à détruire jufq.ua |
pr f 'nt 11 ne faut pas fe laifigf arrêter par. le
:preiu»ë trop généralement répandu que-les four
-mis nu i f ni aux arbres. Il éft vrai que lorfqu un
arbre commence à être malade, onj y trouve o r - .
dinairemeht aîné quantité de, fourmis :, ce. que
l ’on obferve: pàrticuliqrémeut'ifur- les petits arbres
tels que les pêchers , les ceriüetsj:les
pruniers, &e. Mais à l’exception du cas oü les,
fourmis "établi-ffent-, ,!#ur. demeure èntrevles ra-;
cines de l'arbre , ou tout près de ces racines,
..ou même fe nichant dans les vafes & ;caiffes ou,
l ’on a mis des arbriffeaux ou des plantes, elfes
; fouillent la terre , découvrent les racines-, en
rongent quelques-unes j excepté ces cas, dis-je., .les
fourmis C>-it ttès-innocentes de lamalaote de 1 arbre
fur lequel on les trouve. Le mal doit etre .attribue
entièrement aux pucerons , qui fucent & roulent
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lés feuilles Sa pouffes tendres. Lés excreme-ns
des pucerons, font pour les fourmis uvrmets très-
délicat j ces dërriiers abandonnent l’arbre quand
on Fa débarraffe des inférés qui le rongent en le
lavant 8c en le frottant.
En 178:1,''un'cultivateur du Bas-Poitou par-
ivint à détruire' de:k ' dianiëre fui vante ' lés chenil-
lies , qui rongêôieVit fa garance. Il fit bouillir
s d'eux livres de térébenthine avec fix livres d’eau de I
fource, & laifla refroidir ce mélange. L après-
midi vers quatre heures , il en afpergea les pieds
de garance ,' & il s’apperçut b ien tô t que les
chenilles étoient mortes. Comme ce procédé
lui parut trop coûteux pour être-d’une utilité
univerfelle , il en imagina un autre. Il mit à-peu-
près douze livres de fuie de cheminée dans 50.
livrés d’eau 3 il remua fouvent ce mélangé pendant
48 heures , au bout dèiquelles il fit bouillir
20 livres d’eau , Sc le& ver fa dans le mélangé
3 avec 8 pintes de fort vinaigre. Il en afpergea
les plantes attaquées de chenilles , de deux jours
l’un, pendant-fix jours. Il parvint ainfi a détruire
toutes les chenilles -fans ■ nuire . à fes plantes.
| ©n fent que-ce procédé peut être facilement
appliqué aux arbres au moyen de petites p'om-
pes , mais alors il devient un peu -, coûteux.
Un particulier, en blâmant les procédés employés'
pour détruire les chenilles qui endomma-
gent les arbres , en indique un fimple & expéd
it i f, c’ eft de les brûler avec un paquet de paille
attaché au bout d;une longue perché , ;au mû1 1
: -yen-de laquelle , en-.prenant te Vent , 'on porte
'la flamme par-tout où’ Fon veut 5 & c e lt ce oue
ce particulier a pratiqué, dit - i l , avec fucces,
dans fon verger & dans fon jardin.
"U n autre moyen non moins sur & auffi facile
d'empêcher teicheniiles de'remonter fur les arbres’qui
n'en font pas attaqués , ou apres qu ils
en ont été -foi gneufemenÉ - délivres, ’ ;c i f de
former -un cordon autour du pied de 1 albie
avec delà grailfe. "
Le- froment en grain , eft endommage par la
chenille qui donne le papillon , appelle -pha.ene
■ du froment. Cette chenille eft un- ver ,- j.aime au
commencement s.qui: plus tard, èn automne iv
dans le printems i devient 'd un. noir grisa'nç ,
avec une tê te 1 noire , kiifante", & trois bandes
blarichés. Ces vers , Idrtqu’ ils font encre :petires,
cteufent les grains de froment, & quand llS
groffiffent, ils dévorent le dehors & le dedans
d - ’« * i^rainidM; BUrgxntlir elt parvenu a dimp
nuer ce fléau .chez,lui, en, tuant, tops ceux qui
tombdiént en remuant lés, gerbes. Ces cheni s
iucliept 'fe-hivernent dans (la terre fe le fumier.
L’auteur prétend, qù’on prévient »
1 N S
froment, connue fous le nom de noir ou de charbon
dans la plupart de nos provinces, en ne fe fervant
pour les femailles que de grain de l’année précédente.
2, Le feigle. Il eft infeété par la larve de la chenille
, appellée elater fegetis. Cette chenille eft un
ver jaune avec une tête brune & le s points des
mâchoires noirs. Cette chenille gâte auffi le froment,
l'orge & l’ avoine. De tous les ennemis des
grains, c’eft le plus dangereux ; fouvent elle en
dévore la moitié. Quelquefois dans le printemps
quand on voit le froment & l’ orge deyénir bleuâtre
, pâle, jaunâtre fe tomber, on en accufe ordi-
nairement le froid : mais on (e trompe .* tout le mal
vient des animaux deftrudteurs dont nous parlons.
