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& y verfer ce qu’on veut qu’ il avale ; on en agit
de même pour lui faire prendre une médecine. On
laigne un chien au côté de la gorge , avec une
lancette ou une flamme, 8c on referme la faignée
avec une aiguille & du fil ; la faignée doit être
guérie en vingt-quatre heures.
Du haut-mal.
Lorfqu’un chien tombe du haut mal , il faut le
faigner aulfi-tôt que l’accès eft paflfé , 8c le faigner
encore quand le même accident arrive : on a éprouvé
qu’avec cette- précaution , les accès deviennent
moins fréquens , 8c que même ils finiffent ; f i,
malgré les faignées , les accès fe rapprochent il
faut néceffairement réformer l’animal. Il eft bon
d’obferver qu’ un chien outré de chaleur, ou d’avoir
été trop vîte , tombe fur le côté & fe débat comme
un chien qui tombe du haut-mal ; mais ceci n’eft
qu’ un accident momentané ; on fait avaler un peu
d’eau-de-vie .à l’animal q u i, après un inftant de
tranquillité, revient à lui : celui qui tombe réellement
du haut-mal, en tombe en tout tems , fans
qu’ il y ait d’autre càufe que celle qu’ il porte en
lui-même. On prétend que ce mal fe gagne, mais
nous avons eu très-fouvent des preuves- du contraire
: quoi qu’il en foit-,_le mieux eft de réformer
un chien qui eft vraiment attaqué de ce mal, parce
qu’il eft très-rare qu’ il enjuériffe.
Des abcès.
Il eft difficile de guérir un abcès qui fe forme
dans le corps d’un chien , & de favoir en quel endroit
il eft placé , à moins qu’il ne fe manifefte
au-dehors : ce qu’ on peut donc faire de mieux,
c ’eft de tâcher de le prévenir en faignant plufiehrs
fois l’animal, lorfqu’ il a été bourré ou qu’il a reçu
quelques coups de pied, ou qu’il eft tombé de
haut ; on doit auffi , en pareils c a s , lui faire
avaler de l’eau-de-boule. A l’égard des abcès qui
paroiffent au-dehors, il faut, auffi-tôt qu’on s’en
apperçoit , couper le poil qui eft delfus & aux environs
de la grolïeur , & la frotter enfuitc avec le
bafilicon, pour attirer & mûrir ledit abcès Lorfqu’
il eft amolli 8c qu’il ne réfifte plus fous le d oigt,
on l’ouvre avec le biftouri, & on fait une ouverture
affez grande pour que la matière coule &
forte aifément. Après l’opération , on continue
de faire ufage du bafilicon, & on met des;plumaf-
feaux dans la plaie , qu’on ne laiffe refermer que
lorfque la fource de la matière eft tarie., Les abcès
qui viennent aux chiens, font non-feulement cau-
fés par la mauvaife difpofition du fang , ou par des
coups de pied, ou par des foulures ; mais encore
par la morfure d’ une petite bêre nommée me\erine
pu mufaraigne, faite à-peu*-près comme une fouris,
mais plus petite 8ç le mufeau plus pointu. La motv
fure de ce petit animal eft fi vemmeufe, que dans
le moment elle fait enfler la partie attaquée , 8c
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que fi on n’y porte un prompt remède, le chien
meurt, ou au moins en eft très-malade : il faut
donc le faigner au plutôt, & le traiter enfuite
comme il vient d’être dit.
M. de Valmont, dans fon dictionnaire d’hif-
toire naturelle , dit que la mufaraigne n’a point de
venin ; & que fa morfure n’eft point dangereufe
pour le b étail, 8c fur-tout pour les fchevaux ,
comme le vulgaire le penfe, doutant plus que
l ’ouverture de la gueule de, cet animal eft trop
petite pour qu’ il puiffie les mordrê. J'ignore fi la
mufaraigne peut faire du mal au bétail ou aux chevaux
, mais je fuis certain qu’elle en fait beaucoup
aux chiens : elle les attaque ordinairement par la
tête , laquelle , en très-peu de tems, grofiit de
près de moitié ; on ne peut même douter que le
mai ne vienne de ces petites bêtes , puifqu’on en
voit 8c qu’on en tue fouvent dans les chenils , &
fiir-tout dans ceux ou il y a des vieilles boiferies.
