
e a . î ?
dit fanglier à fon tiers an , jufqu'à ce qu'il ait
quatre ans , pour lors il fe nomme qwartannier ,
8c pafie ce temps , on les appelle vieux fanglier 3
grand vieux fanglier3 ou porc entier. Le ragot 3
le fanglier à fon tiers an & a fon quartan 3 font
les plus à craindre pour les chiens ; car les vieux
fangliers ne peuvent plus faire tant de mal de
leurs défenfes, qui font recourbées 3 ce qu’on
appelle ruiné, à moins qu’ ils 'n ’aillent les calfer
dans un arbre, ou contre un rocher , ce qui
leur arrive fouvent. Il y a cependant de ces vieux
fangliers qui font très-méchans, 8c qui fe défendent
vigoureufement. Le rut des fangliers eft
en décembre, 8c dure un mois : les vieux fangliers
le tiennent les premiers , font très-méchans
pendant ce temps , & fe battent très-
fouvent entr'eux. Les laies portent quatre mois,
îk font leurs marcaflins à la fin d'avril 8c en
mai. Elles choififîent les plus fortes demeures,
ou buiffon fourré d'épines , peur y mettre bas :
elles y reftent trois ou quatre mois, fi elles n'y
font point inquiétées. Au bout de ce temps ,
comme leurs marcaflins font en état de les fui-
v r e , elles les mènent de côté 8c d'autre, fur-tout
fi les loups font quelqu'abat, elles ne manquent
pas de les y conduire. Elles font depuis quatre
jufqu’à quinze petits , qu'elles nourrifient tous ,
quoiqu' elles n'aient que douze mamelles. Il n'y
a pas d'animal qui défende fes petits avec autant
de courage ; 8c fi quelque paflant en eua-
pot toit un , qu'elles entendifiene crier , elles le
pourfuivroient , & l'attaquer©ient fans craindre-
aucun danger. Si elles font inquiétées par les
chiens, elles-fe livrent à e u x , & les enlèvent
après avoir caché leurs petits dans une rachée,
©U- fous des feuille s, dans lefquelles ils fe coulent
comme des couleuvres.
La principale fcience de la chafie du fanglier,
eft de le bien juger , c’eft-à-dire, bien diftiliguer
l’âge le mâle de la femelle , & les traces
d'un porc privé de celles d’un fanglier. Une bête
male de compagnie a plus de "pied devant que
derrière, 8c pofe la trace de derrière un peu à
côté 8c en dehors dans celle de devant ; ce qui
eft occafionné par fes fuites ou tefticules, qui
lui font écarter les cuifies : les pinces font grofies,
les côtés tranchants 5 il donne de fes gardes en
terre , 8c commence à les tourner ; ce qu'il ne
fait pas quand il eft plus jeu n e , à caufe.de fa
foiblefle. A fon tiers an , il devient plus bas
jointé , fes gardes s'élargifterjt, s'abaifîent, 8c
s ’écartent davantage lune de l'autre; fon talon s’élargit,
& les pinces deviennent plus grofies 8c plus
rondes. La laie au contraire , qui a les gardes
hautes & proches l'une de l'autre, en donne rarement
en térre 3 & quand cela lui arrive , on
voit qu'elles font minces 8c peu écartées. Les
quartanqiers 8c autres vieux fa n g lie r s fe jugent
par les traces, qui font grandes & larges > les
S A N
pinces de la trace de devant, font rondes 80
grofies ; les tranchants font ufés , le talon eft
large , leurs gardes font abaiffées, grofies 8c ouvertes,
les rides qui font entre les gardes & le
talon , s'impriment fur la terre. On trouve des
fangliers qui ont ün ongle plus long que l'autre , 8c
tourné en croifiaat. Ces fortes de pieds fe nomment
pieds pigackes , 8c font commodes pour
recennokre le change , 8cles diftinguer dans l'accompagnement.
Par les boutis, on juge de la grofleur 8c longeur
de la hure, qui s'imprime dans la terre que le fanglier
renverfe dans fon travail ; car ils font des
trous qui ont jufqu'à deux pieds de profondeur.
La place du fouil offre l'empreinte du fanglier.