Le meilleur temède pour-les extirper , remede
éprouvé, par l’auteur avec beaucoup de fucces, eft
«rengager les enfans à parcourir Tes champs , ra-
mafler le plus qu’ ils peuvent de ces petits animaux,
8c de les écrafer : cela n’ eft pas difficile , & les
enfans s’y prêtent volontiers, fi on les encourage
par quelque petite récompenle.
Après 1‘elaterfegetis , la piouche du feigle ( mufea
fecalis ) eft l’ennemi le plus dangereux. Le travail
de fa chenille eft imperceptible, excepté pour
les infe&ologiftes qui le connoiffent. Souvent
on attribue à l’a ir , à la bruine, aux brouillards,
les dégâts de cette chenille qui n a que deux
lignes de longueur3 la tête pointue & noire,
formant à l’extrémité la letrte V . Elle mange
les tiges tendres du feigle , quand les feuilles
ont commencé à pouffer. Elle pafle 1 hiver dans
la terre , & fe change en mufea fecalis au mois
de juin. On n’a pas encore pu trouver lemoyen de
■ s’en préferver. On foupçonne qu-elle fe trouve
quelquefois dans le fumier qu’on répand fur les
terres.
Mufea pumilionis. Sa chenille a deux lignes de
longueur j elle eft blanche , a la tete pointue
& noire , & empêche les tiges de feigle de prendre
leur accroillement. Elle eft beaucoup moins
dangéreufe que la précédente.
phaloena confpicillaris. Sa chenille a un pouce
de lo'hg , & elle eft de la grofleur d’ une plume
à écrire. Elle a quatorze articulations , y compris
la tête. Cette tête eft noire , tachetée , avec
quelques poils courts. Le corps eft grisâtre, avec
une ligne blanche longitudinale fur le dos. La
première articulation après la tête eft dure, &
comme d’une fubftance cornéè & luifante. Chaque
articulation a deux points. Cette chenille
hiverne dans la terre, fe change en chryfalide
au mois de mai, & en phalène vers le 20 de
juin (en Suède ). Pendant la n u it, elle coupé le
feigle tout près de la furface de la terre jelle fe cache
fous des pierres pendant le jour. Les’ enfans
peuvent être encore fort utiles pour la chercher &
l ’écrafer. G’eft peut-être U même chenille q u i,
Ch a s s e s .
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dans de centaines années, ronge ou coupe les jeunes
plants de choux.
Phaloena fecalis. Ce tte chenille fait blanchir
les jeunes épis. -Elle a un pouce de long , & #é-
paiffeur d’une plume d’oie. Elle eft d’un vert
pâle, avec déux lignes;rouges longitudinales fur
le dos. .Son corps eft vert en-deftbus. Sa tete eft
ornée & arrondie en forme de coe u r , avec deux
taches brunes fur les côtés. Quand lés épis du
feigle font forts , & ont déjà pris leur accroiffe-
ment,la chenille defeend en terre pour fe changer
en chryfalide , & à la fin du mois de juillet,
en phalène. Il eft.difficile de la détruire, quand
elle eft encore petite: mais.dans 1 été , quand
les épis font déjà bien formés , -on la trouve entortillée
autour de la tig e , plus fouvent en dedans
, lorfque l’épi eft plus ou moins endommage ,
tombe & penche.
Umax agrejlis. Elle endommage fouvent le feigle
pendant l’automne , fe caufe beaucoup de
dégâts.
Ainlï le feigle eft de tous les grains celui qui a
le plus d’ennemis dellruéteurs , & il faut au moins
les connoître, connoître leurs progrès & leurs
moeurs, fi.l’on veut chercher les moyens de les
découvrir & de les détruire.
L'orge a deux ennemis, une efpèce de mouche ,
telle que la mufea tritici, dont les chenilles tres-
perites fe logent dans les grains, s’y changent
: en chryfalides, & enfin en mouches dans les mois
de juillet fe d’août ; enfuite Xdater fegetis , dont
nous avons donné.la defeription.
L'avoine a encore des ennemis plus nombreux.
1 L’ elater fegetis en dévoré fouvent la moitié j en-
> fuite la mouche , appellée mufea avens. , ne lui efl:
pas moins nuifible. Sa chenille coupe les tiges par
le bas & ronge auffi les articulations Supérieures
quand elles font encore-, tendres. C ’eft fur-tout
alors que les cultivateurs commencent à s’apper-
cevoir du mal par la pâleur des épis. -C e tte chenille
,q u i eft très-petite, n’a point de pieds & a
la tête pointue. Sa chryfalide eft brune &
oblongue. On a o b fe r v é e n 178 9 ,1e 14 de juillet
, le changement de cette chryfalide en mouche.
Cette mouche a une ligne de longueur, eft
noire & brûlante. Ses antennes font formées
comme une verrue d où fortent^ quelques
poils. Son abdomen eft formé de cinq petits
anneaux. Sesaîlesde forme ovale , font couchées
& brillantes : elles font vertes & rouges.
Il y a encore une autre chenille qui ronge le
dedans des grains de l’avoine , quand elle eft
fur pied. Cette chenille reffemble beaucoup à
celle de la pkaltna tritici ; & c ’eft peut-être la
même. i l