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J. Juin.
V* Ô :Ÿ A ’ G E s
pondre de fa fidélité. C'eft une chofe fort ne-
ceffaire' & for t ordinaire en ce païs-ltà , 8c fahs
quoy on ne fauroit fe faire rendre juftice lors
qu’on eft vole. Ce pauvre garçon répondit »
du'il ne connôifloit perfonne qui voulut s’eng
ager pour lu i , mais que Dieu feroit fa caut
ion , 8c qu’ il le prenoit à t émo in , qu’ il le fer-
v i ro i t fidèlement. Le Marchand s’èn contenta
, le prit à fon fervice v 8c il eut lieu d’en être
content . Cependant il arriva que ce je u n e
homme fe familiârifa un peu trop avec une
ferv ante dé la maifon , qui des qu elle ie fut
-aperçue de l ’état où elle étoit , elle ne manqua
pas de l ’en a v e r t i r , 8c on lui confeilla de
l ’époufer , puis qu’ il l ’avoit deshonoréeVll n’y
a vo i t guéres d’ inc l inat ion, parce qu’elle étoi t
beaucoup plus âgée que lui v mais enfin , fe
trouvant preffé de s’aquiter de la promeffe
qu’il lui a vo it faite ; & d’autres lui demandant
s’ il c ro yo i t pouvoir répondre de ce t te
-conduite devant celui qu’ il avôit pris pour fa
caut ion -, il avoua qu’il auroit de la peine à le
fa i r e , 8c promit d’époufer cet te femme. Il le
fit en e f fe t , 8e fe mi t à faire un petit négoce j
-avec ce qu’il avoit gagné au.fervice de fon
maître. Ce la lui réiiiïit fi b ien , qu’ il tient pre-
fentemênt une des meilleures boutiques de
drap qù’il y ait à M o f c ow , 8e qu on 1 eftime
r ich e de plus de 30. mille livres. Sa femme
eft
d e C o r n e i l l e l e B r u y n 7 i $ f
*ft toujours ave c lui , 8e ils v iv e n t très-bien 1702,5
enfemble : mais comme elle a 60. ans p a f fe z , J-
8e que les enfants qu’ il en a eus font morts, il
voud ra i t bien lui perfuader de fe retirer dans . ;
an C lo î t r e , où il l ’ent re t ien d ro i t , afin de fe
Remarier , 8c de joüir d’une nouvel le fam i l le ,
à quoy les Loix de Ruflïe.ne répugnent pas *
chofe à laquelle elle n’a pu fe réfoudre jufqu’à
prefent.
; Les ch ang ements , dont on v ien t de parler, change-
©nt paffé jufques dans les C h an c e l le r ie s , où
tous les écrits fe font prefentement , à lama - celieries,ou
niere de nôtre pais. Le Cza r a cela fort à coeur* Bureaux-
8c tout ce quiregarde le bien de l ’£f tat ,où rien , ...... i
ne fe fait lans fa part icipation , toutes les affaires
paffant par fes mains. Il a déjà fait fortifier
, avec une di ligence e x t r ême , No<-vogo* Placesfor-
rod, PlejloVV, Afoph, Smolenskp, Kieof, & Archan- tlfiées>
gel\ 8c nonobftant la.dépenfe qu’i l a falu faire
pour c e la , il fe trouve , par ies foins , 8c par Trefor da
fa bonne économie , la fomme de 300. mille
Rubels dans fes coffres. C ’eft une chofe dont il
m’ a affûté lui-même , 8c que j ’ay apprife depuis
de plufieurs autres ; 8c cela après avoir
pourvu à tous Les frais de la g u e r r e , 8c à la
conftrüéUon des vaiffeaux , auflî-bien qu’à
toutes les autres neceffitez de l’Eftat. Il eft Ladépenfe
v r a y que cette conftruôtion fe fait aux dépens ftruaioa0'
du public chaque millier de païfans étant; des vaif-
j , . , - ' . V ij obligé