Quand un valet de limier trouve à la fortie du
fouillard, que le fanglier qui a été fe frotter
contre un arbre, a donné un ou deux coups de
défenfe daas ce même arbre, c’eft une preuve
qu'il ne fera pas bon quartier aux chiens, & qu'il
eft méchant.
On juge par la bauge de la grofleur d'un fanglier
5 les vieux la font profonde ; 8c quand ils
en fo r ten t, ils jettent tout auprès leurs laiflees,
qui font d'autant plus grofies, que la bête effc
vieille & grande. 11 eft très-aifé de diftinguer les
; traces d’un fanglier de celle d'un cochon domef*
tique , 8c cette connoifîance eft néceflaire $ car
les cochons des fermes voifines des forêts font
toujours dans les bois , 5c le verrat couvre quelquefois
une la ie , de même qu’un fanglier j>eut
couvrir une traie. Or donc pour les reconnoitre,
il faut remarquer, comme on l'a déjà dit , que
le fanglier met la trace de derrière dans celle dé
devant, 8c en dehors , fi c'eft un mâle, ce que
ne fait pas le pore privé : le fanglier appuie plus
de la pince que du talon , 8c le porc appuie plus
du talon que de la pince * le fanglier donne
des gardes en terre , en les élargiffant, 8c les
gardes du porc touchent la terre à plomb , fans
s'écarter que très-peu : le defibus de la foie da
porc prive eft plein dé chair, êc il écarte les
pinces en marchant, au lieu que le fanglier 3
allant d’affiirance, marche les pinces ferrées 5 le
fanglier fait fes boutis plus profonds , parce qu'il
a la hure plus longue 8c plus fo r te : dans ua
champ , le fanglier vermille en fufée, toujours
devant lu i , le porc privé au contraire vermille
çà ,8c là , un peu dans un endroit, un peu dans
: Fa titré. Si , dans les temps des grains , ils vont
l’un Scl'autre faire leurs mangeures dans la même
pièce , 1 e fanglier abat le bled tout autour
de lu i , ce que ne fait pas le cochon domef-
tique.
Un valet noître les demdee ulriems iedre doit premièrement eon? la forêt dans laquelle il
S A N
chaffe, afin de chercher les fangliers où ils doivent
naturellement être , fuivant les différentes
faifons, quoiqu'ils fe tiennent prefque toujours
dans les demeures les plus fourrées, 8c dans les
fraîchures. Sur la fin de l’h iv e r , les fangliers
reftent dans les forts de ronces 8c d'épines
les plus fourrées j ils vivent pendant ce temps
de racines, de v e rs , de creflbn 8c du gland ,
qu'ils trouvent encore fous les futaies.
En été , ils quittent les grands forts pour fe
mettre fur les bords des forêts , à portée des
grains 8c de l’eau , où ils vont prendre fouil plu-
fieurs fois dans la journée.
L'automne, que la terre eft découverte , 8c
que la récolte eft fa ite , ils fè retirent près des
hautes futaies 1 pour y trouver du gland, du faine
8c des noifettes.
En décembre, ils n’ont point de demeure,
parce qu'ils font en rut , 8c courent après les laies';
& lorfqu'ils veulent fe repofer, c'eft dans le premier
endroit fourré qu'ils rencontrent, 8c où ils
ne reftent pas long-temps.
On détourné un fanglier de la même manière
qu'un cerf j cependant il faut, parler à fon limier
en termes un peu plus pleins & plus gro s , fans
néanmoins élever la voix : car une bête qui aurait
connoifîance de l'homme ou du chien , s’en
iroit à deux ou trois lieues de-là : d ’ailleurs on
n'a pas beaucoup de chofesà dire à un limier bien
drefîe , 8c il faut qu'ils le foient bien pour cette
efpèee de chaffe 5 -non pas qu'il foit difficile de
faire vouloir d'abord a un jeune- limier des
voies du fanglier , mais quelquefois il fe rebute
à caufè du fentimént de cet animal, 8c dés lieux
marécageux 8c fourrés à travers lefquels il le
fait percer, qui font très - fatigans , non-feulement
pour le chien , mais encore pour celui qui
le mène.
