
prodigieufement, & qui font les plus grands
dégâts , tant dans Tétât de vers fous lequel ils
reftent en terre pendant trois ans , que dans l’état
S'infecte parfaitement formé > c'eft-à-dire, de hanneton.
Dans Tétât de vers 3 ils rongent les racines
du bledj & fous celui de hanneton , ils dépouillent
tous les arbres de leurs feuilles. On lit dans les
tranfactions philofophique.s de la fociété de Dublin,
que les habitans d'un certain canton de l'Irlande
avoient tant fouffert de ces infectes, qu'ils s'étoient
déterminés à mettre le feu à une foret de plufieurs
lieues d'étendue , pour en couper la communication
avec certains cantons qui n’en étoient pas
encore infe&és. Le meilleur expédient pour diminuer
le nombre de ces dangereux infeftes, oui
ah bout de trois ans, reparoiffent encore en plus
grande quantité, c'eft de fecouer légèrement les
arbres fruitiers , de battre les autres arbres avec
de longues perches , de balayer les hannetons en
tas & de les brûler.
Autre moyen de détruire les hannetons , J)ar M.
Quenette.
On fait des flambeaux de poir.g de la manière
fuivante. Faites tremper la mèche dans du foufre
fondu , de façon qu elle en foit bien imbibée 5
enfuite couvrez-la de poix réflne à la groffeur
des flambeaux ordinaires} enfin recouvrez le tout
d’ un peu de cire jaune commune.
Votre flambeau ainlï arrangé, vous attendez le
tems ou ces infeéles reparoiffent fur terre } c’ëft-
4-dire , dans les mois de mai & de juin pour
vous en fervir. Alors il faut choiflr les heures où
ils repofent fur les arbres &r fur les haies, c'eft
ordinairement entre neuf heures.du matin & trois
heures d'après midi. CreiT dans cet intervalle que
vous faites ufage de votre flambeau } vous l’allumez
, & vous vou$ promenez deffous & autour
des arbres, le long des haies, le tenant deffous,
de façon que la fumée mélangée des odeurs de
foufre , poix réflne & cire jaune les fuflfoquent.
I l fuffit de la tenir au plus un demi-quart-d'heure
en allant & venant deffous les endroits ou il y ep a.
Après avoir ainfi paffé deffous les arbres & les
haies, vous fecouez les haies avec des bâtons ,
& les arbres fruitiers avec des crochets, ou avec
la main , de manière que par les fecouffss , Ton
ne faffe pas le même tort aux boutons 8c fleurs de
ces arbres , que les hannetons auroient fait eux-
mêmes. Les hannetons , comme je l’ai dit ci-def-
fu s , étant à demi endormis par l'ardeur du fo le il,
fuffoqués par l'odeur mélangée du flambeau ,
épirouyent une efpèce de léthargie,, ce qui fait
qu’ils tombant plus aiférnent des haies & des
arbres où ils font. Lorfque vous les avez fait tomber,
vous les faites ramaffer, & mettre dans un tas
fur une poignée de paille qui eft étendue parterre }
quand ils font tous ramaffés, vous les recouvrez de
paille & y mettez je feu, afin qu'ils brûlent & ffen
puiffent revenir. Ce moyen, le plus certain de tous
ceux qu'on a offert jufqu’à ce jour, eft fait pour être
adopté de tous les cultivateurs } mais principalement
en Picardie & en Normandie , où il y a
beaucoup d'arbres fruitiers , je recommanderai ex-
preflément aux cultivateurs de ne pas faire ufage
de* méthodes indiquées par des écrivains très-
eftimés , qui eft de les abattre avec des bâtons }
ce procédé étant tout-à-fait nuifible aux arbres,
vu qu'il fait brifer les fleurs & boutons-, 8c que
même il occafionne un retard dé trois ou. quatre
années pour lè produit de ces arbres , parce qu’en
fe fervant de bâton on né peut fe difpenfer de
cafter quantité de branches en état de rapporter
des fruits.
Moyens £ empêcher les dégâts du ver de hanneton ,
ou ver blanc , par M. Goujfier.
