
n8 GEL
n’ iront pas loin ; retournez dans votre embuf-
cade , vous les verrez bientôt revenir, & votre
geai en attrapper un fécond : ainfi vous pourrez
en avoir plufieurs de fuite ; & , comme il a été
d i t , votre geai pourra, en le ménageant , vous
fervir pour plufieurs chaffes.
Comme dans aine de ces chaffes il a été pris
un merle, on préfume que la même rufe fervi-
roit pour les merles & les pies ; en effet, dans
une grande partie des différentes efpèces d’animaux
& d’oifeaux, uninftinâ uniforme les porte
à accourir au fecours de leurs femblables ■, q u i,
par leurs c r is , èxpriment la peine & le danger
où ils fe trouvent,
■ G E L IN O T T E , f. f. La gelinotte efi de la grof-
feur d une bartavelle ; elle a vingt - un pouces
d'envergure, les ailes courtes, & p a r conféquent
le vol pefant. « Qui fe feindra ( dit Belon ) Voir
» quelque efpèce de perdrix mctive entre la rouge
» & la grife, & tenir je ne fais quoi des plumes
» du faifan, aura la perfpeûive de la gelinotte de
« bois ». Cèt oifeau a les pieds garnis de plumes
par-devant. Le mâle fe diftingue par une tache
noire très-marquée qu'il a fous la gorge , & par
fës fhmmes ou fourcils, qui font d'un rouge beaucoup
plus v if que ceux d elà femelle. La nourriture
des gelinottes eft à-peu-pres la même que
celle dés coqs de bruyère. Elles s’accouplent en
oétobre & novembre : leur ponte eft depuis douze
jufqu a dix-huit oeufs , qu'elles couvent pendant
trois femaiiies ; mais elles n’amènent guères à
bien que fept à huit petits. On appelle les mâles
avec une efpècê de fiffiet, qui imite le cri très-
aigu de la femelle, & les attire d’une demi-lieue à la ronde.
Les gelinottes fe perchent, par préférence, fur
les pins 6c faprns, & fe cachent dans les branches
les plus touffues, où on a beaucoup de peine à
le s appercevoir. Lorfqu’eliesfont ainfi cachées,
quelque bruit qu’elles entendent, elles ne partent
point. On affine même que fi un chaffeur en ap-
perçoit deux dans le même arbre , 8e qu’il en tue
une , l’autre ne bouge pas de place , & ne fait que
s’accroupir 8c rentrer dans fa plume , lui donnant
tout le tems de recharger. On trouve des gelinottes
dans le Dauphiné , vers la grande Chartreufé, à
Lans, à Prémol 8e ailleurs. Il y en a auffi dans les
montagnes de la haute Alfaee.
Il y a une autre efpece de’ gelinotte , que
Buffon defigne foû-s le nom de gelinotte des 'Pyrénées^
parce qu elle fe trouve communément dans
ces montagnes , & qu'il dit être appeîlée ganga en
efpagnol. Elle eft à-peu-près de la grdïfeur d’ une
perdrix grife, & a îa queue iongufe mince &
fourchue j au lieu que îa gelinotte l’a courte &
ramaffee. L e mâle a le deffus du corps bigarré de ;
© E L
gps j «îe jaune & de rouge , les deux côtés de la
tête jaunâtres , fous la gorge une tache noire , la
poitrine fafranée, le ventre d’un gris d’ ardoife
pâle j râëié d’ une teinte de blanc , les jambes &
les pieds d’un rouge pâle. La femelle eft d’ un plumage
un peu différent, & n’a point de tache noire
fous la gorgei d’ailleurs, elle a les pieds jaunâtres.
L’ un & l’autre ont le devant des jambes
couvert de plumes jufqu’ à l’origine des doigts.
On trouve auffi cette efpèce de gelinotte dans les
montagnes du Dauphiné, mais M. l’ abbé Ducros
ne la regarde point comme un oifeau indigène du
pays, & ne croit pas qu’elle y niche.
