
LO U P -C E R V IER j voyez LŸNX.
LOUP - NOIR. Efpèce de loup qu’on trouve
dans les régions feptentrionales ; celui d’Europe
eft plus grand que le loup ordinaire , 8c celui
d’Amérique eft plus petit. Il y a quelques années
qu’ on en a vu un à Paris , qui avoit ete
pris fort jeune au Canada. C et animal avoit 0
comme les autres loups , plus de férocité que
de courage. Il aboyoit par des cris interrompus ,
& fouvent répétés.
LOUP DU MEXIQUE. C e quadrupède n’eft
qu’une variété du loup de notre Continent ; 8c
k l’ influence du climat y a apporté quelque^ légère
différence ; le naturel s’eft confervé le
même. La fourure du loup du Mexique eft une
des plus belles & des plus recherchées. On en
vo it de toutes blanches.
LOUP -TIGRÊ. C ’eft l’animal qu’on nomme
guépard. Sa robe eft d’un fauve tres-pâle parfe-
raée de taches noires de deux à trois lignes de
diamètre. Le loup-tigre eft remarquable par la
longueur de fon poil * & fur-tout par une efpèce
de crinière de quatre à cinq pouces de
longueurqui luipendfur le col & entre les épaules.
C e quadrupède habite les terres voifines du Cap
de Bonne-Efpérance. Il le tient caché pendant
le jour dans quelque creux de rocher & ne
va chaffer fa proie que pendant la nuit. Il_ fait
un hurlement qui l’ annonce , 8c qui avertit le
ehaffeur de fe tenir fur fes gardes.
LO U TR E , f. f. Quadrupède amphibie , qui
eft encore plus avide de poiffon que de la chair
des animaux terreftres. La loutre eft de la taille
du blaireau , mais fes jambes font plus courtes :
elle a la tête platte, le mufeau fort la rg e , &
de chaque côte il y a des mouftaches compofées
de gros crins blancs & bruns. Elle a le col extrêmement
court , le corps fort allongé , & la
queue groffe à l’origine 8c pointue à l'extrémité.
Son corps eft recouvert de deux fortes de poils j
les uns longs 8c fermes , les autres drus & formant
un duvet foyeux de couleur grife blanchâtre.
Ordinairement les jeunes animaux font
jo lis , mais la loutre eft encore plus affreufe dans
fa jeuneffe que dans fa vieilleffe ; fa tête eft
mal faite , les yeux petits 8c couverts, fon air
o b fcu r , fes mouvemens gauches, fon cri machinal
, & toute fa figure dénotant la plus grande
ftupidité ! Cependant l’âge la rend induftrieufe,
elle fait la guerre avec avantage aux poiffons ;
on dit même qu’elle remonte d ’abord les rivières,
afin de n’avoir plus enfuite qu’ à fe laiffer entraîner
par le fil de l’eau , lorfquelle eft chargée de fa
proie. On ajoute encore qu’on l’apprivoife au
point de pêcher pour fon maître, 6c d’apporter
fidèlement le poiffon quelle * pris jufques dans
fa cuifine»
Il eft certain que la loutre eft de fon-naturel,
fauvage & cruelle : c’eft le loup des rivières ;
dès qu’elle peut entrer dans un vivier , elle dévore
tout le poiffon quelle peut faifir, 8c quand
elle eft raffafiée elle tue le refte.
La loutre devient en chaleur en hiver , 8c met
bas au mois de mars ; fes portées font de trois
ou quatre. C e t animal fait nager entre deux eaux
8c y demeurer affez long - tems : cependant il
vient par intervalle fur la furface 3- afin de ref-
pirer : faute de poiffons , la loutre mange des
éereviffes, des grenouilles 3 des rats d’eau, coupe
l'écorce des arbres aquatiques 8c fe nourrit même
d’ herbes nouvelles au printems : ces animaux fe
gîtent fous les racines des peupliers 8c des faules,
dans la fente des rochers , & même dans des
piles de bois à flotter : on ÿ trouye fouvent les
têtes & les . arêtes de poiffons dont ils fe nour-
riffent î pour éviter les pièges qu’on leur tend,
ils changent fort fouvent d’afyle. Les caftors font
à la loutre une guerre utile.