De tous les ennemis des plantes, un des plus
deftruéteurs eft, fans contredit, le ver de hanneton
, connu fous le nom de ver.blanc turc ou mans ,
melolontka vulgaris. C et animal eft d'autant plus
dangereux pour la culture , que tout lui eft bon }
racines tendres ou dures , rien ne réfifte à ta voracité
} il détruit entièrement les plantations , les
pépinières, les champs enfemencés 8c les prairies
artificielles.
Il femble s’être multiplié davantage depuis
quelques années , du moins les agriculteurs
s'en plaignent plus qu’ ils n'avoient coutume de
le faire. J’ ai remarqué que les terres les plus con-
fervées pour le gibier, & dans lefquelles on ne
fouffre point de renards ni de blaireaux , font les
plus attaqués du ver blanc > en e ffet, ces animaux
font très-friands du hanneton & en détruifenc
une grande quantité} les cochons , les fangliers
& quelques efpèces d'oifeaux s’en nourriffent
aufti.
On a propofé plufieurs moyens de fe préferver
des rayages de ce v e r , entr'autres celui de faire
fuivre la charrue par des enfans , pour ramaffer
dans des paniers ceux que le foc découvre j mais
outre que toutes les terres ne font pas labourées
en même-tems., 8>c qu'il en refte encore à la fin
de l'automne , & même pour l’hiver les ter-
reins plantés en bois ou enremifes, ceux auxquels
on fait porter des fainfoins, des luzernes, des
trefles, leur fervent naturellement de retraite }
d?ailleurs cette foible reffource lie pourvoit avoir
lieu danè tout autre tems que celui du printems,
& du commencement de l’automne : car fur la
fin 4e cette faifon , ces vers s'enterrent pour
fe mettre à l'abri du froid, & fe tiennent pendant
l’hiver à une telle profondeur, qu’ il feroit im-
poffible à la charrue de parvenir jufqu’ à eux.
C ’eft ordinairement à fix ou huit pouces en terre
ue les femelles de hannetons s'enfoncent pour
épofep leurs oe u fs , qui éclofent à la fin do la
jnême année. Le petit ver a bientôt Tinftinâ: de
remonter pour chercher fa nourriture parmi les
racines les plus tendres , comme les plus analogues
à fes forces ; mais bientôt fa vigueur croif-
fant avec l'âge , il va porter plus loin fes dégâts.
Cet animal refte trois ou quatre ans fous la
forme de ver avant fa métamorpnofe en fcarabee j
on peut juger par -le tort qu'il peut caufer pendant
ce laps de tems , combien il eft fait pour
alarmer le cultivateur , fur-tout en fe multipliant
autant qu'il le fait.
Son changement en fcarabee n’ en apporte point
à fa gloutonnerie 5 il n épargne pas plus les feuilles
des arbres qu’ il n’avoit ménagé les racines : 1
pouffe fes ravages jufque fur la vigne 3 dont il
ronge les bourgeons} c'eft dans cet état qu'on
peut aider à fa deftru&ion, en cherchant les arbres
où il fe tient pendant la chaleur du jour : on le
fait tomber en les fecouant & onlecrafè.
Mais c ’eft fur-tout dans les jardins que ce ver
eft le plus dangereux, non-feulement à l’égard
des plantes potagères & des fleurs, mais encore
pour les arbres fruitiers, ou d’agrément , qui ne
fe remplacent pas aufti facilement.
J’ai cherché long-tems les moyens de me prémunir
contre les dégâts , fans pouvoir en trouver
aucun ; enfin , le hazard m’ en a fait découvrir un
dont je vais rendre compte. M'étant apperçu que
les arbres enefpalier& en contre-efpalier , près
defquels on avoir planté des fraifiers & des laitues
ou romaines, étoient les moins fujets aux
vers blancs, je jugeai qu'ils donnoient la préférence
à ces plantes qui étoient en effet prefque
toutes découpées. Je pris le parti de garnir tous
mes efpaliers de falade , & de planter de groffes
touffes de fraifiers, que j’enlevoisavèc leurs mottes,
aux pieds des arbres en vergers. J'avois le foin de
les vifiter une ou deux fois par jour 3 & aufti-tôt
que je m’appercevois qu'une laitue commençoit à
fe faner , je fouillois au pied avec une petite houlette
, & j'y trouvois toujours un ou plufieurs
mans qui en rongeoient la racine. Quant aux fraifiers
, je n'y appercevois pas aufti vite le féjour
des vers > mais comme leurs racines étoient nom-
breufes , ils y établiffoient une efpèce de domicile
qui leur faifoit oublier les arbres voifîns.
