
«ft en routaillant devant les chiens. O n commence 1
par détourner le lou? a v ec un lim ie r , & avant de
mettre les chiens dans l'en c e in te , on pofte to u t
autour des tireurs j & quand le loup, au bruit des
ch ien s , v ien t pour pafier d’unç encein te à l’ a u tre ,
ce lu i à qui il vient paffer , lui t ire fon coup de
fu fil. S 'il eft manqué au fortir de ce tte première
e n c e in te , on cherche encore à regagner les devants
, pour fe trou ver fur fori paffage j mais^il n'y
a pas de tems à p e rd re , car il ne s’ amufe guère fur
fon chemin , fur - tou t s 'il a entendu un coup de
fufil. '
L e loup p r is , on en lèv e le pied droit de d e v a n t ,
p ou r le préfenter 5 mais on n'en fa it point la c u r é e ,
comme du c e r f , car très-peu de chiens mangent
d e fa chair : il y en a cependant qui l'a im en t , fur-
tou t quand elle eft rôtie.
O u tre ces différentes façons de chaffer le loup,
il y a encore diverfes manières d e le prendre avec
des r e t s , des Iaffières, des p iè g e s , dans des trou s ,
Sec. & c .
•Le rets eft un grand file t de huit pieds de h a u t ,
Sc long de quatre ou cinq cents pieds. 11 eft fait
d e ficelle de trois lignes de diamètre , les mailles
o n t cinq ou iix pouces en quarré > on le tein t ën
v e r t & en brun : il eft monté haut & bas fur deux
lan d o n s , que l'on nomme cables. O n a t ta ch e ,
p ou r le ten d re , le cable d'en bas à des croc s fich
és en te r re } ce lu i d’en haut eft porté fur des
fou rch es , placées l'une d ’un c ô t é , l’autre de l'aut
re : quand le loup v ien t à donner dedans il en
fa it tomber une p a r t ie , dans laquelle il s’envelop
p e & fe prend. On tend le rets , quand on a
reconnu la demeure du ioup, du cô té ou l'on veut
q u 'il paffe ; 8r tou t le refte de 1 enceinte eft bordé
to u t autour de payfans, que l'on a raffemblés :
on leu r donne un lig n a i, foit d’un coup de fu f il,
fo i t en fîîflant, ou autrement > alors tous fe metten
t à c r ie r i en s'acheminant du cô té où eft tendu
le rets , & fon t grand bruit avec des b â to n s , en
traverfant le bois : le lo.ip opxi entend ce tapage
autour de lu i, gagne du cô té où eft tendu le r e t s ,
o ù l'on ne fa it pas de b r u i t , & en paffant le fa t
tomber fur lui. Quand on a des chiens pour aider
le s t raqueurs, cela n'en va que mieux ; car ils
fo n t dou bler le pas au loup, qui fe prend d’autant
plus a ifém en t , qu’il donne dans le rets a vec plus
d e fo r c e .
L a laffière eft une p o ch e ou b o u r fe , femblabîe
à ce lle que l’ on tend fur les terriers pour prendre
le s lapins a v e c le forê t : il y a ce tte différence
néanmoins, qu’ une laffière a fîx pieds en quarré ,
& les mailles fix pou ces .L a ficelle dont on la f a i t , a trois lignes de diamètre ; & la corde fur laquelle
elle eft m on té e , qui fert de cordon à la bourfe ,
eft jjroffe comme le p ^ e e : & quand un loup s’eft
je tté dedans , plus il fait d’efforts pour en f o r t i r ,
plus il fe b ou r fe &: s’ y enferme* Pour tendre les
Iaffières , il faut qu’ il y ait quelque folfé ou haie
bien fou r ré e , à laquelle on laitfe quelques trouées ,
dans lefquelles on tend ces b o u r fe s , pour conduire
dedans les loups, de la même manière qu’ on les
conduit dans le rets.
Pour prendre les loups dans la fo ffe , on fa it un
t r o u , dont les quatre cô té s forment une muraille
à p lom b , de fix ou fept pieds de large , & de huit
à n eu f de profondeur : on enferme l’ ouverture
avec une claie , que l’ on cou vre de feuilles & de
mouffe , pour empêcher de v o ir le trou qui eft
deffous. C e t te claie eft fufpendué dans un li parfa
it équilibre , que iorfque le loup v ien t à paffér
d e ffu s , elle tou rn e , & il tombe au fon d de la
foffe. Il ne faut pas que le trou foit fait dans un endroit
humid e, parce qu’ il fe rempliroit d 'e a u , &
que le /oap,qu i nage trè s -b ien , s ’en fauveroit.