Un abcès fe forme quelquefois entre les doigts
du pied d'un chien, 8c ce mal eft prefque toujours
occafionné par la piqûre d’une épine ou par un
chicot : lorfqu’on s’en apperçoit, il faut regarder
fi quelque partie de ces corps étrangers n’eft pas
reliée dans le pied , 8c en ce cas on l’arrache avec
des pinces ; après quoi on fe fert du bafiliebn pour
guérir ce mal, que les veneurs appellent fourchet.
Des plaies.
Si un chien reçoit une blefîiire qui entre dans le
corps, 8c que le trou foit petit à l’extérieur 3 il
faut l’ouvrir avec un biftouri 8c fonder enfuite la
plaie que, parlé moyen d’ une petite feringue.,
on lave & on panfe avec de Teau-de-boule. Il faut,
pour empêcher que le trou ne fe referme, avoir
un tampon de filaffe imbibé de térébenthine, le
mettre dans la plaie 8c par-deffus un autre d’onguent
de vieux lard, dont on trouvera ci-après la
recette. Ce panfement fait exactement, 8c le tampon
renouvellé deux fois par jour , doivent guérir
le chien, à moins qu’ il n’ait quelque partie noble
attaquée , auquel cas il n’y auroit pas de remède.
On panfe encore les plaies intérieures , en faifant
avec de la filaffe des tentes de la largeur & de la
profondeur de la plaie, 8c , après les avoir trempées
dans ce même onguent de vieux lard, on les
enfonce légèrement avec la fonde ; on renouvelle
ces tentes foir 8c matin; 8c , avant ie panfement,
on nettoie la plaie en la feringuant avec de l’eau
8c de l’eau-de-vie tièdes ; on contient ce qu’on
met dedans 8c deffus les plaies , avec une bande
faite avec du linge.
À l’ égard des plaies extérieures, on les panfe
avec de l’eau-de-boule un peu fo r te , fans y mettre
autre chofe ; fi , dans quelqu’endroit que foit la
' bleffure , on foupçonne qu’il fe forme un dépôt,
I on fe fert du bafilicon pour l’attirer au-dehors, 8c
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& on l'ouvre quand la matière eft formée-. Il eft
quelquefois néceffaire, quoiqu’ il ne paroiffe aucun
depot, de faire une ouverture au-deffous de la
plaie pour l’écoulement des matières 8c des eaux
touffes. Lorfqu’un chien a reçu une bleffure dans
le ventre, & que les boyaux fortent, il faut les
faire rentrer le plus tôt qu’il eft poffible , & prendre
garde de les crever, ce qui feroit mourir l’ animal.
Si le trou eft p e t it , 8c que les boyaux ne
puiffentjentrer aifément, il faut, avec le biftouri,
faire une plus grande ouverture. Si les boyaux ont
traîné par terre S on d oit, avant toute chofe, les
laver avec de l’eau & de l’eau-de-vie.
Quand les. boyaux font rentrés , il faut coudre
la plaie ou La peau avec une aiguille & du gros fil,,
6c la panfer avec de l’eau-de-boule. Quand les
boyaux fortent par une bleffure que le chien a reçue
fous le ventre , il faut mettre l’animai fur le dos
pour les faire rentrer; & comme le péritoine,
faconde peau qui enveloppe les boyaux , ne pour-
roit fe reprendre s’ils portoient deffus fans être
foutenus , il faut mettre fur la plaie extérieure une
plaque d'un cuir fort épais , 8c par-deffus un bandage
ferré autour du corps de l’animal. Si l’ un &
l’autre ne fe dérangent pas , le péritoine doit être
repris en moins de quinze jours : cette fécondé
peau eft fi mince que fouvent elle eft percée fans
qu’il y ait une égratignure à la première , 8c on
ne s’apperçoit que les boyaux font entre l’ un 8c
l’autre , que par un gonflement qui paroît au-
dehors ; en pareil cas , on traite le chien comme
il. vient d’être dit. Lorfqu’ un chien eft bleffe &
panfé „ on doit le faigner, 8c le faigner même
plufîeurs fois fi la bleffure eft confidérable ; il eft
a obferver cependant que fi l ’animal a perdu beaucoup
de fang, la faignée ne doit point être réitérée.
Un chien bieffé dans le corps ne doit, être
nourri qu’avec du bouillon , jufqu’à ce qu’ il n’ait
plus de fièvre , 8c qu’oa s’apperçoive que fa gué-
rifon eft prochaine.
