
beaucoup plus baffes que les intérieures-, ce qui
l'empêche de faire ufage de fes forces. Il a vers
ia croupe la hauteur du boe u f, & vers les épaules
la taille du chameau. Il a deux cornes l'olides
recouvertes de peau au-deffus du fro n t , d'environ
fix pouces de longueur , & au milieu du
front un tubercule d e r deux pouces , qui refi-
femble à une troifième corne : fon col a jufqu’à
fe.pt pieds de hauteur , & il, en a vingt-deux de
long depuis l’extrémité de la queue jufqu’au
bout du mufeau. Oiv ne fait point encore li les
cornes de la girafe tombent tous les ans, ce qui
la mettroit au rang des cerfs j ou fï elles font
permanentes, ce qui la mettroit dans la claffe
des chèvres.
Sa couleur eft d’un blanc fale parfemé de taches
fauves. Sa queue eft mince & terminée par
des crins noirs , longs de fept à huit pouces. Sa
crinière eft formée de poils roufsâtres.
On prétend que ce quadrupède eft fort ailé
à apprivoifer, & qu’ on le conduit par-tout où
l’on veut avec une petite corde paffée autour
de fa tête.
La girafe fe trouve fréquemment en Ethiop
ie , & quelquefois dans les terres voifines du
Cap de Bonne-Efpérance. En général elle a tant
de rapports avec le chameau, que quelques
voyageurs lui ont donné, le nom d.e chameau des
Indes. On auroit tort de confondre cet animal
avec le c e r f , car les cornes du premier font
fîmples, & n’ont qu’une feule tige , & que les
bois du fécond fe partagent toujours en andouil-
lers. Il n’y a que les, fauvages qui aillent à la
chaffe de ce quadrupède.
G ITE > place où repofe le lièvre pendant le
jour*
G L A N É E , f. f. Efpèce de chafle fort meurtrière
pour les canards.
G LA R ÉO LE . Genre d’oîfeaux qui fréquentent
les bords des rivières , des étangs, & des lieux j
marécageux. Ces oifeaux ont les pieds élevés ,
leur ongle de derrière fait en poignard touche
la terre quand ils font droits , leurs jambes font
longues. Ils ont le corps liffe , le cou long &
rond } la tête petite , le bec menu, luifant.
comme de la co rn e , conique, & étroit. Ces
oifeaux courent rapidement & volent par paires
ou en troupes.
G LO U TO N ou G O U L U , f. m. C et animal
eft un peu plus lo n g , plus haut & plus gros
qu’un loup j il a la queue plus courte. Sa peau
eft communément d’un brun obfcur ? la plus
eftimée eft extrêmement noire & luftrée , avec
un certain éclat comme des fatins ou des damas
à fleurs. Les pattes du glouton font d’ un fi beau
blanc que les femmes du Nord s’en fervent pour
orner leurs cheveux. La chair du glouton eft
mauvaife 5 fes ongles font très-dangereux.
Le glouton n’a pas les jambes faites pour courir
, il ne marche que d’un pas lent , mais la
rufe fupplée en lui à la légérèté ; il attend les
animaux au paffage , il grimpe fur les arbres pour
s’élancer deffus ; & quand il peut faifir les rennes
ou les élans , il leur entame le corps, & s’y
attache avec tant de force avec fes griffes , que
rien ne peut l’en réparer. En vain ces animaux
précipitent leur courfe ; en vain ils fe frottent
contre les arbres pour s’en délivrer $1 l’ennemi
affis fur leur dos continue à leur fucer le fang,
à creufer leur plaie , & à les dévorer eh détail,
jufqu’ à ce qu’ils tombent morts.
C ’eft à caufe de cette voracité qu?on appelle
quelquefois le glouton , le vautour des quadrupèdes.
Quand il ne trouve point de proie v ivante
, il déterre les cadavres , les dépèce , &
les dévore jufqu’aux os.
C e t animal, qui a tant de fineffe quand ij
s’agit daller à la chaffe des quadrupèdes dont il
fe nourrit , femble n’avoir qu’ un inftinét fort
altéré pour fa confervation : il voit venir les
chaffeurs avec une indifférence qui femble carac-
térifer l ’imbécillité j mais qu’on ne s’y trompe
pas, cette fécurité ne vient que du fentiment
de fes forces : comme le glouton s’eft mefuré
avec tous les animaux qu’il a rencontrés, il fe
croit le roi des déferts , & fuivant la remarque
de l’illuftre Buffon, il règne encore moins par
fa force que par la foibleffe de tout ce qui l ’environne.
La chaffe du glouton eft fort pénible? il faut
au moins trois des plus forts lévriers pour l’ at>
taquer, & fouvent ils ne réuflîffent pas à le
vaincre j un chaffeur de Sibérie fit un jour jetter
dans l’eau un glouton en préfence du voyageur
Gmelin , & lâcha fur lui une couple de chiens 5
mais le glouton fe jetta aufli-tôr fur la tête du
premier, & le tint fous l’ eau jtrfqu’ à ce qu’ il
l ’eût fuffoqué.
On a prétendu que le glouton fe preffoit entre
deux arbres pour vuider fon corps & y faire de
la place par force , afin de fatisfaire de nouveau
& plus promptement fon infatiable voracité.
Cependant on peut apprivoifer cet animal fé**
roce , & lui apprendre a faire des tours. On en
a vu un à Paris qui étoit devenu doux , timide
& même careffant. Il marchoit en fautant, Japoic
comme uh chieq., n’avoit aucun cri , toujours
en mouvement , il cachoit & couvroit de paille J
le refte de ce qu’il avoit mangé.