On obfervera i c i , en paffant, qu’il y a quelque
lieu de_ douter que le ganga d’Efpagne foit le
même oifeau que la gelinotte des Pyrénées, comme
le croit Buffon. C e lle - c i eft un oifeau des
montagnes 5 & le ganga, fuivant Efpinar, ne
hante que les plaines rafes où il fait fon nid par
terre, & a les mêmes habitudes à-peu-près que
1% cane-petière , avec laquelle il va fouvent de
compagnie.
On prend les gelinottes dans le printems & dans
l’ automne, avec un appeau qui fert à contrefaire
-leur chant, & on leur tend des filets , des lacets „
ou des collets. En général on les chaffe à-peu-près
comme les faifans.
Gelinotte du C anada. Elle eft un peu plug
grofife que la gelinotte ordinaire > elle lui reffemble
par fes ailes courtes, & en ce que les plumes qui
couvrent fes pieds ne defcendent pas jusqu’aux
doigts : elle n’a ni fourcils rouges, ni cercles de
cette couleur autour des yeux 5 ce qui la carac-
térife, ce font deux touffes de plumes plus longues
que les autres , & recourbées en bas , qu’ elle, a
au haut de la poitrine , une de chaque coté 5 les
plumes de ces touffes font d’ un beau noir, ayant
fur leurs bords des reflets brilîans qui jouent entre
la couleur d’or & le vert. L ’ oifeâu- peut, quand il
v e u t , relever ces efpèces de fauffes ailes q ui,
lorfqu’elies font pliées, tombent de part & d’autre
fur la .partie fupérieure des ailes véritables.
• C e t oifeau eft connu en Pénfy^vanîe dans" le
Maryland , fous le nom de faifan 5 il a fur la tête
& autour du cou, de longues plumes dont il-peut,
en les redreffant à fon gré , fe former une houppe
& une’forte d efraife, ce qu’il fait principalement
lorfqu’il eft en amour 5 il relève en même-tems lès.
plumes de fa queue en faifant la roue , gonflant
fon jabot, traînant les ailes, &r accompagnant fon
aétion de bruit fourd, femblable à celui d’un coq-
d°înde. Il a de plus, pour rappeller fes femelles,,
un battement d’ailes très-fingulier, & affez fort
pour Ce faire entendre à un demi-mille de.diftance
. par un tems câline,, étant alors pofé fur un tronc
fec*
G ER
Les chaffeurs, avertis parce bruit, s ’approchent
de l’oifeau fans être apperçus, & faififlent le mo-
jneîit de cette convuliïon pour le tirer à coup fur.
D’ailleurs, ces oifeauxfont ttès-fauvages, & on
ne peut les apprivoifer. Leur chair eft blanche 8e
très-bonne à manger. Iis.fe.nourriffent de grains,
de fruits, de raifins même de baies de lierre,
quoique ces baies foient un poifon pour beaucoup
d’animaux.
G E N E T T E , f. f. C e quadrupède eft à-peu-près
de la groffeur, de la longueur, & de là figure de
la fouine ; cependant fa tête eft plus étroite , fes
oreilles font plus grandes, & fon corps paroît
moins étoffé : il a auffi fur le col & le long de
l’épine du dos une efpèce de crinière , .qui forme
une bande noire depuis la tête jufqu'à la queue.
Quelques naturalises ont confondu la genette
avec la c iv ette, parce que l’une & l’aütre ont fous
■ la queue un fac , dans lequel fe filtre une efpèce
de parfum ; mais celui de la genette eft foibleaf
& l'odeùr ne peut s’en conferver.
: Si la genette a la forme de la fouine, elle a auffi
fon naturel &-fes habitudes. Mais la genette s’ap-
privoife plus aifément, on en voit à Conftanti- !
nople qui font auffi privées que des chats , & qu'on
laiffe courir par-tout, fans qu’elles fallent de dé-
. gât. '
Comme on ne trouve guères cet animal qu’en
Efpagne & dans le Levant, les chaffeurs lui ont
' quelquefois donné lë nom de chat d’Efpagne, ou
dé chat.de Conftantinople. Le peuple lui a auffi
probablement donné le nom de ’genette, parce
qu’on l’a d’abord trouvé dans quelque lieu planté
de genêt.