J’ai fu depuis que plufieurs cultivateurs, & particulièrement
Lemonfer, employoient.le même
moyen que moi pour détruire les vers blancs qui
attaquoient les plantes} je n'en réclame, pas la découverte
, mais je crois être un des premiers qui
m'en fois fe rv i, car il y a plus de vingt ans que
j’en ai fait l’expérience} cette manière, toute'
bonne qu'elle eft pour préferver les arbres de ce
ver malfaifant, ne peut rien contre les ravages
qu’il commet dans les campagnes 3 il falloit ici un
moyen plus praticable} les faits fui vans femblent
devoir l’ indiquer. Je remarquai, il y a peu d’années
, qu’une partie de prairie artificielle * fur
laquelle on avoit jette à la fin de l’hiver une allez.
grande quantité de cendres de tourbe , n’étoit
nullement attaquée de ver blanc, tandis que ,
dans le voifinage, d’autres auxquelles on n'avoit
pas donné le même engrais , étoient rongées entièrement
: j’en fis l’épreuve en petit dans un jardin
où ce ver étoit fort commun , j enfemençai
quelques perches de petit trèfle a fleurs blanches ,
après avoir divifé le terrein en quatre parties ;
dans deux defquëlles je mêlai un peu de cette cendre
avec la terre, j’en fis, encore répandre à la fin
de l’hiver fur ces mêmes portions qui devinrent
fuperbes. Quant aux deux autres, à peine les
plantes furent-elles levées , qu'elles furent pref-
qu’entièrement détruites par le ver : je n'ai pas eu
l'occafion de renouveller cette expérience; j'ignore
fi les refultats en auroient été aufti fatisfai-
fans.
J’avois cependant confervé le defir de m’en inf-
truire, 8c j’ ai cru devoir m’en occuper dans ce
moment-ci, où la fociété a bien voulu m admettre
au nombre de fes correfpondans, afin de lui prouver
mon zèle & me rendre de plus en plus digne
de l ’honneur qu’ elle m’a fait.
Je fis chercher, il y a près de quinze jours, de
ces vers de hanneton , étant affez heureux pour
n’en pas avoir cette année dans mon jardin : on
m'en procura d’ailleurs de bien portans.
Je mis dans les deux tiers d’une grande terrine 3
de la terre dans laquelle j’avois mêlé une bonne
poignée de cendres de tourbe} je plaçai cette
terre de manière qu’ il reftoit encore un tiers de la
terrine vide dans toute fa profondeur , que je
remplis de terre pure.
Je plantai-une laitue & une romaine dans la
partie où étoit la cendre, ayant pris la précaution
d’en faupoudrer légèrement les racines, je plantai
aufti une romaine dans la partie où étoit la terre
pure } puis je plaçai doucement trois de ces vers
les plus vigoureux, à-peu-près à la hauteur du
centre des racines, au milieu de la terrine , 8c
par conféqûent dans la partie où étoit la cendré ;
j'arrofai légèrement la totalité , 8c je mis cette
terrine à l’abri de la pluie, crainte que la grande
humidité ne f î t tort aux vers.
Trois jours fe pafsèrent fans qu’ils paruffent
toucher aux falades} mais le quatrième, j apper-
çus quelques feuilles de la romaine plantée dans
la terre pure, qui commençoient à fe faner; le
foir elles étoient entièrement flétries , & le lendemain
toute la plante l'étoit de même.
Je laiffai encore dix jours la terrine dans cet
état, pour donner le tems aux vers de gagner les
autres plantes} ce fut inutilement, elles relièrent
intactes. Enfin, voulant m’inftruire de ce qui.