Pour attirer les loups dans c e précipice , ori met
au fond de la fo ffe du carnage , ou bien on attache
une o ie ou agne au , ou quelqu’ autreappât.
C e t te façon de les prendre eft très-bonne }. mais
il peut en réfulter beaucoup d’inconvéniens. On
a vu des chaflburs tomber dans ces trous , & l’on
y t rou ve quelquefois des chevaux , des ch ien s ,
des b oe u f s , des v a eh e s , e u quelqu’autre animal.
Il réfulte suffi pîufieurs inconvéniens des p ié "
ges ; car fi l'o n n’a pas grande attention de le*
détendre tÔus les m a t in s ,u n h om m e ,un ch eval »
ou un chien , peuvent s’y prendre , attenduqu’ on
les cou vre de façon , qu’ ils ne peuvent être ap-
perçus. Les pièges à loup fon t les plus fe r ts que
l’ on faffe : ils ont quatre ,ou cinq pieds de tou r T
uand ils font tendus , & tiennent à .une chaîne
e f e r , longue de tre is p ie d s , au b ou t de laquelle
il y a une barre de fer a vec des crochets
aux e x trém ité s , pour empêcher le loup d ’entraîner
trop loin fon piège 5 car il ne faut pas
que le piège foit attaché lorsqu'on le tend , l’ animal
le c a ffe ro it , ou à force d e 'fe 'd éb a tt re , y
b iffe r o it fa patte } c’eft c e qui fait que l’ on tue
quelquefois des loups & des fangliers qui n’ ont
I que trois jambes. Les endroits que l’ on choifit
» ordinairement pour tendre les pièges | font les
bords des fofl.es & les c o u lé e s , où l’on recojinort
que les loups paffent fou vent. On creufe un peu
la terre , pour y placer le piège a v ec fa chaîne ,
après l’ avoir fro tté de Iaiffées de loup , ou de
crotin de cheval. On ne doit pas toucher h piège
avec la main nue , mais gantee , pour que le loup
ne’ l’ évente pas. Quand le piège eft tendu , on le
cou vre de feuilles , ou d’ un peu de terré j puis
on fe retire.
Si l’ on ne v e u t point chaffer le loup pour le
c o u r r e , mais qu’ au contraire on v eu ille le détruire
, il y a une façon s û r e , qui eft de les en»-
poifonner a v e c de la noix vomique en p o u d ré ,
de j’ éponge , du fain-doux , & autres drogues
que l ’on met dans un chien ou un ch eval mort.
Autres pièges.
Faites creufer une foffe de 14 à i< pieds de
profondeur en forme de cône tronque av ec une
ouverture de fix à fept p ie d s , le tou t bien muré.
La foffe do it ê tre éloignée des arbres & bu ifïon s, ;
dans un lieu d é c o u v e r t , de forte que le loup
puiffe ap perce voir la proie que l’on y met. On
évitera de creufer la foffe dans des terres for tes
& humides où l’eau féjourn e.
On pofe raiz-terre fur,.cette ouverture une p o u tre
lle de quatre à cinq ^pouces de face qui fait
faillie jufqù’au centre de la f o f f e , fcellé e dans
le mur , enterrée au niveau de la terre a vëc deux
piquets qui en traveri'ent l’extrémité pour fou te -
nir un plateau de fept pouces de diamètre un peu
creufé , fur lequel on met de la paille & un
canard arrêté , comme les oifeaux qui fon t à la
galère , par un oe ille t de fer. Dans l’ épaiffeur du
plateau , on aura pratiqué des trous à un pouce de •
alliance , dans lefquels on infère des baguettes ;
de bois fécheS & caftantes , 'dont le bout fripé- ■
rieur porte fur le bord du mur de la foffe j i é tou t
fe recouVre de paille 5 on en met auffi aux en v i- .
rons fur lefquels on expofe des quartiers de bê-
tès mortes & de morceaux de pains fries ,o ù des
canards vivants } les femelles font p ré fé ra b le s , ‘
parce que leurs cris attirent mieux les loups. L e J
fond de la foffe fera garni d’ un lit de farmen t;
& d’un autre de paille , pour que les animaux ne
fe bleffent point en tom b an t , & ne puiffent s’élancer
hors du trou faute de point d’appui.