Juffon prétend que l’ifatis qui eft moins
fort 8c pins léger que le glouton , lui fett de
pourvoyeur ; celui-ci le fuit â la chaffe, 8c Cou-
Vent lui enlève fa proie avant qu’ il l’ait entamée
: ces deux animaux fe creufent également
des terriers ; mais leurs autres habitudes fout
différentes ; l’ ifatis va par troupe 8c le glouton
marche feul.
On fe trouve affez communément en Laponie
& dans toutes les terres voifines de la mer du
No rd, tant en Europe qu’ en Afie : c ’eft le carcajou
du Canada & le quik - hatch de la Baie
d’Hudfon ; en général on ne le trouve, que dans
les parties les plus feptentrionales de l'Europe ,
de l'Afie 8c de l’Amérique : ce quadrupède eft
ineonnu en Afrique.
GLU. Subftance vifqueufe , Sc réfineufe que
l ’on tire de l’éçorce du houx . du fruit du g u i,
ou des febeftes : la première fe nomme glu d'Angleterre
; la fécondé , glu des Anciens -, & l’autre
glu d'Alexandrie.
Glu d'Angletetre pour prendre les oifeaux a la
pipée.
Au mois de juin ou de juillet on pèle une
certaine quantité d’ arbres de houx ; on jette la
première ecorce brune , & on prend la fécondé :
on fait bouillir cette écorce dans l’eau de fon-
taine pendant fept ou huit heures , ju lq u a ç e
qu’elle foit attendrie s on en fait des maffes que
fo n met dans la terre & qu’on couvre de cailloux
, en faifant plufieurs lits les uns fur les
autres, après en avoir d’abord f i i t égoutter I eau.
On les laifle fermenter &, pourrir environ trois
Termines jufqu’à ce quelles fe changencen mucilage
j on les retire & on les pile dans un
mortier, jufqu’à ce qu’ on puiffe les manier
comme de la p â te , après cela on les lave dans
de l ’eau courante , 8c on lès pétrit pour enlever
les ordures. On..met cette pâte dans des vaif-
feaux de terre pendant quatre ou cinq jours,
pour qu’elle jette fon écume 8c qu elle fe purifie
; enfuite on la met dans un autre vaiffeau ,
& on la garde pour fon ufage : la meilleure^/ii ;
eft verdâtre , 8c fur-tout ne doit contraèter aucune
mauvaife odeur.
Glu des Anciens.
On fe contentoit autrefois de . faire bouillir
dans de l’eau les fruits de g u i, de les p ile r , &
d’en faire couler la liqueur chaude pour en fé-
parer les femençes 8c la peau : on prend aujourd’hui
plus de précautions : on ôte l’écorce
de cette plante parafite , on la met dans un lieu
humide , renfermée dans un pot , l ’efpace de
huit jours , on la pile enfuite jufqu’ à la téduire
en bouillie , on la met dans une terrine , & on
y jette de tems en tems de l'eau de fontaine bien
fraîche, & on remue la liqueur avec un bâton
jufqu’à ce qu’elle s*y attache ; plus elle eft;
n e tte , plus elle eft tenace. On l’étend enfin
à plufieurs reprifes dans l’eau pour la bien né-
toyer.
D’autres pour faire cette même glu de gui en
prennent l'ecorce dans le tems de la sève , en
forment une maffe 8c-,la mettent pourrir pendant
cinq ou fix jours dans l’eau , à l’ aide de la chaleur
du fumier. Ils pilent enfuite cette écorce ,
la réduifent en pâte & la lavent dans une eau
limpide 8c courante ; elle forme alors une maffe
gluante qu’on met en boule dans un vaiffeau ,
8c qu’on trempe de tems en tems dans une eau
claire tenouvellée avec foin.
Glu d'Alexandrie.
Elle fe compofe avec la pulpe des febeftes ,
efpèce de petite prune qui croît en Syrie & en
Égypte : on les pile quand elles font mûres 8e
on lés lave dans l’eau : cette eau devient très-
gluante. Rien de plus fimple que la compofition
de cette glu : mais le fruit qui la produit ne
croît pas en Europe , 8e il n’ y a que les Egyptiens
qui puilfent nous le procurer.
GLU AUX. Petits ofiers bien unis, minces ,
droits 8e de la longueur d’environ quinze ou
dix-huit pouces, on les enduit de glu , excepté
pat le gros b o u t , pour y faire prendre les oi-
feaux à la pipée. Les meilleurs font ceux qu’on
cueille au mois de feptembre , 8e lorfque les
pointes ne fe caftent point. Dès qu’ on les a
cueillis , on doit les [aider au foleil quelques
heures , puis ôter les feuilles , en commençant
par la c im e , leur biffer le gros bout en forme
de coin pour qu’ils entrent dans les entailles
faites aux branches de l'a rbre, 8c qu’ils y tiennent
par le haut ; puis on prend de la glu avec
la cime du gluau , & on les frotte les uns contre
les autres pour les engluer.
Chaffe aux gluaux.
On fe fert d’une branche d’ormeau , dont
l’extrémité de chaque tige eft couverte de glu ,
ou bien on prend un bâton long de fix ou fept-.
pieds , droit 8c léger , auquel on attache par
l’extrémité fupérieure deux ou trois petites branches
d’ ormeau compofées de plufieurs petits rameaux
englués ; il faut que les brins, ne fe touchent
pas, & leur donner à-peu-près la forme
d'un éventail.
O g , i