La peau de la loutre fert à faire des manchons,
8c avec fon poil on fabrique das chapeaux. Pour
fa chair elle eft dure 8c coriace, elle a un faux
goût de poiffon.
La loutre eft affez généralement répandue en
Europe depuis la Suède jufqu’ à Naples : les Grecs
la connoiffoient, & elle paroît naturelle à tous
les climats tempérés , fur-tout à ceux où il y
a de l’eau en abondance. La loutre du Canada
fournit une fourrure encore plus belle que celle
de Suède.
Comme on a regardé la loutre de T Amérique
Septentrionale , comme une efpèce différente de
la nôtre , il eft bon de la faire connoître.
Cette loutre du Nouveau-monde a la même
configuration que celle de l’ancien ; mais fa taille
eft beaucoup plus co.nfidérable , car fa longueur
totale , en y comprenant la queue , eft de quatre
pieds trois pouces , tandis que les nôtres ont un
pied de moins. Cependant Buffon juge que c’eft
une fimple variété dans l’efpècé.
Méthode pour employer la. loutre a la pêche.
Un académicien de Stockholm a appris dans un
mémoire curieux le moyen de drefler cet animal
deflruéteur à une pêche qui n’ eft utile qu’à fon
maître.
On prend une loutre fort jeune on l’attache
d’abord avec foin , & on la nourrit pendant
quelques jours avec de l’eau & des poiffons ;
enfuite on détrempe dans cette eau du la it , de
la foupe , des choux 8c des herbages ; quand
lani«M
l’animal commence à s’habituer à ces nouveaux^
alimens , on fubftitue le pain au poiffon ; cependant,
de tems en tems on lui en donne les têtes-,
bientôt l’habitude corrige, en elle la nature.
On dreffe la : loutre,3 après quelques mois de
priforçy à rapporter , comme on dreffè un jeune
‘chien ; & quand elle eft affez; exercée| on la
mène au bord d’un ruiffeau , on lui jette du poiffon
qu’elle rapporte, 8c dont on lui donne la tête
à manger pour récornpenfe. Dans la-fuite on lui
donne plus de liberté y 8c on la laiffe aller dans
de petites rivières : cet- animal commence à
agiter les eaux pour faire» fuir fe poiffon fur lés.
rivages entre les cailloux ; c’eft-là où il les faifit
pour-las apporter à fon maître y-qui-tirejde lui
le fervice que les chaflèurs tirent du faucon.
‘ - C ’ëft.principalement en Suède que cette, efpèce
de pêché eft ufîtéé. Un naturalifte rapporte qu’il
s’y trouve des cuifiniers qui énvoienf leurs;/o«- .
tres dajns les ■ viviers pour prendre du poiffon,
La loutre lëur tient lieu d’aide de cuifine.
Chaffe de la loutre. '
Pour cette chaffe on fe fert ordinairement de
Baffets ou de briquets, ou de chiens de plaine'
qui,ne craignent,point l’eau , & qup l’on mène
les "premières fois avec des chiens accoutumés
à cette chaffe , pour Tes mettre dedans ; car la
chaffe de la loutre eft differente de toutes les autres
.: voici comme i f faut s’y prendre.-Les. jours
q u e j’on veut chaffer -, on va dès la petite pointé
du jour quêter avec -fes chiens; autour des étangs ;
ou rivières où f on imaginé trouver quelque loù- \
tre : il faut remarquer qu’ on ne doit pas quêter
\zàiouye èn fuivant le cours dé" l ’eau, mais toù-
jours én rémontant ; parce que le courant de!