Le meilleur temps pour tendre ce s pièges eft
l’h iy e r , lorfqu’ il n e ig e ou q u 'il pleut : on re- \
couvre les foffes en é té avec des planches , l
de la terre ©è des broffailles , pour que les
loups ne s’en méfient pas , & ne puiffent les
reconnoître.
L a trappe ne réuffit que dans les chemins écarté« ;
pour n 'y pas travailler inu tilement, il faut avant de
ten dre c e piège fe promener quelque temps après U
pluie, ou que la terre eft cou ve r te de n e ig e , & e x a -
miner fi v ous pourrez reconnoître la trace du loup :
Iorfque vous êtes fur de fon pa ffag e, vous fa ite s
faire au milieu d e fa v o ie une foffe de d ou ze pieds
d e longueur , & d e hu it ou n e u f pieds de profondeur
} il faut qu’ elle s’éiargiffe vers le fond , afin
que la bête ne puiffe grimper pour en fortir : c e tte
foffe fera cou ve rte d un chaflis de bois dont les
extrémités s’étendront un peu au-delà , & entreront
à fleur de terre. Sur un des petits cô té s du
chaffis d o iven t ê tre deux entailles également
éloignées l’une de l ’autre , & des deux bouts du
chaflis.
A u milieu de chaque piè ce d o it ê tre auffi une c o che
pour donner le moyen aux pivo ts de la trappe
de tourner} cette.trappe fera en manière d é p o r té ,
& à fes extrémités avanceront deux morceaux
de planche , de forme proportionnée pour remplir
le s entailles du chaflis.
On empêche que la frappe ne baiffe de c e c ô t é -
là. O n fait enforte q u'il s'en manque de trois ou
quatre d o ig t s , que l’ autre ex trémité ne touche
au bord du chaflis : i l e i t certain alors que de c e
cô té , la tra p p e , qmu dsil le faudra , tombera
tout-à-fait.
Après ces arrangement , prenez une corde de fix
pieds } attachez-!à par un bout aux deux bords du
ch affis, & par l ’autre au b ou t de la t ra p p e , afin
que la charge étant fur ce co té qui balance , ne
faffe pas tou t-à-fa it tourner; le p iè g e , c e q u e lle
fe ro it fans doute , fi la cord e qui la re t ie n t , ne
l'o b lig e o it à fe refermer.
Pour bien faire jouer la machine , il faut qu’ un
des côtés foit plus chargé que l ’autte , de maniéré,
néanmoins que .ranimai le plus p e tit n’y puiffe
marcher fans rompre l ’éq u ilib re.
V o ic i une méthode plus Ample , plus facile
que les au tre s , & également infaillible pour attirer
les loups & les détruire par le moyen des
pièges. Il faut prendre d e là graille d’ un a n é , gros
comme deux oe u fs , & autant de terre d’ argile ,
faire cuire le tout enfemble , jufqu’ à c e que cela
foit bien roux , & le mettre dans une poche de
linge. O n attache enfuite une louve privée ou
fauvage au milieu d’un bois , en fufpendant la
poche à fix pieds au-deffus d’elle. La louve fe
voyant f e u le , ne eeffe de regarder JL’appât & de
heurler tou te la nuit 5 les loups qu aux environs
y courent a vec une fi grande r a p id ité ,
qu’ ils fe précipitent dans les pièges dont on a eu
foin d ’entourer l'animal.
Pour tromper davantage le loup , on cou vre la
trappe de h uiiles ou de branches féches , on en
met auffi autour à environ douze pieds de chaque
co te , afin que l’ animai né s’effarouche pas , ce
q u'il fe ro it , f i le piège feul en était cou ve rt.
Quand le loup mettra le pied fur la trappe , e lle
fe renverfera avec fa charge dans la foffe , Se s 'y
refermera.
Pour attirer les animaux camaflïers à la trappe ,
on fe fert d’un mouton ou d’ une o ie j ces animaux
qui ne font que crier o u bêler jou r & n u i t , pour
fe faire entendre de leurs mères , fe fon t encore
plus fùrement entendre du loup.