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courroies de chamois , de manière .néanmoins
qu’il ne foit pas trop gêné , & qu’il ait la liberté
de voltiger ôn peu fur la palette.
Pour arranger cette machine comme elle doit
l’être j & de manière que là palette repofe fur
la motte de terre , on adapte le bout oppofé à
une traverfede quinze pouces de longueur, dont
les deux extrémités entrent dans les trous de
ideux petites planches étroites fichées en terre,
de la hauteur de dix à douze pouces. Environ
à moitié de diftancë entre ces planches Sc la motte
de terre , fe plantent à droite &L à gauche deux
piquets, auxquels vient s’arrêter une ficelle :
nouée au bâton vers Ton milieu, pour le contenir.
On attache enfuite à même hauteur, au
b âton , une longue ficelle , qui arrive jufqu’à
Yemparence, derrière laquelle eft le chafifeur,
qui en la tirant doucement fait lever la palette,
& voltiger le bifet de tems en tems. Cq premier
appeau placé à l’orient, à trente pas du
chaffeur, eft appelle Vappeau de la cabane. A
trente pas plus loin , dans la même direction ,
on en place un autre qu'on appelle, appeau de
la place , & enfin un troifième toujours à l'orient
& à trente pas du fécond, c'eft-à^dire , à 90
pas du chalTeur * celui-ci eft nommé Y appeau de
devant. A 60 pas de ce troifième appeau , non
pas en avant, mais fur les côtés , à droite &
a gauche, c’eft-à-dire , vers le midi & le nord,
fe placent deux autres appeaux ; ce qui fait en
tout cinq appeaux , tous placés à terre fur des
palettes. Des cinq , le chalTeur de la cabane en
fait jouer deux , à l'aide dès1' ficelles dont j’ ai
parlé * favoir, celui de la cabane & celui
de. la place. Quant aux trois autres, c ’eft
l'affaire des chaffeurs huttes fur les trépieds.
X e trépied de la droite en conduit deux ,
qui font l'appeau de devant, & celui du côté
croît. Le trépied de la gauche eft feulement
chargé de faire jouer, celui du côté oppofé. Et
pour faciliter le jeu de ces trois appeaux, qui
fe fait de • haut en bas , & empêcher que la
'ficelle ne paroilTe en fe levant en l’a i r , ce qui
pourroit effaroucher les bifets , on a foin de
faire paffêr cette ficelle par défions une petite
gaule pliée en demi - cercle , & fichée en terre
par les deux b outs , au bas & tout près du
trépied.
Enfin , outre ces cinq appeaux , il y en a encore
quatre qu’ on appelle appeaux volans , aveugles
cojrime les autres. Ga leur attache aux
jambes une petite’ courroie de chamois . qui
laiffe entre deux un intervalle de quatre doigts,
& l'on noue » au milieu de cette courroie, une
ficelle fuffilamment longue pour permettre à
Toifeau de prendre un bon effor. Chaque chaf-
feur des trépieds eft muni d’un de ces appeaux*
celui de la cabane en a deux, llfa u t obferver-, |
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pour ceu x -c i, que la ficelle doit être fixée i
un piquet fur la place qui eft au devant des filets,
& que la longueur de cette ficelle doit êtrecom-
paffée de façon qu'elle ne dépaffe point la cabane
de branchages * parce que fi l'appeau, qui
eft aveugle , venoit à prendre fon vol du côté
de la cabane , il s'empêtreroit dans les branches ,
Sc feroit manquer l'objet qu’on fe propofe.
Les appeaux, tant volans que de terre, fervent
tantôt pour attirer les bifets qui pafférit
au-deffus de la chaffe, & les faire defcéndre à
la hauteur convenable ; tantôt pour détourner
ceux qui paffent fur les côtés , & leur faire prendre
la dire&ion des filets. C ’eft fur-tout dans ce
dernier cas , qu’on lâche les appeaux volans. Les
bifets qui les apperÇoivent en l’air viennent à
eu x , & alors en1 faifànt jouer les [ appeaux de
terre , ils font conduits , de proche en proche,
vers l’appeau de la cabane. C ’eft lorfqu’ils font
à peu près au-defîus de c e lui-c i, que les chaf-
feurs des trépieds leur décochent ces raquettes
dont il a été parlé ci-devant, en les huant &
pouffant de grands cris , & par ce^ moyén les
précipitent dans les filets. A obferver qu'on
ne hue jamais les palomes-: les cris, au lieu de
les abattre , les feroient s’enlever.