l’eau apporte aux chiens le fentiment de l’ani- f
mal. Si l’on remarque du pied fur le rivage ou
.dans -la boue , on metTes chiens deffus , & l ’on ,
cherche à lancer la loutre : un homme feul peut
aller à cette chaffe , mais pour ..plus . grande
réuffite , . i l faut y aller plufieu'rs 5.8c, outre les
châffëurs.j qui portent d ë s 'fu fils , cju’ il y ;jait
encore .d’autres -perfonnes avec 'des bâtons ou
des fourches pour battre fous les_ banques ,
les racines , les fouches 8c les touffes de_rd-
feaux 8c d’herbes, dans léfquelle-s-on fourre les
bâtoRs,, pour ne point laiffer f animal derrière
fo i.f Si lés. chiens trouvent la nuit d’une, loutre,
ils s’en rabattent chaudement : il faudra les
échauffer encore davantage , en leur faifant flairer
fon épreinte, que l’on trouve fur le bord, de la
rivière , d’efpace à autre ; 8c comme .elle entre
8c fort fouvent de l’ eau , Tl faut bien remarquer
de quel côté: elle a la tête-tournée , ce qui eft
, aifé à reconnoître par fon p ied , que l ’on voit
imprimé dans la boue- Comme la loutre .ne
cherche qiie les endroits où elle puiffe trouver T
Çm A S S E S .
du poiffon , 8c qu’elle habite également les
grandes, ri vi’è r è r , les étangs, les ruiffeaux , 8c
tous les endroits marécageux y il fau t, autant
que l’on peut , chercher à la lancer-où il y a:
moins d’eau, & dans ces fortes d’endroits- elle
ne peut guère échappér j car on partage fes .
chiens moitié d’ un bord , moitié de l'autre, 8c
les. ehaffeurs fe partagent de même. Il faut qu’ il
y en ait toujours un,cent pas en avant des chiens,
pour voir paffer la loutre ,. & pouvoir la tirer
dans les endroits, les pi üs cla irs , & où il y a
moins; d’eau. Un autre refte cent pas au-deffous
des chiens, & run troîfième avec les chiens ,
pour les .appuyer & les chaffer. S’il arrive que
la loutre 3 p.ïeffée par les, chiens., paffe au pofte
rdè;.céiuî'qui eft au-deffus ou au-deffous , fans y
être tuéè, celui qui l’ a manquée crie tayaux^oui:
avertir "celui qui i-nèrie les chiens , qu’il eft paffe ,
& regagne à'toute jambe un autre endroit clair
à cent pas plus loin , pour tâcher de prendre
fa revanche. On recommencé la même céré-
monié , ' jùfqaà ce,, que l’on ait réuffi à tuer
l’animal^
La quantité prodigieufe -de poiffons que mange
la loutre 3 fait qu’elle n’habite.-pas .long-tems Tes
endroits où il y en a peii*, parce quelle n’ y
troTiverbit pas de quoi vivre; de forte qu’il y<a
dés terriers de diftancè en diftance, dans lef-
queiselîe fe voit preffée des chiens : lorfqu’elîe
y èft Une fois , il eft dangereux d’y laiffer entrer
les : ’chiens ; car la loutre a la dent très-- vén-i-
meufe , & leur coupe le nez & les oreilles : il
vaut donc mieux boucher la gueule du terrier ,
& faire une tranchée au-deffus , pour la prendre
; enfuite avec des tenailles.
Lorfqu’il y a beaucoup d’eau ,, comme dans
un étang ou dans une rivière un peu grande ,
la chaffe eft-plus difficile ; & le plus court eft
de tendre- des pièges , que l’on place fur les
rives ou fur une petite ifle , & qu’ il faut bien
fe donner dé garde d’attacher avec une corde ;
"Car la 'loutre , après ffavoir mangée emporterait
le piège: mais il faut l’attacher avec une petite
chaîne , . au bout de laquelle on met un morceau
de liege; car fi Ton y mettoit une veflie , la
loutre la déchireroit de rage , 8c elle r.e fervifoit
à rien.
La peau de. la loutre fe r t , comme celle de
caftor , à 'faire de très-beaux chapeaux , & les
gardes les vendent très-cher; ainfi l’on y trouve
du profit T indépendamment de celui qu’ il y a à
conferver fon poiffon.
LO U V A R T ou LO U V E T E AU . Petit de la
louve. La mère ne l’allaite que pendant quelques
femaines., Vo yez loup.
LOUVE. Femelle du loup.
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