Des épaules.
Lorfqu’un chien ne boite des épaules ou d'un
épaule, que pour avoir trop travaillé* ou pour s’y
être donné quelque coup * il faut: feulement le
frotter avec de [’eau-de-vie deux fois par jour ,. &■
le laàffer. Depofer ; mais fi le mal vient d’un embarras
dans les, épaules, 8c qu’après l’avoir traité
comme il vient d’être d i t , l’ animal boite de plus-
en plus, il fa u t, après l ’avoir fait chaffer * le ramener
au plutôt au chenil, le faigner en arrivant,
biffer couler fon fang dans un vafe,. y mettre de
1-e.ffence de térébenthine ,. mêler le tout ehfemWe
8s en.frotter Les épaules du chien, auquel'on donne
enfuite beaucoup de repos. Si , après cette opération,
\&‘ chien ne. guérit pas., & fi on s’apperçoit
4pie plus ilrefie au chenil, 8c plus fon devant s’em-
aawatflî.,.. i l fout fe foira chaffer. taut.boiteux, qu’ il
Chasses.
eft : on a plufieu/s fois éprouvé qu’en travaillant ,
les épaules fe débrouillent, & que l’animal reef -
vient droit. Les jeunes chiens, & fur tout le s
anglois , font fujets à fe prendre des épaules lorf-
qu’ ils commencent à chaffer; mais en les frotta: t
avec de l'eau-de-vie, & en leur donnant du repos,
ils guériffent, 8c , pour l’ordinaire t ils ne s en
reffentent plus dans la fuite.
Des frallures.
Lorfqu’un chien a La cuiffe ou la jambe caffée ,
on prend des blancs d’oeufs mêlés avec un peu
d’eau-de-vie , on bat le tout ensemble , & après
avoir remis la partie caffée le plus droit qu’il eft
poffible, on l’enveloppe avec de la filaffe trempée
dans les blancs d’oeufs ; on la contient avec des
écliffes proportionnées à l’endroit de la -fraéture,
8c on affu-jettit le tout avec une ligature faite avec,
du linge. Il faut que cette ligature foit ferme 8c
qu’elle ne—coule pas ; mais auffi il ne faut pas
qu’elle foit trop ferrée* parce qu’elle feroit enfler
la partie malade. S’ il arrive que la jambe ou le pied
enfle, fans que la ligature foit trop ferrée, il faut,
avec un biftouri ou une lancette , piquer-la peau
en plufîeurs endroits au-deffous de la fraéhire,
pour faire forrir lés eaux rouffes qui caufent l’engorgement.
Si on s’appe.rçoit que 1e c h ie n cherche
à arracher fa ligature avec les dents, il faut, pour
l’ea empêcher , lui mettre une muferolle de cuir,,
& ne la lui ôter que pour le laiffsr manger 8c
boire. On humeète l’appareil deux fois par jour
avec de l’eau & de l’eau-de-vie, & on le lève dix
ou douze jours après l ’accident ; le fécond appareil
, 8c même le troifîème, s’ il eft befoin , font
rémis 8c humectés comme le premier. Il faut au
.moins un mois pour guérir une jambe caffée, &
plus de ftx femainss pour une cuiffe. Avant’que de
reraaoner le chien à la chaffe, on d o it, après fa
guérifoa, lui donner un mois ou fix femaines de
repos., pour fortifier la partie bleffée, qu’ il faut
frotter de tems en tems avec du bouillon de tripes.
Loirfq.ue la cuiffe d’un chien eft caffée dans le gros,
il eft rare que L’ animal ne s’en reifente pas toute fa
vie j il eft prouvé du moins que cette partie ne
reprend jamais ,fa première force & que le chien
en boite prefque toujours- en travaillant. On ne
met aujcun appareil à un chien qui a un ou plufîeurs
doigts- c allés; on le panfe fîraplement avec de
l’ eau-de-boule, & moyennant du repos, les parties
caffées fe reprennent d’elles-mêmes.
Des boutures.
iLoriqii'un chien boite du devant, on doit pre-
; raièrement regarder- s’ il n’a. pas .une épine dans le
pied : fi le pied n’eft pas rouige s’ il n’a pas les-
doigts, enfllés ;: ou f i , en lui remuant les jambes
l’ une après l’autre il ne .fe plaint pas des épaules.
Si fen iaaln?eft aucune de cës-païties, i l faut
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