L’efpèce des genettes n’eft point nombreufe : on
, remarque auffi qu’ elles ont befoin d'un climat
chaud pour multiplier, quoiqu’on n’en trouve
point en Afrique Se dans les Indes.
On eft curieux d’aller à la, chaffe de la genette,
parce que la peau de cet animal forme une fourrure
légère & fort jolie ; mais les chaffeurs ont
remarqué que ce quadrupède n’habite que dans
les endroits humides 8e le long des ruiffeau.x, &
qu’on ne lé trouve ni dans les terres arides, ni
fur les montagnes.
GERBOISE ou GERBO. Nom générique que
donnent les naturaliftes à des animaux remarquables
par la grande difproportion qui fe trouve
entre leurs jambes de derrière 8e leurs jambes de
devant.
11 y a cependant une gerboife prop renient dite ;
G E R
c’eft une efpèce de petit lapin : fes pieds de devant
font très courts, 8e ne touchent jamais la terre;
cet animal ne s ’en fert que comme de mains pour
porter à lagueule fes alimens. Sa queue eft trots
fois plus longue que fon corps, 8é elle eft garnie
à l’extrémité d’une efpèce de houppe , mélange®
de poils blancs 8e noirs.
Cette gerboife , qu’on nomme suffi gerbe, eft
commune en Circaffie, en Egyp te, en Barbarie ,
en Arabie î on trouve même des animaux a-peti-
près de fon efpèce fur ie V o lg a , & jufqu en Sibe-
rie. Puifque cette efpèce de lapin habite dans des
climats fi oppofés, c’eft une preuve qu il a fubr
de grandès variétés.
Ceux qu’on trouve en Circaffie, en Perfe & en
A rabie, font à-peu-près de la grandeur & de la
couleur d’un écureuil : quand ils fhutent, ils s e-
lancent à cinq ou fix pieds de terre. On les voit
toujours debout comme les oifeaux : ils ne dorment
que le jour , & la nuit ils cherchent leur nourriture
: ils fe creufent des terriers comme les lapins
, y font un magafin d’herbes fur la firr de
l’é té , & dans les climats froids ils y paffent ghf-
ver.
On prétend que la chair de la gerboife eft excellente
à manger : c’eft le lapin des-Indes & de
l’Afrique , & probablement on le chaffe comme
celui d’Europe.
Remarques fur les gerboifes ougerbos.
C ’ êft principalement dans les climats brûlants
de l’Afrique que la nature femble avoir pris plaifir
à v arie f, d’une manière toute fingulière , l’es formes
des êtres qu’elle y a placés, & à s’écarter des
règles & des proportions qu’elle paroiffoit avoir
adoptées ; fi toutefois l’on peut appelier écarts ,
| les preuves de fon immenfe & riche fécondité.
C ’eft fur ce fol de feu que fe trouve la giraffe
ou caméléopard , remarquable par la hauteur de-
mefutée de fes jambes de devant. La même dif-
proportion dans les jambes fe trouve dans ie gerbo ;
mais au contraire de la giraffe, ce font celles de
derrière oui font longues par ex cès , tandis que
celles de «levant paroiffent à peine : ces longues
jambes , ou , pour parier plus exa&ement, ces
longs pieds ( car c’eft te tarfe qui eft fi confîdera-
blement prolongé) fervent feules au gerbo pour
fe mouvoir; celles de devant, que l'on pourrait
regarder comme de petites mains, lui font inutiles
pour aller d’ un lieu-à un autre. 11 faute à Ja manière
des oifeaux, & cette démarche , qui ferait
extrêmement gênante pour tout autre quadrupède,
eft tellement propre à celui-ci, que fa courfe, ou
plutôt fon fautîilement, eft très-ïefte & -très-vite.
Voilà donc un animal q u i , avec quatre pieds,
s’éloigne un peu de la claffe des quadrupèdes.»