Chaque chaffeur tend fes appeaux le matin ,
lorfque les filets font dreffés, & les retire le
fo ir , après leur avoir donné à manger 5 ce qu'il
a eu foin de faire auflî le matin, avant de les
placer. Leur nourriture eft du blé-d’Inde , du
millet ou du froment.
Ici un feul chaffeur p e u t , fans bouger de
place , gouverner quatre filets à volonté , au
lieu que dans les palomières il faut un homme
pour chaques deux file ts; il peut les lâ cher,
ou féparément, ou tous à la rois , fuivant l'occurrence*
favoir, deux de la-.main d ro ite , &
deux de la gauche. Il :peut même , en cas de
befoin, en lâcher un cinquième avec le pied 5
ce qui dépend des volées de bifets plus ou moins
nombreuses qui fe préfentent. On remarquera que
dans les palomières il . y a plufieurs emparences
ou petites haies, à chacune defquelles viennent
aboutir les cordes de détente de deux filets,.,
enforte que s’ il y a quatorze filets , il faut fept
emparences , & fept chaffeurs pour les manoeuvrer
* tandis que dans les pantieres à l'appeau ,
il n’y a qu’ une grande emparence , où viennent
fe rendre toutes les cordes dfe détente des quatre
ou fix filets dont elles font coinpofées-, & un,
ou au plus deux chaffeurs derrière cette emparence;
, qui font chargés en même tems de con-
duireUes appeaux & de lâcher les filets.
'On ne tue p o in t, pour l’ordimire lés palomes
& bifets pris -, fi ce n’ eft ceux qu'oniveut manger
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fer les lieux dans quelques parties de plaifîr qui
s’y font : on les retire vivans des file ts , pour
les metoe enfuite dans des volières, où on les
canferve une partie de l’année.1
Voici le détail d’une autre chaffe de pâlottes
au file t, qui eft encore allez, intéreliame Se peu
connue.
Dans un bois ifiolé ■ & tranquille, on choifit
une place pour y tendre Un filet à nappes,- tel
que celui dont on le fert pour les alouettes.,
ortolans & pluviers:, & qui n’ en diffèreque^par
la largeur de. la maille. Cette . place.doit être
un peu plus .grande que l'efpace -que doit couvrir
le filet. On y laboure la terre en quarré,
ayant foin d’en ôter' les racines , & tout ce qui
pourroit faire ©bfiaciè-au jeu du filet.. Lorfqu on
veut chaffsr les palomes, on fème fur cet emplacement
du blé-d’ inde , du ’gland & de la
faîne. On élève au milieu une petite motte de
terre , pour y placer une palome aveugle fur
Urte palette, de la même manière qu'il a été
expliqué'ci-deffus pour la chaffe des bifets à:
l’appeau. À quelque diftancë de la pla ce, on
conftruit avec des branchages de la fougère j
une cabane bien fermée , & on y ménage quel- _
ques petites ouvertures*', 'par lefquellçs le chal-
feur peut fuivre de l’oeil les palomes qui viennent
fe percher dans les. arbres qui doivent être aux
environs de la placeJ Outre l’appeaù placé à
terre., on en pofe encore trois autres fur trois .
arbres voifins ; & telle eft la manière dont cela
fe fait. On commence par ajufter une palette.,
femblable à celle dont on fe fert pour les appeaux
de tetre , excepté que le 'bâton eft un
peu plus long , ayant environ quatre pieds
demi. On fe procure enfuite une perche de
quinze à feize pieds, à une. extrémité de laquelle
on forme avec une’ fcie , un entre-deux
en façon de mortoife, de la profondeur de trois
pouces. On échancre en talus, d'un c ô t é , le
fond de la mortoife avec unetgouge ; de. manière
que le bâton de la palette qu’on fixe dans
cet entre-deux par une petite cheville de fer qui
le traverfe vers fon milieu , puiffe s’élever en
l’a i r , en tirant une ficelle attachée d'un bout
à l’extrémité du bâton oppofée* à la palette , :
Sc de l’autre venânt rendre à la cabane , & .