Quand un valet de limier fait fon rapport, il
doit-non-feulement dire le genre & l'âge de la
bête qu’ il a détournée , mais encore l’ â g e , le
genre 8c le nombre de celles qui l’accompagnent,
8c qui fe trouvent dans fon enceinte ; car il
eft plus ordinaire de les trouver en compagnie,
que de les trouver fêuîes. 11 doit dire aufli fi
le fanglier eft pi gâche , ou s'il a quelqu'àutre marque
diffinchv.e , foit naturelle , foit accidentelle,
qui puiffe le faire reconnoître 8c diftinguer pendant
la diafîe,
■ Le rapport fa it , 8c les relais diftribués comme
pour la chafie du c e r f, avec cette différence,
que les relais pour c e r f , fe placent dans les endroits
clairs & élevés , au lieu que ceux du
fanglier fe mettent à portée des forts 8c des endroits
fourrés, fur-tout lorfqulls- font dans des
S A N 407
fonds, où il y a quelque ravin ou ruifleau , on
va frapper à la biifée avec les chiens da»meute,
qui ne font pas plutôt découplés, qu'ils vont
droit à la bauge. Les piqueurs appuient leurs
chiens de près de la trompe 8c de la voix , en
ces termes : hou , hou , valets, . . . . hou , hou 3
la-dedans , hou , hou . . . 8c les fuivent jufqu'à la
bauge : car il eft très-ordinaire de voir un fanglier
tenir aux chiens à la bauge, 8c ne lever le '
cul qu’ à force de b ru it , fur-tout de la trompette
que ces animaux ont en horreur, au point que
lorfqu’ils l'ont entendue dans une forêt où ils
font leur demeure , quoiqu'on ne leur dife m ot,
8c que l’on chalfe un autre animal , ils changent
de pays la nuit fui vante. On a fouvent attaqué des
bandes de fangliers , ou des folitaire s, quine vou*
loient point partir , quelque bruit que l’on f i t , 8c
qui au contraire chargeoient hommes, chevaux 8c
chiens: dans ces occafions , il faut fufillc-r, pour
parer les accidens, qui pouvroient être très-con-
îïd'érables. Les piqueurs ne doivent pas quitter
leurs chiens un feul inftant, fonnans 8c crians
fans cefl’e , car un fanglier méchant qui ne lent
perfonne aux chiens, lés charge 8c les tue; ils
ne doivent donc pas être chiches de trompe , 3c
crier fouvent à forte v oix , hou , hou, valets . . .
perce la haut mes beaux . . perce la hau . . .ça va
ça va hau . . . . Il peut arriver qu’ un fanglier3 en
traverfant différents forts , s'accompagne d'autres
bêtes 5 mais il eft rare que de bons chiens
prennent le change , parce que le fanglier , à
force d’aller , s’échauffe fi fo r t , qu’il lailfe beaucoup
plus de fentimént que celui qui-ne ferait
que de partir de la bauge ; d’ ailleurs le fanglier
ne rufe guère, 8c ne fait que percer droit devant
lui. Cependant fi cet accident arrivoit, il faut
rompre fur le change , 8c reqiiêter le fanglier
de meute, après avoir écouté s'il n’y a pas une
partie des chiens qui s’en aille en avant avec
lui 5 car il eft rare que toute la meute prenne
change fur fanglier.
Quand on voit le fanglier par corps, on fonne
la vue , fans crier tayaux 3 comme pour le cerf,
mais vlqo. . . . . 8c lorfqu’on revoit du pied , -
on ne crie pas non plus volcelet , mais vey-leci-
allais.
Un fanglier n'eft pas fi aifé à forcer qu'un cerf;
8c il eft rare , hors le temps du r ut , quelque
bon que foit un équipage , qu’il dure moins de
quatre ou cinq heures , s'il n’eft pas racourci
d’un coup de fu fil, ou par des dogues 8c lévriers.
Il faut donc des chiens 8c des chevaux d'entre-
prife , 8c qui aient du fond pour chafier fanglier.
Lorfqu’un fanglier eft couru, il pafie dans toutes
les mares , les ruifieàux 8c les queues d’étang
marécageux , dont il a connoiflance dans le pays ,
8c ne manque pas d’ y prendre fouil : il le^ prend
même fouvent au milieu d’un chemin, dans quel