qu’il refte dans une-pofition horizontale lorfquon
le laifferétomber. On-àttache enfuite à la perche,
avec deux Clous , üif crochet d,® bois vers le .
haut. Le chaffeur m onte dans l’arbre, au moyen
d’urie échelle dont il S’efl pourvu i tirant à
lui la perche & la palette , fur laquelle e ft poféé
le palome aveugle, & arrêtée par les pieds avec
deux petites courroies de chamois de la manière
ci-devant expliquée , & il fufpend cette perche
par le crochet à une des plus hautes branches, |
fcajuft-ant de façbn que la palome. ait l’air de I
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s’être pofée naturellement à la cime de l’arbre.
S'il ne fe -préfente pas une branche propre pour
cela , il accroche la perche à une fécondé perche
plus légère qu'il place en travers d'une branche
à l'autre * & il a foin, -en même tems, de la
lier par le bas à 'une branche inférieure , afin
qu'elle foit ferme & rie remue pas , Jorfqu’il
s’agit de faire voltiger l ’appeau en tirant d'en-
bas la ficelle attachée à l ’extrémité du bâton
de la palette.
Lorfque le chaffeur , en faifa'nt jouer les appeaux,
dt,s arbres’, eft parvenu â faire pofer fur
les arbres les palomes qui paffent en l'a ir, alors
il fait voltiger celui qui eft fur la motte de terre,
en lui donnant dç-légères faccades ayeic h ficelle*
ce qui détermine les palomes perchées. à def-
cendr'e fur la place les unes 'après des autres.
Le chaffeur attend que toute la troupe, ou la
majeure partie foit defeendue, pour renverfer
fon filet fur elles. '
Il arrive quelquefois que les palomes-, q u i,
fans doute , ne font pas affamée s , ne defeendent
point fur la place. En ce cas,, l e . chaffeur a
recours a une autre rufe pour les .y. déterminer.
Il eft muni, dans fa cabane d’une palome qui
voit & a Tes ailes. Ses jambes- font attachées par
une petite courroie.femblable à celle;, des -appeaux
volans de la grande chaffe aux bifets * &
cette courroie tient à cette ficelle qui de
l’autre bout s’arrête â une branche de la cabane.
On appelle cette palome. chapon. Le chaffeur ,
qui a eu, foin d f pratiquer dans la cabane , à
droite Sc à gauche’ ., un petit: canal ou rigole,
aboutiflant vers la place , pofe dans cette rigolé
le chapon 3 qui en la fuivant * arrive peu-à-peu
fur la place , Se fe met; à. manger avec d'autant
plus d'appétit , qu’on a eu foin de le laiffer à
jeun. Â cette vus , les,palomes perchées fur les
arbres fe déterminent à defçehdre pour partager
le déjeuner du chapon, & alors le chaüeur fait
jouer fon filet.
Cette chaffe a Heu pendant les mpis de février
& mars. Onia fait aufii en automne-, mais avec
moins de fuccès.
Chaffe des palomes ail fufil.
Cette chaffe fe fa it , en automne-, dans un
bois où les paîomès ont coutume 'de paffer. On
y choifit une : petite érninerice , ?ôù ;rl fe trouve ,
au 'moins , cinq ou fix chênes: Plus ils font élevés
, plus ces ôifeaux aiment à s’y pofer. On
commence par établir dans celui du milieu, avec
le fecôurs d'une, échelle q une cabane'propre à
Contenir deux ou trois chaffeurs, formée de
branchages Tblidement iattachés ajix grandes
branchés, & bien garnie :dè fougè re, afin que
lès pal ornés , ’qui font très-défiantes & s’épou